Voici les contributions de lecteurs à l'appel du Nouvel Observateur


Avoir des enfants : les femmes et les hommes



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Avoir des enfants : les femmes et les hommes

C’est ici le problème des femmes que j’aborderai. Elles sont nombreuses à repousser la naissance d’un premier enfant pour consolider leur vie professionnelle. Et nous en sommes encore à constater de véritables injustices financières et de promotion par les entreprises ! C’est scandaleux ! Que les hommes cessent de s’adouber les uns les autres  comme on l’a vu pendant la campagne au PS. La façon dont Ségolène Royal a été traitée par ceux qui devaient la soutenir déclenche la révolte. Je n’aurai plus jamais confiance dans ces hommes et les femmes autour de moi non plus.

Nous en avons assez de voir les femmes subir ces dominations alors qu’elles participent tant à la vie et à l’avenir. Que les femmes qui ont encore des doutes sur les compétences des autres femmes les laissent libres et ne les jugent qu’à l’aune de leurs actes !

J’ai élevé ma fille tout seule,. Dès sa première année d’école primaire, en 1982, parce que j’étais une femme divorcée, seule, son institutrice m’a signalé que ma fille était asociale ( oui !). En effet, elle répondait à un coup par un autre dans la cour de récréation, ce qui lui a permis de se faire respecter physiquement. Elle travaille depuis des années dans une banque après un parcours scolaire et universitaire sans problème : associale parce que non-conforme à la petite fille que l’école voulait dresser. Aujourd’hui, elle constate que ses collègues masculins gagnent plus qu’elle, à diplôme, poste et compétences égales.



Accéder au logement

Les centres des grandes villes sont une réserve de privilégiés. Injustice pour les travailleurs qui ne peuvent habiter en centre ville : transports inter banlieue épuisants, RER le matin avec leur cortège de retards, fatigue accumulée, trajets debout écrasés les uns contre les autres, tout ceci entraînant stress et agressivité. Le soir il faut recommencer après une journée de travail, aller chercher ses enfants, passer faire quelques courses, et rejoindre son appartement dans un immeuble dont l’ascenseur est en panne.

Si les dirigeants du parti socialiste pouvaient montrer le moindre intérêt pour toutes les personnes qui vivent ce quotidien, elles ne se sentiraient pas frustrées. Elles voteraient avec plus d’engouement ! N’oublions pas que, quels que soient les effets dont Paris bénéficiera dans les prochaines années, la politique socialiste de la ville de Paris crée chez les habitants de banlieue une gêne, un sentiment de rejet et d’injustice. Le Nouvel Observateur a concocté plusieurs dossiers sur ce sujet. La réalité de la frustration existe, il faut l’accepter.
Adultes, nos enfants ont besoin de s’installer, de quitter leurs parents pour devenir autonomes. Enfants de classe moyenne, ils n’ont pas les moyens de vivre dans les grandes villes et cherchent à se loger en banlieue.

Que leur propose-t-on ? Des locations d’appartement privés à des prix exorbitants ou des logements sociaux souvent éloignés de leur lieu de travail (en période de chômage, on prend le travail qu’on trouve !) puisque le nombre de villes qui respectent la loi sur les logements sociaux est limité. Une bonne idée aujourd’hui, après quelques années de travail est de se porter candidat à l’achat (les remboursements de prêts très longs ne sont pas beaucoup plus élevés que les loyers pratiqués dans le secteur privé). Toute aide en ce sens sera bienvenue.



Payer des impôts justes

Il est juste que cette classe moyenne soit soumise à l’impôt. La fiscalité liée à la garde des enfants, à la prise en charge des personnes âgées ou des personnes handicapées, à l’aide aux plus démunis, à la solidarité, à la réduction de la dette de la sécurité sociale doit être équilibrée. Il est moral de partager : mais M. Hollande a critiqué ce matin un projet de déductibilité des intérêts pour les futurs propriétaires ! Il paraît que ça ne va profiter qu’aux riches ? Je ne peux imaginer que François Hollande n’ait pas justifié sa position ? Cette mesure aura-t-elle pour effet d’augmenter les prix ? Cette mesure cache-t-elle la suppression du prêt à taux zéro ? J’ai entendu cette information sur France Inter  : la déclaration de François Hollande n’a fait l’objet d’aucune explication. Responsabilité des journalistes ou de M. Hollande qui n’a pas insisté pour que sont propos soit clair ! Résultat, la proposition du gouvernement paraît très attrayante, mais la réponse du PS n’est pas à la hauteur. Ses représentants vont-ils apprendre à communiquer ? J’en ai assez ! Je ne peux pas cautionner des déclarations officielles qui vont à l’encontre des intérêts de mon entourage et me trouver accablée, ne sachant que répondre à mes interlocuteurs.


