Gaston Bardet



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L'ECHELLE DE JACOB.


Il serait nécessaire de remonter beaucoup plus haut et de relier quantité d'indications.

Le Zed, l'arbre ébranché égyptien (sans doute le palmier, arbre de vie) signifie non seulement Osiris, mais la colonne vertébrale d'Osiris, axe du monde. L'épine dorsale est dési­gnée par les hindous sous le nom de Meroudouda, c'est-à-dire la Verge du Merou, l'axe central de la création, que symboli­sera le « bâton de bambou » (avec ses nœuds-chakras) du moine bouddhiste. Cet axe se retrouve dans le « Pilier-essen­ce de vie » sin-tchéou des pagodes-tours chinoises ; le même terme thibétain s'rog-sin désigne l'axe de vie (un bâton) in­séré dans le corps des statues pour les consacrer et les ani­mer - d'où l'identification constante de l'axis mundi et de la colonne vertébrale.

Par ailleurs, considérons l'amulette qui amalgame symbo­liquement un œil ouvert (l'œil d'Horus) et les bourses (de Seth). Horus et Seth sont les deux principes adversaires du début de la religion égyptienne et ce n'est que postérieure­ment que l'on a « mixturé » leur Saga en voulant la conci­lier avec la légende d'Ostris. Cette liaison œil-bourse n'indi­que-t-elle pas que le principe même du hatha-yoga était connu bien avant l'éveil de l'Inde ?

Pensons encore à ceux qui sont « prompts à réveiller Le­viathan » de Job (3.8) ; or Job était un gentil, non un israélite. Certains ont vu en Leviathan le Shatan-lové, la Kundalini. On objectera sans doute que le Leviathan de Job (40.25) ex­plicite le Leviathan de Job (3.8) et qu'il s'agit tout simple­ment d'un crocodile ? Voire. Comment peut-on imaginer qu'en cette extraordinaire lutte entre le Bien et le Mal, Yahweh se contente de fermer la bouche à Job par l'évoca­tion d'un hippopotame et d'un crocodile...

Behemoth et Leviathan sont bien autre chose. Serait-ce par hasard que les toutes premières tribus du Haut Nil ado­raient ces deux animaux aquatiques, chtoniens et lunaires sous l'unique nom du dieu Seth ou Sethek et l'unique forme d'un animal composite 175 ?

Le dieu Sethek est l'un des plus importants des dieux égyptiens. On lui attribue le titre de « Majesté » sur un pa­pyrus de la XIIme dynastie, qui n'est donné à aucun autre dieu sauf Ra ; cependant on le connaît très peu. Plus tard Seth l'Impur deviendra le principe du Mal, le Typhon des grecs. Ce dieu n'est-il pas le doublet masculin, patriarcal, de la déesse Thoueris, l'hippopotame femelle à tête de crocodile, grande déesse du matriarcat des temps préhistoriques. Dé­chue, elle est restée déesse de la parturition, comme Sethek est celui qui porte les bourses, qu'Horus, le faucon solaire, lui arrachera.­

Behemoth, « première des œuvres de Dieu », et Leviathan, « au cœur dur comme la pierre », constituent le double por­trait du Principe du Mal comme le couple : tortue-serpent noir désigne le Nord, c'est-à-dire la région de la Mort en Chine.

Par ailleurs, que veut dire David, par le « bâton de con­solation » (n'oublions pas que le Consolateur, le Paraclet, est l'Esprit-Saint) de l'étonnant Psaume XXIII ? Ce bâton qui console, qui fait « jaillir les eaux », observera Grégoire de Nysse, et qui est en liaison avec « l'onction de la tête », avec le « repas » toujours mystique et la « maison de Yahweh » de ce poème ? .'

N’oublions pas que les Israélites - comme encore de nos jours les Arabes - considéraient la dernière vertèbre coccy­gienne, particulièrement dure et pétrifiée, comme étant indestructible. Ce petit os en forme d'amande qu'ils appelaient : Luz, était, selon les rabbins, la graine qui donnait naissance au corps de gloire, par suite d'une fausse lecture du Psaume XXXIV. 21. Ceci s'éclaire par le fait que Luz est le nom pri­mitIf de Beth-El ou la maison de Dieu (Gén. 28.19). Jacob la baptisa ainsi après sa vision de l'échelle « appuyée sur la terre [qui] avait son sommet qui touchait les cieux et les anges de Dieu montaient et descendaient sur elle ». Au som­met se tenait Yahweh.

On a pu voir en cette échelle de Jacob le lieu de montée et descente de cette énergie vitale, partant de l'amande coccy­gienne pour aller à Dieu, autrement dit le même symbole que le caducée et, peut-être encore, ces figures affrontées de chaque côté d'une colonne que l'on trouve en Orient et jusque sur le linteau du Trésor des Atrées.

