Baron rouge T3



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Pour ceux qui ne le sauraient pas encore, l'œuvre de Neil Gaiman ne se limite pas seulement aux comics. En effet, depuis de nombreuses années, il est aussi l'auteur de plusieurs romans qui rencontrent à chaque fois un succès certain. En 2008, il écrit L'étrange vie de Nobody Owens, l'histoire d'un petit garçon qui grandit dans un cimetière auprès de fantômes et autres monstres à la mort de ses parents. Nous retrouvons bien évidemment le fantastique façon Gaiman, un récit où l'horreur est emprunte de poésie. Fidèle collaborateur de l'auteur, le dessinateur P.Craig Russell s'est vu proposer d'adapter le roman en comics. Cette version se voulait aussi envoûtante que l'œuvre originale et en cela, c'est une véritable réussite. L'illustrateur se charge de la majorité des chapitres de l'album au niveau des dessins, il est secondé par des artistes prestigieux comme Jill Thompson ou Tony Harris, et a également supervisé le découpage de l'ensemble. L'atmosphère fantastique du récit est enrichit les rencontres que va faire le petit garçon au fil des pages. Malgré les difficultés à trouver le rythme parfait entre des tonnes de texte et les ellipses nécessaires à l'adaptation, il ressort de cet album un aspect envoûtant, chose primordiale. Voici donc un premier opus qui comblera les fans de Neil Gaiman mais aussi les amateurs d'atmosphères atypiques.

Ab Irato T3

Dans ce troisième tome qui conclut l'aventure, Thierry Labrosse apporte une réponse aux multiples paramètres inconnus qui avaient émaillé ses précédents épisodes. La mystérieuse Gana est au centre des révélations qui se succèdent, tandis que le chaos politique et social s'intensifie. Riel qui cherche à retrouver Nève, autant que l'affrontement entre Norton et Gana, sont au centre des séquences spectaculaires qui se succèdent sur fond d’effondrement d'une société futuriste aux dirigeants corrompus. Le très brillant dessinateur s'en donne à cœur joie pour le plus grand plaisir du lecteur, enchaînant des pages ultra dynamiques bourrées d'images spectaculaires, dans un style parfois proche du comic book, à l'image de Gana en lévitation qui rappelle le Phénix des X-Men. Cela dit, Labrosse a abordé tellement de sujets dans cette saga, qu'une petite frustration subsiste d'en voir aussi peu exploités complètement. Les véritables motivations des rebelles, tout comme l'incurie du gouvernement, restent esquissés, évoqués essentiellement à travers des dialogues qui passent très vite. On sent que le scénariste avait en tête bien plus que des échanges rapides sur ce contexte qu'il a imaginé, mais qu'il a laissé de côté une partie de son univers pour faire progresser son intrigue. Quoi qu'il en soit Gana et ses pouvoirs sont toujours aussi spectaculaires, et Riel le tenace est un héros attachant.

Retour au centre de la Terre T2

À la fin du premier album, Ludo Lullabi donnait tout son sens au titre la série en nous révélant l’identité d’Alex Lindenbrok, protagoniste et narrateur du roman de Jules Verne dont la série s’inspire. Dans cette seconde partie, l’auteur redémarre l’intrigue après un gap de deux ans. A ce moment, les héros sont passés du statut de Dieux venant aider les cités sidéronnes, au statut d’étrangers dont il faut se méfier. Après avoir découvert la situation dans laquelle se trouve chaque personnage humain, l’intrigue reprend tambours battants avec différents événements mais aussi avec une découverte plus approfondie des tenants et des aboutissants de cet univers souterrain. En effet, les gardiens de No’or ne sont pas irréprochables et n’ont pas hésité à cacher certaines vérités à leurs nouveaux hôtes. Vous l’aurez compris, cette suite est toujours aussi surprenante et captivante. Lullabi réussit à chaque explication à être parfaitement clair et à faire avancer l’intrigue. Ainsi, on n’a jamais le sentiment que le récit traîne inutilement. Côté graphisme, là aussi c’est toujours aussi agréable, tant sur le plan du découpage, des décors, du bestiaire que du charisme des protagonistes, tout est là pour nous divertir de la meilleure des manières. Bref, cette seconde partie confirme tout le potentiel découvert lors de l’album précédent. On attend déjà avec impatience la suite…