La France moyenne existe, elle n’est pas riche. Il faut la dynamiser, lui donner l’envie de s’ouvrir au lieu de se replier sur elle-même en votant Sarkozy. Elle n’est jamais indifférente au sort des plus démunis, je le sais, j’en fais partie. Elle a voté à gauche en majorité dans le passé et a été tentée par François Bayrou dont le mouvement ne sera sans doute pas représenté à l’Assemblée Nationale.
Ne nous exaspérez-plus ! Prenez le temps de la réflexion avant toute déclaration : n’êtes vous pas tous suffisamment échaudés par vos erreurs pendant la campagne présidentielle. On aurait cru que vous donniez des armes à Sarkozy ! En France, les valeurs de solidarité, de justice sociale, d’égalité des chances, d’imagination, l’emportent sur le nationalisme et la rigidité droitiste. Ce n’est pas sur le terrain des intérêts déduits des impôts qu’il faut combattre cette droite très dure ! Elle nous réserve des surprises après les législatives et donc à la rentrée. Comment espérez-vous rassembler un peuple quand il va de déception en déception, vous regardant les uns les autres. Après la légèreté ( !) des réflexions de MM. Fabius et Strauss-Khann au sujet de Mme Royal, vous avez, M. Hollande, ajouté, pour ce qui me concerne, la dernière goutte : le vase déborde et j’ai hâte que vous et tous vos collègues, immobiles intellectuellement, qui enfermez le parti socialiste dans de vieux discours éculés, partiez du devant de la scène politique. Vous avez fait votre travail, vous n’êtes plus que des personnes d’appareil.

La refondation du parti socialiste, c’est se poser la question de son existence tel qu’il est aujourd’hui. Il doit changer ses pratiques. Personnellement, je n’en veux plus, je souhaite que de jeunes personnalités imaginatives, de cultures différentes, ouvertes sur le monde, se trouvent à votre place pour sortir de la Vème République. Tant pis si nous passons par des moments d’inexpérience, ce sera toujours plus enthousiasmant et porteur d’espoir.



Anne-Marie Berenguer
J'ai voté Ségolène au 1° comme au 2° tour , plus par tradition de gauche que par conviction , car si elle avait été élue je ne savais pas très bien ce qu'elle allait faire .

Et j'ai compris des responsables comme Rocard ou Kouchner qui , entre les deux

tours , ont appelé à un rapprochement entre Royal et Bayrou .

L'exemple allemand me frappe : depuis 18 mois ce pays est gouverné par une coalition centre gauche-centre droite . Pourquoi ? En première analyse parce que les circonstances électorales (égalité des deux partis) l'ont imposé, mais aussi parce qu’aujourd'hui , devant en particulier la mondialisation , il n'y a plus de solutions de gauche et des solutions de droite , mais de vraies et de fausses solutions .

Prenons l'exemple de la mondialisation justement . Peut-on dire qu'elle soit une mauvaise chose ?Qui ne voit que sans elle le niveau de vie des français stagnerait à un niveau bien inférieur à ce qu'il est aujourd'hui ? Qui ne voit , à moins d'être aveugle , que s'il n'y avait pas l'incidence des voitures japonaises , des ordinateurs coréens , des vêtements chinois ou indiens , autrement dit le poids de la concurrence étrangère , ces produits et bien d'autres seraient beaucoup plus coûteux pour nous .

Mais on ne peut pas gagner sur tous les tableaux : si nous gagnons en tant que consommateurs , nous perdons sur le plan de l'emploi , ce qui n'est évidemment pas tolérable .

Pour moi , la solution n'est donc pas de s'opposer de manière archaïque , comme Mr Bové ou Mme Buffet à la mondialisation , mais de s'y adapter et , dans la mesure du possible , de l'adapter . Comment ? C'est tout l'objet du débat qui - sur ce plan - devrait être le nôtre aujourd'hui . Et le rôle de la gauche , dans ce débat , serait de poursuivre un double objectif :

- faire en sorte que les solutions mises en oeuvre (en France) évitent l'écrasement des plus faibles,

- se battre (au plan international) pour tendre vers une juste concurrence (harmonisation sociale et fiscale) entre pays riches et vers une amélioration progressive des niveaux de vie des pays pauvres .

