404 la norme linguistique l'occultation du caractère maternel de la langue nationale



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La norme dans l'enseignement de la langue seconde

Par Gilles Bibeau et Claude Germain

Introduction

Un jour, un jeune auteur québécois de notre connaissance est convoqué chez son éditeur au sujet d'un manuscrit qu'il vient de déposer pour publi­cation.

E (ÉDriEuR) - Vous avez là un manuscrit extrêmement intéressant. Le marché du français langue seconde s'élargit, et nous avons maintenant quelque chose qui pourra répondre aux besoins.

A (AuTEue) -J'en suis très heureux. Est-ce que cela veut dire... E - Oui! ... Non! ... Enfin, oui et non.

A - Qu'est-ce que vous voulez dire, oui et non?

E - Ce que je veux dire... Le conseil d' administration a fait les remarques les plus élogieuses sur votre façon très originale de présenter les faits de langue et sur le type de leçons que vous avez réussi à construire... A - Ça, c'est le oui?

E - Hum! Mais...

A -Mais. . . il y ale non!

E - C'est pas véritablement un non! C'est plutôt une sorte d'hésitation . . . une question de détails...

A-Ah! Si c'est une question de détails, c'est pas un non.

E - C'est une question de détails, mais ... de détails importants. . . Assez importants pour. . .

A - Allez-vous me dire à la fin ce qu'y a?

E - C'est un peu délicat ... et je voudrais pas vous blesser. . . A - Comment me blesser? Qu'est qu'y a? C'est honteux?. . .

E -Non, non! C'est pas une question de morale ni une question de fond. A-Qu'est-ce que c'est? Parlez!

E - C'est. . . la forme. C'est la qualité de la langue...

LA NORME LINGUISTIQUE



A - La qualité de la langue! ... Rien que ça... Vous trouvez que c'est mal écrit?

E -Non, non! C'est très bien écrit. C'est même captivant

A - Merci!

E - Mais... Mais vous avez laissé passer plusieurs mots et plusieurs expres­sions que... que le conseil ne peut pas laisser passer dans un manuel de langue seconde.

A - Des mots comme quoi?

E - Des mots comme bas, comme mitaine, comme hamburger, sundae, souper... Des expressions comme j'entends pas, Y est deux heures moins quart, la lumière est rouge, ch'parle pas français...

A - Mais c'est des mots que tout le monde emploie! Si le conseil peut pas les laisser passer, comme vous dites, c'est que le conseil est puriste. C'est ça! Vous êtes puristes! Vous voulez pas qu'on enseigne la langue que tout le monde parle! ... Vous voulez qu'on enseigne un français ... d'ailleurs.

E - C'est pas la question. Y s'agit pas de purisme. Y s'agit de public, de marché, de gouvernement Les institutions achèteront jamais un manuel qui contient des régionalismes, des expressions populaires ou fami­lières...

A - Pourquoi? Eux autres, y le savent pas, y parlent anglais!

E - Ch'sais bien! Mais ça fait rien. Nous autres on le sait. Pis ceux qui ap­prouvent les manuels, eux autres y le savent . . Pis, de toute manière, y vont finir par le savoir. . .

... Et l'auteur a dû éliminer tout ce qui était régionalisme, français populaire, français familier. La maison d'édition a fait réviser par la suite le manuscrit par un spécialiste français qui a lui-même fait un certain nombre de « corrections » additionnelles.

Avec le résultat que les dialogues ont parfois perdu leur naturel et leur allure vive ou détendue, que les textes suivis contiennent des mots et des expressions que les Québécois francophones n'utilisent pas ou ne compren­nent pas. Mais l'auteur n'est pas totalement mécontent, car ... son manuel se vend bien. L'éditeur a vu juste.

Oui! L'éditeur a vu juste. Mais qu'est-ce qu'il a vu? Comment a-t-il pu exercer ce jugement et pourquoi a-t-il dû le faire? C'est ce que cet article tentera d'éclaircir.

LA NORME DANS L'ENSEIGNEMENT DE LA LANGUE SECONDE



1 Problématique générale de la norme dans l'enseignement-apprentissage des langues étrangères (ou secondes)*

Bien que cela ne soit pas toujours apparent pour l'utilisateur et le public en général, la question de la norme en langue étrangère touche profondé­ment toutes les personnes qui oeuvrent dans le domaine: auteurs de manuel, éditeurs, responsables des institutions éducatives, enseignants, élèves et étudiants, sans compter les spécialistes de la mise en marché, les con­seillers pédagogiques et les évaluateurs.

Pourtant, 91 nous semble bien que la véritable source de la norme lin­guistique ne se trouve pas principalement chez ces intervenants de l'ensei­gnement-apprentissage, mais plutôt dans l'attitude générale du milieu social à propos de la langue.

1. La norme chez les intervenants de l'enseignement-apprentissage des langues étrangères

Les intervenants dans le domaine de l'enseignement-apprentissage d'une langue étrangère ont souvent tous leurs idées personnelles sur la norme linguistique; ils font cependant partie d'une chaîne qui leur dicte de façon plus ou moins subtile l'opinion qu'ils doivent véhiculer à ce sujet. Cette chaîne va de l'auteur de manuels ou de documents pédagogiques au consommateur effectif, l'élève, en passant par un certain nombre d'intermédiaires comme l'éditeur, l'institution d'enseignement et l'enseignant Tous les chaînons sont reliés les uns aux autres et aucun d'eux ne peut agir sans que tous les autres ne soient touchés.

