Conférence 1
Conférence plénière d'ouverture
Christian Forestier, Directeur général des enseignements supérieurs
Le séminaire qui nous réunit aujourd'hui au Palais des Congrès du Futuroscope de Poitiers marque un moment important dans l'évolution des établissements d'enseignement supérieur français. Il ne correspond certes pas au coup d'envoi du développement des technologies d'information et de communication dans l'enseignement supérieur.
Il convient en effet de rappeler que l'usage de l'Internet a été généralisé dans les établissements par la création du Réseau National de Télécommunications pour la Technologie, l'Enseignement et la Recherche (Rénater). Les chercheurs ont sans nul doute été les premiers à utiliser les nouvelles ressources offertes par le réseau dans leur activité professionnelle. Parallèlement, depuis une dizaine d'années, le multimédia a été introduit avec succès dans les pratiques pédagogiques, notamment dans les dispositifs d'autoformation.
En revanche, le séminaire qui nous réunit aujourd'hui à l'initiative de la Direction de l'Information Scientifique des Technologies Nouvelles et des Bibliothèques, rassemble pour la première fois l'ensemble des responsables de nos établissements autour des objectifs et des stratégies à mettre en place pour intégrer l'usage des technologies d'information et de communication dans l'enseignement supérieur.
Ces journées doivent nous permettre d'envisager cette question essentielle aux trois niveaux pertinents d'intervention que sont le niveau de l'établissement, le niveau de l'inter-établissement, et enfin le niveau national.
Première partie : niveau de l'établissement
Des projets d'établissements de plus en plus nombreux témoignent de l'émergence récente d'une politique globale d'intégration des technologies d'information et de communication dans l'enseignement supérieur. Nous pouvons le constater de plus en plus fréquemment au moment de l'élaboration des contrats quadriennaux des établissements. Pour mettre en place cette politique il est nécessaire d'y impliquer toutes les composantes de l'établissement en veillant à sensibiliser et former les personnels, à mettre en place des structures de développement et d'appui aux technologies nouvelles, à favoriser les politiques de production et de diffusion multimédia, et il faut enfin veiller à créer des dispositifs pédagogiques utilisant ces ressources tant en formation initiale qu'en formation continue.
En premier lieu, il faut rappeler que les actions de sensibilisation et de familiarisation aux technologies d'information et de communication sont aujourd'hui rendues possible grâce au raccordement de tous les établissements à Rénater. A court terme, tous les sites géographiquement dispersés doivent bénéficier de ce raccordement, en particulier les IUT isolés, les antennes universitaires et les IUFM. Si la situation des établissements face à la pénétration des nouvelles technologies reste encore assez hétérogène, tous sont concernés par des actions de formation à destination des personnels enseignants et techniques, et c'est particulièrement le cas dans les IUFM.
Dans un deuxième temps, nous pouvons souligner que les structures d'appui au développement des technologies dans les établissements sont souvent nombreuses, et qu'elles sont étroitement liées à la diversité géographique des lieux d'implantation des sites de l'établissement. A côté des bibliothèques et centres de documentation, on trouve les services audiovisuels, les centres de ressources en informatique, les centres d'autoformation... Je ne cite là que quelque exemples parmi d'autres. Un point essentiel est sans doute de mettre en réseau, de coordonner, voire même de réorganiser les activités de ces structures pour plus d'efficacité et de lisibilité.
Pour ce qui est de la politique de production multimédia, est-il nécessaire de rappeler qu'elle est au coeur même de la réflexion du Ministre qui souhaite favoriser de façon significative une industrie du multimédia éducatif en France. Les établissements d'enseignement supérieur ont ici un rôle essentiel à jouer.
Enfin, il convient d'insister sur le fait que ce sont les dispositifs pédagogiques à mettre en place qui sont l'élément clef d'une intégration réussie des technologies dans l'enseignement supérieur. Je ne développerai pas davantage ces quelques éléments de réflexion qui seront au coeur des travaux des ateliers de cet après-midi qui vous permettront d'approfondir la problématique de chacun de ces sujets et de témoigner des expérimentations en cours dans vos établissements.