Objectifs difficiles à atteindre voire utopiques ? Certes , mais est-il d'autre voie dans ce domaine ? En tout cas il ne suffit pas de diaboliser la mondialisation , encore faut-il proposer des solutions . Et qu'a proposé la gauche (et la droite d 'ailleurs ) jusqu'ici ?

Et pour en revenir à l'exemple allemand , qui a fait ses preuves puiqu'en 18 mois le chômage a nettement reculé , l'économie a été relancée , et les rentrées fiscales augmentées je voudrais rappeler qu'il a été rendu possible par une discussion suivie d'un accord centre gauche- centre droit portant sur un certain nombre de mesures concrètes et immédiates , et non sur le ralliement individuel de quelques personnalités , telle M Kouchner en France.

Je sais bien que la situation politique n'est pas la même en France (et que la coalition allemande n'est pas appelée à durer) . Mais si l'expérience Bayrou a servi à quelque chose , n'est-ce pas à montrer que déjà près de 20% de français ne se reconnaissent vraiment ni au PS ni à l'UMP , lesquels d'ailleurs au 2° tour se sont partagés en deux parties sensiblement égales .

Et si personnellement je suis tenté de voter pour le candidat de Bayrou le 10 juin c'est surtout dans l'espoir d'inciter le PS à faire l'aggiornamento qu'il reporte depuis 1983 : il serait grand temps !!
P Girard

C’est sous la forme d’une réponse à votre article dans le numéro de la semaine dernière que je me propose d’apporter ma contribution à l’appel « Refondation de la Gauche » qui y est joint. Je pense, en effet, que cette refondation passe par l’approfondissement, ou la remise en cause de plusieurs points évoqués dans cet article.


