Patrick Béranger
Le Parti Socialiste est muet ou presque dans le domaine de l’environnement. Que pense –t- il des actions à engager contre le réchauffement de la planète, pour la préservation de la ressource en eau, pour réduire les déchets ? Nous n’en savons rien. Le PS n’a ni réflexion ni culture écologique, ou alors il est bien discret.
Pourtant, il a des acquis qu’il n’utilise pas. La campagne de Ségolène Royal a montré un savoir (sauf sur le pourcentage de nucléaire dans l’énergie), une compétence, une sensibilité, en raison de la présence de Bruno Rebelle parmi les conseillers. Et, on l’a oublié, elle fut il y a 15 ans une bonne ministre de l’environnement. Elle a fait adopter en juillet 1992 la loi déchets qui fut le socle d’une politique nouvelle en France, et ce à l’unanimité de l’Assemblée.
Nombre d’élus locaux socialistes exercent des responsabilités en matière d’eau, de déchets, d’énergie et mettent en place des politiques cohérentes à l’échelle de leur territoire, mais rien n’est capitalisé au niveau du parti.
Dans le cadre de sa rénovation, le PS a un urgent besoin d’acquérir une culture environnementale. Il doit faire un travail de réflexion sur les notions de croissance et décroissance, sur la nécessité de faire mieux avec moins. Et ce travail ne doit pas être sous traité aux Verts, car il concerne toute la gauche.
Le PS ne doit pas laisser les questions d’énergie à quelques spécialistes souvent cadres ou retraités du CEA, d’EDF, de GDF ou des grandes compagnies privées énergétiques qui ont d’abord, même inconsciemment, une culture maison.
Voilà un grand chantier que le PS devrait ouvrir pour être lui même dans « l’excellence environnementale ».
Alain Cabanes -Saint Agrève (Ardèche)
Pas de refondation du Parti Socialiste sans les militants
Depuis Ségolène Royal, le parti n’appartient plus aux éléphants
Le parti socialiste doit aujourd’hui être uni autour de son Premier secrétaire qui, en homme responsable, se consacre entièrement à la campagne des élections législatives. Afin de calmer les ardeurs de ceux qui rêvent de prendre le parti, François Hollande a même rappelé qu’il ne serait pas candidat à sa propre succession, comme il l’avait annoncé dès le congrès du Mans. Mais les législatives passées, la danse des éléphants reprendra dans un ballet délétère, suivant la chorégraphie des ambitions et des rancoeurs. Où seront alors l’intérêt de la gauche, la volonté de rénovation, les énergies créatrices ?
Trois constats simples peuvent aujourd’hui être dressés. D’abord, la responsabilité du résultat atteint lors de l’élection présidentielle est collective. Tous les membres de la direction du PS en sont comptables et l’ouverture d’une distribution de bons et de mauvais points aux uns et autres ne ferait que prolonger l’affaiblissement de la gauche. Ce n’est que dans le rassemblement que le parti pourra effectuer sa refondation. Toutes les énergies seront nécessaires.
Ensuite, à ceux qui prétendent aujourd’hui que Ségolène Royal n’aurait été désignée comme candidate à l’élection présidentielle que parce qu’elle bénéficiait des meilleurs résultats dans les sondages d’opinion, rappelons que ce n’est pas le thermomètre qui explique la fièvre; il ne fait que la mesurer. Si Ségolène Royal a été désignée dès le premier tour par 60 % des militants, c’est parce qu’elle incarnait une aspiration profonde au renouvellement des idées et des personnes. Cette aspiration demeure et sera une force essentielle de la refondation du parti.
Enfin, comme l’a relevé Thomas Piketty2, lors de la campagne pour l’élection présidentielle, les socialistes ne se sont pas heurtés à une erreur de casting, mais à un problème de timing. Désignée trop tardivement, la candidate n’a pas eu le temps de présenter un projet rassembleur et crédible, face à un candidat qui se préparait depuis cinq ans.
Dès lors, si la direction du parti tardait à lancer cette refondation, si les ambitions personnelles des éléphants entraînaient un report de la désignation de celui ou de celle qui devra incarner la refondation en 2012, alors les militants devraient peut-être eux-mêmes déclencher le mouvement pour faire émerger une gauche moderne et décomplexée. Ils pourraient utiliser à cette fin le droit d'initiative que leur reconnaissent les statuts du PS.