Deuxième partie : niveau de l'inter-établissement
Tout en restant attaché à la politique contractuelle qui a constitué et continue de constituer sans aucun doute un levier pour la modernisation des établissements, il apparaît, notamment au travers de l'usage des technologies nouvelles, que l'inter-établissement constitue un niveau essentiel au développement de la recherche et des pratiques pédagogiques.
Dans le domaine de la production multimédia, par exemple, il est nécessaire, pour être crédible, de disposer d'infrastructures et de compétences multiples qu'on ne trouve pas toujours au sein d'un seul établissement. Les mutualisations sont sans doute encore plus nécessaires dès qu'on aborde le problème de la diffusion des produits. En tout état de cause, les coûts de développement font que les produits de qualité doivent avoir une diffusion large et qu'une politique inter-établissement est ici nécessaire.
La problématique est sans doute la même si on souhaite développer les usages pédagogiques des technologies nouvelles au delà d'expérimentations fragmentées et isolées. Des partenariats structurés doivent ainsi être mis en place à plusieurs niveaux : entre établissements, bien sûr, mais également avec le monde industriel. Ce n'est qu'à cette condition que la présence de l'enseignement supérieur français à l'international sera visible, cohérente et donc efficace.
De fait, les établissement se sont heureusement engagés dans cette voie depuis plusieurs années. Au travers de ses 34 stands, le forum des exposants, coordonné par le Groupement d'intérêt scientifique GEMME, illustre la richesse des collaborations déjà engagées pour créer des produits et dispositifs réellement innovants. Le guide du forum qui vous a été remis, et les démonstrations auxquelles vous pourrez assister au cours de ces deux journées en sont la preuve.
Troisième partie : niveau national
Aujourd'hui l'importance des enjeux est telle qu'on ne peut laisser aux seuls établissements la charge du développement des technologies éducatives. Les politiques publiques doivent relayer ces efforts et le Ministère s'engage résolument dans cette voie : la récente création d'une Direction de la Technologie en est le signe. Dans ce domaine, plusieurs chantiers peuvent être considérés comme prioritaires : l'accès des étudiants à l'Internet, l'enseignement sur mesure et à distance, la formation continue et la formation initiale des enseignants.
Le Ministre l'a encore récemment affirmé : le rôle de l'état est de garantir l'égalité de tous face aux nouveaux modes d'accès au savoir. Des mesures importantes ont déjà été annoncées pour l'enseignement scolaire. La politique générale en matière de technologies nouvelles sera d'ailleurs annoncée par le Ministre dès la semaine prochaine.
En ce qui concerne plus particulièrement la Direction Générale des Enseignements Supérieurs, nous considérons comme essentiel le champ de l'enseignement à distance. Nous partons d'un double constat : il n'existe pas, pour l'instant, de système global d'information concernant l'enseignement à distance et l'offre de formation ne couvre pas tous les secteurs disciplinaires. Avec la Direction de l'Information Scientifique, des Technologies Nouvelles et des Bibliothèques, nous avons donc décidé de mettre sur le serveur Internet du Ministère les informations concernant la totalité des formations diplômantes du supérieur accessibles à distance. Elles sont conduites par les universités regroupées au sein de la Fédération Interuniversitaire d'Enseignement à Distance , par le Centre National d'Enseignement à Distance et par le Conservatoire National des Arts et Métiers. Ce service d'information moderne permettra à chaque utilisateur de pouvoir sélectionner la formation de son choix. Il devrait également nous permettre de constater les manques et de solliciter les établissements pour les nouvelles formations à mettre en place.