1°) Et d’abord, qu’est-ce que la « gauche » ? Vous la vivez tellement que vous en oubliez de la définir. « La gauche française est porteuse de valeurs démocratiques de liberté et de solidarité », écrivez-vous. Et encore que « [l’essentiel est] dans la reconstitution d’une identité socialiste » et que « il n’y a pas aujourd’hui d’alternative sérieuse au marché ». Ces affirmations venant conclure une analyse de l’histoire de la « gauche » qui se limite à celle de l’après-guerre, ne permettent guère de savoir ce qu’il faut faire pour la « refonder » car on ne voit guère ce qui la différencie de la « droite » à partir du moment où la propriété privée des moyens de production et les lois du marché sont considérées comme faisant partie de la nouvelle identité socialiste. A moins de considérer que la liberté et la solidarité sont des valeurs inconnues de la droite ce qui nous ramènerait au fameux dialogue sur le « monopole du cœur » ! Il semble donc difficile de refonder la « gauche » du XXI° siècle sans chercher à comprendre comment se définit la « gauche » depuis de plus nombreux siècles.
2°) La « gauche » à l’origine est le symbole du mauvais : Dans la Bible, le Seigneur fait siéger les justes à sa droite et rejette les méchants à sa gauche. L’expression « sinistre » montre que les Romains voyaient également la gauche d’un mauvais œil, et il est d’usage de placer les invités d’honneur à sa droite. Il est donc probable que dans les premières assemblées politiques les aristocrates et les riches proches du pouvoir ont naturellement cherché à siéger à droite. Avec l’avènement de la démocratie, ceux qui voulaient prendre en mains les intérêts de la plèbe ou du peuple contre le pouvoir en place, ont donc siégé à gauche, et ont revendiqué cette place qu’ils n’avaient pas choisie, comme le signe de leur contestation du pouvoir établi. Par ailleurs le principe de subversion des valeurs introduit par les prophètes de l’Ancien Testament, puis par le Christianisme (Dieu prend la défense du pauvre et de l’opprimé contre le riche et l’oppresseur) a accrédité l’idée que le bien moral était du côté des pauvres et des faibles, et donc à gauche, tandis que la richesse et le pouvoir faisaient alliance à droite. C’est ainsi que la « gauche » est devenue le symbole du « bien » moral, le « côté du cœur », en politique, par opposition au culte de l’argent et du pouvoir.
3°) Mais cette gauche judéo-chrétienne et rousseauiste, par nature contestataire du pouvoir, a cessé d’être réellement une « gauche » en arrivant au pouvoir dans un nombre grandissant de pays. Une « gauche de pouvoir » doit exercer le pouvoir, et non le contester, et le mariage du socialisme et du capitalisme ayant réussi à faire de l’ancien prolétariat une classe moyenne, il n’est plus possible de mobiliser la « gauche » dans une contestation du pouvoir qu’elle détient ou aspire à détenir, ni de préconiser démocratiquement une « lutte des classes » lorsque les classes les plus pauvres cessent d’être majoritaires. Sauf à élever régulièrement le « seuil de pauvreté » comme on le fait automatiquement du fait du mécanisme statistique adopté pour définir ce « seuil ». Mais en réalité le progrès économique aboutit à faire des sociétés industrialisées des « sociétés sans classes », ou plutôt dont les classes « pauvre » et « riche » additionnées représentent moins de la moitié de la population. Dans ces conditions le combat pour la liberté contre le pouvoir, et pour les pauvres contre les riches, qui caractérise traditionnellement la gauche a complètement changé de nature, et c’est pour cela qu’elle a tant de mal à se définir.
4°) Le combat de la liberté contre le pouvoir. C’est historiquement le premier combat de la gauche. Il est de bon ton aujourd’hui de considérer que ce combat est achevé et gagné dans nos « démocraties occidentales », et c’est probablement pour cela que vous écrivez que l’essentiel est dans la reconstitution d’une identité socialiste, c'est-à-dire d’un nouveau rapport entre riches et pauvres. Mais en êtes-vous sûr ? Les partis de droite contemporains, en reprenant le combat pour la liberté des citoyens face à l’Etat, sont-ils « réactionnaires » comme on se plait à le dire à gauche, ou n’ont-ils pas, au contraire, relevé le flambeau d’une grande valeur de gauche laissée en déshérence par les partis officiellement de gauche ? Hors des démocraties occidentales, personne ne conteste que l’opposition à Staline, Mao, ou Pol Pot ait été une opposition authentiquement « de gauche » au sens où nous l’entendons chez nous. Mais, même en Suède, la réaction libérale contre l’excès d’Etat n’est-elle pas une réaction « de gauche » bien que l’œuvre de partis « de droite » ? Au lieu de paraître se résigner à contrecoeur à un « socialisme de marché » comme une concession faite au mal, un véritable parti « de gauche » ne devrait-il pas, comme ses ancêtres de la « nuit du 4 août » inscrire le libéralisme économique dans ses fondamentaux, au même titre que le libéralisme politique ? Ce qui ne veut pas dire, bien sûr, qu’il ne faille pas de loi pour empêcher les abus de l’un comme de l’autre. A cet égard on est surpris de vous voir écrire qu’ « il n’y a pas d’alternative sérieuse à l’économie de marché », ce qui paraît être une adhésion aux dogmes actuels de l’OMC et de Bruxelles qu’il incombe précisément à une gauche moderne de remettre en cause.
5°) Le combat contre la misère et contre les puissances d’argent. Ce combat n’est pas plus définitivement gagné par l’avènement des social-démocraties que le précédent ne l’a été par l’avènement des démocraties politiques. Il a, comme l’autre, changé de nature. On constate aujourd’hui que les « législations sociales » les plus avancées ne réussissent jamais à supprimer la misère. Il devient donc nécessaire de revenir à une organisation de l’assistanat (décrié à juste titre par la gauche comme méthode de politique sociale aux XIX° et XX° siècles) pour remédier à des situations humaines impossibles à traiter à coups de règlements et de procédures. On constate également que la prolifération des « législations sociales » n’a en rien (parfois même au contraire) réduit le pouvoir des « puissances d’argent » qui devient souvent supérieur à celui de beaucoup d’Etats, et qui, soit échappent à tout contrôle politique, soit contrôlent le pouvoir politique, soit au contraire sont utilisées par lui dans des conditions échappant à tout contrôle démocratique. La façon dont Washington, Moscou et Pekin savent utiliser les « mécanismes du marché » pour y faire manœuvrer les sociétés publiques ou privées qui servent les intérêts de leurs pays respectifs montre bien que les « règles de l’OMC » ne sont là que pour servir les intérêts des pays les plus puissants lorsqu’ils ne décident pas de s’en affranchir. Le vrai problème d’une gauche moderne est donc de trouver les méthodes de contrôle politique des puissances d’argent, et non de se résigner à ne pas les contrôler. Ce n’est pas parce que la « nationalisation des moyens de production », et la réglementation bureaucratique des marchés ont échoué qu’il n’y a pas de solution.
6°) Les trois axes de la refondation :


