SUR LES FILMS DE MONTAGNE :
Alors que Thalassa poursuit allégrement son chemin, les émissions sur la montagne qui se succèdent, au dire des échos que j’entends ici ne passionnent pas les spectateurs. Pourquoi ? La raison semble simple, ces émissions manquent de reliefs. Déjà, les films sur les expéditions, passée la période d’engouement pour les exploits ou les faux exploits, avaient rapidement lassé les spectateurs. Les films étaient, il est vrai, dans leur ensemble d’une médiocrité affligeante. Se succédaient les mêmes scènes : Kathmandu, Bodnath, la marche d’approche, quelques rares scènes d’altitude… De même, les films sur la moyenne montagne et ses habitants avaient une fadeur qui n’incitaient guère les spectateurs à en regoûter. Une exception, un film grande salle, au scénario aussi plat que le décor était tourmenté n’a dû sa réussite commerciale qu’à la publicité dont il a bénéficié, évidemment, à la qualité des images de paysages transhimalayens et au folklore dégagé naturellement par des acteurs autochtones. Alors, la montagne étant un domaine aussi vaste qu’exaltant, beau, grandiose, changeant, mille fois plus varié que la mer toujours recommencée, un lieu dans lequel foisonnent les personnalités fortes et originales, les histoires dramatiques, on doit se demander pourquoi ce fiasco. Je pense que cela vient du fait que les réalisateurs n’ont pas choisi des sujets forts. Or ces sujets existent et permettent de réaliser des films économiques sans qu’il soit nécessaire d’envoyer en maints lieux des équipes de tournage qui n’ont aucune culture profonde sur le sujet à filmer, qui sont tenues de respecter des budgets étroits et de réaliser leur film dans des temps trop courts. Parmi les sujets simples et économiques à réaliser car ils peuvent être construits en utilisant des photos de vieux documents et des séquences de films existants, je cite la réalisation de séries de vingt-six minutes sur des sommets prestigieux qui possèdent une histoire et de nombreux documents d’archives : photos, livres ou articles de presse les racontant. Dans les Alpes : Cervin, Eiger, Aiguille Verte, Drus, Jorasses, Ecrins, Meije…, dans l’Himalaya du Népal : Annapurna, Nanga Parbat, Chogori, Sagarmatha, Kanch. Dhaula… Chacun de ces films bâti sur la même trame : situation, caractéristiques physiques de la montagne, la population à son pied, l’histoire alpine : tentatives et première ascension… Les textes écrits par de véritables géographes et historiens de l’alpinisme, exemple G. Modica de Montagnes mag. Même schéma pour des vingt-six minutes sur des massifs ou sur des alpinistes ayant réalisé des ascensions qui ont ému les spécialistes de leur temps. Toujours réalisés en suivant un même schéma directeur : images des lieux sur lesquels ils ont accompli leurs exploits, situation de ces exploits dans l’histoire alpine, la vie de ces personnages, leur description : caractère, profession, leur vie en dehors de l’alpinisme. Pour ceux qui sont encore en vie, images les montrant dans leur nouvel état de retraités, d’alpinistes entrés dans le rang. Lesquels choisir ? Ils abondent : en France, Catherine Destivelle, Serge Coupé, François Damilano, Patrick Gabarou, Maurice Lenoir, Jean Claude Marmier, Guido Magnone, Robert Paragot, Christophe Profit… Des commentaires forts sur des vieilles photos en noir et blanc, sur des extraits de vieux films, des anecdotes, des récits de drames…rien ne manquerait pour créer des films captivants.
Dans le genre protection de la nature : les aspects négatifs et positifs - au diable la langue de bois et le manichéisme- sur maints sujets dont la transformation d’anciens pâturages en stations de ski, la banalisation de la difficulté en alpinisme, en himalayisme…
EVOLUTION DES MENTALITES DES AUTOCHTONES :
EVOLUTION DES MENTALITES DES AUTOCHTONES NEPALAIS EMPLOYES DANS DES EXPEDITIONS.
