Journalisme et litterature notes


Notice biographique sur André Breton



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Notice biographique sur André Breton.

Né à Tinchebray dans l’Orne en Basse Normandie le 18 février 1896, il mourut à Paris en 1966. Il fit des études à Paris de neuropsychiatrie, pendant la première guerre mondiale il prêta service dans des hôpitaux psychiatriques, il fut assigné à l’assistence des soldats qui revenaient du front, qui dans le conflit avaient été blessés et qui avaient eu des conséquences à un niveau nerveux, de troubles nerveuses. La lecture des textes de Freud et les rapports avec Guillaume Apollinaire ont été très importants, déterminants même, pour son évolution. A la fin de la guerre en effet il se mit à pratiquer, promouvoir et théoriser des expériences de dissociation psychique, automatisme de l’écriture et autres, voyages aux frontières de la conscience, que certains groupes de l’avant-garde littéraire et artistique commencèrent à trouver intéressants. Il fut donc acheminé dans cette direction, de l’avant-garde littéraire, et il fonda avec Louis Aragon et Philippe Soupault la revue Littérature en 1919, commençant tout de suite après à expérimenter réelllement l’écriture automatique dans des buts littéraires avec Soupault, expériences qui aboutirent à la publication d’un texte, écrit donc à quatre mains avec Soupault, intitulé Les Champs magnétiques (en 1923). Breton était dèjà en contact à l’époque avec Tristan Tzara et le groupe des dadaistes, en 1921 il s’était rendu à Vienne pour connaître Freud, en 1924 il fonda avec Robert Desnos et Paul Elaurd, avec les peintres Francis Picabia et Max Ernst, la “Centrale de recherche surréaliste”, et la même année donc il publia le texte fondateur du mouvement, c’est-à-dire le Premier Manifeste du Surréalisme, qui contient comme vous le savez déjà la définition du mot (“automatisme psychique pur par lequel on se propose d’exprimer, soit verbalement, soit par écrit, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée. Dictée de la pensèe en l’absence de tout contrôle exercé par la raison, en dehors de toute préoccupation esthétique ou morale”).

Les années qui suivent sont difficiles quant aux rapports avec les mouvements politiques de gauche et en particulier avec le parti communiste français auquel Breton avait précedemment adhéré et avec lequel il rompit définitivement en 1933. Il publie en ces années là Les pas perdus (1924), Légitime défense (1926), Nadja (1928) et L’immaculée conception écrit avec Paul Eluard en 1930, et qui traduit une expérience de simulation des différentes pathologies du langage. Après la rupture avec Aragon pour des raisons essentiellement politiques, il continue à une échelle désormais internationale à remplir la fonction de pape et dictateur du mouvement surréaliste, dictateur dans le sens que c’était lui qui décidait qui pouvait et qui ne pouvait pas rester à l’intérieur du mouvement, il pouvait décider en somme que quelqu’un était à excommunier, à chasser, attitude qui n’était pas bien vue évidemment par ceux qui étaient exclus et qui a été très fortement et à juste titre critiquée, c’est l’aspect négatif du mouvement.

Dans les années qui précédèrent la deuxième guerre mondiale, Breton publia quelques uns de ses livres les plus connus: Les vases communicants (1932), L’Amour fou (1937) et L’Anthologie de l’humour noir (1937 aussi). En 1940, au moment de l’occupation de la France par l’Allemagne, Breton passe aux Etats Unis en exil volontaire, attitude qui a été celle-là aussi très critiquée, le fait de ne pas rester en France pour combattre de l’intérieur les occupants, et aux Etats Unis il fonda avec Marcel Duchamps et Max Ernst la revue VVV. Nous en sommes là à la deuxième phase de la vie du mouvement surréaliste.