  1. La Liberté économique. La gauche a commis une faute grave en

« abandonnant » cette valeur à la droite : il faut qu’elle se la réapproprie sans complexe, dans le domaine économique, comme dans le domaine politique. Dans le domaine économique, cela signifie la renonciation à toute gestion directe de l’économie, ou à toute réglementation des activités économiques non justifiée par des motifs d’ordre public. Mais cela ne signifie pas la renonciation au contrôle politique des activités économiques dans l’intérêt, y compris économique, de la société. C’est en cela que le libéralisme de gauche se distingue du libéralisme « de droite » (que l’on appelle aujourd’hui « ultralibéralisme ») selon lequel le pouvoir politique ne devrait pas s’exercer sur l’économie. Il n’y a pas de « loi du marché », car le marché n’existe qu’en vertu des lois qui lui permettent d’exister, et, dans l’histoire du monde, c’est toujours le pouvoir politique qui a fixé les lois du marché, comme les autres. Mais l’erreur de tous les socialismes a été de tenter d’exercer le pouvoir sur l’économie avec les mêmes instruments et procédures que dans le domaine politique traditionnel, ce qui a conduit à l’échec : c’est par le biais de l’instrument qu’est le marché (c'est-à-dire l’argent) et par le contrôle sur les hommes qui gouvernent les entreprises que le pouvoir politique démocratique doit faire respecter ses intérêts stratégiques… comme les dictatures ou les grands groupes multinationaux savent le faire. Il n’y a pas de raison pour que la dialectique démocratique de l’autorité et de la liberté ne s’exerce pas dans ce domaine comme dans les autres. Mais cela implique le refus de la « mondialisation », non pas en tant que développement des échanges mondiaux, mais en tant qu’elle supposerait, comme on le prétend aujourd’hui, l’interdiction faite aux Etats d’exercer leur souveraineté dans ce domaine. Aucun contrôle politique mondial n’étant réaliste à ce jour, le refus des contrôles politiques nationaux équivaut à l’anarchie… ou à l’exercice de contrôles occultes.

  1. La liberté individuelle. La protection de cette liberté vis-à-vis des détenteurs du

pouvoir politique est de nos jours convenablement assurée dans nos démocraties. Mais le sentiment d’être soumis à l’arbitraire d’une administration anonyme et toute-puissante d’une part, et de multinationales d’autre part ne cesse de grandir. Or la gauche est une fois de plus en retard sur la droite pour réagir. Et ce d’autant plus qu’elle reste prisonnière du dogme selon lequel il n’y a que l’ « Administration » qui puisse protéger le faible contre le fort… voir contre lui-même. L’accumulation des réglementations de toutes sortes pour protéger le consommateur, l’emprunteur, le locataire, le vacancier, l’automobiliste, l’environnement, etc… et le zèle mis par les fonctionnaires à les faire respecter, étouffent littéralement les libertés individuelles sous un édredon de dispositions destinées à assurer le bonheur du peuple malgré lui au nom du « principe de précaution ». Autant il est inutile d’insister sur les ravages causés par « l’interdiction d’interdire », autant la gauche se doit de rappeler qu’il n’est permis d’interdire que ce qui porte atteinte à la liberté d’autrui ou à l’ordre public.

  1. La justice sociale. C’est à juste titre considéré comme le domaine où la gauche a

fait faire le plus de progrès à nos sociétés. Mais, là encore le programme à lui assigner aujourd’hui est-il le prolongement de celui d’hier ? La « justice sociale » consiste-t-elle à adopter toujours plus de lois et de règlements protégeant systématiquement l’employé contre l’employeur, le locataire contre le propriétaire, augmentant les salaires et diminuant les temps de travail, etc… ? Le succès du « travailler plus pour gagner plus » de Sarkozy montre qu’une grande partie des salariés ne le pensent pas, pas plus qu’ils ne pensent que les « coups de pouce » au smic, et l’écrasement de la hiérarchie des salaires qui en résulte soit une exigence de la justice sociale. Le retour à des rapports sociaux plus humains (et donc moins dépendants des bureaucraties syndicales ou étatique) au sein de l’entreprise, et à une assistance débureaucratisée et décentralisée en faveur des déshérités, seule capable de distinguer le resquilleur de celui qui a réellement besoin d’assistance, semblent au contraire de plus en plus réclamés.

