Marie LaFlamme Tome 2



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Marie ? Vous m entendez ?

  • Pardon, je pensais à Nicolas de Boissy. Germain Picot fronça les sourcils.

  • Qu’a-t-il fait encore ?

  • J’ai entendu son serviteur dire qu’il avait touché un héritage important. Je trouve navrant qu’une telle fortune revienne à un homme qui la dilapidera sottement, alors que bien des trente-six mois sauraient en faire un meilleur usage.

  • Il n’a encore rien reçu, on le saurait, affirma Germain Picot. Mais il a beaucoup de biens... Et du temps à perdre. Je ne l’ai jamais vu travailler ! J’enrage de constater qu’on nous envoie ici ces mécréants comme si la Nouvelle-France était une manière de punition : excepté quelques fervents catho­liques comme Mme d Aiguillon, les gens de qualité n’ont aucun goût pour ce pays. Parce qu’ils ne le connaissent guère ! La vie est aussi douce à Québec qu’à Paris ! N’êtes- vous pas de mon avis ?

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  • Oui, monsieur. Les Indiens ne sont pas pires que les soldats, la ville est propre et on m’a dit que le froid empêche les épidémies.

Marie se garda d’ajouter que les per­sonnes de qualité avaient coutume d’habiter des châteaux et que le fort Saint-Louis ne pouvait soutenir la comparaison ; Germain Picot était si fier de Québec qu’il ne pouvait concevoir qu’on ne s’y plaise pas. Il expliqua à Marie qu’il y avait toujours quelques repris de justice parmi les nouveaux colons, mais bien peu faisaient autant parler d’eux que d’Alleret et Boissy.

  • Vous croyez qu’on retrouvera le cou­pable des meurtres ? s’enquit Marie.

Picot parut surpris de la question.

  • Non. Ce serait déjà fait, dit-il d’un ton catégorique. C’est un Sauvage qui est reparti en canot après avoir commis son forfait ! Je dois maintenant rentrer, je vous reverrai dimanche après la grand-messe. Vous vien­drez bien dîner avec les Blanchard ?

Marie regarda Picot traverser le jardin de l’Hôtel-Dieu en pestant : son projet s’évanouissait et elle devrait rester encore quelque temps à l’hôpital. Pour la première

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fois depuis son arrivée, elle regretta de ne pas s’être rembarquée sur le vaisseau de Normandie qui était reparti pour la France le 6 septembre.

Tard le soir, elle ruminait encore sa déception quand on lui amena un blessé. Elle reconnut immédiatement Guillaume Laviolette, malgré le sang qui ruisselait sur son visage.

  • On l’a trouvé comme ça à côté de la fontaine Champlain. C’est un Sauvage qui l’a frappé.

  • On l’a arrêté? demanda Marie tout en cherchant sa consœur du regard.

Celle-ci devait être encore à la chapelle à prier pour les malades ; elle s’y recueillait dès qu’ils lui laissaient un peu de répit. Marie fut reconnaissante à Alphonse Rousseau d’offrir sa litière au blessé. Tout en signi­fiant aux hommes d’étendre doucement le coureur de bois, Marie s’était munie d’un broc d’eau détersive et d’un flacon d’eau- de-vie. Elle tenta sans succès d’en faire avaler quelques gouttes à Guillaume Laviolette, puis elle entreprit de nettoyer la plaie pour en mesurer la gravité.

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Tandis quelle rougissait des linges, les deux hommes lui décrivaient l’agression.

  • Ils l’ont frappé par-derrière.

  • Ils ? Je croyais que c’était un Indien ?

  • C’étaient des Sauvages. Les mêmes qui ont volé une poule chez Malescot, qui ont cassé la brouette de Dupuis. Qui ont égorgé Suzanne Dion !

  • On les a arrêtés ?

  • Non. On est arrivés trop tard, ces bêtes avaient déjà fui ! Marie dut se dominer pour ne pas se mettre à frotter trop énergi­quement la blessure du coureur : elle avait l’impression de revivre les moments qui avaient précédé l’arrestation de sa mère.

  • Comment pouvez-vous savoir qui a attaqué Laviolette si vous n’avez rien vu ?

  • C’est pas un des nôtres qui ferait ça, déclara Paul Fouquet qui s’était levé en même temps qu’Alphonse Rousseau pour voir ce qui se passait.

En se penchant davantage vers son patient, Marie se promit de prescrire le lendemain à Fouquet un puissant laxatif : elle n’aimait pas qu’on accuse à tort et à travers.

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A défaut de lui laver le cerveau, elle net­toierait ses entrailles !

  • Marie ?