1.1 Les auteurs

Notre jeune auteur de l'introduction était encore naïf et croyait qu'on pouvait enseigner « la langue que tout le monde parle », mais il a dû se raviser et, comme les auteurs plus expérimentés, faire face, dans la révision de son manuel, à des choix directement liés à la question de la norme. Telle forme sonore, tel mot, telle construction utilisés couramment en langue maternelle doivent-ils être présentés dans un manuel de langue étrangère? Doit-on les introduire directement dans le texte, uniquement dans les dialo­gues, dans la marge, en italique, dans les notes infrapaginales, ou les exclure tout à fait complètement?

Le problème des auteurs est à la fois d'ordre linguistique et pédago­gique. En effet, ils insistent naturellement pour que les formes linguistiques courantes fassent partie du contenu d'enseignement afin que les étudiants

*Nous employons presque partout les mots « langues) étrangères) » dans le sens de « langue(s) étrangère(s) ou seconde(s) ».


LA NORME LIIVGUISTIQUE



aient l'occasion d'apprendre à les reconnaître ou à les utiliser; toutefois, cela ne s'arrête pas là: leur perspective pédagogique associe souvent l'uti­lisation de formes régionales ou familières au naturel et à la vivacité des dialogues, au soutien de la motivation et à la véracité ou à l'authenticité des documents. Leurs préoccupations premières se situent au niveau de l'enseignant, des apprenants et de ce qui se déroule normalement dans la classe.

Le fait que la pédagogie des langues vivantes mette actuellement beaucoup l'accent sur la communication les jette souvent dans un embarras encore plus grand, parce que « régional » et « familier », de même que « familier » et « oral » vont naturellement ensemble.

Pourtant...

12 Les éditeurs

. . . Pourtant, quels que soient les choix qu'un auteur de manuel ait pu faire et quelles que soient les raisons pour lesquelles il les a faits, le ma­nuscrit passe un jour ou l'autre par une maison d'édition. Or, là encore, le problème de la norme surgit, mais cette fois dans une toute autre perspective.

Tout en reconnaissant souvent le bien-fondé des choix des auteurs, les éditeurs doivent constamment mesurer la recevabilité linguistique des documents qu'ils éditent auprès de deux instances particulièrement impor­tantes pour eux: les instances gouvernementales d'approbation et les institutions clientes susceptibles d'acheter leurs produits.

La recevabilité linguistique d'un manuel ou d'un document pédago­gique n'est jamais assurée. Les éditeurs connaissent les critères généraux, mais ne peuvent pas savoir à l'avance si telle ou telle forme linguistique sera acceptée, surtout si elle est classée comme familière ou régionale dans un dictionnaire ou une grammaire, ou si elle n'est pas au dictionnaire. D'où la tendance générale des éditeurs à se montrer « plus catholiques que le pape ». Pour eux, toute erreur dans ce domaine peut signifier de lourdes pertes financières.

Comme il s'agit, dans le domaine des langues étrangères, d'un public d'une autre langue et d'une autre culture, il en résulte parfois des prises de décision qui, à première vue, peuvent paraître aux auteurs comme peu fondées. Par exemple, si dans le contexte canadien le consommateur de cours de français, très majoritairement de langue maternelle anglaise, en est encore à croire que seul le Parisian French est valable, on comprend que les éditeurs puissent chercher à faire adopter par leurs auteurs cette même norme. Ou bien, s'ils ne le font pas explicitement auprès d'eux, la tentation sera forte, afin d'attirer une clientèle plus nombreuse, de « censurer » en quelque sorte le texte des auteurs de manière à ce que le consommateur retrouve dans les manuels le reflet de sa propre norme linguistique. Sous cet angle, les éditeurs apparaissent comme des agents entre le producteur

LA NORME DANS L'ENSEIGNEMENT DE LA LANGUE SECONDE



(l' auteur) et le consommateur. En ce sens, les éditeurs pourraient être tentés de freiner la moindre velléité d' « émancipation » de leurs auteurs.

13 Les instances gouvernementales et les institutions

Parmi les instances officielles susceptibles d'orienter le comportement des auteurs et des éditeurs vis-à-vis de la nomme, il y a la plupart du temps des comités gouvernementaux d'approbation du matériel pédagogique.

Ces comités sont composés de spécialistes oeuvrant dans le domaine et de représentants administratifs du gouvernement. Comme on le verra en détail plus loin, ils fondent leurs jugements non pas nécessairement sur leur pro­pre opinion vis-à-vis de la norme, mais sur leur interprétation de l'opinion du milieu de l'éducation et même sur celle du milieu social plus large. Dans le cas d'une méthode d'enseignement du français langue seconde dans une province anglophone du Canada, par exemple, on ne s'étonnera pas que la position pour laquelle on optera soit fonction de l' opinion des anglo­phones en général vis-à-vis de l'usage québécois.