En fait, il semble bien - et des études approfondies le montreraient - qu'il existe une tradition universelle en ma­tière de domination du feu-d'en-bas (symbolisé par le Ser­pent), domination qui se réalise par aspiration surnaturelle d'En-haut. Une première aberration a conduit à vouloir pro­jeter en haut, par des contractions musculaires du périnée, le feu-d'en-bas qui se trouve effectivement localisé à la base de la moelle épinière, donc en-desssous des organes sexuels. Cette dangereuse méthode, en suractivant vésicules et glandes sé­minales a conduit, en liaison avec toutes les métaphysiques de la Mère, à attribuer à l'énergie sexuelle ce qui n'était qu'énergie psychique générale.

Tant et si bien que le second centre splénique correspon­dant à la rate de vitalité solaire - et auquel semble s'atta­cher le « cordon d'argent » biblique de liaison entre le corps physique et son fantôme 176 - a été détrôné, supprimé au profit d'un centre lunaire situé dans les testicules ou les ovaires. Le tantrisme s'est ainsi introduit définitivement dans le yoga et c'est pourquoi, si élevé que soit devenue l'expé­rience d'un Ramakrishna, si dépouillée que soit celle d'un Maharshi, elle reste souillée parce qu'au départ on retrouve toujours le tantrisme.

A cette utilisation lunaire de l'énergie sexuelle suractivée par les contractions du Hatha-Yoga, ont correspondu les exercices de respiration retenue, ou plutôt de suffocation, en vue d'une utilisation solaire de l'énergie respiratoire. Le corps du yoguin est ainsi devenu une sorte de laboratoire où s'af­frontent les forces électro-chimiques les plus redoutables.

Aussi le jnânin Vivekananda déconseillait-il toute pratique tantrique : « Nombreuses sont en Occident les pitoyables victimes qui ont été conduites à la folie, à la tuberculose, à des troubles cardiaques ou à des désordres sexuels violents pour avoir voulu faire des exercices d'asana ou de prânayama décrits dans les livres ou tenté d'éveiller leur Kundalini par des recettes vulgarisées à la légè­re » 177.

Et tous ces efforts pour quoi, nous demanderez-vous ? Lead­beater remarque que la Kundalini est une force apparentée « au feu terrible des régions inférieures » et qui, lorsqu'elle s'éveille, « doit être sévèrement gouvernée et dirigée de cen­tre en centre dans un ordre qui diffère suivant le type de chaque élève » 178. Mais, cela, lorsqu'elle s'éveille. Or, la Kundalini peut s'éveiller à la suite d'un traumatisme, d'une chute sur le coccyx, par exemple, qui déclenche une mé­diumnité débridée. Normalement, chez la plupart des individus, elle ne s'éveille pas. Et tout cet éveil organo-végétatif « n'est pas en rapport avec la vie mentale et émotionnelle de l'Homme ».

C. W. Leadbeater - qui fut poursuivi pour affaire de mœurs sur la personne de Krishnamurti adolescent - cons­tate encore : « Le développement des chakras ne semble pas avoir plus de rapport avec la moralité que le développement des biceps ». « J'ai certainement rencontré des personnes dont certains cen­tres étaient en pleine activité, bien que leur avancement moral ne fût par exceptionnel. Au contraire, chez d'autres personnes d'une haute spiritualité, et de la plus noble moralité possible, ces centres étaient à peine vitalisés. Il ne semble donc pas qu'il y ait entre les deux développements un rapport nécessaire ».

Il n'y a, en effet, aucun rapport nécessaire entre la puissan­te vitalité d'un guérisseur, qui surabonde d'énergie psychique, et... sa position sur le Carmel. La vitalisation des chakras n'est donc nullement préparatoire à l'ascension mystique. Mais, par contre, et c'est ce qui devra être mis en clair (car « Dieu ne fait point de faveur au corps qu'il ne les ait préalablement faites à l'âme »), le mystique chrétien arrivé au sommet du Carmel voit certains de ces centres supérieurs véritablement vitalisés et aspirés surnaturellement, tel que nous le suggère Mère Thérèse, par exemple, et surtout Jean de la Croix. A ce dernier toutefois, il n'était pas donné d'expliciter (no lo tengo de saber decir) 179 les « aspirations mystérieuses » !