Après la fin de la guerre et le retour en France, Breton continua avec son activité culturelle toujours dans le signe de l’avant-garde, et il publia un bilan de la décennie précedente dans un texte intitulé La clé des champs (1953). Il essaya ensuite de faire repartir le mouvement pour une troisième phase dans les dernières années de sa vie, mais la force propulsive en était éteinte dans le sens que le témoin était passé aux néo-avant-gardes, filles du surréalisme (Tel Quel, Nouveau Roman, Oulipo). Il mourut en 1966.
Voici les traits essentiels du Premier Manifeste:
– éloge de l’IMAGINATION

– éloge du RÊVE

– éloge du MERVEILLEUX

trois lieux de la surréalité, domaines qui sont ouverts à tous, et c’est la poésie qui en indique le chemin, la poésie pratiquée suivant une certaine méthode, celle de l’AUTOMATISME dont Breton donne la définition;


– procès du RÉALISME dont Breton a horreur parce qu’il ne le voit fait que de médiocrité

– procès du ROMAN, de la production engendrée par ce réalisme là, devenu forme privilégiée de la littérature et où les auteurs ajoutent à longueur de pages au néant des descriptions minutieuses le néant des caractères. Là tout est indifférent à Breton, c’est une matière qui ne l’ intéresse pas, parce que il n’y est pas vraiment question de l’homme et de sa destinée

– procès de la LOGIQUE: pourquoi, Breton se demande-t-il, ce roman là est devenu la forme quasi universelle de la littérature? Parce qu’il répond à l’appétit de logique de ceux qui le lisent et qu’il n’est, chez celui qui le fabrique, que la mise en oeuvre de facultés logiques;

– négation du TALENT, les surréalistes sont les premiers à proclamer qu’ils n’ont pas de talent, que le talent n’existe pas (“nous sommes des modestes appareils enregistreurs” de la voix de l’inconscient). Et ils affirment en effet “le moi est plus ici qu’ailleurs haïssable”: le poète à l’écoute de son inconscient est-il pour quelque chose dans la richesse de celui-ci? Tous sont poètes dès qu’ils acceptent de se mettre à l’écoute de leur inconscient. Tous peuvent pratiquer cet art magique, la recette en est d’une dérisoire simplicité, le surréalisme, disent les surréalistes, est à la portée de tous les inconscients.


Nous pourrions hasarder l’hypothèse que si nous nous mettons à essayer de produire un texte surréaliste suivant par exemple la méthode du cadavre exquis, soit nous arrivons vraiment à nous mettre à l’écoute de notre inconscient, soit nous produirons une imbécillité. Le mot n’est pas de moi, est de Louis Aragon qui dans son Traité du style publié en 1928 dit à ce sujet: “Le surréalisme est (…) une faculté qui s’exerce. Normalement limitée par la fatigue. D’une ampleur variable suivant les forces individuelles. Et dont les résultats sont d’un intérêt inégal… Ainsi le fond d’un texte surréaliste importe au plus haut point, c’est ce qui lui donne un précieux caractère de révélation. Si vous écrivez, suivant une méthode surréaliste, de tristes imbécillités, ce sont de tristes imbécillités. Sans excuses…”.
C’est dire que les résultats seront de qualité différente non en raison de talents différents mais de natures diversement riches (si nous avons un inconscient riche le texte qui en résultera sera riche, si notre inconscient est pauvre ou muet le résultat sera pauvre ou même inexistant: ce qui signifie en réalité que si nous saurons nous mettre à l’écoute de nostre inconscient, notre produit sera de haut niveau; le contraire se produira si nous ne saurons pas donner voix à notre inconscient).

L'aventure surréaliste

Encore quelques renseignements. Résumons et reprenons.

En mars 1919, trois jeunes poètes, André Breton, Louis Aragon et Philippe Soupault lancent une nouvelle revue, Littérature, dans laquelle paraît le premier texte surréaliste: "Les Champs magnétiques".

Ces jeunes gens ont en commun le culte d'Apollinaire et sont pénétrés de" l'esprit nouveau " . Ils ont participé à la rédaction de Sic et de Nord-Sud, revues novatrices par l'originalité de la typographie et l'importance qu'elles accordent aux arts plastiques.

Les valeurs traditionnelles de l'art  et  de la littérature se trouvent brusquement contestées par ces jeunes artistes en quête d'autre chose...