Comme la plupart des manuels doivent être adoptés avant d'entrer dans les maisons d'enseignement, le rôle des comités d'approbation est primordial et on ne peut plus déterminant. On pourrait penser que les mai­

sons d'enseignement seraient moins exigeantes si la décision relevait d'elles, ou que certaines d'entre elles endosseraient les préoccupations des auteurs et des enseignants en acceptant de donner la priorité aux objectifs péda­gogiques. Mais alors ce sont les éditeurs qui n'oseraient pas risquer de voir leurs manuels réservés à quelques maisons. Il est facile de constater par exemple que les quelques documents qui ne sont pas rédigés en français dit « standard » ou « international » au Canada n'ont pas été produits par des éditeurs de manuels, mais par des organismes à buts non lucratifs (cf. en particulier La Parlure, préparée par la Fonction publique du Canada).



1.4 Les enseignants

Le cas des enseignants est certainement le plus délicat de tous par rapport au traitement des éléments linguistiques de leur enseignement On serait tenté de croire à première vue que leur situation est la plus facile, car ils n'ont qu'à utiliser ce qui leur est fourni par l'institution. Mais ce n'est pas si simple, car leur usage personnel de la langue enseignée n'est pas néces­sairement conforme à la norme qui leur est imposée, et leurs idées person­nelles sur le sujet ne sont pas non plus nécessairement celles des approba­teurs et des éditeurs. Pourtant, ce sont eux qui ont un contact direct avec les élèves et les étudiants.

En fait, on peut distinguer au Québec, dans un contexte où les manuels approuvés sont rédigés en français « international », trois catégories de professeurs de français, langue seconde.

LA NORME LINGUISTIQUE



La première catégorie est celle des professeurs francophones d'ori­gine québécoise. Comme on le sait, les habitudes de ces enseignants, aussi bien dans la prononciation que dans le vocabulaire et la grammaire, ne coïncident pas avec celles qu'ils doivent enseigner. Supposons par exemple qu'en parlant spontanément devant leurs élèves, ils désignent toujours les repas en utilisant les mots déjeuner, dîner et souper; que va-t-il se passer si, dans le texte qu'ils ont sous les yeux, ou lorsqu'ils écoutent des bandes magnétiques, les élèves ne se voient exposés qu'aux mots petit déjeuner, déjeuner et dîner? Même phénomène dans le cas de la prononciation: si l'enseignant relâche les voyelles i, u et ou et palatalise ses t et ses ci, comment vont réagir les élèves en constatant l'absence de ces phénomènes de pro­nonciation à l'audition des bandes magnétiques? Bien sûr, l'enseignant peut en profiter pour amorcer une discussion sur la norme ou pour initier ses élèves à l'usage québécois, mais s'il s'agit d'étudiants arabes ou chinois par exemple, pour qui le texte écrit ou le matériel d'enseignement a une valeur presque sacrée, la crédibilité de l'enseignant risque d'être affectée. Quoi qu'il en soit, ce type d'enseignant est souvent sur la corde raide et doit vivre quotidiennement avec des problèmes de norme que les approbateurs ou les éditeurs auraient pu croire résolus.

La deuxième catégorie est celle des enseignants d'origine ou de forma­tion européenne. 1 s'agit là non seulement d'enseignants natifs de France, de Belgique ou de Suisse, mais également de pays comme le Liban, l'Égypte, la Tunisie, l'Algérie, etc. Chez ce type de professeur de français, dans la majorité des cas (quelques exceptions sont à noter), il n'y a pas de problème de conformité, mais alors l'attitude normative de l'élève est renforcée: seul le français tel qu'il est parlé en France est une « vraie langue », et toute forme linguistique proprement québécoise est vue comme quelque chose à répri­mer ou à corriger. Dans ce cas, les élèves plus avancés finissent par se de­mander pourquoi ils ont tant de mal à communiquer avec des francophones québécois d'origine.

La troisième catégorie est celle des professeurs anglophones ou allo­phones qui enseignent le français. Ceux qui n'ont pas une formation à la hauteur en français oral doivent se rabattre sur l'écrit, sur un oral d'inspi­ration écrite ou sur des documents enregistrés qu'ils sont incapables d'imiter; ceux qui ont eu une formation adéquate l'ont habituellement reçue en Europe ou dans un milieu étranger à celui de la majorité des francophones du Québec: ils se placent et placent leurs élèves dans une situation analogue aux enseignants d'origine européenne en ce qui concerne la norme. Certains d'entre eux cependant se montrent plus souples en initiant leurs élèves à des faits de langue, de littérature et de culture québécoises, mais là encore, c'est la langue écrite qui est synonyme de « bonne langue ».

ll existe à l'heure actuelle une tendance certaine des institutions d'en­seignement à avoir recours à des enseignants francophones d'origine qué­bécoise. Ces institutions semblent saisir l'à-propos d'une telle démarche

LA NORME DANS L'ENSEIGNEMENT DE LA LANGUE SECONDE



et compter sur ces enseignants pour établir un pont entre le français des manuels et le français courant au Québec.


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