7°) Fraternité

En guise de conclusion je me référerai à votre propos sur la fraternité au cours de votre entretien avec Luc Ferry de cette semaine. En reprochant au parti socialiste de manquer à cette valeur dont il devrait être le gardien, il me semble que vous laissez voir où est le nœud du problème de cette « refondation de la gauche ». Il est de savoir si la « gauche » est une orientation politique, ou une valeur morale. Contrairement à la liberté et à l’égalité devant la loi, qui sont incontestablement des valeurs politiques, la fraternité (qui n’est autre que la charité chrétienne laïcisée par le Révolution) n’est pas une valeur politique, mais une valeur morale. Cela nous ramène donc au problème multimillénaire des rapports entre la morale et la politique.
L’erreur d’un certain idéalisme de gauche, à laquelle vous me semblez participer, est de croire, comme Rousseau, que l’homme est bon, et que l’on peut donc le gouverner en faisant appel à ses sentiments moraux. L’erreur symétrique, à l’origine de tous les totalitarismes, de droite ou de gauche, est de croire que l’homme est mauvais, et que ce n’est donc qu’en faisant appel à son appât du gain et à sa crainte des coups qu’on peut le gouverner efficacement. Le slogan « Liberté, Egalité, Fraternité» de notre Révolution ne peut se comprendre que comme un contrepoids au slogan implicite de toute société humaine organisée qui pourrait s’écrire « Pouvoir, Hiérarchie, Richesse », mais que personne n’a jamais imaginé d’écrire, tant cela paraissait évident… jusqu’à nos jours !
Mais il n’existe, ni à droite, ni à gauche, d’homme politique responsable qui ne reconnaisse que ces deux triptyques soient également nécessaires. Qui, à gauche, conteste sérieusement que l’exigence fondamentale pour que la société prospère et même survive, est que le pouvoir se fasse obéir, que la hiérarchie soit respectée, et que les producteurs de richesse soient encouragés en leur permettant de s’enrichir (car on n’a jamais vu une société de pauvres devenir riches) ? Et qui, à droite, conteste l’exigence morale, reflétée dans toutes les sociétés par une « gauche », de faire en sorte que le pouvoir ne soit pas oppresseur, que la hiérarchie soit celle du mérite et non de la naissance, et que la richesse soit équitablement partagée ? L’erreur est sans doute de continuer à appeler « de gauche » un parti qui arrive au pouvoir pour la seule raison qu’il était avant dans l’opposition, alors que ce devrait toujours être l’opposition qui siège à gauche, quel que soit le parti au pouvoir ! Quant à l’argent, il est bien rare que le pouvoir ne l’apporte pas lorsque ce n’est pas lui qui donne le pouvoir !

La valeur de gauche essentielle est donc la liberté, que ce soit à l’égard des puissances d’argent ou du pouvoir politique. Mais au XXI° siècle ces pouvoirs revêtent une forme de plus en plus anonyme : les multinationales dans le domaine économique, la bureaucratie dans le domaine politique. Le premier devoir d’un pouvoir démocratique est de préserver la liberté des citoyens contre ces dictatures anonymes : stratégies économiques affranchies de tout contrôle politique, bureaucratie publique, bureaucratie syndicale, bureaucratie sociale, bureaucratie environnementale, bureaucratie économique des grandes entreprises qui préfèrent investir dans la publicité plutôt que d’offrir à leurs clients des interlocuteurs avec lesquels ils puissent dialoguer, et même bureaucraties des associations de consommateurs qui se soucient plus de victoires judiciaires largement médiatisées, que du problème particulier de leur adhérent Dupont. Bureaucratie judiciaire, qui rend la justice inaccessible au simple citoyen, etc…


