Thèse pour l’obtention du diplôme de Docteur de l’Université Paris VII spécialité : Géographie



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Conclusion de la partie deux


Cette deuxième partie visait à deux objectifs : présenter la spécificité des territoires périurbains à travers une approche diachronique ; présenter les territoires ruraux périurbains nord-montpelliérains comme des territoires susceptibles d’exiger et de permettre l’émergence d’innovations, c'est-à-dire préciser encore les hypothèses guidant cette recherche.

Lors, les territoires périurbains apparaissent comme des territoires à l’organisation complexe et ambivalente, inscrits comme périphéries montpelliéraines et territoires méditerranéens métropolisés, comme des territoires en forte croissance démographique, accueillant une population nombreuse et diverse, et comme des territoires à faible densité, territoires ruraux de la garrigue languedocienne.

La spécificité de leur organisation est susceptible de susciter action et innovation sociale. Cette innovation, qu’elle émerge comme une innovation commune à l’ensemble des nouveaux territoires urbains, ou comme une innovation spécifique à ces territoires locaux semble constituer, entre les mains des acteurs, un moyen de régulation et de valorisation territoriale, s’opposant aux normes idéologiques, politiques, économiques, sociales, et aux pouvoirs institutionnels et non-institutionnels en œuvre dans ces territoires.

partie trois

innovation périurbaine

et changement territorial

Introduction. Hypothèses.

Cette dernière partie est consacrée à l’identification et à l’analyse des différentes innovations en œuvre dans les territoires ruraux périurbains nord-montpelliérains, à travers celle des projets portés par les acteurs. Les deux objectifs énoncés dans l’introduction générale guident et structurent cette partie. Il s’agit de caractériser les processus de l’innovation sociale, étant entendu que l’innovation émerge dans ces territoires au même titre que dans l’ensemble des territoires urbains. Elle prend cependant des formes spécifiques, en relation avec l’organisation du territoire périurbain. Dans les deux cas, la mobilité spatiale est utilisée comprise comme lien privilégié entre les caractéristiques urbaines/métropolitaines et rurales/locales des territoires. Elle est à ce titre au centre des processus d’innovation. D’autre part, à travers l’analyse des processus de l’innovation, une analyse de la relation innovations/changement territorial se profile. L’identification d’un système de l’action territoriale, qui met en relation les différents types d’innovations, d’activités, et de projets, permettra d’analyser la production de territoires différenciés, et de saisir le type de dynamiques territoriales en œuvre dans les cantons de Claret et de St-Martin de Londres. Les processus de production territoriale par l’innovation questionnent en outre le rôle effectif des acteurs dans les dynamiques territoriales, et la capacité des territoires locaux à se produire.

Le travail de terrain a visé à identifier quelles territorialités spécifiques et innovantes se mettent ou se sont mises en place dans les communes rurales périurbaines de notre étude, ainsi que les processus de cette mise en œuvre. La recherche s’est concentrée sur la notion de projets d’acteur, sous-tendant qu’ils révèlent et conditionnent les mode de territorialisation des acteurs, et réciproquement. La recherche et la lecture de ces territorialités à travers les différents projets ont ainsi donné à voir la nature de la relation acteurs/territoires périurbains.

Les pratiques des acteurs dans le territoire seront scindées en trois groupes :

_ les activités personnelles qui incluent l’activité résidentielle, l’activité familiale, l’activité professionnelle, l’activité politique.

_ les activités économiques.



_ les activités territoriales qui regroupent les pratiques ayant pour objectif et/ou effet d’agir directement sur les caractéristiques territoriales.

Cette partition structurera la partie et sa division en chapitres. Le chapitre 8 évoque ainsi les processus de l’innovation intervenant dans les pratiques personnelles des acteurs périurbains. Le chapitre 9 s’attache à analyser les mécanismes de l’innovation inscrits dans les activités économiques. Le chapitre 10 enfin analyse les actions explicitement territoriales des acteurs périurbains et leur caractère innovant.

Justifiant et prolongeant cette partition, plusieurs hypothèses transversales et complémentaires sont à émettre :

1.

