Gaston Bardet



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NÉVROSE ET SAINTETÉ.


Nous nous sommes, jusqu'ici, appuyé surtout sur le bon sens et l'état réel de l'homme, vérifié par l'expérience mysti­que. L'analyse des névroses - faite par un non-initié pan-­sexuel - vérifie entièrement ce que nous venons d'exposer. Ainsi le grand psychiâtre et thomiste viennois, Rudolf Allers écrit : « Je n'ai jamais vu de névrose qui, en dernière analyse, ne soit une question métaphysique non résolue... les questions métaphysi­ques que les névropathes se posent ne sont pas des masques. Il n'y a pas « derrière » de conflit de tendances, ni une volonté de puissance, mais bien la dernière et capitale question qui inquiète ces êtres, et à laquelle ils n'ont pas osé donner réponse ou qu'ils n'ont pas osé poser véritablement » 337.

Et depuis, il a ajouté, rejoignant Baruk : « Je crois aussi qu'un tel conflit prend nécessairement la forme d'un conflit moral, ou qu'un problème ontologique comme celui de la place de l'homme et de cet homme individuel dans l'ordre réel est aussi un problème moral ».

C'est qu'Allers, comme tout véritable chrétien, ne se fait pas d'illusion. Le conflit est impossible à éliminer de notre vie intérieure. La lutte fait partie de notre nature déchue. Seulement le conflit entre le supérieur et l'inférieur n'est nullement générateur de troubles psychiques, bien au con­traire ; c'est une source indispensable de grandeur et d'enri­chissement, puisque c'est le mécanisme même des Nuits jua­niques. La cascade de conflits, surmontés l'un après l'autre, est l'escalier même de la sainteté. Sans conflit, il n'y a pas de victoire possible... et pas de joie au Ciel. « Si les conflits ne sont pas considérés comme une injustice, comme quelque chose qui ne devrait pas exister, l'équilibre mental ne s'en ressentira pas. Les conflits ne sont pas en eux-mêmes des causes de perturbations morales (ou psychiques). Ils ne le devien­nent que si l'individu, au lieu d'accepter la vie telle qu'elle est, c'est-à-dire plus ou moins hérissée de difficultés, prend une atti­tude de révolte contre son sort ».

L'acceptation franche et totale est celle de l'homme entiè­rement normal, c'est-à-dire du saint, base de départ pour tou­te psychologie totale. « L'anormalité d'une action, est, dans certains cas, causée par l'ignorance ou une vision erronée de l'ordre (naturel et surnaturel, distincts, mais solidaires). C'est plus ou moins le cas de l'aliéné (psychopathe). En d'autres cas le sujet agit contre des lois non seulement connues de lui, mais dont il ne met pas en doute la validité. C'est alors la révolte ouverte, le satanisme déclaré. Enfin, il y a une troisième attitude qui se place en quelque sorte entre les deux précédentes. C'est la révolte dont le sujet ignore lui-même la nature et l'existence ». Tel serait le cas de la névrose, d'après Rudolf Allers.

Pas de confusion, il y a trois façons de violer la loi morale, l'une consciente et volontaire (c'est le péché, au sens classi­que), l'autre radicalement inconsciente et non imputable (aliénation mentale pure) et entre les deux, cette curieuse perturbation, qu'on appelle avec les mots du siècle, la névro­se 338, ce qui n'exclut nullement une responsabilité première car « nul n'est tenté au-dessus de ses forces ».

Qu'il y ait beaucoup de névrosés à notre époque, et qu'ana­lystes et « religieux inquiets » 339 désirent voir élargir cet « entre-deux », de façon à réduire au minimum la part du péché délibéré, au lieu de réduire la névrose... par la con­science morale... nous les comprenons 340. Mais nous savons aussi que le chrétien qui vit véritablement sa vie de chrétien n'a point de complexe, qu'il a même bien de la peine à imagi­ner, comprendre ce que peut être la névrose, ce déséquilibre psychique du moderne, par absence de connaturalité. Le Doc­teur Jolan Jacobi, disciple de Jung, confirme nos observa­tions : « Le véritable saint se manifeste justement par le fait qu'il ne devient pas névrosé » 341.

Et Allers d'insister : « Du fait que l'artificialité est une composante essentielle du comportement névrotique, il s'ensuit que la seule personne qui puisse être entièrement libre à l'égard de la névrose est l'homme dont la vie se passe en dévouement authentique aux obligations naturelles et surnaturelles de la vie. En d'autres termes, au delà du névrosé, il n'y a que le Saint ». Il ajoute d'ailleurs : « Bien sûr, il y a beaucoup de gens qui ne manifestent aucune trace de névrose, et qu'on peut considérer comme parfaitement normaux. Mais ce qui les distingue du Saint, c'est que celui-ci est immunisé contre la névrose, il ne sera névrosé en aucun cas. Pour lui, le conflit métaphysique - aujourd'hui je préfèrerai dire : onti­que - n'existe plus : il est au delà de la névrose parce qu'il est au delà de la révolte.

