Sommair e séance plénière du 17 octobre 2013 Page



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M. DELAVERGNE - De moins en moins.

M. SUPPLISSON - De moins en moins, c’est vrai parce que les énergies renouvelables ont un coût important ; j’y reviendrai.
(Brouhaha)
Le coût de l’électricité en France, le prix pour les ménages est inférieur de presque moitié à celui de l’Allemagne. Les Français ressentent un bénéfice. C’est un avantage industriel mais c’est aussi un avantage pour les Français et pour les entreprises.
A-t-on suffisamment d’avantages compétitifs, en termes de coût du travail et autres, pour détruire l’un des seuls que nous ayons encore, le coût de l’énergie ? Pourquoi des entreprises comme SAINT-GOBAIN, ARKEMA ou LAFARGE se sont-elles développées en France ? Parce que leurs produits intègrent 80 % de coûts d’énergie. Pour l’industrie chimique installée dans la vallée du Rhône ou pour l’industrie qui repose sur les électrolyses, le coût des produits repose à 90 % sur l’énergie.
À MONTARGIS, on a implanté le plus gros investissement industriel de la région Centre des cinq dernières années, qui s’appellent ICT ; c’est une papeterie. Le coût de l’énergie représente 60 % de celui du produit. RTE a installé une sous-station électrique de 90 000 volts.
Ces gens-là viennent s’implanter ici parce que nous avons un coût de l’énergie faible, et ce, du fait que nous avons le nucléaire.
Ce n’est donc pas simplement l’industrie nucléaire qui est en cause, c’est toute notre économie.
Ce choix nucléaire a été maintenu et n’est pas incompatible avec le développement des énergies renouvelables. Opposer le nucléaire au renouvelable, c’est une erreur.
Dans les énergies renouvelables, je mets de côté l’hydroélectricité qui représente 15 % de notre production d’électricité mais que l’on ne peut pas étendre indéfiniment, compte tenu de nos caractéristiques naturelles. Il y a peu de pays, comme la Norvège ou le Brésil, qui peuvent avoir 80 ou 90 % de leur électricité produite à partir de l’hydroélectricité. À part cela, c’est le photovoltaïque ou l’éolien, énergies qui ont une caractéristique intermittente, donc ce ne sont pas des énergies de base. Vous ne pouvez pas les appeler quand vous en avez besoin. Quand il se produit un pic de consommation d’énergie, comme tous les ans en plein hiver, en général à 20 heures, il fait très froid, donc il y a un anticyclone, il n’y a pas de vent et pas de soleil à cette heure-là, donc mobilisation du photovoltaïque, zéro, et mobilisation de l’éolien, zéro. Vous appelez alors votre puissance de base.
Je vais venir à l’Allemagne qui sort du nucléaire. C’est un exemple éclairant. Nous avons sous les yeux un pays qui a fait ce que vous proposez.
Je ne dis pas que ce que vous proposez est absurde. Je ne dis pas que les antinucléaires disent n’importe quoi. Je dis qu’il y a un choix. Celui du nucléaire est celui de la France depuis 50 ans. Il comporte des conséquences en termes de sûreté nucléaire, ce n’est pas un choix industriel comme un autre, je suis d’accord avec vous. C’est un choix qui a pour conséquence un niveau élevé de sûreté et une autorité indépendante qui, vous avez raison, est seule à même de déterminer de manière indépendante le niveau de sûreté suffisant et nécessaire à la prolongation des durées de vie.
Mais prenons l’Allemagne qui a fait le choix après FUKUSHIMA de fermer ses sept centrales. Par quoi va-t-elle remplacer la puissance nucléaire qui a été éteinte ? Pas par du photovoltaïque ni par de l’éolien, mais essentiellement par du gaz et un peu de charbon.
C’est la réalité de l’Allemagne. Les prix vont donc augmenter de façon importante.
C’est la vérité.
Si on veut aller jusqu’au bout de l’exemple allemand, il faut démontrer par quoi on remplace la puissance de base qui est celle du nucléaire.
Je ne suis pas du tout convaincu que, pour la France, ce soit le choix le plus efficace énergétiquement. Nous sommes tous convaincus de la nécessité première qui est celle de l’efficacité énergétique.
Donc, efficacité énergétique, oui ; isolation des bâtiments, oui ; moindre consommation, oui ; part excessive du chauffage électrique en France, oui, parce que la moitié de la pointe de consommation de toute l’Europe est en France à cause d’une part excessive du bâtiment en chauffage électrique. Actuellement, encore 70 % des logements neufs sont construits avec du chauffage électrique et ce n’est pas normal, vous avez raison. La pointe de consommation pose un problème pour la gestion des réseaux.
Il y a plusieurs points d’accord. Après, sortir du nucléaire serait une solution qui se tirerait une balle dans le pied. Elle conduirait à émettre énormément de gaz à effet de serre, à aller en sens inverse de la lutte contre le changement climatique. C’est une solution qui met à mal notre indépendance énergétique parce que nous n’avons ni charbon ni gaz et il faut aller les chercher. C’est une solution qui nous rend dépendants des pays étrangers et qui rend notre énergie beaucoup plus chère pour les ménages et pour les entreprises. C’est donc une solution nuisible pour notre économie.
Enfin, dans votre vœu, quelques points écrits sont assez croustillants. Vous dites qu’EDF fait cela parce qu’il s’agit de profits du fait de l’ouverture à la concurrence.
Je voudrais simplement vous rappeler que la loi qui a ouvert à la concurrence date du 10 février 2000, présentée par un gouvernement auquel appartenait Madame VOYNET qui a plaidé en faveur de cette ouverture à la concurrence, portée par son gouvernement.
Je voudrais ensuite vous rappeler qu’EDF, c’est encore à 85 % l’État et 2,5 % les salariés, donc la majorité des vilains profits d’EDF vont dans les caisses de l’État. On ne peut pas dire que cet argent va dans la main de « méchants spéculateurs ».
Je voudrais conclure en vous disant que vous avez raison, à mon sens, de prendre en compte le problème du nucléaire dans sa spécificité parce que, oui, ce n’est pas une industrie comme une autre. Donc, oui, nous avons besoin de garanties de sûreté élevées. Oui, la France a mis ses normes au plus haut niveau avec la troisième génération et avec le développement de technologies extrêmement sûres. Oui, elle a fait un audit de FUKUSHIMA qui va la conduire à en tirer toutes les conséquences, mais s’appuyer sur FUKUSHIMA, c’est-à-dire une centrale implantée sur la zone la plus sismique de la planète, qui bat le record de séismes, la zone la plus exposée aux tsunamis au niveau de la planète, implanter à cet endroit une centrale présente un risque extrêmement élevé. C’est ce risque qui s’est produit et les mesures de protection n’ont pas été suffisantes.


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