Lorsque Mère Thérèse déclare en rédigeant le début des IVmes Demeures du Château :

« Il se fait un tel bruit dans ma tête depuis quelques mois... Il me semble entendre le bruit d'une foule de fleuves qui se préci­pitent, d'oiseaux qui chantent et de sifflements ; je le perçois non dans les oreilles, mais dans la partie supérieure de la tête [le vertex] où dit-on réside la partie supérieure de l'âme »,

il ne s'agit pas d'un banal mal de tête, mais d'une surabon­dance d'Esprit-Saint, conséquence du mariage spirituel cinq ans auparavant et provoquant un réveil organo-végétatif.

Reprenant nos archives, nous constatons qu'un pianiste « christique » nous a décrit exactement dans les mêmes ter­mes - très exactement - l'arrivée de la Kundalini à son centre frontal. Donnons ces notations auditives, d'autant plus importantes et justes qu'elle proviennent d'un musicien. Chez ce virtuose, grand sensitif, l'énergie enroulée s'est éveillée spontanément, pour aboutir une belle nuit, à l'œil de Shiva entre les deux sourcils. Il a entendu tout d'abord : « comme des oiseaux qui chantent » (il était trois heures du matin), puis « un bruit de cataracte » et enfin « comme un sifflet de locomotive avec sa vapeur ».

Notons que le cas de Mère Thérèse, avec cette force et sur­tout cette persistance du bruit, semble rare. Plusieurs mysti­ques s'aperçoivent, un beau jour, qu'ils ont « l'œil spirituel », sans aucune manifestation de cet ordre. Il s'agit simplement d'une sorte de pincement interne, d'une ankylose interne de la région hypophysaire sans doute, qui se fait sentir plus ou moins fortement, dans l'oraison ou en présence du divin. L' «œil spirituel », qui est en réalité un « flair spirituel », peut servir de détecteur de la valeur spirituelle d'un texte ou d'un discours, par exemple ; mais il ne s'éveille « habituel­lement » qu'au sommet du Carmel, et nécessite recoupement.

Si l'on a bien compris le plan de Dieu : création d'esprits purs, création de la matière, création d'une matière insufflée : Adam, puis animation en même temps que sa conception du Nouvel Adam qui devient le « Premier d'un grand nombre de Frères (Rom. 8.28), en attendant qu'à la résurrection des corps, ce soit l'âme qui se corporalise, on saisit l'importance et la nécessité des « métamorphoses » corporelles - totale­ment réalisées d'ailleurs dans les seuls cas d'Hénoch, Elie et de la Vierge Marie.

Ainsi donc, le corps purifié du mystique est mis dans un état vibratoire plus intense, comme on peut le vérifier prati­quement à l'E.E.G. lorsque les ondes α (environ 10 à la se­conde) sont remplacées par les ondes β (environ 25 à la seconde) en état de relaxation, durant les « aspirations » dont parle Jean de la Croix - et surtout au gayographe élec­tronique.

Cet état vibratoire est une surélévation générale de tous les sens, les rendant capables de jouissances purement spiri­tuelles, parfois trop fortes. Ainsi saint Paul de la Croix, cou­pant des fleurs pour les faire taire, « Mais, taisez-vous, taisez-­vous » ! sentant l'extase venir, car elles lui parlaient trop fort de Dieu.

Cet état vibratoire nouveau ne conduit nullement à la « voyance » mais est prémices d'une « subtilité » corporelle qui rend le transformé sensible à toutes les vibrations, non seulement d'ordre électrique, mais acoustique. Certaines mu­siques « libèrent » des « frissons sacrés », comme certains passages de l'Evangile les provoquent (chap. XI, p. 409). Aussi les Fils de prophètes du Livre des Rois, tout comme Elisée pour que « la main de Yahweh soit sur lui » (4 Rois 3.15), jouaient-ils de la harpe.



L'erreur fondamentale du Yoga consiste à exalter le systè­me organo-végétatif avant que l'Esprit et la Chair soient suf­fisamment purifiés pour le maîtriser effectivement. Aussi, chez le yoguin, le Corps subtil l'emporte-t-il sur le témoi­gnage objectif des sens, l'imagination sur la raison. Le yoga met la charrue avant les bœufs, c'est une technique d'inver­sion.

Tout au contraire, chez le transformé chrétien, l'éveil et la vitalisation des centres supérieurs peut se faire sans provo­quer le moindre phénomène de voyance, l'imagination étant purifiée par la nuit de la mémoire ; il ne peut s'y imprégner ni forme, ni notice naturelle (chap. VI, p. 260) 180.

Mais quel peut être l'intérêt de toutes ces formes élémen­taires de la pensée imagée, de toutes ces « perceptions sub­tiles » de l'astral, de cette gymnastique physico-mentale conduisant au « dédoublement », alors que la vie mystique est une marche dans la Ténèbre ? Nous ne le comprendrions pas si nous nous imaginions que tous les peuples sont des adul­tes de même âge mental. Il n'en est rien, il suffit d'avoir un peu vécu sur différents continents pour expérimenter sans cesse le contraire. Nous l'avons souligné en « Demain, c'est l'an 2000 ». (chap. III, p 50).