La relation des acteurs à leur territoire s’opère à travers l’imbrication de ces trois types d’activité, qui participent de trois niveaux d’échelle. Ceux-ci s’emboîtent selon l’implication croissante du territoire dans les pratiques de l’acteur et/ou selon l’implication croissante de l’acteur dans une action proprement territorialisée. Les pratiques personnelles engagent l’acteur dans une relation quasi unilatérale avec le territoire : celui-ci est inclus comme support des pratiques, sans que ces pratiques nécessitent et produisent une empreinte territoriale forte. Les pratiques économiques au contraire exigent et produisent une plus grande territorialisation des pratiques. Plus encore, les activités territoriales engagent de fait l’acteur dans sa relation au territoire, en ce qu’elles visent explicitement à une action territoriale.

Les trois chapitres sont intimement liés, comme sont liés les différents niveaux d’échelle des pratiques territoriales, réunis au sein des projets complexes des acteurs.

De cette hypothèse en découle une autre : deux types de variations semblent caractériser cette partition du corpus d’innovations.



2.

La spécificité périurbaine de ces innovations varie.

Les innovations, produites par une utilisation/valorisation de la dualité des ressources territoriales périurbaines, ne les engagent pas toutes avec la même intensité. Les innovations personnelles en premier lieu inscrivent les territoires périurbains au sein des territoires post-urbains tels qu’évoqués par Jean-Paul Ferrier. Leur caractère éminemment transversal positionne les territoires périurbains comme des territoires pleinement insérés dans les dynamiques de la société individualiste, mobile, flexible, société urbaine par excellence. Les innovations économiques montrent une spécificité périurbaine plus marquée, parce qu’elles se construisent à partir des ressources spécifiquement périurbaines. Elles engagent non plus seulement l’acteur individuel dans un rapport personnel au territoire mais l’ensemble de l’organisation territoriale. Les innovations territoriales enfin se mettent en place à partir de la spécificité de cette organisation. Elles visent à une différenciation et une valorisation territoriales et sont à ce titre autant de signes d’une participation à des dynamiques territoriales vastes, et à celles de la compétition généralisée des territoires ; elles sont cependant spécifiquement périurbaines, dans leur émergence, et dans leur application.

L’effectivité territoriale des innovations, c’est-à-dire leur capacité à produire un changement, varie de la même façon.

L’innovation territoriale possède a priori un potentiel de changement plus grand, en ce qu’elle vise explicitement à ce changement. L’innovation économique semble impliquer elle-aussi le changement territorial parce qu’elle est à même de produire une valorisation territoriale. L’innovation personnelle possède un pouvoir de changement souvent réduit cependant à l’agrégation des initiatives isolées des acteurs.

3.

L’analyse des diverses innovations est une analyse de la place des territoires périurbains au sein des nouveaux territoires urbains, et du rôle spécifique qu’ils sont susceptibles d’y jouer par le biais des dynamiques d’acteurs. Le chapitre 12 s’efforcera en ce sens d’envisager ces différentes échelles de l’innovation périurbaine.

Innovations personnelles, économiques et territoriales interagissent, et constituent un système complexe d’action territoriale. L’ensemble de ces innovations participent d’une dynamique résolument urbaine, et réfutent le caractère marginal ou périphérique des territoires périurbains.

Pour caractériser les processus de l’innovation périurbaine en leur ensemble, l’identification des différents types d’activités doit s’accompagner de celle des types de projets et d’innovations qui émergent dans leur cadre. Nous distinguerons d’abord projets individuels et collectifs262. Nous distinguerons ensuite les innovations organisationnelles et institutionnelles : alors que les premières modifient l’organisation des pratiques, les secondes visent à une normalisation du changement via des processus d’institutionnalisation.

L’identification des différents projets et innovations émergeant dans le cadre de chaque activité, et des liens qui les unissent, ainsi que celle de leur niveau d’implication et d’efficience territoriales, nous permettront de saisir les processus de l’innovation périurbaine dans leur complexité, et de souligner par là-même la complexité des territoires périurbains eux-mêmes.

La compréhension des liens unissant les innovations émergeant pour chaque type d’activité, et celle des dynamiques dominantes dans les processus de l’innovation périurbaine est en outre nécessaire à l’identification des processus du changement territorial.

Ces analyses nous permettront d’émettre des conclusions quant à l’effectivité des innovations en tant que productrices de territoires, et de prendre la mesure du pouvoir d’auto-détermination des acteurs. Elles permettront ainsi de saisir la nature du lien innovation/territoire, au-delà du cas particulier des territoires nord-montpelliérains.


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