En résumé, le problème du citoyen français d’aujourd’hui est de retrouver sa liberté face aux puissances d’argent et aux bureaucraties, publiques, privées, ou associatives. Il se moque éperdument de savoir si ce sont les partis qui se disent de droite ou ceux qui se disent de gauche qui trouveront le moyen de l’y aider. Si ce sont ceux dits de droite qui y parviennent, comme ils semblent en voie de le faire aujourd’hui, ce sont eux qui seront la « gauche ». Mais si les partis dits de gauche veulent être fidèles à leur tradition multiséculaire de défense du peuple vis-à-vis du pouvoir, il est temps qu’ils abandonnent leur étiquette « socialiste » qui ne veut plus rien dire aujourd’hui (quels qu’aient été ses mérites dans le passé) au profit de l’étiquette « libérale » au sens politique dont les mérites au long des siècles ne sont pas moins grands. J’espère donc que votre enquête aboutira à la résurrection d’un « parti libéral de gauche » qui corresponde aux besoins et aux aspirations de notre époque… tout en sachant que le jour où il arrivera au pouvoir, c’est son opposition qui deviendra « la gauche » !

André Paul-Petit - 18100 MERY SUR CHER


Bonjour, je suis maire d'une commune de 8700 habitants, Saint Genis-Pouilly dans l'Ain en frontière avec Genève. Je m'appelle Hubert Bertrand. Jusque là j'étais membre du parti radical de Gauche et je m'interroge devant l'attitude de Baylet et de ses sbires. Incroyable attirance entre des parvenus et des héritiers qui sans aucune conviction vont à la soupe. Les traîtres de gauche seront vite marginalisés, sur qui s'appuieront-ils pour soutenir leurs projets devant le parlement? par la droite tout simplement .La gauche a perdu son pouvoir de faire espérer aux habitants des jours meilleurs soit personnel soit collectif. La gauche est devenue défensive et conservatrice . Travaillons à soutenir une grande équipe socialiste ,pourquoi pas conduite par S. Royal mais qu'elle soit entourée de personnes d'origines différentes et ayant un vrai parcours populaire. La gauche doit être clairement à gauche et surtout être sans langue de bois , une gauche


ambitieuse, qui veut aussi changer des règles qui ne fonctionnent pas, y compris des règles votées par l'ancienne gauche. Courage travaillons à une grande ambition nationale à gauche.
Hubert Bertrand

Refondation de la gauche :IL FAUT QUE LA GAUCHE CHANGE


Il faut que la gauche change car cela fait trop longtemps qu’elle est dans une logique d’échec.

Il faut que la gauche change car le monde a changé sans lui demander son avis.

Il faut que la gauche change car la moitié de la population française attend le retour d’une vraie force de réflexion, de propositions et de gestion de la chose publique ( la république).
Or, au lieu de cela, que voyons-nous ? Le triste spectacle, déjà maintes fois joué (par de mauvais acteurs de gauche comme de droite) d’un match d’egos surdimentionnés, prêts à tout (y compris à l’échec) pour goûter aux délices du pouvoir et de la cohorte d’avantages qui y sont attachés.

Alors, vite, il faut changer de langage et de pratiques.

Il faut parler vrai et agir juste.

La gauche véhicule un certain nombre de valeurs (et c’est pour cela que j’y reste fidèle) qu’il faut savoir conserver et mettre en pratique dans le monde du XXI° siècle : humanisme, esprit d’équipe, fraternité, honnêteté intellectuelle, justice sociale, solidarité, égalité, défense et promotion de la culture, liberté individuelle et collective,…

C’est tout cela la gauche, et plus encore.

Il faut que la gauche ait le courage de rompre avec de vieux schémas obsolètes. Il faut qu’elle cesse de réagir selon des réflexes pavloviens éculés.


Le mur de Berlin est tombé et l’URSS a éclaté. Mais d’autres murs se dressent, qu’ils soient réels (entre USA et Mexique, entre Israël et Palestine ) ou symboliques ( entre le Nord et le Sud, entre religions,…) qui prétendent défendre des nations alors qu’ils ne font qu’attiser des haines.

La gauche a les concepts, les mots et les capacités pour répondre aux attentes de millions de Français et de millions d’Etrangers pour qui notre pays est synonyme de liberté et de démocratie.


Alors que faut-il faire ?

Il faut écouter et discuter (la fameuse démocratie participative de Ségolène Royal). Et puis il faut décider en fonction de l’intérêt du plus grand nombre et agir dans l’intérêt des plus démunis.