Le Christ est venu à la Plénitude des Temps, dit saint Paul (Gal. IV.4) au moment où son message pouvait être compris ; mais compris tout de suite, dans quel orbe ? sur quels terri­toires ? sinon autour de la Méditerranée où la connaissance avait, en Grèce, trouvé ses lois d'application au réel, et où l'Amour de Dieu et du prochain (bien que méconnu) avait été parfaitement explicité en Israël. Songeons à ce qu'étaient les Amériques au temps de l'empereur Tibère (les grandes civilisations maya, aztèque, inca, datent de notre Moyen âge), à ce qu'étaient l'Afrique Noire, l'Asie avec la Chine pétrifiée bien avant la « Bête féroce de Ts'ing », l'Inde panthéiste qui avait fini par repousser la mansuétude du discours de Bé­narès, et dont les concepts d'esprit, de temps et d'espace, sont (encore) dans la brume 181 !

L'humanité hindoue reste toute proche des grands instincts élémentaires de conservation et de reproduction de l'espèce, sa pensée visualisée reste celle d'un enfant, son amour du prochain ne s'est même pas encore éveillé de nos jours. N'ou­blions pas que pour l'hindou, son esprit n'est pas spirituel, immatériel, c'est une matière subtile qu'il sent engagée dans la nature, la prakiti, la Mère.

L'hindou sent bouillonner en lui toute sa psyché, son ani­malité indomptée et, n'ayant pas l'Amour pour la dissoudre, par substitution, il ne voit que des moyens de force, des moyens de « lutte entre loups » pour se libérer du serpent de son épine dorsale.

Alors que l'occidental, (relativement) purgé par deux mille ans de christianisme, de lutte intérieure contre les instincts les plus bas, est effrayé par les « monstres » de l'inconscient extraits par la psychanalyse.

« L'hindou, lui, connait ce monde à fond. Il ne s'y noie pas. Au contraire, il y vit comme un poisson dans l'eau... Les résultats de l'analyse des sentiments, en Occident, leurs dessins ou leurs visions, tels que les dangers, les serpents, les tigres rapaces, les flots débor­dants, les araignées venimeuses, etc..., sont bien connus de l'hindou - ils font partie de son monde religieux... Les forces et les images qui habitent les profondeurs de sa nature inconsciente se répètent sans cesse sur les autels de sa demeure, les murs et les décorations de ses temples » 182.

Certains monstres tolteco-mayas, chinois ou hindous ne s'expliquent que par la vision supranormale provoquée par des toxiques comme le peyotl, le haschish, l'opium, qui pro­duisent des hallucinations d'animaux semblables à celles des crises d'alcoolisme. Ajoutons-y les larves de l'astral et la pro­vocation sexuelle du tribhanga, et nous aurons matière à sculptures pour les cavernes et temples hindouistes, qui visent à prolonger l'état hallucinatoire 183.

« Dans l'Inde, l'architecture religieuse représente la vision cons­tamment renouvelée d'une réalité intérieure projetée dans le monde extérieur. Non seulement la sculpture religieuse, mais les temples même font partie de l'inconscient qui a pris forme au moyen de la pierre ou d'autres matériaux. Ses rêves, ses désirs et ses visions s'offrent ainsi au croyant du dehors. Ils s'adressent non à son cons­cient ou à son intelligence, mais au tréfonds de son âme » 184.

Aussi Henrich Zimmer de conclure : « dans ce cas, le pouvoir de sorcellerie nous paraît très désirable, car la sorcellerie est un événement quotidien, pratiqué chez soi et au dehors, que l'élève attend et que le Guru dirige... le lien qui unit le Guru à son élève est d'ordre sacerdotal, nourri de magie, de sacrements, de sorcellerie et de métamorphose ».

Et notre indianiste de regretter : « Du point de vue hindou, le psychothérapeute occidental est handicapé par le fait de ne pouvoir utiliser davantage la sorcellerie. Si elle lui était permise et même s'il pouvait l'employer quand elle est réclamée par le patient, non seulement il serait capable d'en produire, mais il surmonterait facilement bien des obstacles de la thérapeutie ».

Il ne soupçonne évidemment pas que ce n'est point la sor­cellerie, mais l'exorcisme - à ses différents niveaux – qui doit être employé contre cette entreprise « d'esclavage ima­ginaire ». Mais nous voyons mieux le lien vivant entre la psychanalyse contemporaine et l'état lunaire de l'esprit enlisé dans la boue chtonienne.


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