En effet, l’article 6.11 de ces statuts, relatif à la Consultation directe des adhérents prévoit que: "Sur proposition du (de la) premier(e) secrétaire du Parti, du bureau national, de 35 fédérations ou à la demande d'au moins 15 % des adhérents (par rapport au nombre arrêté au 31 décembre de l'année précédente), le conseil national peut décider, après en avoir débattu sur le fond et à la majorité qualifiée des deux tiers de ses membres, d'organiser une consultation directe des adhérents en leur soumettant une question rédigée simplement. Le conseil national fixe les modalités de discussion collective et d'organisation des votes en découlant."
La lecture de cet article montre d'ailleurs que notre parti pourrait encore faire quelques efforts pour permettre à l'énergie militante de s'exprimer, puisque la procédure reste entièrement dans les mains du conseil national. Toutefois, il est permis de penser que si une telle demande de consultation directe émanait d'une proportion importante des adhérents, le conseil national ne pourrait que lui donner suite.
Les adhérents pourraient ainsi demander au conseil national de poser aux militants une question sur le calendrier de la désignation du (de la) premier(e) secrétaire du parti et du candidat ou la candidate aux prochaines élections présidentielles. Ce candidat ou cette candidate, entouré du premier secrétaire (à moins qu'il ne s'agisse d'une seule et même personne), et d'une équipe représentant tous les courants, pourrait ensuite travailler à la refondation du parti, de ses idées, de ses propositions, afin d'être en mesure de proposer aux Français une alternance de gauche en 2012.
Désigné tôt, le candidat ou la candidate n'en sera que plus légitime et mieux préparé. La refondation sera un travail de plusieurs années, au cours duquel une nouvelle génération devra se faire entendre du parti. Or, il n'est pas certain que les éléphants soient aujourd'hui très enclins à écouter cette nouvelle génération, parce que nombre d'entre eux conservent avant tout l'espoir d'un destin personnel. Il nous faut penser un destin collectif, incarné par une personne, et non repousser la désignation et affaiblir encore le parti.
Pour relever le défi de la refondation, les militants pourraient donc en prendre l'initiative, dans une démarche participative. Nous sommes prêts, avec d'autres, à engager une telle procédure.
Solon - Solon rassemble des militants et sympathisants socialistes qui ont soutenu la candidature de Ségolène Royal à l'élection présidentielle et veulent contribuer à refonder et rassembler la gauche, afin d'assurer son retour au pouvoir. Retrouvez Solon sur Internet: http://democratie-segolene.blogspot.com/
1 Le Monde, 8 mai 2007
Je ne dispose pas de beaucoup de temps. Plus tard je serai an peu plus disert, mais dès à présent il faut soutenir Ségolène! Elle seule peut relever le P.S. et préparer l'alternance.
J.Schahl Strasbourg
Adhérent au P.S. depuis 1971 – eh oui, j’ai tenu le coup aussi longtemps ! – je suis obligé de constater que notre maladie interne commence à devenir chronique…Les luttes de pouvoir se traduisent trop souvent par des luttes de personnes à tel point qu’on arrive à oublier l’essentiel, c’est-à-dire notre engagement pour des valeurs. J’ai connu ces situations dans le Rhône ; à chaque fois le parti perdait sa crédibilité. Les « égos » hypertrophiés de certains portent atteinte à notre efficacité. Il y a eu pendant cette campagne des trahisons visibles, celle d’Eric Besson, de Michel Charasse donnant ostensiblement l’accolade à Sarkozy ( au fait M. Charasse est-il toujours sénateur socialiste ?) et plus tard une trahison très médiatisée de celui qui rêvait depuis longtemps d’un grand ministère… Mais, il y a eu aussi quelques petites trahisons moins voyantes à l’intérieur même du parti.
Notre maladie chronique se manifeste aussi par un manque de discipline . En effet, autant il est normal qu’il y ait des discussions internes sur les orientations et la stratégie , autant il est impératif , lorsque les choix sont fixés démocratiquement de nous discipliner pour nous engager loyalement en nous abstenant de toutes critiques personnelles ; c’est tout simplement une question d’honnêteté.