Letter 44 T1

Publiée aux USA chez Oni Press, Letter 44 est une série née de l'imagination de Charles Soule. Ce scénariste a décidément le vent en poupe ces derniers mois puisqu'il a travaillé sur des titres prestigieux comme Aquaman ou Wolverine. Avec Letter 44, il sort clairement de l'exercice mainstream pour offrir un récit mélangeant politique et science-fiction. Ce curieux mélange a l'air étrange de prime abord mais se révèle au contraire particulièrement addictif. Charles Soule utilise une narration extrêmement efficace, nous montrant qu'au sein-même de la Maison Blanche les jeux de pouvoirs sont omniprésents et que les coups bas sont légion, mais aussi comment se déroule la mission d'exploration américaine visant à prendre contact avec des extra-terrestres qui depuis 7 ans se trouvent non loin de la Terre, cachés dans des astéroïdes entre la 4ème et la 5ème planète du système solaire, respectivement Mars et Jupiter. Le personnage principal n'est autre que le nouveau Président des USA, un personnage qui arrive en poste avec de nobles intentions et découvre bien vite les raisons des échecs de son prédécesseur. Pourtant, et c'est là tout l'intérêt de la série, il veut prendre part d'une façon ou d'une autre à cette apparition agressive ou non d'alienne qu'elle soit hostile ou non. Carlos Jimenez Albuquerque illustre cette aventure peu commune avec un trait fouillé qui se révèle toujours plus agréable à mesure que l'on progresse dans la lecture. Letter 44 est une œuvre atypique et suffisamment originale pour que l'on s'y plonge avec un grand plaisir. Une belle surprise !

Furious


Série publiée à l'origine, aux États-Unis, chez Dark Horse, Furiousest un projet du duo Bryan J.L. Glass / Victor Santos, déjà connu pour avoir réalisé, chez Image Comcs, Le dernier des Templiers (Mice Templar en version originale), une excellente série d'héroïc fantasy à base de souris chevaliers. Ici, nos compères mettent en scène l’histoire d'une jeune fille, ancienne enfant-star désormais déchue, dotée de super-pouvoirs et tentant de faire régner la justice dans sa ville. On découvre vite que cela va être plus compliqué dès lors que Cadence - c'est son nom - va s'avérer trop sensible, trop colérique, surtout, pour assumer cette tâche à la manière des super-héros de bande-dessinées. Ce premier tome est surtout un album d'exposition au cours duquel on va découvrir notre héroïne, son passé et son univers. Chose intéressante, les origines de la Vigie (le surnom que s'est choisi Cadence) sont surtout celles de sa motivation à devenir super-héroïne. L'origine même de ses pouvoirs n'est que rapidement effleuré et rien n'est vraiment expliqué. Si la balance entre les multiples flashbacks et l'action en cours se fait plutôt bien, il faut admettre que la mise en scène pêche par certains aspects. Les criminels sont tous des psychopathes de la pire espèce et leurs crimes dignes de la série Esprits Criminels justifient à chaque fois les poussées de violence du personnage. Au risque de sombrer dans une certaine caricature de l'auto-défense faisant penser à des œuvres de vigilantes tels que Le Justicier de Minuit ou L'Inspecteur Harry, pour le « Miller » et pour le pire. Heureusement, la caricature n'épargne pas Cadence qui ne fait guère mieux et semble être une bombe à retardement prête à exploser à tout moment. Les dessins de Victor Santos sont efficaces, colorés et lisibles même si sa mise en page laisse parfois à désirer avec des cases un peu trop éparpillées rendant, à certaines occasions, l'action plus difficile à lire. Une approche assez originale du mythe de la super-héroïne auquel on ne peut guère reprocher que son manichéisme apparent mais qui se révèle plaisant à lire. Un comics pour public averti qu'on lire au second degré, à la manière des fictions ultra-violentes dont il s'inspire.