Au delà de l'enseignement à distance, nous souhaitons également aider au développement de dispositifs souples de formation tel l'enseignement sur mesure. Il s'agit ici d'offrir aux étudiants de premier cycle la possibilité de diversifier leur itinéraire de formation en combinant des séquences d'enseignement en présentiel, à distance et en autoformation. La mise en place d'un tel dispositif suppose le développement de coopérations fortes et structurées entre les universités pour produire. C'est déjà le cas aujourd'hui, et des modules en sciences seront disponibles dès la rentrée 98. Des appels d'offres seront lancés par la suite pour permettre un cursus sur mesure complet et élargir à d'autres disciplines.
Enfin, le domaine de la formation continue est aussi un lieu privilégié pour l'intégration des technologies nouvelles. Elles permettent en particulier de maintenir la relation avec l'apprenant qui ne vient que peu fréquemment sur le lieu de formation. Elles facilitent en définitive la formation tout au long de la vie à laquelle nous sommes attachés. Des appels d'offres dans ce sens seront également lancés par notre Direction dans les semaines à venir.
Conclusion
Est-il nécessaire de rappeler ici l'importance que le Ministre accorde aux technologies d'information et de communication et la place légitime qu'elles doivent trouver dans l'appareil éducatif ? Le fait que vous ayez répondu si nombreux à notre invitation à participer à ce séminaire montre que ces préoccupations sont aussi les vôtres. Si, jusqu'à présent, la politique de modernisation du Ministère a surtout concerné la gestion et l'administration de nos établissements, elle avait , il est vrai, assez peu pris en compte les besoins liés aux modalités de formation et aux pratiques pédagogiques, c'est à dire le coeur même de la relation à l'étudiant. C'est chose faite aujourd'hui, et ce séminaire en témoigne.
Les technologies d'information et de communication sont un des outils qui permettront non seulement la modernisation de la fonction pédagogique, mais encore les relations des établissements avec leur environnement national et international.
En conclusion, je souhaite remercier les membres du Comité de pilotage qui permettent , avec notre Ministère, la tenue de ce séminaire et du forum qui l'accompagne. Je citerai :
· le Ministère des Affaires Etrangères,
· la Conférence des Présidents d'Universités,
· la Conférence des Grandes Ecoles,
· la Conférence des Directeurs d'Ecoles et Formations d'Ingénieurs,
· la Conférence des Directeurs des Instituts Universitaires de Formation des Maîtres,
· le Centre National d'Enseignement à Distance,
· le Groupement pour l'Enseignement sur Mesure Médiatisé.
Mes remerciements vont également au Conseil Général de la Vienne grâce auquel nous sommes réunis aujourd'hui dans ce Palais des Congrès, ainsi qu'aux nombreux intervenants français et étrangers qui guideront vos travaux.
Je vous souhaite, Mesdames et Messieurs, un agréable et fructueux séminaire de travail dont les conclusions ne manqueront pas d'éclairer la réflexion que nous menons actuellement à la Direction Générale des Enseignements Supérieurs.
Conférence 2
Conférence plénière de clôture
René Monory, Président du Sénat, Président du conseil général de la Vienne
Je suis très heureux d'accueillir aujourd'hui la France de l'intelligence et à laquelle se joignent même des étrangers. C'est un très grand honneur pour le Futuroscope, pour le département de la Vienne et pour moi-même. Parler devant des personnes comme vous est un peu difficile pour un homme politique.
Comme je suis un homme politique, je vais vous parler en homme politique. Ma principale démarche en ce moment est de faire partager aux citoyens français ce désir d'aller vers ces technologies nouvelles, vers cette mondialisation qui est irréversible. Je crois que c'est ce qui nous manque un peu, à nous les élus, de ne pas être suffisamment en phase avec les réalités. Dès qu'on se fait dépasser par cette évolution, il ne reste plus comme solution que de faire de la démagogie en collant à l'opinion publique. Alors, j'essaie de ne pas tomber dans ce travers, de tirer le char toujours un peu en avant avec des bonheurs divers. Je voyage d'ailleurs beaucoup pour mieux comprendre.