André Breton, qui admire l'humour nihiliste de Jacques Vaché, est en relations épistolaires avec Tristan Tzara qui apparaît très vite comme le chef de file d'un mouvement  littéraire nouveau, nommé par dérision Dadaïsme, mouvement en révolte ouverte contre l'hypocrisie de toutes les valeurs qui ont conduit aux massacres de 1914 - 1918 .

Une révolte similaire anime au même moment à New-York deux jeunes peintres : Francis Picabia et Marcel Duchamp, qui remettent en cause les principes traditionnels de la peinture et de la sculpture... Ils se rallient au Dadaïsme.

A la fin de la guerre tous se retrouvent à Paris. En 1920 arrive Tristan Tzara, accueilli dans l'enthousiasme : rencontre " explosive " ...

Paris devient le centre d'un mouvement de contestation sans précédent : durant deux années, scandales, manifestes, provocations se succèdent... Y participent les peintres et sculpteurs dadaïstes, dont Hans Arp et l'artiste américain Man Ray, déjà connu pour ses photographies; aux trois fondateurs de Littérature se joignent très vite les poètes Paul Eluard, Benjamin Péret et Robert Desnos.

Tout ce groupe d'artistes cherche à tourner en dérision les valeurs traditionnelles sur lesquelles repose la société, art y compris.

Très vite toutefois ce nihilisme à tous crins ne satisfait pas pleinement les amis d'André Breton qui conduisent une recherche plus constructive. Déjà, en 1919, Breton et Soupault avaient rédigé conjointement " Les Champs magnétiques " suivant le procédé de l'écriture automatique : cette méthode, utilisée par les psychiatres freudiens pour libérer le contenu de l'inconscient, avait été signalée à l'attention de Breton alors qu'il effectuait ses études de médecine.

On décide d'appliquer cette technique à l'écriture et on constate très vite que le langage issu des profondeurs inconscientes de l'être est d'une richesse métaphorique incomparable.

D'autres modes d'accès à l'inconscient sont explorés : étude des rêves, des états hypnotiques etc.

L'enthousiasme que suscite la richesse des possibilités entrevues n'est pas partagé par Tristan Tzara. Le désaccord aboutit à une rupture en 1922 ; le numéro 2 de Littérature contient cette injonction de Breton : " lâchez Dada ".

La nouvelle orientation du groupe va très vite être définie : André Breton en est le principal théoricien, avec Benjamin Péret, Philippe Soupault, ainsi que les peintres Picabia et Max Ernst. Ce dernier immortalise le petit noyau des fondateurs dans son célèbre tableau " Au rendez-vous des amis ".

Quelles sont donc les grandes options autour desquelles se réunissent ces artistes ?

Au coeur du mouvement, la révolte - héritée du Dadaïsme - conserve une place prépondérante: remise en question de la toute-puissance de la raison et de la logique traditionnelle... que viennent du reste d'égratigner les contenus de l'enseignement freudien et les théories d'Einstein ! On conteste aussi tous les tabous sociaux: religieux, moraux, sexuels... ainsi que l'art qui en est le reflet.

A la différence du Dadaïsme, toutefois, on mène une recherche constructive : il s'agit de s'employer à faire émerger les forces comprimées ou occultées par la raison et les tabous : imagination, intuition, désir... L'art devient une aventure intérieure dont la finalité est la libération des capacités " poétiques " de l'être humain ( le terme de "poésie " désignant ici l'ensemble des facultés opprimées ).

Dans son " Manifeste du Surréalisme ", paru en 1924, Breton définit en ces termes la démarche de son mouvement :

" (...) Le surréalisme repose sur la croyance à la réalité supérieure de certaines formes d'associations négligées jusqu'à lui..."

Cette démarche s'appuie sur les expériences collectives menées par les peintres et les poètes du mouvement, qui mettent en lumière le langage souterrain de l'inconscient.