La très large diffusion des primaires pour la désignation de notre candidat n’a peut-être pas été une bonne chose, car une grande partie de l’opinion – influencée fortement par les médias- n’a retenu de ces débats que les points de désaccord plutôt qu’une cohérence entre les candidats.
Ségolène Royal était notre candidate ; tous les socialistes avaient l’obligation morale de la soutenir loyalement, sans arrière pensée. Le moins que l’on puisse dire aujourd’hui, c’est que l’engagement de certains a manqué d’enthousiasme. C’est pourquoi, malgré les obstacles, critiques, dénigrements quotidiens, Ségolène Royal grâce à son courage et à sa ténacité a réussi à mobiliser les énergies d’un très grand nombre. Qu’elle en soit remerciée.
Jean-Paul Gauthier – Ste Foy lès Lyon
avec 47 % aux dernières élections Ségolène ne peut pas nous faire le "coup" de Jospin en 2002 en nous laissant tomber.... où la machine à perdre est repartie. Que la gauche se rassemble vite SVP
Lucien Janin
Permettez- moi de vous faire part de ma grande tristesse avec franchise et sans agressivité. Vous parlez de refonder la gauche. Certes jamais cela ne fut plus nécessaire, il faut dépasser la langue de bois et interroger les allants de soi de la gauche, les évidences du moins celles de certains au PS. Mais avant veuillez vous rappeler que celle qui a commencé à refonder la gauche et qui a ramené vers le PS bien des militants qui étaient partis( dont moi), celle qui a eu l’intuition des interrogations à poser hé bien c’est SEGOLENE ROYAL, que vous avez largement contribué à déstabiliser. Prenez ses discours ou interventions : vous aurez en filigrane toutes les interrogations à poser et à traiter pour refonder la gauche. C’est à elle de prendre le leadership de ce mouvement. Elle n’a pu aller jusqu’au bout. Demandez- vous pourquoi ?A part les éditoriaux les derniers vous n’avez cessé de monter en épingle le phénomène Bayrou , d’être très tolérant à N Sarkozy et de critiquer S Royal. Dernièrement vous êtes les premiers à publier les pages du livre «la femme fatale ». Me direz- vous que c’est là analyse politique ? En 95 vous aviez largement contribué à l’élection de J Chirac et à faire croire à ses « discours de gauche ». Quel est votre but ? Qu’est ce qui vous gêne ? Une femme ? Qui plus est assez éloignée du microcosme politique et journalistique. Avez- vous vous un homme que vous « portez » ? Pourquoi n’avez- vous pas saisi la perche de la rénovation quand S Royal l’a lancée ? Savez ce que représentait la démarche de S Royal , son émergence presque incroyable, le courage et la détermination de la candidature, ce qu’elle représentait pour les femmes , les questions essentielles posées à la gauche qui pouvaient mener politiquement à sa refondation, la force militante qu’elle représentait? Je voudrais que ce message qui est respectueux ne passe pas à la trappe. Aujourd’hui je m’interroge sur mon abonnement au Nouvel Obs et je crois avec raison.
P. Daviet
REFLEXIONS sur une défaite et pour une REFONDATION de la Gauche
La Présidence de la République est perdue. Ségolène ROYAL a-t-elle déméritée ? Sur le fond, NON. Même si sur certains domaines elle n'était pas assez armée. C'est le camp de la Gauche dans son ensemble qui n'était pas - son impréparation l'a révélé - en état de prendre le pouvoir.
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Se diviser pour mieux se compter, à Gauche, on aime. Jusqu'au ridicule !
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L'électeur "centriste" ( 15% de l'électorat !) est plus prompt à voter à droite qu'à gauche : la présente campagne rappelle qu'un "centriste" aime les concepts concrets, notamment en économie, que les étiquettes "communistes", " trotskistes", "antilibéral"," révolutionnaire" ... restent des épouvantails. Dont acte.