Il y a peu de temps, les professions liées à la pratique de l’himalayisme étaient mal considérées par les porteurs d’altitude népalais, les guides de montagne népalais. Entendre : << Je n’aime pas >>,<< Je fais cela parce que j’ai une famille >> était courant. Mes beaux-frères et des guides du Khumbu que je fréquente me le répétaient souvent. Mais, aujourd’hui, on rencontre des jeunes qui parlent de la montagne avec enthousiasme. Qu’y a-t-il de changé ? Pour attirer les individus dans des activités qui présentent des risques énormes, il faut, soit leur attribuer des gains confortables, soit leur ouvrir les portes d’une certaine notoriété ou mieux de la célébrité. Or, depuis quelques années les médias népalais parlent abondamment des exploits de leurs himalayistes : articles dans la presse, images à la télévision, voitures à haut-parleurs sillonnant la ville, cérémonies à la gloire d’un alpiniste… Cette évolution est en quelque sorte l’inverse de celle qui a eu lieu chez nous. Il y a très peu d’himalayiste français de haut niveau. Pourquoi ? La raison est simple, les médias, y compris ceux spécialisés dans la haute montagne, ont été longtemps incapables de définir un himalayisme de qualité, de reconnaître un himalayiste de haut niveau, ont célébré les faux exploits ( ah ! Les plus de 8000 ! ) ou ont passé sous silence les quelques rares ascensions qui méritaient quelques notes, ou les tentatives d’ouverture de voies nouvelles qui laisseraient des traces dans l’histoire de l’himalayisme. Beghin et Profit dans la Nord du Lhotsé shar…
REFLEXIONS SUR LES FORMALITES POUR OBTENIR UN VISA :
Rappelons que Lakpa est notre nièce, qu’elle a demandé un visa de scolarité qui a été refusé, ce qui m’a incité a réagir violemment, sachant pourtant que les personnes ayant refusé le visa n’étaient que de simples exécutants ne faisant qu’appliquer de trop rigides instructions de politiques méprisables. Juin 2008 : un coup de téléphone du Consulat nous indique que le visa de Lakpa est accordé. Quelques jours plus tard, Cécile Siébert, la jeune femme qui a repris mon ancien cabinet d’ingénieur conseil, nous avise que le ministère des Affaires étrangères a accordé le visa et a retourné la médaille - de la Légion d’honneur que j’avais envoyée pour marquer mon mécontentement - Lakpa ira donc en France, ce qui est une bonne chose pour elle mais une chose difficile pour nous. Elle est venue ici à deux ans et demi ! Que de liens se sont tissés entre nous, et avec moi qui n’ai jamais eu de filles !
Ce fait m’incite à m’exprimer sur les formalités à accomplir pour obtenir un visa. L’exemple du cas Lakpa est caractéristique : elle est née à Pangbotché dans le Khumbu. Elle et Danzi ont été obligées d’aller à Saléri ( chef-lieu du Solu Khumbu ) pour obtenir le passeport de Lakpa. Elles avaient deux solutions :
- deux journées de bus aller plus retour, plus huit à dix jours de marche pour l’aller et le retour. Rajouter aux frais en résultant, les frais de lodge 9.000 à 10.000 rs,
- ou prendre l’avion Kathmandu Phaphlu Kathmandu, frais : 12.000 rs.
Parallèlement, Damou, maman de Lakpa a été contrainte de descendre de Pangbotché à Saléri : 8 jours de marche aller et retour : frais de lodge, manque à gagner… Des débours énormes pour quelqu’un de pauvre. Danzi a de plus payé au consulat environ 10.000 rs, somme qui n’est pas restituée si le visa est refusé ! Un autre exemple, celui de mon beau-frère Gurmen. Il est invité par un couple d’Américains à passer trois mois aux U.S.A. Il descend à Kathmandu - frais d’avion aller et retour 8000 rs – plus frais de lodge, manque à gagner, il paye également 10.000 rs au Consulat des U.S.A. Mais là, on lui dit qu’il n’aura une réponse que dans 20 jours. Doit-il remonter dans le Khumbu et ensuite redescendre ? Repayer un voyage en avion ? Refaire trois à quatre jours de marche ? Il lui semble préférable d’attendre. Il a de la chance, il a de la famille à Kathmandu, sinon il devrait aller dans une lodge : coût ! Décideurs, notez que les Occidentaux ne payent pas toujours la totalité des frais ! Evidemment, s’Ils n’ont pas d’argent, ils n’ont qu’à rester chez eux, raisonnement à la mode. La critique qui porte sur le prix de l’étude d’un dossier de visa, environ 10.000 rs, est, elle aussi, justifiée, le coût de cette étude ne doit pas dépasser 500 rs. Gagner de l’argent sur le dos de Népalais qui n’ont pour salaire que trois à quatre mille roupies par mois est un choix curieux.
Négligeons les on dit sur la partialité de la note établie par des Népalais du Consulat et, plus grave, sur d’autres coutumes qui seraient pratiquées, elles sont, à mon avis, inspirées par la simple médisance. Il reste que de nombreuses personnes pensent que la politique actuelle de délivrance des visas aurait besoin d’une sérieuse réforme.
ADDITIF FIN AOÛT 2008.
Lakpa qui partait avec Patrick Magnier en France, a été refoulée à l’aéroport. L’attestation de sa maman Damou nous donnant pleins pouvoirs n’a pas été jugée valable. Démarches auprès de quelques ministères, obligation de faire descendre Damou à Kathmandu ! Avec elle, vaines tentatives pour obtenir un rendez-vous avec un responsable. Désarroi de la pauvre Lakpa qui depuis plusieurs semaines ne fréquente plus son école, qui ne sait plus si elle doit ou non espérer. J’annule tout. Il fallait insister disent ceux qui se moquent de l’état de la pauvre gamine. Elle n’ira pas en France, elle fera des études au Népal, elle ne sera pas la seule..
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