ELECTION DU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE :
Au premier tour, seul le vice-président est élu en obtenant la majorité absolue, les candidats au poste de Président présentés par les maoïstes, le parti communiste U.M.L., le parti congress ont été éliminés. Que s’est-il passé à la veille du deuxième tour ? Les historiens du futur auront connaissance des discussions et décisions qui ont eu lieu avant les élections, peut être même bien longtemps avant les élections. Les postulants étaient :
- Présentés par le parti C.P.N. M. ( maoïstes ) : pour le poste de président : monsieur Kumal Singh, vieux newar, vieux républicain, vieux révolutionnaire militant - il a été condamné pour pose de bombe - Au poste de vice-présidente, une Newar : madame Jhanta Shrestha. Il faut voir dans ces choix un certain symbolisme. D’abord, celui de présenter le parti mao comme une force toujours révolutionnaire, ensuite, en proposant deux Newars, celui de vouloir mettre fin à l’hégémonie des gens de caste, enfin, le choix d’une femme confirme que les maoïstes désirent modifier le statut des femmes dans ce pays. Mais il faut remarquer que, sur le plan démagogique, ces choix n’étaient pas heureux : un ancien poseur de bombe, un simple citoyen n’appartenant pas à la classe dirigeante, une femme se présentant à un poste honorifique… !
- Présentés par un front « Congress et Communistes U.M.L. » auquel s’est joint le parti Madeshi ( M.P.R.F.) élus du Téraï oriental: au poste de Président : Ram Baran Yadav.
Ainsi, une coalition s’est formée contre les maoïstes. Congress et communistes UML se sont alliés avec ce M.P.R.F. le Madeshi People’s Rights Forum - Madesh signifie Téraï, Madeshi habitants du Téraï - Il faut savoir que la partie orientale méridionale du Népal est la zone la plus riche du pays. Ce qui explique la volonté d’indépendance des politiques de cette région. Et il faut indiquer que ces Madeshi ont froidement assassiné sur leurs terres quinze maoïstes après la conclusion de la trêve.
ANALYSE.
La peur de réformes profondes a donc fait peur aux communistes U.M.L. Ils ont accepté de s’allier avec leurs adversaires de hier pour former un front commun. Des humoristes français établissant une comparaison, pourront dire : << C’est un peu comme si, par peur d’une extrême gauche soudainement reconstituée, François Hollande s’alliait à Sarkozy. >> De plus, pour obtenir le nombre de voix suffisantes pour battre les maoïstes, ces deux partis ont pris pour allié les riches Madéshi dont la région n’a aucune frontière géographique avec l’Inde, qui semblent désirer une grande autonomie pour leur région. Noter sur ce point, que tous les habitants du Téraï ne sont ni riches ni de droite, ainsi les Tharus membres du parti sadbhavana. Si on élimine les discours, on peut ne voir dans cette alliance que la volonté commune à ces trois partis de conserver la société actuelle, de protéger les acquis de l’ancien régime, la grande propriété … Les dires des communistes U.M.L. de n’accepter de rentrer dans un futur gouvernement de coalition que s’ils obtiennent des ministères importants laissent rêveur. Au mieux, ou au pire, avec eux le Népal peut entrer dans une période analogue à celle de notre troisième république qui a vu défiler les Premiers Ministres.
L’élection du Président de la République n’est pas, en soi, très importante, les pouvoirs de ce Président sont limités, ce qui est important c’est qu’avec la coalition formée par ces deux importants partis et la nouvelle formation M.P.R.F. est née une force électorale capable de tenir tête aux maoïstes. Ceux-ci ne seront plus majoritaires à l’Assemblée. Va-t-on vers une série de troubles sociaux, vers une nouvelle guerre civile ? Personnellement je me répète la phrase de Victor Hugo déjà citée qui, une nouvelle fois est vérifiée : << C’est toujours la bourgeoisie qui arrête les révolutions à mi-pente >>. En accolant le mot aristocratie à celui de bourgeoisie. Ceci posé, il apparaît que les mao ont eu tort de ne pas accepter de voter pour Kumar Nepal le secrétaire du parti P.C. U.M.L. à la fonction de Président de la République. Comme ils ont eu le tort de s’attaquer physiquement – actes de la Y.L.C.- aux cadres de son parti P.C.-UML
LES DEUX ARMEES DU NEPAL :
La fin des hostilités a laissé en place deux forces militaires qui ont combattu plusieurs années l’une contre l’autre : l’armée traditionnelle : la Nepal army, la N.A., et la People’s Liberation Army, la P.L.A. des maoïstes créée en 1996. Les maoïstes ne veulent pas, dans le régime qui se met en place, de la seule N.A. dont les chefs sont en général des chétris royalistes de cœur, le roi est lui-même de la caste des chétris, ou par défaut de tendance congress. On peut rappeler que c’est le roi Gyanendre qui, se rendant compte que la police seule ne viendrait jamais à bout des maoïstes, a demandé l’intervention de cette N.A. Signalons aussi que cette armée, jusqu’alors mal équipée, mal vêtue, s’est soudain vue pourvue d’armes automatiques, de matériel et de vêtements neufs - hélicoptères compris - On a pu lire alors : armes automatiques de provenance américaines, indiennes, anglaises, belges ! Et des conseils d’officiers de l’U.S. ( humour : les mêmes qui étaient en Indochine ? Sympa. : la France n’a rien fourni. Mauvaise langue : les maoïstes auraient certainement souhaité qu’elle envoie, comme conseil aux forces royales, le haut commandement des troupes françaises à Dien bien phu. ) Les mao veulent aussi que le ministre de la défense soit un des leurs, on devine pourquoi. Mais l’état major de la N.A. refuse l’intégration des troupes mao aux siennes. Cette intégration transformerait le principal organe de défense des classes dominantes. Il parle de « tradition, de pureté, de caractère sacré, d’intégrité, du rôle joué par ses membres dans des actions militaires de l’O.N.U. » Pour comprendre ce rejet, il faut se souvenir des problèmes qu’ont eu les Résistants de grade élevé, qui, en 1944, ont voulu intégrer une armée française dont les chefs voulaient que soit respecté la tradition (indiscutablement démocratique, elle ) dans l’attribution des grades.
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