Vous m'avez dit hier qu'un recteur de l'université de Santa Barbara avait fait un très bon discours. J'étais au mois d'avril à Santa Barbara, je suis allé dans la Silicon Valley. J'ai appris beaucoup de choses là-bas. J'ai rencontré non pas les universitaires mais tous les grands patrons, d'Intel, de Microsoft, de Silicongraphic, etc. J'ai beaucoup parlé avec ces personnes qui ont confirmé ce que je pensais. Dans les dix prochaines années, le monde aura sans doute plus changé que dans les cent cinquante dernières. Je le répète - je l'ai déjà dit à mes amis de la Vienne - cela m'a beaucoup marqué. D'autre part, ils m'ont dit également : le monde de demain sera fait par les jeunes. Il faut donc les former, former encore et toujours former. Par ailleurs, je crois que, dans ce domaine, il faut être très vigilant parce que tout va très vite. On croit être à jour et d'un seul coup, on s'aperçoit qu'on est dépassé. Il faut prendre les jeunes très jeunes pour les former. Dans notre département de la Vienne - ce n'est pas du tout un exemple, c'est un essai que nous faisons - d'ici la fin de l'année, toutes les écoles maternelles, primaires et collèges seront sur Internet. En même temps, nous allons essayer d'éduquer les parents avec des centres de ressources, de façon à ce qu'il n'y ait pas de rupture entre les jeunes et les adultes. Ce n'est pas pour autant que nous réussirons complètement.
Ce qui me frappe beaucoup, c'est la mobilité qui est nécessaire, aussi bien pour les universitaires, les chercheurs, que pour les professeurs et les habitants. J'ai la chance, en ce moment, par le Futuroscope, d'avoir acquis une certaine image. Parmi les entreprises qui viennent, il y a en particulier Cégétel que tout le monde connaît en France, et qui s'implante ici. Je me rends compte à quel point il faut qu'on soit disponible sur le plan de la flexibilité et sur le plan de la mobilité de l'esprit pour satisfaire ces entreprises qui arrivent. Elles ont quelques exigences. Elles nous disent : il faut trouver tout de suite 300 jeunes. Je me rends compte à quel point on aura sans doute, avec cette mondialisation, cette évolution des technologies, des efforts d'imagination à faire et des efforts de flexibilité, aussi bien dans les universités que dans les collèges et les lycées. Il ne faut pas du tout qu'on pense aujourd'hui - et c'est bien le sens de ce que j'ai entendu depuis que je suis arrivé ici - qu'on forme pour nous. Ce sont les événements qui vont nous obliger à former pour les autres. C'est tout à fait différent. Dans le passé, on pouvait s'installer dans une société pour longtemps, avec de très bons professeurs, de très bonnes méthodes. Aujourd'hui, on s'aperçoit que le désir de la société nouvelle qui se met en place est un désir nouveau. Les conditions de formation vont donc venir de l'aval plus que de l'amont. Ce sera un nouveau défi à trouver. Il faut le relever, parce que j'ai la chance de travailler ici avec des universitaires, des chercheurs de très grande qualité : le président Tranoy, le recteur Moreau et tous ceux qui travaillent avec eux. C'est vraiment un plaisir pour moi d'être avec eux dans tous ces domaines.
Je dis d'ailleurs que, chaque fois qu'on crée un poste d'universitaire ou de chercheur, c'est un poste marchand car, au bout du compte, c'est de la richesse qu'on crée. La richesse est en aval de la création du poste. Chaque fois qu'on crée une structure de recherche ou d'enseignement supérieur, c'est une structure marchande qui va pouvoir se mettre en place. Dans ce département, nous avons fait 1,2 milliard d'investissements en une dizaine d'années pour l'université, la recherche. La collaboration avec les universitaires et les chercheurs a été exemplaire.