C'est bien pourquoi l'union transformante est le but normal, et nullement extraordinaire du chrétien. Il faut l'atteindre, ici-bas ou au Purgatoire. Ce n'est nullement impossible, car il ne s'agit pas d'une cime proposée à des alpinistes concurrents. Pour chacun de nous l'union transformante est située à un ni­veau particulier, le niveau même de ses possibilités. Toute âme « selon son peu ou plus de capacité » peut arriver à cette union : « néanmoins toutes n'y parviennent pas en pareil degré ; parce que c'est comme il plaît à Notre Seigneur de le donner à chacun, ce qui est en la manière que les Bienheureux Le voient au Ciel, parce que les uns Le voient plus, les autres moins, encore que tous voient Dieu et que tous soient contents, vu que leur capacité est satis­faite 342, ce qui explique la rapidité d'union chez les enfants et chez les « pauvres » dont le Saint-Esprit est le Père, la rapidité des progrès mystiques des laïcs qui n'ont pas reçu une vocation religieuse antécédente. Pour eux, le sommet personnel propo­sé est, peut-être, moins élevé ; les pentes moins abruptes, mais le rassasiement égal.

L'âme du transformé « participe en quelque manière à l'im­passibilité des anges, les eaux de la douleur ne peuvent plus la désagréger, la contrition même de ses fautes, qui est par­faite, a cessé d'être affligeante, les démons n'osent plus l'atta­quer, elle semble identifiée avec la paix elle-même » 343.

Tout en distinguant névrose et péché, Allers remarque que la conduite des névrosés ressemble beaucoup à celle des pé­cheurs endurcis, comme nous le suggérions : « On a l'impression que la névrose n'est pas tout à fait chose imposée, un destin contre lequel on serait impuissant. Dans la vie de presque chacun de ces névrosés, il y a eu des moments où ils entrevoyaient plus ou moins, qu'il leur serait possible de changer le cours de leur vie, et ils se sont refusés à l'appel.

Comprenons bien que s'il y a névrose de ressentiment il y a forcément eu refus conscient, mis (plus ou moins volontaire­ment) en oubli. Car s'il n'y avait pas conscience antécédente, il n'y aurait pas péché, donc pas névrose, puisque saint Paul nous l'a affirmé : « tribulations et angoisses » viennent du péché.

Ainsi saint Thomas, dans un exemple célèbre, déclare que celui qui, par un jugement faussé (par ex. par l'abus du mot : amour) croit bon de pratiquer la fornication pécherait en s'abstenant de commettre cette fornication, car la volonté doit suivre la raison 344. Nous avons connu un cas illustrant exactement cet (apparent) paradoxe de la Somme. En ce cas précis, il n'y avait nulle névrose observable, car nulle con­science de faute, donc pas de culpabilité à refuser ; à tel point qu'éclairé un jour sur ce que le bien relatif que le sujet po­sait était un mal absolu par rapport à l'Amour infini, il s'arrê­ta immédiatement. Ajoutons cependant que seule l'accepta­tion antérieure d'un faux romantisme nous parait légitimer le voile de ce jugement erroné.

Tant qu'il n'y a pas psychose, donc détérioration psycho­somatique, ni obsession démoniaque, tout ce qui ressortit aux névroses de ressentiment (celles que soignent les psychana­lystes) et qui ne se transforme pas en états névropathiques aigus, est l'aboutissement d'un état de faute obligatoirement conscient, mais plus ou moins lointain et indirect 345. C'est pourquoi on peut - et on doit - les guérir en s'adressant uniquement à la conscience.

Là encore, il ne peut y avoir de repentir que conscient, il faut pouvoir juger de la faute et de l'offense, pour regretter suffisamment, c'est-à-dire s'élever au-dessus de la basse posi­tion jusqu'ici occupée.

Tout nous ramène à la conscience et nous voyons clairement que cet « inconscient du XXme siècle » n'est qu'une pure in­vention, comme tant d'autres, en vue de supprimer les res­ponsabilités morales. Les effroyables prévarications dans les services administratifs des Etats-Unis, par ex., ne peuvent s'expliquer sans les théories de négation de la conscience morale, propagées par le behaviorisme et la psychanalyse 346.

Nous voilà au cœur du problème. La désagrégation métho­dique de l'Occident porte sur cette suppression de la respon­sabilité, fondement même des préceptes chrétiens.

Qu'un Gurdjieff ait non seulement assassiné mentalement des intellectuels et artistes, mais encore provoqué une certaine liitérature d'enlisement psychique, cela reste limité vis-à-vis de l'action freudienne. Freud ne s'est pas contenté de s'atta­quer aux (soi-disant) têtes mais, par ses élèves, il a souillé le grand public, libérant la psyché du pneuma, la bête du contrôle de l'esprit.