L'analyse de ce " sous-texte " met en évidence son pouvoir libérateur : l'image qui, selon la définition du poète Pierre Reverdy, permet " le rapprochement de deux réalités plus ou moins éloignées ", réconcilie le conscient et l'inconscient. Imagination, désir, goût du merveilleux peuvent être intégrés à la vie quotidienne : l'homme  réunifié est enfin libre !

Si le langage est le premier outil des Surréalistes, les autres arts n'en sont pas moins conviés à l'exploration des secrets de l'Esprit : les méthodes restent à mettre en place...

Le " Manifeste du Surréalisme " expose les valeurs fondamentales du mouvement.

Elles feront l'objet d'approfondissements ultérieurs : on pourra  mettre l'accent sur l'une ou l'autre selon les nécessités de l'heure... mais André Breton veillera toujours à leur maintien absolu, quel qu'en soit le prix à payer ( exclusions etc. ). Il représente en quelque sorte le "pilier " de ce mouvement et l'évolution des groupes successifs qui gravitent autour de lui se confond avec celle du Surréalisme.

De 1924 à 1929, le groupe initial (sans Picabia qui prend ses distances  à la publication du Manifeste) s'élargit grâce à de multiples adhésions. La rencontre en 1924 entre Breton et le peintre André Masson amène la participation d'écrivains tels que Michel Leiris et Antonin Artaud, et, peu après, celle de Joan Miro ( ce dernier présentera Salvador Dali à Breton en 1928 ). Yves Tanguy, peintre également, rejoint le groupe après sa rencontre avec Robert Desnos. Quant à René Magritte il adhérera au groupe de 1927 à 1930, lors de son séjour à Paris.

Deux autres peintres, en relation avec le groupe, seront considérés comme des "initiateurs" : Pablo Picasso qui " chasse dans les environs " ( selon l'expression de André Breton ), et Giorgio de Chirico, dont les toiles empreintes d'onirisme ont inspiré Max Ernst et profondément marqué Yves Tanguy et René Magritte.

Ce groupe aux personnalités fortes et diverses doit sa cohésion à son adhésion sans restrictions aux principes de base du Surréalisme mais aussi à la discipline de groupe instaurée par André  Breton, discipline d’ailleurs peu appréciée par certains, à cause de son rigueur.

Un Bureau de recherches surréalistes  est ouvert pour recueillir les récits et les témoignages du public : rêves, coïncidences etc. La revue Littérature  fait place à La Révolution Surréaliste, dans laquelle on relate les expériences collectives du groupe : on y trouve des réflexions sur l'amour, l'humour, des enquêtes aussi ( ainsi :" Le suicide est-il une solution?"). Les lecteurs sont invités à dépasser nombre d'interdits.

Plus que jamais les membres du groupe pratiquent l'écriture automatique, l'analyse des rêves, le langage parlé sous hypnose. Les "jeux" collectifs occupent également une place importante: le "cadavre exquis"  par exemple (composition sur papier plié d'une phrase ou d'un dessin par plusieurs participants qui ignorent ce que les autres ont inscrit).

Eluard évoque ces séances dans " Donner à voir " ( 1939 ) :

" ( ... ) C'était à qui trouverait plus de charme, plus d'unité, plus d'audace à cette poésie déterminée collectivement ( ... ).

Nous jouions avec les images et il n'y avait pas de perdants. Chacun voulait que son voisin gagnât et toujours davantage pour tout donner à son voisin..."

Moments de fête, de partage qui ont lieu tantôt au domicile de l'un tantôt à celui de l'autre: rue Fontaine, chez Breton; à l'atelier de la Cité des Fusains, où habitent Ernst, Eluard, Hans Arp et Miro... A partir de 1925, après l'adhésion au mouvement de Jacques Prévert et Raymond Queneau, des soirées inoubliables auront lieu chez Marcel Duhamel, rue du Château.