Je ne regarde pas qui paie ; l'important est d'avancer. Le département a mis beaucoup d'argent, la région aussi, l'État aussi. C'est le département, finalement, qui a été le plus gros payeur. Peu importe. L'important, c'est d'avoir avancé. Peu importe aussi si nous payons aujourd'hui dans le département toute l'infrastructure permettant l'accès à Internet. L'important, c'est de l'avoir. On ne saura plus qui l'a payé dans dix ou vingt ans mais si on ne le fait pas, on saura qui ne l'a pas fait. Je crois que c'est important. C'est pour cela que des colloques comme celui-ci sont tout à fait importants pour nous rappeler à l'ordre, pour nous faire des piqûres de rappel dont nous, les hommes politiques, avons bien besoin.
Je ne me force pas parce que cela me plaît beaucoup, mais j'organise mon temps en permanence pour aller voir ce qui se passe ailleurs. J'étais au Canada il n'y a pas très longtemps. C'est pourquoi j'étais tout à fait content d'entendre le recteur tout à l'heure. J'étais à l'université de Moncton. Cette université a un établissement à Chippagan, dans une ville jumelée avec la mienne. Dans cet établissement, j'ai trouvé des installations extraordinaires. Je me suis dit que j'avais l'impression d'aller vite mais qu'il fallait que j'aille encore beaucoup plus vite. C'est pour cela que tous ces contacts, toutes ces rencontres sont tout à fait nécessaires.
Je crois aussi que le Cned a été une grande chance pour nous. Je sais que Monsieur Dizambourg, que je voudrais remercier très sincèrement, a fait de gros efforts dans le passé pour rapprocher les universités et leur enseignement à distance avec le Cned. C'est important. Le Cned n'a pas encore aujourd'hui la possibilité de sanctionner la formation par des diplômes. Mais à partir du moment où vous travaillez avec les universités, un pas essentiel est accompli. C'est surtout cette ouverture sur l'extérieur que nous avons pu donner au Cned et au département.
Nous avons quinze accords internationaux aujourd'hui, avec des pays européens mais aussi avec des pays asiatiques, car partout où il se passe quelque chose, le département essaie d'être présent. Nous n'avons pas été déçus parce que les responsables de l'université et de la recherche ont toujours été présents pour aller voir dans ces pays comment cela se passait et conclure des accords. C'est cette mobilité de l'esprit que nous devons avoir. Il ne s'agit pas de refuser. Il ne s'agit pas de savoir si nous serons plus heureux après qu'hier avec ces technologies et ces formations nouvelles ; cela sera. On sera plus heureux si on s'adapte. Si on ne s'adapte pas, on ne sera pas heureux et cela se fera quand même malgré nous. C'est donc à nous de prendre les devants et de ne pas résister à tout cela.
Merci mille fois de m'avoir invité à apporter quelques réflexions d'un homme politique. Je crois beaucoup à tout ce que vous faites. Je suis un défenseur acharné de l'université. Peut-être parce que je ne l'ai pas beaucoup fréquentée dans ma jeunesse. Je la fréquente davantage maintenant. J'ai une grande chance en tant que président du Sénat et président du département d'avoir autour de moi des personnes de très grande qualité qui font un travail remarquable que je souligne aujourd'hui, et dont je les remercie publiquement.
Conférence 3
Conférence plénière de clôture
Bernard Dizambourg, Directeur de l'information scientifique, des technologies nouvelles et des bibliothèques
Avant de prononcer quelques mots de conclusion, de synthèse - il est toujours difficile de dégager les tendances de ce que nous avons dit et débattu pendant deux jours - je voudrais d'abord remercier le Président Monory de nous avoir accueillis ici pendant deux jours et de venir nous dire quelques mots dans cette conférence de clôture. Je voudrais d'autant plus le remercier que tout le monde sait très bien que le Président Monory, dans ses différents mandats à la fois nationaux et locaux, a toujours accordé une importance tout à fait particulière au développement des nouvelles technologies. Ce site en est l'illustration la plus forte. Il faut dire aussi que le Président Monory a toujours, depuis très longtemps, depuis sa fonction de Ministre, bien sûr, mais aussi depuis qu'il est Président du Sénat, accordé une importance particulière à ces questions. Je ne peux m'empêcher également d'évoquer mon passé à la conférence des Présidents d'université, à une époque où son influence restait à asseoir et où le soutien du Président Monory a été extrêmement important.