  • Cest une vilaine blessure, ma sœur, répondit Marie à sa collègue. Il a beaucoup saigné et je ne parviens pas à le ranimer. Pouvez-vous chercher de quoi lui couper les cheveux? Et m’apporter de l’alun? Eloignez aussi ces hommes, que j’y voie plus clair.

Marie n’eut pas à répéter ses indications : personne n’avait de goût pour un spectacle sanglant et les hommes qui avaient porté Laviolette sortirent à la hâte, tandis que Paul Fouquet reculait lentement.

  • Je pourrais aller vous quérir des cierges à la chapelle, déclara Alphonse Rousseau, qui s’efforçait de dominer sa nausée. Seulement, ils sont bénis...

  • Mère Catherine comprendra. Revenez vite!

Tandis qu’Alphonse claudiquait vers la chapelle, Marie prenait le pouls du blessé, ouvrait les paupières, la bouche pour com­pléter son examen, échancrait le col de la chemise, détachait la culotte, palpait pru­demment le ventre.

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  • Il n y a pas d’autres blessures, dit-elle à sœur Sainte-Louise. Bénissez Dieu qu’il soit inconscient, poursuivit-elle, il ne souffrira pas de mes soins. Donnez-moi d’abord les ciseaux.

  • Qu’allez-vous lui faire? demanda Alphonse Rousseau en serrant encore plus fort les deux cierges qu’il était allé chercher.

  • Recoudre. La plaie est large. Comme s’il avait reçu un coup de hache.

  • Ou de tomahawk, murmura Paul Fouquet derrière Marie. Marie se retourna vivement.

  • Vous ferez la différence le jour où vous en recevrez un. Qui sera probablement mérité !

  • Marie ! s’exclama sœur Sainte-Louise. Vous ne...

  • Soutenez sa tête, la coupa Marie, qui donna quelques coups de ciseaux rapides avant de tamponner la plaie avec un linge saupoudré d’alun.

Guillaume Laviolette gémit alors.

  • Du feu, des aiguilles! Où est l’eau-de-vie?

Il commence à s’agiter ! Je ne veux pas qu’il se réveille avant que j’aie fini ! Alphonse ! Plus

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près, les cierges ! Plus près ! Ah ! Pourquoi ne s’est-il pas fait attaquer de jour !

  • Parce qu’on ne reconnaît pas ses agresseurs la nuit, dit sentencieusement Alphonse Rousseau en dévisageant Marie.

Il n’avait jamais vu les yeux d’une femme briller d’une telle intensité ; il se sentit trans­percé par ce regard étincelant, comme si Marie voyait à travers lui, et les cierges trem­blèrent dans ses mains. Quand il la vit brûler l’aiguille après l’avoir trempée dans l’eau- de-vie, puis piquer les chairs meurtries sans hésiter un instant, enfoncer l’aiguille, la res­sortir, puis l’enfoncer de nouveau, il sentit ses genoux fléchir tandis que des sueurs gla­cées lui coulaient dans le dos. Il avait pour­tant connu bien pire à la Cour des Miracles ! Marie devina qu’il supportait mal l’opéra­tion car elle l’interpella d’une voix calme.

  • Je termine bientôt, mon ami.

Alphonse Rousseau se ressaisit. Il ferma

les yeux mais continua à voir l’aiguille trouer la peau sanguinolente, encore et encore. Après de longues minutes où les plaintes du blessé se faisaient plus régulières, il entendit enfin Marie soupirer de soulagement.

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  • J’ai fini. C est maintenant à Dieu de l’aider. Espérons qu’il entendra nos prières !

Sœur Sainte-Louise était trop surprise de ce qu’elle avait vu pour réagir aux paroles irrespectueuses de Marie : elle avait peine à croire qu’une femme si jeune puisse opérer avec tant de dextérité et de sang- froid. Ce talent était quasiment surnaturel. L’Hospitalière se signa et dessina une petite croix sur le front du blessé pour le garder sous la protection divine. Elle demanda ensuite à Marie où elle avait appris à prati­quer de semblables interventions.

  • Ma mère avait des mains de fée. Et aimait soigner. Moi aussi. Je pensais que mère Catherine vous l’avait dit.

  • Mère Catherine est très discrète, fit la jeune nonne.

  • La sagesse... Bandons maintenant notre malade. Et essayons de le faire boire un peu. Pour un homme qui ne dédaigne pas leau-de-vie, il est bien sobre cette nuit!

Marie tentait de plaisanter mais elle attendait avec anxiété que Guillaume Laviolette s’éveille; elle pensait qu’il pouvait demeurer inconscient durant des heures et

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qu’il ne saurait peut-être plus bouger ou parler quand il ouvrirait les yeux. Elle laissa sœur Sainte-Louise s’occuper du pansement et remercia celle-ci de lui avoir proposé de sortir quelques minutes.