Pretty Deadly T1

Pretty Deadly est une série pour le moins atypique. Dès sa couverture, qui met en scène Ginny la fille la Mort, on s'attend à lire une aventure étonnante, et, à la lecture des premières pages, ce sentiment se confirme. La scénariste Kelly sue Deconnick a vu sa renommée grandir ces dernières années avec ses participations à Avengers Assemble et dernièrement sur l'excellent titre Captain Marvel. Avec Pretty Deadly, elle imagine un univers étrange mélangeant le western au fantastique et en ajoutant quelques petites touches d'horreur et même de conte. De prime abord, on pourrait penser que Pretty Deadly se rapproche d'East of West, la série écrite par Jonathan Hickman, mais la narration est assez différente. En réalité, nous sommes plutôt au croisement de Preacher et de Sandman. L'aspect poétique est une donne importante de l'œuvre de Kelly Sue Deconnick qui ouvre notamment chaque chapitre par quelques pages d'un conte un peu bizarre mais qui trouve son sens à mesure que l'on progresse dans la lecture de ce premier album. Si l'on sera un peu désarçonné au départ par la manière dont les événements s'enchaînent, tout trouve rapidement sa place. La scénariste attise furieusement notre intérêt tout du long et trouve l'angle adéquat pour nous captiver. Elle bénéficie en plus des talents d'Emma Rios, une artiste dont le talent n'est plus à prouver. Ses planches sont vraiment incroyables et hormis quelques petites cases moins fignolées, tout est vraiment somptueux. Les scènes de combat sont très dynamiques et les design de ses personnages très réussis. Ginny est un parfait exemple avec son visage qui ressemble à un masque. La colorisation de Jordie Bellaire intensifie l'aspect vivant du trait d'Emma Rios et lui convient parfaitement. Intrigant et ambitieux, ce premier album se révèle une vraie bonne surprise.

Rasl T3

En changeant totalement de style après le culte Bone, Jeff Smith aurait pu aller droit dans le mur. En choisissant le genre de la science-fiction, l'américain se confrontait à un registre vaste et néanmoins balisé par des références cultes sur le sujet du voyage dimensionnel. Rasl n'a eu de cesse de monter en puissance et de proposer un récit aussi intense que captivant. Après un premier opus porté sur l'action et un second didactique, la série s'achève avec un ultime volet des plus réussis. En effet, nous découvrons les effets notoires occasionnés par l'invention du héros et la tentative par ce dernier d'empêcher à ce que cela se reproduise de nouveau. Jeff Smith offre une narration variée tout du long de cet album, d'un épisode introspectif à un autre tout en tension puis à une course-poursuite etc. L'auteur ne rate pas non plus sa conclusion, certes prévisible pour les habitués du genre mais tellement logique. Jeff Smith parvient aussi à converser son trait si particulier. Le changement d'approche aura été le bon et ce titre le prouve amplement. Série courte, Rasl a le mérite de raconter une histoire suffisamment originale et bien mise en scène pour qu'elle vous captive du début à la fin. Chapeau !

L'Homme montagne

Au sein des éditions Delcourt, Séverine Gauthier se spécialise dans les récits jeunesse. Après Mon arbre, Garance, Cœur de pierre et Aristide broie du noir, elle publie deux nouveaux contes en parallèle : Haida et l’Homme montagne. Sous les crayons doux et stylisés de l’illustratrice Amélie Fléchais, ce dernier récit propose une allégorie douce-amère sur la disparition d’un être cher. En effet, un grand-père qui porte des montagnes sur son crâne et son échine (l’homme-montagne du titre) est ici sur le point de casser sa pipe… ce que son petit-fils n’admet pas. Le gamin se lance donc dans une quête initiatique pour trouver le « vent puissant » qui aidera à supporter son grand-père. Ce faisant, ce jeune héros fait des rencontres enrichissantes (un arbre, des cailloux, un bouquetin) et acquiert sagesse et expérience, deux ingrédients essentiels pour l’aider à grandir. C’est un peu tordu parfois (drôle d’apparence, cet arbre), mais toujours tendre et pétri de bonnes ondes. Cette histoire ne ressuscitera certes les aïeuls fraîchement disparus, mais sans doute aidera-t-elle leurs petits-enfants à accepter la marche impérieuse et impromptue du destin.