Je voudrais essayer de dégager quelques conclusions, quelques orientations de ce qu'ont été nos travaux pendant deux jours. Peut-être, pour ce faire, essayer de revenir en arrière sur ce qu'étaient les objectifs de préparation de ce colloque, ce que nous voulions faire à travers ce séminaire regroupant l'ensemble des universités. Nous nous donnions trois objectifs qui, bien sûr, se sont concrétisés dans ce travail de deux jours, mais ont mobilisé le travail d'un groupe de pilotage pendant pratiquement un an. Au-delà de ce colloque, je crois que le travail de ce groupe de pilotage est extrêmement important.
Premier objectif : il nous semblait important de montrer que, selon les nouvelles technologies, nous avions sans aucun doute nécessité d'accélérer l'investissement des universités mais qu'il était aussi important de reconnaître ce qui avait déjà été fait, ce qui était positif dans le travail des universités dans ce domaine. La fonction de ce forum était de reconnaître, de valider, de rendre visible ce qui a déjà été fait pour l'ensemble des collègues, en particulier pour bien reconnaître le travail fait par chacun. On a beaucoup dit que l'investissement dans ce domaine n'était pas toujours gratifiant. Il faut savoir que beaucoup de collègues ont su être des défricheurs dans ce domaine, qu'ils l'ont parfois fait aux marges de l'institution, que, progressivement, ils ont su faire prendre en compte cela par l'institution. Je crois qu'il était important que le forum ait cette fonction.
Le deuxième objectif était de marquer clairement que nous étions en train d'aborder une nouvelle étape. Et nous avons voulu faire que, dans ce colloque mais avant, dans la période de préparation, il y ait à la fois une prise de conscience, une affirmation du niveau politique des établissements, des présidents, des universités, des directions d'établissement, mais que cela puisse se faire en s'appuyant sur ce qu'avait été aussi le travail de l'ensemble des réseaux qui, depuis de très nombreuses années, quels qu'ils soient, travaillaient sur ce domaine. On a essayé d'ajouter sans retrancher ce qui avait été déjà été fait, de marier des expériences différentes, de faire qu'on sorte des petits conflits qui ont parfois existé dans certains domaines, faire qu'il y ait une dynamique collective qui fasse que chacun trouve son compte dans ce grand chantier de construction des nouvelles technologies dans le secteur universitaire. C'est un point qui me semble extrêmement important pour l'avenir. Le travail de tous les réseaux, de toutes les associations, de tous les opérateurs des trois conférences a été essentiel.
Le troisième objectif était de replacer cet enjeu des nouvelles technologies pas seulement dans un cadre français mais de donner un éclairage international, de montrer comment un certain nombre d'établissements abordaient ce problème à l'étranger, et enrichir notre vision par ce cadre international. Je crois pouvoir dire que l'ensemble des apports qui ont été ceux de nos collègues étrangers, qu'ils soient universitaires ou dans les institutions publiques, étaient d'une extrême qualité. On pourrait les applaudir car je crois que nous les avons tous appréciés.
Quelques enseignements pour l'avenir, pour que nous puissions aller plus loin et continuer à agir. Le Ministre souhaite annoncer prochainement un certain nombre d'orientations pour les nouvelles technologies. Il souhaite le faire sur l'enseignement scolaire mais aussi sur l'enseignement supérieur. Il a d'ailleurs dit récemment au Conseil économique et social combien il accordait de l'importance à cet aspect, combien il apportait aussi de l'importance à l'enseignement à distance. Je crois qu'il le dira prochainement de façon plus précise.
