8 juin 2008, Journée mondiale des océans : Alerte à l'acidification des océans
Une partie du dioxyde de carbone (CO2) de l'atmosphère est absorbé par les océans. Conséquence : ils s'acidifient. Le projet européen EPOCA réunit une centaine de scientifiques de 27 institutions de recherche pour en déterminer les conséquences sur les organismes et les écosystèmes marins. Chaque jour, la combustion des énergies fossiles produit près de 11 kg de dioxyde de carbone (CO2) par personne. Quatre kilos sont absorbés par les océans. Une chance puisque sans cela les changements climatiques seraient plus importants que ceux attendus. Malheureusement, ce phénomène ne se fait pas sans dégâts : la dissolution du CO2 rend les océans plus acides (leur pH devient plus faible). Cela pourrait entraîner, par exemple, la disparition de certains organismes marins devenus incapables de former une coquille ou un squelette calcaire dans un milieu devenu trop acide. Mieux cerner cette acidification et ses effets sur les organismes et les écosystèmes, tels sont les objectifs du projet européen « European Project on Ocean Acidification » (EPOCA), qui sera officiellement lancé pour quatre ans à l’occasion d’un colloque organisé du 10 au 13 juin à Nice… soit quelques jours après la Journée internationale des océans (8 juin). C’est en décembre 2006 que la Commission européenne a lancé un appel d’offres sur cette thématique. Jean-Pierre Gattuso, du Laboratoire d’océanographie de Villefranche (Laboratoire CNRS/Université Paris 6), y a répondu en réunissant autour de lui une centaine de scientifiques de 27 institutions de recherche européennes. Retenu, le projet EPOCA regroupe quatre sous-thématiques. La première sera consacrée au suivi du phénomène afin de déterminer la vitesse à laquelle le pH diminue et quelles ont pu être ses variations au cours des millénaires précédents. Un second axe, auquel sera consacré la moitié du budget de recherche d'EPOCA, aura pour objet l’étude des conséquences de l’acidification des océans sur les organismes et les écosystèmes qu’ils abritent. Un troisième volet se penchera sur l’avenir et tentera de modéliser l’acidification future pour dresser un état de ce que seront les océans en 2100. Enfin, les scientifiques s’attacheront à produire une synthèse intelligible de leurs résultats afin qu’ils servent au mieux les décideurs dans l’élaboration de stratégies visant à limiter les conséquences des émissions de gaz à effet de serre. « Grâce à de tels projets de recherche, la Commission européenne entend arriver bien armée aux négociations post-Kyoto qui ont déjà débuté », explique Jean-Pierre Gattuso, qui coordonne le consortium. Deux autres laboratoires du CNRS sont impliqués : la Station biologique de Roscoff et le Centre européen de recherche et d’enseignement des géosciences de l’environnement (CEREGE), à Aix-en-Provence.
Coralie Hancok
Contact : Jean-Pierre Gattuso, Laboratoire d'océanographie de Villefranche, gattuso@obs-vlfr.fr
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Carrières : Où sont les femmes ?
Agnès Netter, nouvelle directrice de la Mission pour la place des femmes au CNRS, nous présente son plan d'action.
Question : Sept ans après la création de la Mission, quel est le bilan de la place des femmes au CNRS ?
Agnès Netter : Il est contrasté. Les actions menées ont permis d’inscrire la Mission dans des réseaux de sensibilisation extrêmement visibles, en France et à l’étranger, et d’éveiller les consciences sur les problèmes liés au recrutement et à la promotion des femmes. Si personne ne nie désormais l’existence d’un effet « plafond de verre », cette barrière invisible qui freine la progression des femmes dans la recherche, il reste beaucoup à faire. La proportion des femmes parmi les chercheurs du CNRS n’a pratiquement pas évolué depuis une quinzaine d’années, stagnant autour de 31,5 %. Autre exemple frappant : on comptait, fin 2006, seulement 15 femmes directrices de recherche de classe exceptionnelle, contre 110 hommes.
Question : Comment voyez-vous votre rôle aujourd’hui ?
A.N. : L’action de la Mission est maintenant connue et reconnue aux niveaux national et international. La direction du CNRS vient de réaffirmer sa volonté de poursuivre de façon constructive la démarche visant à intégrer la dimension du genre dans tous les axes de développement de l’établissement. Le temps est donc venu d’agir en mobilisant l’ensemble des structures opérationnelles du CNRS.
Question : Justement, quelles seront les actions phares de ces prochains mois ?
A.N. : Dès septembre, nous diligenterons, avec la direction des ressources humaines, une enquête sur les pratiques exercées en région, en partenariat avec deux délégations régionales pilotes. Des actions de sensibilisation autour de l’exposition « Physique de femmes » sont menées avec la direction des relations internationales, et notamment des tournées au Québec (Dans le cadre d'un partenariat avec le ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport autour du concours « Chapeau, les filles ! »), aux États-Unis et en Afrique du Sud. La Mission a également commandité une étude comparative sur les actions menées en Amérique du Nord pour promouvoir l’accès des femmes aux savoirs et aux métiers scientifiques et techniques. Elle travaille avec la direction des affaires européennes à l’édition d’un document de sensibilisation à la problématique du genre, destiné à l’administration, aux unités et aux chercheur(se)s.
Question : Quels sont les enjeux d’une politique de recrutement en faveur des femmes ?
A.N. : Outre la question de l’équité, les enjeux sont d’ordre démographique et sociétal. Le CNRS doit faire face à des départs massifs en retraite et à un renouvellement de ses effectifs, à un moment où les jeunes tournent un peu le dos aux filières scientifiques. Le CNRS doit donc s’engager dans une politique volontariste vis-à-vis des jeunes, et notamment des jeunes filles, pour les conduire à s’engager dans des filières (ingénierie, informatique, physique…) et des métiers qu’elles ont tendance à déserter.