Il serait nécessaire d'étudier les liaisons occultes qui relient un Freud à un Gurdjieff, comme celui-ci à Haushofer ainsi que les rapports entre la loge freudienne, le groupe hitlérien Thulé et les autres loges hindouisantes.

Si la désagrégation est entreprise en Occident par certains personnages d'étiquette thibétaine, c'est parce qu'elle est de­puis longtemps réalisée dans l'Inde. Le Yoga, soit par pratique auto-hypnoïde, soit par manœuvre hypnotique du guru, n'a point d'autre but que de libérer la psyché du pneuma, c'est-à-dire de supprimer la responsabilité, la conscience mo­rale, le « tsédek » sur lequel insiste Henri Baruk.

Quant au grand mythe des renaissances, la roue des trans­migrations, il rejette les responsabilités en des vies antérieu­res, moyen subtil d'élimination.

Par une méthode ou par une autre, par des théories phi­losophiques, psychologiques ou biologiques, par une méta­physique erronée, ou par des pratiques d'ordre hypnotique, il s'agit avant tout d'ôter la responsabilité, de pratiquer la mehkness afin d'obtenir des esclaves psychiques, menés par leurs sens. Alors la propagande visuelle ou auditive, la sug­gestion, soit des hommes instruits par le démon, soit du dé­mon lui-même, peut s'insinuer sans combat. La Bête triom­phe et il lui est donné « autorité sur toute tribu, tout peuple, toute langue et toute nation » (Apo. XIII.7).

Pas d'esclavage possible sans suppression préalable du sens des responsabilités, il faut « aliéner » les personnes humaines, les rendre autres, en faire des bêtes, du bétail. Tout homme qui participe d'un iota à la descente, à l'enli­sement, à la retombée dans le psychisme est un criminel en­vers ses frères. Il aide les bourreaux à marquer ceux-ci du Signe de la Bête.

Reste à préciser que si le Saint ne peut être névrosé, il a pu, ou il peut, être atteint de troubles névrotiques, et de symptômes isolés de l'ensemble. Les phases névrotiques (dans la vie des saints) sont toujours épisodiques, comme le prouve l'étude de telles vies. Elles répondent à des « Nuits », à des périodes de transition dans lesquelles la bataille contre le « moi, sombre despote » est livrée jusqu'à la victoire. Rien ne ressemble, extérieurement, plus à des symptômes de né­vrose que les secousses de la Nuit de l'Esprit, où, générale­ment, le démon intervient par obsession. Certains progres­sants - dans la purification passive à ce moment-là - en arrivent à se demander s'ils ne deviennent pas fous. Un bon exorcisme les soulage comme des ventouses scarifiées.

Ils s'en sortiront par une conscience toujours plus vive, et plus précise, de leur néant, de leur indignité, qui leur fera franchir l'obstacle. C'est bien pourquoi le progrès dans la sainteté est un progrès dans la conscience de l'indignité, qui liquide tout conflit possible. Aussi Rudolf Allers conclut-il : « Pour guérir la névrose, point n'est besoin d'une analyse qui descende dans les profondeurs (les bas-fonds) de l'inconscient, pour en tirer je ne sais quelles réminiscences, ni d'une interprétation qui voit ces modifications ou des masques de l'instinct dans nos pen­sées, nos songes et nos actes. Pour guérir une névrose il faut une véritable « metanoïa » (une conversion), une révolution intérieure qui substitue à l'orgueil l'humilité, à l'égocentrisme l'abandon ».

Il faut être simple comme un « enfant éternel » ; tout sim­plement. C'est la vision fondamentale de la vie qu'il nous faut retrouver, notre exacte position par rapport à Dieu qui est successivement celle de la créature face à son Créateur, du serviteur face à son Maître, de l'ami face à l'Ami, du frère face à l'Aîné, enfin de l'Epouse bouche-à-bouche avec l'Epoux 347.

Il est de toute évidence que si les Freudiens ont abouti ­malgré eux - à un « transfert sur le père », c'est qu'il y avait révolte contre le Père, dont tout le reste n'est que masque. De toute évidence l'abus de leurs réminiscences d'en-bas vient de leur psychanalyse de vétérinaires, s'attachant au-dessous de la ceinture, où les appareils excréteurs, génitaux et la Kundalini sont étroitement rassemblés. Le délire mental provoqué ne peut que réveiller et suractiver les représentations excrétales, génitales et du feu d'en-bas inextricablement mê­lées et ce d'autant plus que le tujet est plus affaibli. Seule la purification totale des Sens permet de hiérarchiser le dessous de la ceinture : la sexualité est abolie, l'excrétion reste végé­tative, la Kundalini est « brûlée ».


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