Au-delà de ces orientations, il est important que chaque niveau impulse une volonté très forte dans ce domaine. D'abord, bien sûr, les présidents et les directions d'établissements. Nous avons bien vu que, dans ce domaine, il fallait à la fois beaucoup d'ambition et beaucoup de pragmatisme - nos collègues étrangers nous ont d'ailleurs montré comment une démarche cohérente faisait bien l'équilibre entre ces deux pôles - combien il fallait se préoccuper à la fois du pédagogique mais aussi combien il fallait être capable d'accorder de l'importance à tout ce qui relève de la fonction support, conseil, maintenance et que tout cela est essentiel dans la réussite et le développement des nouvelles technologies, et combien il fallait savoir le faire au sein des établissements mais aussi en fonction de réseaux extérieurs aux établissements. Je crois qu'il y a beaucoup de difficultés pour aborder cela dans les établissements. Les présidents et les directeurs d'établissements, en particulier, savent cela et le président que je suis le sait parfaitement. Mais je crois que l'on peut dire quand même un certain nombre de choses.
J'ai tiré un enseignement d'un certain nombre d'interventions : sur ce domaine, il est probablement important que nous mettions les étudiants pas simplement en position de clients mais en position d'acteurs. Ils sont parfaitement familiers. Nous avons un problème qui est celui de l'intégration des étudiants dans le milieu universitaire. Pourquoi ne pas profiter de ce terrain, souvent valorisant pour nos étudiants, pour les placer en position extrêmement positive d'acteurs. Deuxième élément, il faut aussi dire que nous allons avoir et que nous avons déjà un renouvellement des collègues enseignants qui va être extrêmement important, profond, rapide. Nous allons beaucoup recruter cette année puisque nous avons beaucoup de postes. Mais il faut dire aussi que, dans le cadre des renouvellements de générations, beaucoup d'enseignants vont arriver. Et nous savons tous que ces enseignants sont beaucoup plus familiers que nous avec ces nouvelles technologies. Nous savons aussi que ces enseignants ont parfois du mal à s'investir dans des fonctions collectives au-delà de leur investissement pédagogique et surtout au-delà de leur investissement de recherche qu'ils perçoivent très fortement puisque, peut-être mieux que d'autres, ils ont complètement perçu les nécessités de la compétition internationale en matière de recherche. Faisons du secteur des nouvelles technologies un vecteur d'intégration de nos nouveaux enseignants. Nous y gagnerons beaucoup.
Enfin, je crois que l'on peut dire que les nouvelles technologies sont probablement une façon de tirer complètement parti de ce qu'est la richesse de la structure universitaire. On dit souvent que les universités sont une forme d'organisation peu hiérarchique, très éclatée où il est difficile de mettre de la volonté collective. Je crois que l'organisation des universités est beaucoup plus moderne qu'on ne le croit. Il y a de multiples réseaux dans une université. Nous sommes des réseaux avant l'heure et si nous savons nous appuyer sur les nouvelles technologies pour mettre de la cohérence dans nos réseaux tout en gardant ce qui fait la richesse de l'université : une organisation souple basée sur la responsabilisation, nous progresserons très fortement. C'est un vrai chantier de modernisation.
Deuxième niveau : non seulement des établissements mais aussi de l'inter-établissement. On a bien vu que, dans tous les pays, Québec, États-Unis, autres pays européens, ce niveau est essentiel, qu'il supposait à la fois l'investissement de l'État, mais qu'il supposait une mobilisation très forte des établissements à travers des structures associatives. Je voudrais dire à Bernard Saint Girons, mais je sais qu'il partage complètement ce point de vue, d'abord que nous avons beaucoup apprécié la mobilisation des présidents dans la préparation et l'animation de ce colloque, mais ensuite que nous avons bien vu combien, à travers les multiples chantiers que la CPU doit porter - chantier de développement institutionnel de la CPU, mise en cohérence des politiques, chantier de la modernisation de la gestion, etc. - le temps était mûr pour que, dans ce domaine, la conférence des présidents avec les autres conférences, puisse exercer un rôle d'animateur central. C'est un élément très fort qui restera de ce colloque.