Quelques scandales ponctuent cette période : un des plus remarquables se produit lors du dîner donné en 1925 en l'honneur du poète Saint-Pol-Roux, que les Surréalistes considèrent comme un précurseur de génie.
L'Intransigeant - 4 juillet 1939

LA VIE LITTERAIRE



Saint-Pol-Roux à Paris

“Un dîner en l'honneur de Saint-Pol-Roux n'est, certes, pas chose commune. On se souvient encore - et l'histoire littéraire anecdotique en conservera longtemps le souvenir - du dernier qui eut lieu à la Closerie des Lilas en 1925, dîner où les Surréalistes cassèrent force vaisselle et brisèrent maints carreaux. Un seul écrivain n'avait pu se résoudre à venir ainsi flétrir la majesté de celui qui, au temps du Symbolisme, mérita le surnom de Magnifique. Aussi Paul Eluard, affectueux et discret, s'était-il fait représenter par une magnifique gerbe de lys”.

(on reviendra plus loin sur ce banquet)
Les pérégrinations dans Paris représentent aussi des occasions d'échanges, notamment sur la notion de "hasard objectif", lieu de rencontre entre les désirs ( conscients ou non ) et la réalité du quotidien.

Le groupe partage aussi l'amour du cinéma ; leurs fréquentations des salles est tout à fait singulière : ils entrent, sortent, sans s'occuper de l'intrigue, mais ramènent une provision d'images qui enrichit leur création. Le cinéma leur paraît particulièrement apte à transcrire rêves et désirs; ils écrivent des scénarios, font paraître des articles critiques. Man Ray réalise le film " Etoile de mer " ( scénario de Desnos ),  mais les films de Luis Bunuel ( " Un chien andalou ", " L'âge d'or " ) sont presque les seuls témoignages de ce qu'auraient pu être les réalisations surréalistes.

En 1925, on pose le problème : la peinture surréaliste est-elle possible ? La réponse va bien sûr venir des peintres eux-mêmes. Cette même année, Max Ernst découvre un procédé qui est une sorte de transposition en peinture de l'écriture automatique : le frottage. Il développe également la technique du collage qui, faisant coexister à l'intérieur d'une même toile des éléments étrangers les uns aux autres, suscite des rapprochements inattendus, analogues aux métaphores poétiques.

André Masson et Miro, avec leur technique de projection de colle ( ou d'autres matériaux ) inventent des procédés originaux.

Tanguy, Arp, Ray, Magritte, chacun, à sa manière, participe à l'élaboration de la peinture surréaliste.

Dans son ouvrage critique Le Surréalisme et la Peinture ( 1928 ), André Breton donne en exemple ces pionniers et précise que le peintre doit avant tout choisir "un modèle purement intérieur".

La méthode " paranoïaque - critique " de Dali - culture de ses fantasmes – confirme avec éloquence l'existence d'une peinture surréaliste.

C'est une période extrêmement féconde pour tous les arts... pour ne citer que quelques productions littéraires: Le Paysan de Paris ( Aragon, 1926 ); Nadja ( Breton, 1928 ); La liberté ou l'amour (Desnos, 1927 ); Capitale de la Douleur , L'amour la poésie ( Eluard, successivement : 1926 et 1929 ).

Les écrivains préfacent les catalogues de nombreuses expositions qui témoignent de la vitalité des arts plastiques. Une exposition collective a lieu dès 1925 : " Le Carnaval d'Arlequin " (Miro, 1924 ), " Les Quatre Eléments " ( Masson, 1923 ) et " La femme 100 têtes " ( Ernst, 1927 ): quelques titres parmi beaucoup d'autres.

Si Paris est le foyer du Surréalisme, d'autres groupes se constituent : en Yougoslavie, en Belgique, en Suède et même au Japon. C'est le début d'une internationalisation du mouvement ( qui ne fera que s'accroître car il est en pleine expansion ).

Les préoccupations politiques, cependant, vont peu à peu créer des dissensions au sein du groupe : les Surréalistes sont attirés par la transformation sociale que propose le Marxisme; la dialectique leur semble par ailleurs une méthode appropriée pour dépasser les contradictions ( rappelons-nous que ceci est une des finalités du mouvement surréaliste : réunifier l'homme, le réconcilier avec lui-même ).