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Le PS est sans aucun doute le grand perdant . Deux causes parmi les plus notables :
. une certaine incohérence économique et philosophique : flou vis à vis du "libéralisme" et de l'"économie de marché" qui régissent pourtant, avec les dérives que l'on connaît, l'essentiel des échanges de la planète. ==>La Gauche doit définir, pour elle-même et auprès de l'opinion, un concept réaliste de " libéralisme positif " compatible avec ses propres idéaux. Pour l'amender, le contrôler et en … parler !
. inadéquation entre ses valeurs de justice et de liberté (des peuples …) et son discours en matière de politique étrangère : l'"ordre juste", les valeurs universelles…, doivent s'appliquer à toutes les situations. En premier lieu à la zone de conflits actuelle, c. à d. au Proche Orient dont une des clés ( si ce n'est la clé ) est la solution au conflit israélo-palestinien. En cause (au PS) : un communautarisme de certains de ses cadres, fortement dépendants d'un lobby influant sur le pouvoir politique et les médias. Comment expliquer l'éradication de ce thème - pourtant essentiel - de la campagne, comment expliquer la reculade libanaise de S. ROYAL…?
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Les erreurs de campagne du camp de la Gauche apparaissent évidemment mieux après la défaite :
. division des Socialistes (entre autres ), après un mode de sélection ubuesque de leur candidat,
. une Gauche dite "antilibérale" d'un anachronisme et d'un manque de réalisme déroutant,
. des "Verts" qui - en tant qu'écologistes - se sont enfermés dans le vote partisan, anomalie que l'intervention de Nicolas HULOT a révélée au profit - finalement - du candidat de la Droite :
la Gauche n'a pas le monopole de l'écologie !
. la "reculade libanaise de S. ROYAL" et les discours variables selon l'interlocuteur ( sous la pression de qui ?), puis le silence….
. le sabotage du rapprochement avec F. BAYROU : confusion simpliste entre les élus de l'UDF ( élus avec les voix de l'UMP, donc nécessairement liés à celle-ci ) et une partie de ses électeurs qui, eux, avaient ( ont encore ? ) une volonté de construire un bout de programme avec la Gauche.
. être tombé dans le piège de l' "hyper personnalisation " de l'élection présidentielle. Le candidat de la Droite - qui, malheureusement pour la Gauche, est un très bon comédien, un grand tribun et a travaillé son texte longtemps avant - n'a pas eu besoin de modifier cette caractéristique outrancière de la présente campagne ( et de notre Constitution) : elle lui a profitée en permanence. Il l'a d'ailleurs accentuée. A contrario la candidate - moins habile dans les meetings - devait changer cette tactique défavorable et introduire dans le débat un élément nouveau fort, un joker… : par ex. un Premier Ministre jouissant d'une notoriété indiscutable en économie…
. le raisonnement, la manière de penser de SARKOZY n'ont pas été suffisamment contrés, …( par ex. ne pas relever dans le discours de Bercy l'aberration de la soi-disant "culpabilité de Mai68 dans les dérives actuelles du capitalisme financier" ou "le culte de la spéculation" présenté à 20.000 badauds - qui applaudissent - comme un héritage de cette période ! )
.Il fallait être incisif en tout début de campagne, car toute attaque a besoin de temps pour porter et pour être re-ajustée en fonction des réactions. Celles des derniers jours étaient imprudentes : ce sont les contre-attaques qui ont capté le plus l'attention et ce sont elles qui ont conclu le débat !
…/…
.les qualificatifs de "communistes", " trotskistes", "ligue révolutionnaire", "antilibéral"….ne devraient plus constituer des noms de Partis. Est-ce que la Droite emploie les mots "capitaliste", "ultra libéral" ou "antisocial"… pour se désigner ? A-t-on déjà vu un Parti de Droite se nommer " Parti capitaliste" ? Réviser son appellation n'implique pas de renier ses idées ( message à l'attention de la gauche du PS) .
. Pour le PS ( à rebaptiser lui aussi ? ), la mission impérative est de rassembler, au moins 50,1 % des électeurs, ce qui ne peut se faire sans un apport des (désormais) groupuscules de gauche, d'une partie des "centristes" et des "écologistes". Ces formations doivent admettre ce partage des rôles et le PS, en assumer les contraintes. Sinon toutes ces forces sont nuisibles à une saine démocratie.
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