Troisième élément, troisième niveau : l'action du ministère. C'est une action qui doit s'exercer de deux façons. D'abord, avec une impulsion forte au niveau des contrats d'établissements pour que ces contrats prennent en compte de façon de plus en plus nette cette mise en cohérence des développements en matière de nouvelles technologies. Christian Forestier, par sa présence, a bien marqué la volonté de faire des prochains contrats un élément essentiel sur ce terrain. Je voudrais dire aussi combien nous avons apprécié l'investissement des conseillers d'établissements qui, je suis sûr, auront à cur de faire que, aussi bien du côté des établissements que du côté de l'État, cette volonté soit maintenue dans la durée.
Deuxième niveau : l'État a sans doute des responsabilités particulières. Il a une responsabilité d'animation de l'inter-établissement, il a une responsabilité particulière dans le développement en matière de contenus. Nous avons bien vu combien il fallait qu'en matière de contenus un effort de circulation de l'information, de signalisation des produits développés, de circulation de ces produits, de labellisation était essentiel. Là, l'État a une responsabilité toute particulière. Dans les mois à venir, la mise en place de la nouvelle structure qui va insister très fortement sur cette orientation sera l'occasion de reprendre et de décliner ces différents aspects. C'est le deuxième niveau qui sera celui de l'intervention de l'État. Il aura bien sûr à intervenir sur d'autres points. Je ne reprendrai pas ce qu'a dit hier Christian Forestier, combien, en particulier sur l'aspect formation, et dans le domaine des IUFM, cet aspect sera ressenti comme essentiel.
Enfin, je crois, Monsieur le Président - et ce sera ma façon de conclure - vous qui êtes le Président du Sénat et qui êtes par-là même en phase institutionnellement avec l'ensemble des collectivités locales, je crois qu'il faut bien dire que, sur ce terrain, nous savons très bien que les collectivités locales jouent un rôle essentiel. Nous aurons, dans quelque temps, à discuter, à faire avancer de nouveaux contrats de plan État-régions. Nous aurons bien sûr à discuter sur des opérations telle que l'Université du IIIe millénaire, comme notre Ministre le dit. Mais au fond, quels que soient les vocables, tâchons de faire que l'État, les collectivités territoriales et les universités se rencontrent pour débattre de projets. Nous connaissons bien l'investissement des collectivités locales, par exemple dans l'aménagement des universités. Le bâti est un élément essentiel. Mais je ne doute pas que dans la prochaine vision de cette négociation, de cette discussion et de ces projets, le développement du virtuel, des réseaux, de la numérisation, de la présence par-là même de nos universités sur le plan national et sur le plan international sera l'un des points essentiels et que ce sera l'une des occasions de faire que, entre les universités et leur environnement, les choses se renforcent.
Enfin, avant de vous passer la parole, Monsieur le Président, je voudrais dire aussi qu'un colloque comme cela se prépare parce que beaucoup de gens se mobilisent. Je voudrais bien sûr remercier le recteur Moreau du Cned qui nous a complètement appuyés dans l'organisation de ce colloque. Au niveau du Cned, je voudrais aussi remercier Monsieur Jacquenod qui a eu une fonction essentielle, Mademoiselle Granet, Monsieur Rousseau, Martine Vidal, Monsieur Dromard. Je voudrais aussi, au niveau de l'association Gemme, remercier son président mais aussi celle qui a permis la réalisation du forum, Afsa Zaoui. Et je voudrais remercier l'ensemble de ma direction, en particulier les trois personnes qui ont passé beaucoup de temps sur la préparation de ce colloque : Laurent Petit, Juliette Raoul-Duval et bien sûr Bernard Moreau.
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