Le Reste du monde T1

Après de nombreux albums d’humour, ou de chroniques sociales parfois teintées de polar, Jean-Christophe Chauzy change de registre pour le récit catastrophe. Pour point de départ, pas d’invasion extraterrestre ou d’immeuble en flamme : juste un orage monstre doublé d’un séisme de très forte magnitude. Pour point de vue narratif, nul déchaînement médiatique ou militaire : juste une mère de famille « normale », c’est-à-dire occupée par sa lessive, son couple vacillant et ses gamins. C’est à travers le regard de cette héroïne ordinaire que le lecteur se confronte, à chaque page, à la catastrophe. La route est effondrée ? Il faut continuer à pied. Le village est coupé du monde ? Il va bien falloir subsister. Chauzy n’abuse pas de dialogues inutiles : quand il se déchaîne, le grand-spectacle de la nature est bien suffisamment éloquent. Parallèlement, quand il est acculé, l’humain cède à la sauvagerie ultime, aux réflexes primaires de subsistance. Tout cela est parfaitement crédible, selon un déroulé d’évènements à l’échelle locale et humaine, et nous prend néanmoins aux tripes. Chauzy prouve qu’on peut faire dans le grand frisson post-apocalyptique sans recourir aux zombies. Graphiquement, c’est aussi admirablement géré par un Chauzy toujours très talentueux en couleurs directes. Calmes, ses paysages sont majestueux. Déchaînée au sein de grandes cases, la nature est oppressante, les ravages nous scotchent au confort douillet de notre fauteuil. Une seule petite critique : au terme des 108 planches d’une belle intensité, les deux mots « à suivre » nous abandonnent sans avoir prévenu, dans l’attente du dénouement. Mais bon-dieu-de-bois, qu’est-il donc arrivé au Reste du monde ?

Naragam T1

Déjà partenaires sur La guerre des OGM, le scénariste Michael Le Galli et le dessinateur Mike passent de la bande dessinée documentaire à l'épopée d'heroïc-fantasy avec une facilité déconcertante. Naragam raconte la quête de Geön, une créature bipède à la peau grise et aux gros yeux verts, qui quitte son marais pour se rendre dans une cité mythique, en compagnie de Sajiral, une sorte de guerrier caïman. L'univers créé par Michael Le Galli plaira forcément aux amateurs du registre. Les influences des créations de JR.R. Tolkien sont très présentes, des Primordiaux statufiés, à la quête en elle-même de Geön. Le récit est rythmé et très correct. Nous regretterons simplement son grand classicisme. Visuellement, Mike délivre des planches de bonne facture lui-aussi. Le design des personnages et autres créatures est plutôt réussi. Nous noterons un léger bémol quant aux décors nettement moins présents dès la seconde partie de l'album. Si vous êtes fan du genre, Naragam a de sérieux atouts à faire valoir. On espère toutefois que la suite saura se montrer plus surprenante.

Je n'ai rien oublié

Ryan Andrews est un artiste américain encore inconnu en France mais qui a su attirer l'œil des lecteurs puisqu'il a été nommé à plusieurs reprises aux Eisner Awards sur des récits publiés sur la toile. Par le biais des éditions Delcourt, nous pouvons découvrir un recueil de 4 récits très différents. La première histoire s'intitule Rouge sang et montre le désarroi de 3 petits garçons face à la mort spectaculaire de plusieurs oies sur le toit de leur maison. Ryan Andrews raconte cet événement comme un souvenir marquant et traumatisant. Peut-être est-ce l'un des siens ? Ensuite, Je n'ai rien oublié est dans une veine assez proche. Un petit garçon va passer la nuit dans une forêt et y vivre une drôle d'expérience, de celles qu'il se rappellera des années durant. Le tunnel est assez différent et montre plutôt une sorte de trip totalement délirant. Le résultat est très agréable et rappelle certaines ambiances du Abaddon de Koren Shadmi. L'album se termine avec Sarah et la petite graine, une histoire tout en douceur et en poésie dans laquelle nous voyons un couple trop âgé pour avoir des enfants se prendre d'espoir d'en avoir. Même si les différents récits ne secoueront pas le lecteur par leur complexité, ils se révèlent agréables et émouvants. Ryan Andrews propose un panel varié et aux dessins très soignés. Déjà prometteur avec un tel recueil, nous sommes aux aguets de voir ce que fera l'artiste dans quelques années...