Un dialogue s'instaure avec les Communistes. Aragon, Breton, Péret, Eluard adhèrent au parti. Breton n'y reste pas : l'embrigadement intellectuel lui semble incompatible avec le Surréalisme. Ce qui entraîne des ruptures douloureuses au sein du groupe : Artaud, Soupault, puis Masson et Desnos sont ainsi exclus.

Le Second Manifeste du Surréalisme qui paraît dans la revue fin 1929 est une sévère mise au point : refus des compromissions commerciales, de la soumission de l'art à un parti... Ce texte donne aussi une définition plus approfondie de la mission du Surréalisme : celle-ci consiste à débusquer "un certain point de l'esprit " d'où toutes les contradictions seraient résolues. Les moyens proposés sont l'utilisation de la dialectique et la confrontation du Surréalisme avec l'ésotérisme.

La nouvelle revue Le Surréalisme au service de la Révolution rappelle que l'art authentique est révolutionnaire par essence : l'artiste, en effet, qui cherche à libérer son inconscient libère celui des autres et la transformation du langage tôt ou tard entraînera une mutation dans les structures de la société.

Ces convictions, affirmées avec beaucoup de force, orientent les recherches du mouvement pendant les dix années qui vont suivre ( jusqu'en 1939 ).

Un nouveau groupe se forme autour d'André Breton et de ses fidèles : René Char, Julien Gracq, Tristan Tzara - qui se rapproche maintenant des Surréalistes-, l'Anglaise Leonora Carrington ...

Bunuel et Dali sont entrés récemment dans le cercle. Les adhésions les plus nombreuses viennent des peintres et sculpteurs étrangers attirés par le rayonnement du Paris de cette époque : Giacometti et Kurt Seligmann, Victor Brauner, Wolfgang Paalen, Jacques Herold ( Europe ). Viennent des Canaries Oscar Dominguez, du Chili Roberto Matta, de Cuba Wilfredo Lam (qui enthousisame Picasso ); l'Américaine Kay Sage, peintre et poète, rejoint aussi le groupe ( elle deviendra l'épouse du peintre Tanguy ).

Tous ces artistes vont accomplir un travail considérable. En peinture, on utilise la technique de l'automatisme ( Ernst, Masson...). Dominguez invente la " décalcomanie sans objet préconçu " et crée des paysages fantastiques. Paalen interprète les traces laissées sur une surface par la flamme d'une bougie : c'est le " fumage ". Victor Brauner se penche sur les métamorphoses de l'être; ses toiles expriment ses pressentiments : ainsi exécute-t-il en 1931 un " Autoportrait " qui préfigure l'accident qui le défigurera en 1938 .

L'unité d'esprit entre poètes et peintres est réaffirmée : Victor Brauner parle de " picto-poésie ".

La revue Minotaure lancée en 1933 par Albert Skira devient l'organe officiel du Surréalisme : l'accent y est mis sur la recherche de l'insolite dans la démarche artistique.

De nombreux objets surréalistes ( liés au concept de désir, fruits des rêves, des fantasmes...) voient le jour et on crée des poèmes-objets. Une exposition collective de 1936 rassemblera les fruits de ces travaux.

Ernst poursuit ses romans-collages et Giacometti crée des sculptures-objets comme "L'objet invisible ". Parmi les oeuvres littéraires citons : Les Vases communicants, L'Amour Fou ( Breton, successivement : 1932 et 1937 ), La Vie Immédiate et Les Yeux fertiles ( Eluard, 1932 et 1936 ); de René Char paraît en 1934 Le Marteau sans Maître .

On pratique l'écriture collective, ainsi Ralentir Travaux ( de Breton, Char et Eluard, 1930).

A l'étranger, l'audience du Surréalisme s'accroît de plus en plus : de 1935 à 1938 Breton et Eluard y contribuent grandement, multipliant les conférences et veillant à maintenir la même ligne directrice dans les différents pays. En 1935 une Exposition Internationale a lieu à Prague et une autre à Tokyo en 1937.