  • Ce n’est pas la règle, mais prendre l’air vous fera du bien. Je ne quitterai pas votre malade un seul instant.

Marie traversa rapidement la salle de l’hôpital, et sortit par la porte de la cha­pelle, subitement oppressée. La fraîcheur de la nuit, vite ! Elle trébucha en longeant les murs du chœur et du monastère avant d’at­teindre le jardin, où elle glissa au sol comme si elle s’évanouissait. Couchée sur le dos, elle croisa les bras sur son cœur affolé jusqu’à ce que les battements ralentissent. La terre était dure, les feuilles mortes confites d’humidité, le vent glacial. Marie aurait aimé demeurer allongée très longtemps à contempler les étoiles. Il lui semblait entendre la voix de son père qui lui racontait l’importance des astres pour un marin : il accréditait même cette légende voulant que les constellations soient formées d’énormes diamants tenus par des matelots tués à l’abordage. Pierre

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LaFlamme n’avait pas été poignardé par un pirate mais assassiné par Geoffroy de Saint- Arnaud; si l’armateur avait chargé son vais­seau autant en vivres qu’en marchandises, le tiers des marins à bord du Lion n’aurait pas péri du scorbut. L’armateur aurait eu bien des morts sur la conscience, s’il en avait eu une, mais il avait vendu son âme au diable aussitôt qu’il avait compris le sens du mot «marché». Et Marie n’était pas certaine que Satan ait fait une bonne affaire : Saint- Arnaud était si rusé !

Elle finirait pourtant par l’abattre. Elle se demandait seulement quel poison le tuerait le plus lentement.

L’épiaire des marais peut-être, pour commencer ? Elle le paralyserait quelques semaines. Ensuite... Marie s’arracha à la contemplation vertigineuse du ciel et tourna la tête vers la droite, où poussaient, quel­ques semaines plus tôt, les plantes médici­nales. Elle n’avait pas essayé de convaincre les religieuses de faire pousser de la bella­done, mais on y cultivait de l’ancolie pour soigner la teigne et la gale. Ignorait-on que cette plante était vénéneuse ?




Marie soupira : Geoffroy de Saint- Arnaud était bien loin de ses atteintes. A cette heure, il devait dormir paisiblement sous des couvertures brodées à ses initiales, dans un lit qu’une servante avait bassiné de briques chaudes, dans une chambre tiède du feu de l’âtre, dans une maison gardée par des domestiques, dans une ville où il détenait tous les pouvoirs, alors quelle pas­serait la nuit à veiller un blessé dans une pièce chauffée par un seul foyer où quatre fenêtres laissaient entrer le froid.

Avant de regagner l’hôpital, en regardant les tiges coupées ras, elle se félicita d’avoir insisté dès la fin de l’été pour qu’on sèche herbes et fleurs.

  • Les plantes fraîches sont souvent plus efficaces dans un traitement, attendons encore, s’était opposée une novice.

  • Pas de plantes du tout sera encore moins utile ! avait rétorqué Marie. On m’a assez répété qu’ici la terre gèle avant la Saint-Martin...

Sœur Sainte-Louise et mère Catherine avaient soutenu Marie, confiantes en son jugement pour tout ce qui concernait les

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soins à donner aux malades et l’apothicai- rerie; dès laube, on avait coupé ou déterré anis vert et coquelicot, marjolaine, mauve, lobélie et laurier, ail, oignon et racine du Saint-Esprit. Tiens, elle ferait avaler une décoction d’angélique à Guillaume dès qu’il s’éveillerait. Tandis quelle revenait vers les bâtiments, Marie sentait l’espoir renaître en elle. Elle avait eu un moment d’abattement, dû à la peur de voir mourir le coureur de bois, mais maintenant elle s’interrogeait plutôt sur l’agression dont il avait été vic­time. Elle avait défendu les Sauvages sans avoir aucun motif de le faire ; elle espérait que Guillaume lui donnerait raison quand il reprendrait connaissance. Marie ne croyait pas que les Indiens fussent exempts de cruauté, on lui avait énuméré maintes fois les tortures auxquelles avaient été soumis les prêtres missionnaires : langue, nez et oreilles coupés, collier de fer rougi, poix bouillante renversée sur le crâne et le sexe, pieds brûlés, ongles arrachés, membres tenaillés, écorchés, yeux crevés, mais elle n’aimait pas les accusations non fondées. Ni les commentaires de Paul Fouquet même

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si elle devait admettre qu elle ne faisait pas encore la différence entre une blessure à la hache et une blessure au tomahawk. Depuis son arrivée en Nouvelle-France, elle avait eu quelques cas de blessure par flèche, prove­nant de l’île d’Orléans surtout, où l’Iroquois guettait le colon isolé, et du Nord, quand les coureurs, après avoir porté leurs peaux au magasin général et bu une goutte au cabaret, lui montraient des plaies envenimées ou mal cicatrisées, mais Guillaume était son pre­mier patient à avoir le crâne fendu.

