Conceptualisation et éclaircissement sur les publics concernés


Chapitre IV. La question particulière des enseignants/formateurs dans la formation de base



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Chapitre IV. La question particulière des enseignants/formateurs dans la formation de base


Dans ce chapitre, nous verrons que le métier de formateur a évolué. Le professionnel doit être de plus en plus polyvalent alors que son statut est souvent précaire. Pendant longtemps, les cours de français aux publics analphabètes ont été dispensés par des bénévoles militants selon plusieurs approches.

Selon Jacques Avice, directeur de "Médiation-Conseil" à Paris92, la première pourrait être qualifiée de caritative animée par des mouvements d’origine confessionnelle centrée sur des notions d’hospitalité et d’accueil. Elle s’est développée autour des années 1955-1956, la formation linguistique n’était alors qu’un complément à l’aide au logement. La seconde approche s’est développée au cours des années 1960. Elle était issue de mouvements syndicaux ou politiques qui se situaient dans une tradition de défense du droit des étrangers sur le marché du travail. Le troisième courant s’est largement développé dans ces mêmes années jusque dans les années 1980, à l’initiative d’instituteurs et de mouvements laïcs. L’objectif était d’apporter une formation aux étrangers selon la tradition républicaine issue de l’éducation populaire.

La formation a fini par devenir le seul grand dispositif de formation des migrants reconnu et a donné naissance à l’AEE (Amicale pour l’Enseignement des Etrangers)93. Elle est devenue, par la suite, une énorme association nationale dont l’action s’appuyait sur quelques milliers d’instituteurs. Ce mouvement s’est de plus en plus politisé au fur et à mesure de l’implication syndicale. A cette époque, les travailleurs immigrés avaient peu de contacts avec la population locale. Leur autonomie dans la société d’accueil n’était donc pas une préoccupation. On pensait alors que l’immigration n’était qu’un moment transitoire.

La crise économique s’est durcie dans les années 1970 se traduisant par des licenciements massifs dans le secteur de la production de l’automobile en particulier. On a pris alors conscience que cette population immigrée avait besoin d’une formation professionnelle pour retrouver un emploi. Toutefois, leur niveau d’acquisition de la langue française était insuffisant au regard des prérequis nécessaires pour suivre une formation professionnelle. On s’est d’ailleurs aperçu que cette situation touchait également une catégorie de la population française. Les bénévoles se sont regroupés en associations et se sont dotés d’organismes de formation : outils au service de leurs valeurs militantes.

Lorsque les publics se sont diversifiés, les formateurs ont dû s’adapter aux changements et à la complexité de la demande. Beaucoup d’organismes qui proposaient une formation linguistique pour les migrants se sont éloignés de la formation de proximité dans les quartiers pour se tourner vers des préformations plus lourdes. Les associations ont ressenti le besoin de s’outiller.

C’est dans les années 1980 que la réflexion sur la professionnalisation du secteur s’est développée. Les formateurs ont revendiqué un statut de salarié, et ont obtenu, en 1988, une convention collective (Convention collective nationale des organismes de formation n° 3249. cf. annexe 8 B). Si les bénévoles sont encore présents dans les formations linguistiques, ils sont en voie de disparaître du fait des nouvelles obligations pour les organismes de se conformer aux normes de qualité (OPQF, Normes Iso 900194).

Les formateurs doivent désormais justifier de leurs diplômes. Paradoxalement, il existe une multitude de formations de formateurs, mais aucun diplôme n’est suffisamment complet et apte à traiter de l’ensemble des problèmes rencontrés par ceux-ci (voir le chapitre sur l’offre de formation à destination des enseignants-formateurs). Ces formations sont souvent lacunaires et ne leur garantissent pas de statut.

Les compétences requises pour l’exercice de ce métier correspondent, en effet, à un nouveau profil. La polyvalence est un terme clef. La notion d’accompagnement émerge du discours actuel alors que c’est une démarche militante ancienne. Le formateur social aide depuis toujours les personnes les plus démunies à régler leurs problèmes « médico-socio-juridiques » parallèlement à l’enseignement de la langue.

Nous avons la certitude que la formation de formateur est l’un des éléments essentiels d’une évolution positive de la situation. Cette professionnalisation se fera à travers l’échange transdisciplinaire, l’analyse du terrain et la réflexion des formateurs eux-mêmes sur leurs pratiques.

1. Formateur dans le secteur social, un métier évolutif 


Depuis les années 1960 jusqu'à aujourd'hui, le métier de la formation a considérablement évolué. Ce changement est lié à plusieurs facteurs dont le plus déterminant est sans doute celui de l’évolution des publics primo-arrivants accueillis dans les actions de formation linguistique et les conséquences impliquées dans les pratiques de formation. Ainsi, de 1960 à 1970, des militants, enseignants pour la plupart, s'improvisent formateurs pour répondre, entre autres, à l'arrivée massive d'une main-d'œuvre immigrée essentiellement masculine. Ils souhaitent favoriser l'émancipation et l'accès à la promotion sociale pour tous.

A cette époque, les enseignants FLE comptent, parmi leurs stagiaires, un public de travailleurs immigrés. Pour autant, il n'est alors pas concevable de demander à des enseignants titulaires de l'Université d'assurer ces cours. Ce sont leurs femmes (bénévoles) qui enseignent le français aux publics FLE. Depuis, les chemins de l'Université et de la formation de base se sont séparés.

Les formateurs ont assisté à l'évolution de leurs missions en lien avec les situations des travailleurs immigrés et celles de la société française. Ils ont connu l'émergence du phénomène social qu'est l'illettrisme et le développement des nouvelles technologies. Aujourd’hui, la tendance est marquée par l’arrivée récente et massive de personnes provenant principalement du Proche et du Moyen Orient, d’Europe de l’Est, de l’Asie et du subcontinent indien. Ces populations viennent se joindre aux migrations provenant principalement du Maghreb et de l’Afrique noire qui restent majoritaires. A l’heure actuelle, les publics accueillis ont un niveau scolaire plus hétérogène et les personnes analphabètes sont moins nombreuses.


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