A l'Exposition Internationale de Paris, en 1938, 14 pays sont représentés. Comme pour chacune des expositions, c'est le résultat d'un travail collectif. Cette année-là, l'atmosphère créée exprime l'angoisse des artistes qui pressentent le terrible cataclysme (ils n'ont du reste cessé de se mobiliser  durant les dix années  précédentes – tracts, revues, articles, manifestations – pour tenter d'enrayer la montée du fascisme).

Des divergences sur les actions à mener entraînent de nouvelles ruptures : Aragon est exclu en 1932 et, peu avant la guerre, Eluard prend ses distances avec le groupe.

Le manifeste  rédigé par Trotsky et Breton – chargé de mission au Mexique en 1938 – révèle bien la position du Surréalisme; il se termine ainsi :

" Ce que nous voulons : l'indépendance de l'art  - pour la révolution.

La révolution - pour la libération définitive de l'art. "

La seconde guerre mondiale disperse les Surréalistes. Contraints de s'exiler, certains se retrouvent à New-York en 1941. Un groupe se reconstitue autour d'André Breton : Tanguy, Kay Sage, Matta, Carrington, Ernst, Duchamp, Masson et Man Ray.

Un des premiers effets de cette "implantation" est la diffusion du Surréalisme aux Etats-Unis, à la Martinique, après la rencontre de Césaire et Breton, et en Amérique Latine. C'est sur le sol américain que les positions surréalistes vont converger en une vaste synthèse. La revue VVV, fondée en 1942, accorde une place aux recherches les plus récentes, surréalistes bien sûr, mais aussi sociologiques, ethnologiques etc.

La rencontre de Breton avec Elisa, inspiratrice de Arcane 17 ( 1947 ), sa découverte de l'art indien, tout cela – et bien d'autres éléments – va contribuer à la tentative d' élaboration d'une mythologie. Dans les Prolégomènes à un troisième manifeste ou non, que publie la revue en 1942, Breton entrevoit une synthèse des grands archétypes de l'humanité , qui constituerait un mythe collectif  puissant et libérateur.

De la fin de la guerre à sa mort, en 1966, Breton se consacrera à ce vaste projet .

L'approfondissement des intuitions du Surréalisme, la recherche de "ses" manifestations dans les oeuvres du passé ( celles qui ont échappé à l'emprise du rationalisme gréco-romain ), les diverses prises de position contre toutes tentatives d'oppression : autant de "matériaux" utilisables pour l'élaboration du Mythe.

En 1947 l'Exposition Internationale de Paris est conçue comme un cycle d'épreuves rituelles. Un groupe de liaison  – " Cause " – est créé pour recueillir les éléments du Mythe à travers le monde.

L'orientation vers l'ésotérisme, également, s'affirme de plus en plus. Par ailleurs, les Surréalistes découvrent l'art gaulois et les légendes celtiques avec lesquels ils se sentent en  affinité.

Les thèmes des différentes expositions mettent bien en évidence ces divers centres d'intérêts. En 1959, la thématique Eros  insiste sur la place privilégiée de la femme, perçue comme une sorte de médium entre le réel et le surréel... ( trois ans plus tôt, Benjamin Péret avait publié : Anthologie de l'Amour Sublime )

La XIème Exposition Internationale de 1965, à Paris, est un hommage rendu au philosophe visionnaire Charles Fourier. Sur le thème de" L'Ecart Absolu " , elle prône le maintien de l'esprit de révolte, seul capable de conquérir la liberté ( les Surréalistes ont toujours pris position contre tous les absolutismes et forces de réaction , quels qu'ils soient ).

La mort d'André Breton en 1966 met fin à l'aventure surréaliste (peut-être pas à ce rêve de  grand Mythe  libérateur auquel il avait consacré ses dernières forces, somme toute assez seul, très calomnié, honnête cependant, auquel d’autres essayèrent de donner une suite: sur l’existence d’un surréalisme après la mort de Breton, les critiques ne cessent de se quereller. C’est de toute manière une autre histoire).


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