Avant de pousser la porte de la chapelle, elle regarda le cimetière des pauvres où plusieurs misérables avaient été enterrés et décida que Guillaume Laviolette ne serait pas jeté dans une des grandes fosses qu’on y creusait depuis deux ans. Elle avait l’air si ragaillardie quand elle vint relever sœur Sainte-Louise de sa veille que cette dernière songea un instant à sortir dans la nuit.

Marie s’informait du blessé tout en l’exa­minant quand un cri la fit frissonner d’hor­reur. Elle chercha le regard de sa compagne, mais celle-ci s’était fermé les yeux en se signant. Le cri se répéta. Marie allait

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délaisser son patient pour porter secours à celle qui vivait une extrême détresse quand sœur Sainte-Louise l’attrapa par le bras.

  • N’y allez pas.

  • Mais vous n’entendez pas ces hurle­ments ? J’y vais...

  • Non. C’est seulement une de nos sœurs qui fait de mauvais rêves.

Sœur Sainte-Louise expliqua qu’une des religieuses était très sensible au changement de saison et qu’à chaque nouveau cycle elle était la proie des cauchemars.

  • Tout rentrera dans l’ordre, ne vous inquiétez pas, dit fermement la religieuse en desserrant son étreinte.

Marie scruta le regard anxieux de sa collègue puis haussa les épaules; pour­quoi lui mentirait-on? Une sœur dormait mal, elle lui donnerait demain une potion calmante.

  • Qui est-ce ? Je lui prescrirai de la...

  • C’est inutile, fit sœur Sainte-Louise. Occupez-vous plutôt de cet homme pen­dant que je ferai le tour des lits.

Avant que Marie ait eu le temps de réagir, l’Hospitalière se penchait sur un malade,

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tirait un drap, passait un linge humide sur un front brûlant. Marie l’imita et entre­prit de nettoyer la barbe de Guillaume. Elle procéda d’abord doucement, puis plus énergiquement, espérant tirer le blessé de sa léthargie. Elle chercha ensuite le flacon d’eau-de-vie, puis une écuelle pour y verser une rasade. Toutes étaient maculées de sang. Marie regarda autour d’elle : les malades dormaient, Alphonse Rousseau ronflait déjà, brisé par les émotions, et Paul Fouquet était tourné sur le ventre. Personne ne la verrait tirer une des coupelles du petit sac de peau qui ne la quittait jamais ; pour­quoi se relever, se rendre jusqu’au fond de la pièce pour rincer une écuelle puis­qu’elle avait ce qu’il fallait sous la main ? Guy Chahinian ne lui en voudrait certes pas d’aider un malade à retrouver ses sens. Elle plongea résolument la main sous ses jupes et tira le petit sac d’où elle extirpa la coupelle d’argent et, la calant dans sa main gauche, elle y versa l’alcool. L’odeur puis­sante de l’eau-de-vie la fit tousser quand elle la respira ; ça ne ressemblait en rien au vin de Layon qu’elle avait appris à aimer chez

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Geoffroy de Saint-Arnaud. Curieuse, elle y trempa cependant les lèvres et conclut aus­sitôt, les larmes aux yeux, que l’alcool méri­tait qu’on l’appelle eau-de-feu. Elle colla la coupelle à la bouche de Guillaume et lui mouilla les lèvres. Le liquide coula dans la barbe mais Marie entendit la langue claquer et reversa aussi vite de l’eau-de-vie.

Guillaume toussa si fort qu’il renversa la coupelle. Tandis que Marie l’épongeait, elle voyait l’homme froncer les sourcils comme s’il se battait contre l’emprise des ombres, il agita les bras en tous sens, grogna, gémit, soupira puis ouvrit les yeux. Marie y lut la plus totale stupéfaction.

  • C’est moi, Marie LaFlamme. Vous m’avez vue avec Victor Le Morhier. Au port. Juste avant son départ et...

Elle se souvint à temps que sa mère répé­tait qu’il ne fallait pas fatiguer le malade en l’assaillant de multiples renseignements. Guillaume la dévisageait toujours avec sur­prise. Il tourna la tête vers la droite et, voyant la rangée de lits, il porta la main à sa tête, tâta la blessure, grimaça. Il réfléchit durant un moment avant de prononcer son nom.

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  • C’est bien votre nom ! se réjouit Marie.

  • Qu’est-ce qui m’est arrivé ?

  • On vous a attaqué, près de la fontaine Champlain.

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