Haïda : L'immortelle baleine

Titulaire d’une thèse sur la souveraineté des nations amérindiennes, la scénariste Séverine Gauthier dispose assurément d’une bonne connaissance des mythes issus de cette culture et de leurs mécanismes. C’est à ces notions qu’elle fait de nouveau appel – après les 5 tomes de Washita – pour ce conte enfantin mélangeant évènements rocambolesques et oniriques. Ici, deux enfants indiens issus de l’île d’Haïda Gwaii (un archipel canadien situé au large de la Colombie Britannique) se frottent à une entité légendaire responsable d’une inondation. Car leur île est en réalité installée sur le dos d’une immortelle baleine, qu’un problème organique pousse à s’enfoncer dans la mer. Oui, comme vous dites : c’est chelou. Mais c’est normal, puisqu’on évolue au cœur d’une légende, du genre bien éloignée des sentiers battus, comme les apprécie Séverine Gauthier. L’aspect hermétique de ce conte n’est pas préjudiciable, mais il peine tout de même à emballer. Sous les traits irréguliers de Yann Dégruel, tantôt appliqués, tantôt plus jetés, à la limite du rough, les petits héros ont des apparences trop impersonnelles et ressemblantes pour qu’on s’attache à leurs personnalités. Ils sont néanmoins les acteurs de ce conte abstrait, au rythme parfois bizarre, assurément lyrique et dépaysant, mais auquel on ne distingue pas toujours le sens ou l’éventuelle moralité.

La République du catch T1

Nicolas De Crécy revient ! Et comme d’habitude, le célèbre auteur de Foligatto surprend encore ses fans. Cette fois, il s’essaie à un format manga (petite taille d'édition, découpage aéré, mais sens de pagination européen) et se plie totalement aux contraintes de l’art japonais. En postface, l’auteur explique qu’il s’est changé en véritable mangaka avec des contraintes de délai et un style noir et blanc fluide et vif. L’histoire reprend également des éléments bien connus de la culture nippone : la mafia façon yakuza, les catcheurs qui rappellent les fameux sumos et également la mythologie des fantômes. En s’attaquant à cet art populaire par excellence, De Crécy réussit son pari fou avec les honneurs. Son trait est d’une efficacité redoutable et rappelle celui d’Otomo. Changeant totalement son style, l’auteur ne joue plus sur des couleurs sombres ou décalées, mais sur un noir et blanc puissant et ultra expressif. Les scènes sont très nerveuses et le rythme ultra explosif. Le thème est également très populaire puisque l’on est dans un polar classique avec un affrontement entre un petit bout d’homme et sa famille mafieuse. Ce duel à la Rio Bravo est totalement déséquilibré, d’autant que la redoutable mafia possède des tueurs expérimentés et des gros bras avec les joueurs de catch. Un manga à la sauce polar avec une mafia dangereuse : du déjà-vu ? Non, car De Crécy ne peut s’empêcher d’apporter sa patte unique et originale. Les personnages ne sont vraiment pas typiques de ce genre d’histoire et le polar côtoie le burlesque : le héros est un petit homme vieux et peureux, le seul ami de Mario est un manchot mélomane, le chef de la mafia est un bébé cruel et sans pitié et les fantômes sont des êtres bizarres et loufoques. Sans compter le thème du catch, totalement décalé par rapport à une histoire sérieuse et dramatique. Ce patchwork complètement fou fonctionne à merveille grâce au talent de l’auteur. Le ton est très juste et ce récit hybride fonctionne à plein régime. La réalité se transforme sous l’art de De Crécy et l’univers de l’artiste fascine et envoûte. Certains passages sont de purs moments de poésie, notamment celui où les fantômes crient leur souffrance et leur destin incroyable. La fin annonce, en plus, un deuxième tome musclé. Un chef-d’œuvre de plus, par un artiste unique.

Le roman d'un gland

Samos utilise un humour déjanté pour nous raconter l’histoire de son personnage, Albin, confronté à une banale rupture sentimentale. Il développe chez ce personnage tous les aspects émotionnels qui caractérisent l’après-rupture. On plonge ainsi au cœur d'un récit bourré de gags surfant sur le comportement d’Albin et sa manière de vivre sa déception amoureuse. Très basique, voire rugueux par moment, le dessin donne le ton de la narration. En effet, la rupture passionnelle conduit le personnage à vivre des situations comportementales extrêmes. Albin est un vrai sentimental, en pleine déshérence, qui vibre au gré de l’abstinence et du désir de reconquérir sa Mathilde. Parfois simple, parfois plus travaillé, le graphisme s’adapte aux différentes étapes de la vie d’Albin. Samos joue aussi l’alternance entre la couleur et le noir et blanc, cassant ainsi le rythme de son récit. Il situe l’errance de son personnage dans la ville de Paris, développant aussi les aspects négatifs d’une grande métropole. Tout le monde peut se retrouver à travers les situations d’Albin. C’est ce qui fait la force de ce récit plutôt réussi.

