Projet Sciences Humaines Monographie Bretagne 0

III.La controverse en elle-même

1. Pourquoi la fibre optique ?

1. Un débit élevé et uniforme

La fibre optique est constituée d’un ensemble de micro fils, en verre ou en plastique, dans lesquels transite un signal se présentant sous forme lumineuse. Ainsi il est possible de transmettre via ces fils un flux de données qui pourra être reçu et  traité par des systèmes informatiques.
Le fait que le signal soit stocké sous forme lumineuse fait la force de cette technologie puisque les lois de la physique nous permettent d’affirmer qu’il est impossible de se déplacer à une vitesse supérieure à celle de la lumière (environ 3.10⁸ m.s^-1). Les débits associés à la fibre optique sont alors très supérieurs à ceux qui étaient fournis par l’ADSL. On parle alors de “très haut débit” en comparaison à la technologie ADSL affiliée au “haut débit”. Les débits proposés par les opérateurs à l’heure actuelle avoisinent la centaine de megabits par seconde, contre 25 Mbits/s pour l’ADSL. De plus, les débits obtenus en laboratoires sont très prometteurs (de l’ordre de quelques centaines de gigabits).
En plus d’être élevés, les débits offerts par la fibre restent constants. Effectivement, les câbles ne sont pas sensibles aux conditions météorologiques ou aux interférences électromagnétiques dont souffraient les câbles coaxiaux utilisés par l’ADSL. De plus, mis à part les transferts de fichiers, aucune application ne nécessite un débit supérieur à 13 Mbit/s à ce jour, ce qui est bien inférieur au débit proposé par la fibre. Il en résulte que plusieurs personnes peuvent effectuer des tâches autrefois jugées gourmandes en bande passante sans se pénaliser entre elles. Par exemple, dans un même foyer, plusieurs personnes pourront regarder des films en haute définition simultanément, sans impact sur la qualité du flux vidéo (qui nécessite tout de même 10Mbit/s par terminal).
L’arrivée de la fibre optique permettra également l’apparition de nouvelles technologies demandant une stabilité et des performances accrues. Par exemple, la télémédecine pourra permettre à des médecins de surveiller l’état de santé de leurs patients via un système de monitoring à domicile. Il est bien évidemment crucial pour le patient qu’aucune panne réseau ne se produise dans des applications comme celle-ci. L’implantation d’une telle technologie serait bien plus pertinente en milieu rural qu’urbain, puisque la densité de médecins y est bien moindre.
Par ailleurs, la transmission électrique dans un conducteur métallique est sujette à une perte de signal sur les grandes distances. En conséquence, avec l’ADSL, plus on s’éloignait du NRA, et plus le débit disponible était faible. Cette perte est quasiment rendue nulle avec la fibre optique, ce qui facilite l’implantation de cette technologie dans les zones rurales où les nœuds de raccordement, moins nombreux, sont plus éloignés des habitations, et évite par ailleurs les cas fréquents où le débit effectif d’une connexion internet était inférieur à sa valeur théorique à cause de la position du NRA.

2. Une technologie déjà déployée

La fibre optique est implantée pour les particuliers depuis 2007 dans un certain nombre de villes françaises. Il existe différentes structures de déploiement qui ne sont pas toutes égales du point de vue performances. On en retiendra quatre à titre d’illustration, mais il en existe une dizaine au total.
Le FTTH (Fiber To The Home) correspond au déploiement de la fibre optique directement chez l’abonné. Il permet donc de bénéficier de tous les avantages techniques de la fibre sur l’intégralité du réseau jusqu’à l’utilisateur. Il se distingue d’autres types de déploiement qui combinent l’utilisation de la fibre optique avec des réseaux en câbles de cuivre.
Le FTTB (Fiber To The Building) permet d’acheminer la fibre optique jusqu’à un répartiteur situé dans l’immeuble en question. La connexion est ensuite raccordée à l’abonné à l’aide d’un réseau de fils de cuivres. De ce fait, on note une perte significative du débit mesuré chez celui-ci. Le FFTB permet néanmoins une mutualisation des ressources, puisque l’accès au réseau de l’immeuble pour tous les FAI est obligatoire dans ce cas. Le consommateur pourra ainsi souscrire à une offre chez l’opérateur de son choix.
Le FTTC (Fiber To The Curb) est basé sur le même principe que le FTTB mais avec une répartition de la connexion au niveau du trottoir et non de l’immeuble.
Le FTTO (Fiber To The Office) est une technologie spécialement conçue pour les structures professionnelles, demandant un réseau interne très conséquent.
Le coût d’installation du FTTB n’est pas très conséquent en comparaison à celui du FTTH puisque les infrastructures permettant de relier la fibre au réseau de l’abonné sont déjà présentes depuis l’implantation de l’ADSL. Par contre, les performances du FTTH sont nettement supérieures à celles du FFTB puisque ce dernier est limité par les propriétés de transmission de données via un câble coaxial. Le FAI Numericable-Noos a su bien exploiter ce compromis, puisqu‘il est depuis quelques années le leader français de la fibre optique, proposant déjà des offres FTTB au grand public en 2007 alors que ses concurrents, tels qu’Orange, étaient encore en pleine installation de leur réseau FTTH. On peut néanmoins imaginer que le leader actuel soit, dans quelques années, en possession d’une technologie alors obsolète, laissant la place à ses concurrents qui auront choisi une technologie bien plus pérenne.

3. Qualité et sécurité pour les entreprises

Il va de soi de considérer que les besoins d’une entreprise en termes de connexion ne sont pas les mêmes que ceux des particuliers. Pour certaines sociétés, par exemple celles proposant des services web, ces besoins sont même vitaux puisque l’utilisateur va directement solliciter les serveurs présents dans les locaux de ladite société. Un débit plus élevé que l’ADSL ainsi qu’une stabilité accrue, voilà ce que recherchent les entreprises, et ce que leur offre la fibre. Celles-ci n’ont alors plus besoin de recourir à des techniques telles que souscrire à plusieurs FAI simultanément, afin d’anticiper une éventuelle panne de l’un d’entre eux.
La fibre va également pouvoir contribuer à l’amélioration d’outils de travail collaboratif. Prenons le cas du cloud computing, qui consiste à travailler sur des fichiers qui sont hébergés dans le “nuage” du web. Ainsi, il n’est plus nécessaire de télécharger un document envoyé par un collègue puis de le remettre en ligne après modification. Le fichier pourra être modifié directement sur les serveurs qui l’hébergent. Cela permet alors à plusieurs personnes d’accéder à celui-ci et d’y effectuer des modifications simultanément. Google a d’ailleurs déjà proposé un tel service : Google Drive. Le débit offert par la fibre permet d’envoyer des fichiers très volumineux en un temps dérisoire. Ainsi le partage de fichiers est facilité, ce qui permet une meilleure productivité.
La fibre va contribuer également à la virtualisation des services informatiques. En effet, un débit élevé permet une latence extrêmement faible, on peut alors parler d’applications en temps réel. De plus, les performances d’une application web dépendent directement de la stabilité du réseau, et nous avons vu auparavant que les fluctuations de débits sont extrêmement faibles pour la fibre. Ainsi, le télétravail, qui consiste pour un salarié à effectuer des tâches en dehors des locaux  de son entreprise, sera facilité. La fibre permettra aussi une amélioration des applications de visio-conférence en termes de netteté de l’image et de temps de réponse.

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