M. SUPPLISSON - Non, vous devriez réfléchir à cela, elle n’a pas été implantée par une entreprise privée mais à une époque où le gouvernement japonais était en régie. C’est bien le gouvernement japonais qui l’a implantée là et non une entreprise privée. Vous devriez regarder un peu l’Histoire !
Tirer les conséquences de l’accident de FUKUSHIMA pour que la France abandonne son industrie nucléaire et que la région Centre abandonne ce poumon de son économie, ce serait suicidaire.
Merci.
(Applaudissements)
M. le Président - Merci, Monsieur SUPPLISSON.
Monsieur CHASSIER a la parole.
M. CHASSIER - J’interviendrai assez brièvement, puisque notre collègue Monsieur SUPPLISSON a exposé des points qu’il n’est pas utile que je reprenne.
Monsieur DELAVERGNE a rappelé au début de son intervention les engagements de François HOLLANDE. C’est bien François HOLLANDE qui avait pris des engagements et des objectifs en matière de sortie du nucléaire et non pas Marine LE PEN, qui avait peut-être évoqué une sortie du nucléaire mais assortie de conditions, en disant : « Je veux bien sortir du nucléaire, mais que l’on me donne la solution ! »
Le jour où l’on aura une solution, effectivement, on peut toujours y penser, mais nous n’en sommes pas encore là.
Nous sommes pragmatiques. Il faut bien considérer les réalités. D’ailleurs, le gouvernement actuel qui avait promis cette sortie partielle mais, du moins, plus rapide que prévu, est bien obligé de revenir sur les promesses qu’il avait faites en la matière.
Où en sommes-nous dans ce prolongement ?
J’ai eu peur parce que vous commencez dès la première ligne en parlant de « sources non confirmées officiellement ». J’espère que ce n’est pas une rumeur parce que, habituellement, c’est nous qui colportons les rumeurs !
(Rires) Ou du moins qui en sommes accusés, le plus souvent !
J’espère que les sources sont plus sérieuses.
Pour dire sérieusement, il est vrai que le prolongement de 10 ans du parc nucléaire est le constat d’une réalité.
Les centrales ont été conçues et prévues pour 30 ans, je dirais, par mesure de précaution. C’était la durée estimée de vie de ces centrales.
Vous parlez de certaines parties de réacteurs, comme les cuves et les enceintes. Par l’observation, des ingénieurs appartenant à une autorité indépendante suivent l’évolution de ces matériels. Pour ce qui est, par exemple, des cuves de réacteur, vous savez qu’à l’intérieur, lorsqu’on les met en service, des éprouvettes de métal sont prélevées selon un protocole régulier, etc., pour pouvoir attester du vieillissement. Il apparaît, et c’est l’avis des ingénieurs qui effectuent ces contrôles, que le vieillissement est moins rapide qu’on ne le craignait.
Après, ce n’est pas à nous ni au gouvernement de décider. Il y a une décision politique derrière, bien sûr, mais au départ, c’est à l’Autorité de sûreté de décider si la prolongation est possible ou non.
50 ans, certainement, mais vous savez que les ingénieurs parlent même de 60 ans. Cela veut dire que, dans 10 ans, vous devrez à nouveau présenter ce vœu. Je ne serai plus là pour répondre !
(Rires) Quant aux leçons de FUKUSHIMA, je crois que tout a été dit. On ne peut pas comparer des situations qui ne sont pas comparables. FUKUSHIMA est d’abord un très grave accident, un séisme suivi d’un tsunami qui a fait 30 000 morts dont on ne parle pas. Les morts du tsunami sont oubliés, on est dans la crainte, dans la peur de la suite, etc. Bien sûr que c’est préoccupant ! Bien sûr que les ingénieurs ont beaucoup de mal à maîtriser la situation, mais la question se pose de savoir s’il était prudent de construire une centrale dans une zone aussi exposée. C’est aux Japonais d’y répondre. Nous ne sommes quand même pas, en France, dans une telle situation.
L’accident a apporté des enseignements supplémentaires et a conduit à renforcer encore les sécurités. On n’est jamais à 100 % à l’abri d’un accident nucléaire.
(Intervention hors micro dans l’hémicycle – inaudible) Non, bien sûr, mais personne ne pourrait le dire ! Bien sûr ! Jusqu’ici, le nucléaire a tué beaucoup moins de personnes que le charbon, pour ne prendre que cet exemple. Si l’on additionne les mineurs morts dans les mines ou de la silicose, etc., le nucléaire est très loin d’avoir fait autant de morts que le charbon. Vous parliez du CO2 : si vous voulez en diminuer la production, le nucléaire est aussi une réponse.