Le Jour le plus long du futur

Découvert avec La corne écarlate et L'héritage du colonel, écrits tous les deux par Carlos Trillo, le dessinateur argentin Lucas Varela a immédiatement convaincu les lecteurs par sa ligne claire revisitée et moderne. Nous l'avons recroisé depuis au générique de l'excellent Paolo Pinocchio, puis dans l'irrégulier Diagnostics. Nous attendions donc son nouveau projet avec intérêt. Le jour le plus long du futur est un récit se déroulant dans un futur technologique et hypothétique, où deux grandes sociétés de fastfood se disputent le leadership. L'histoire est entièrement muette ! Or l'artiste se débrouille très bien pour permettre au seul visuel d'assurer la narration. Les dessins sont soignés et l'esthétisme choisie pour le design des personnages navigue habilement entre rétro et futurisme. Les détails situés dans les décors apportent ainsi un second intérêt de lecture. Pour autant, il faudra avoir envie de s'y replonger car l'histoire ne fait qu'effleurer les possibilités entrevues par l'univers mis en place, avec une légèreté décevante. Cela est d'autant plus dommage que Lucas Varela possède un style atypique et une imagination indiscutable.

Cigish ou Le Maître du Je

Jusqu'ici, nous connaissions Florence Dupré La tour pour ses bandes dessinées jeunesses – comme La sorcière du placard aux balais ou Borgnol. Il y a quelques années, l'auteure a lancé un blog dans lequel elle mélangeait des éléments autobiographiques et une aventure mettant en scène un personnage de jeu de rôles qu'elle avait incarné par le passé. Gigish ou Le Maître du Je est une compilation des notes parues sur le blog. Dès les premières pages, Florence Dupré La tour impose un ton très décalé, entre sérieux et second degré. Le mélange entre les éléments autobiographiques et fantaisistes est bien calibré et permet de passer un moment agréable. Régulièrement, l'histoire est entrecoupée de commentaires issus du site Internet, qui participent à la réussite de cet album par leur caractère truculent. Lorsque Florence, l'héroïne, laisse place à Cigish, le personnage de jeu de rôles, les situations détonnent. Les allusions à des systèmes de jeu plairont aussi aux rôlistes. Le dessin est certes assez simple, mais sa finesse et le nombre de traits de certaines cases impressionnent et nous montrent une facette moins connue chez l'artiste. Si vous avez un jour joué aux jeux de rôles et/ou si vous êtes partants pour une lecture bien barrée, cet album épais de 300 pages est écrit pour vous !

Six-Gun Gorilla

Cela fait maintenant quelques années que le scénariste britannique Simon Spurrier propose ses services aux éditeurs américains. Nous avons pu le voir à l'œuvre dernièrement sur X-Men Legacy ou Crossed, des univers déjà créés par d'autres auteurs. Avec Six-Gun Gorilla, il développe le sien, un mélange entre le western et la science-fiction. Nous découvrons un univers étrange où les humains sont en guerre et au milieu de tout ça, des producteurs de télé mettent en scène et diffusent sans filtre l'ensemble de leurs images. Le héros est un homme dépressif qui a signé un contrat faisant de lui de la chair à canon sur le terrain. Or, il échappe à la mort et croise un gorille intelligent et maniant les armes comme aucun autre. L'originalité est assurément de mise dans ce récit qui se suit très agréablement. On regrettera par contre que Simon Spurrier ne creuse pas assez certaines thématiques et des zones d'ombre auraient gagné à être éclaircies. Le dessinateur Jeff Stokely livre ici sa première bande dessinée. Son style est très prometteur et malgré quelques irrégularités, reste une belle découverte. Original mais imparfait, ambitieux mais limité, Six-Gun Gorilla cultive l'intérêt du lecteur jusqu'à son terme. Mais qu'en est-il au-delà ?


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