Il faut réconcilier les Français avec un certain nombre de valeurs et d’institutions :
1. la Police qui ne doit plus être considérée comme le bras armé du pouvoir politique contre la population. La police est le garant des règles du jeu communautaire et à ce titre elle est l’arbitre, qui doit être incontesté, du jeu social accepté par tous. C’est l’ordre juste qui doit être compris par chacun. Mais elle a aussi le devoir d’être impartiale et de considérer chaque citoyen comme un acteur présumé honnête et loyal.

2.La Justice qui doit être libre de juger en son âme et conscience, selon un code équitable pour tous, que l’on soit puissant ou misérable. Mais elle a aussi un devoir pédagogique d’explication des jugements qu’elle est amenée à rendre. Rien n’est pire qu’une sentence mal comprise.

3 ;L’Education qui doit être une priorité nationale et qui est le garant de l’avenir d’un peuple. Plus l’effort de formation est important, et plus les chances de bon fonctionnement de la démocratie sont grandes. Il est indispensable que les acteurs de l’Education Nationale ( enseignants, chefs d’établissements, personnels administratifs) soient reconnus et respectés de tous. Mais il importe également que ces agents acceptent l’évaluation interne ( à condition qu’elle soit soumise à une grille de valeur incontestable et non statutaire) et le regard externe ( à condition qu’il s’exerce sans préjugés).

4.L’Economie qui doit fonctionner librement mais selon des règles du jeu éthiques et responsables. Entre Keynes (l’interventionisme étatique et l’Etat providence) et Friedman ( le laisser faire qui autorégule le marché), il y a sans doute une voie médiane (vraisemblablement proche des thèses d’Adam Smith) capable de concilier l’efficacité économique et la justice sociale. Face à l’ultralibéralisme sauvage, il est nécessaire d’exercer un contre pouvoir qui peut être coordonné et impulsé par l’Etat.

Il faut retrouver des syndicats forts et responsables.
Sans doute la gauche est-elle la mieux placée pour réaliser cette mutation nécessaire dans l’esprit des Français. Encore faut-il qu’elle ne retombe pas dans de vieux schémas électoralistes et démagogues, ou dans des luttes personnelles ou claniques. Ce n’est qu’à ce prix qu’elle peut espérer rejouer un rôle majeur dans la vie politique de notre futur immédiat.

C’est ce qu’on lui demande plutôt que de se saborder.


J’espère que l’initiative heureuse du Nouvel Obs y contribuera et que la parole des «  Français de base » aura un quelconque retentissement.

Alain Lefrais Retraité de l’Education Nationale Ancien Directeur Régional du Sport Scolaire


Refonder la Gauche ? Pourquoi pas.

Des mots. Toujours des mots.

Ségolène Royal a déjà bien avancé dans la rénovation des idées.

La Gauche n'a toujours pas assumé la logique d'une élection présidentielle. Au delà d'un projet, c'est d'abord un face à face. L'actuel Président s'est installé dans la campagne depuis 2002. Il a conquis l'UMP.

Il fait taire les dissensions.Il a rassemblé autour de lui les hommes et les énergies. La gauche ne l'a pas fait.

Ségolène Royal a fait une bonne campagne. Elle n'a peut-être pas fait les gestes nécessaires dans son propre camp.

Elle a peut-être mené une campagne trop personnelle. Son camp ne l'a pas aidé.

Certains ont même joué contre leur camp.

L'élection présidentielle est un rassemblement autour d'un homme ou d'une femme.

On peut regretter cette personnalisation.

Les Français souhaitent élire au suffrage universel le ou la Président(e).

Il faut en accepter les règles ... et la médiatisation.

Pour 2012, il faut espérer une gauche refondée mais surtout rassemblée autour d'un leader - désigné ou pas.

Une désignation qui devra intervenir très tôt pour installer durablement cette candidature dans l'opinion.

Pour ma part, cette élection présidentielle perdue me laisse le goût amer des divisions. Le spectacle des rivalités, des go, le jeu des petites phrases ou les calculs ont été consternants.

Toutes les écuries - et elles sont nombreuses au PS - y ont participé - les malheureux vaincus de la Primaire, les anciens de l'équipe du dernier Premier Ministre Socialiste. La palme revenant sûrement à celui qui est appelé par ses initiales - DSK.


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