Submersions fertilisantes comprenant les travaux


part à la dérivation, son engagement, quant à ces ter-



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part à la dérivation, son engagement, quant à ces ter-
rains, serait, de droit, considéré comme non avenu.

Art. 5. — L’association devra construire et en-tretenir le canal principal, ainsi que les canaux se-
condaires et de distribution, d’intérêt collectif, de
manière à conduire l’eau jusqu’à la limite (d’amont)
de la propriété de chaque usager.

Le syndicat concessionnaire exigera, des entre-


preneurs, une garantie d’un an, après l’exécution des
travaux.

Art. 6. — L’usage des eaux dérivées ainsi que les
charges qui en résultent sont inhérents à l’immeu-
ble ; et en forment un accessoire, qui le suit en
quelques mains qu’il passe.

En conséquence, chaque souscripteur est engagé


envers l’association, pendant la durée de la conces-
sion ; pour lui, ses ayants droit et successeurs à raison
des obligations par lui contractées.

La redevance annuelle qu’il paye a pour but


d’éteindre les emprunts contractés, et d’assurer l’en-
tretien ainsi que l’administration du canal principal
et de ses dépendances ; en un mot le fonds lui-même
est engagé, et le propriétaire ne l’est qu’à raison de
la possession de ce fonds.

Les actes d’engagement sont enregistrés et trans-


crits au bureau des hypothèques, aussitôt après le
décret déclaratif de l’utilité publique de l’entreprise.

Art. 7. — Le prix de la redevance annuelle est
fixé à fr. par hectare, pendant ans, poul-

les propriétaires qui souscriraient avant que le décret


de concession ait été rendu, jusqu’à concurrence

d’une superficie totale de hectares. — Il sera

porté à fr. pour les propriétaires qui ne s’en-gageront qu’après la délivrance de l’acte de con-
cession.

Les premiers souscripteurs qui désireront, à dater


de cette époque, augmenter l’étendue des propriétés
à colmater seront soumis, pour toute la superficie dé-
passant celle de leur souscription primitive, aux
mêmes conditions que les propriétaires intervenus
seulement après l’accomplissement de cet acte.

Cette redevance ne courra, pour la totalité des


contenances engagées, que du jour où l’eau aura été
amenée, d’une manière utile, à la limite de chaque
propriété.

Elle sera exigible par douzième et par mois,


comme pour les contributions publiques (art. 25 de
la loi du 23 juin 1853), d’après un ou plusieurs
rôles approuvés par le préfet. — Les. frais de rédac-
tion et de perception de ces rôles seront ajoutés à la
taxe proprement dite.

Art. 8. — Le volume d’eau auquel aura droit
chaque propriétaire sera fixé, d’après l’acte d’abon-
nement, soit par l’écoulement continu, de tant de
livres par seconde, pendant la durée de la campa-
gne, soit d’après un volume total de tarit de mètres
cubes, à livrer par semaine et par hectare.

Ce volume sera considéré comme effectivemenl


livré lorsque l’eau aura atteint, à la sortie des ouvra-
ges régulateurs de la prise, la hauteur déterminée par
le cahier des charges; le lit du canal étant d’ailleurs
convenablement curé et exempt de tous encombre-
ments. Il ne sera pas admis d’autre mode de vérifi-cation. Les pertes par évaporation, infiltration ou
accidents, seront supportées par l’ensemble des
usagers.

Art. 9. — Dans les cas de pénurie, c’est-à-dire
lorsque la quantité d’eau disponible ne permettrait
pas d’introduire dans le canal le volume normal
nécessaire à la satisfaction de tous les besoins, il
serait fait, entre les usagers, une réduction propor-
tionnelle, sans que pour cela le montant de la taxe
pût être diminué.

Toutefois si certains terrains, privilégiés par leur


situation, ne souffraient pas de la pénurie, il serait
fait par l’arbitrage du syndicat, une réduction pro-
portionnelle, pour les parties en souffrance et une
augmentation pour les terrains dont le service aurait
été complet.

Art. 10. — Par le fait même de son adhésion au pré-
sent acte, chaque souscripteur donne dès aujourd’hui
au syndicat dontil est parlé àl’article... lemandatde
remplir toutes les formalités et toutes les obligations
nécessaires pour contracter, auprès du Crédit foncier
de France, les emprunts dont le service, intérêt,
commission et amortissement compris, n’exigera pas
une somme supérieure au montant des annuités
ci-dessus fixées.

Art. 11. — Dès que le prix des travaux aura été
remboursé, les bénéfices que le syndicat pourra re-
tirer de l’exploitation seront répartis au profit des
propriétaires associés.

Art. 12. — Chaque souscripteur s’engage à con-céder à l’amiable, mais moyennant indemnité, la
servitude de passage sur son fonds, pour l’établisse-
ment des rigoles de distribution. En cas de désaccord
pour la fixation amiable de ladite indemnité, il con-
sent à ce qu’elle soit réglée par le juge de paix de la
localité, statuant en dernier ressort, comme arbitre
amiable compositeur.

Art. 13. — Sont à la charge individuelle des sous-
cripteurs la construction et l’entretien des rigoles
ou canaux particuliers, servant à l’usage exclusif de
leur propriété.

I1 en est de môme de tous les ouvrages destinés à


assurer les manœuvres d’eau, relatives au colmatage
ou au limonage, tels que turcies ou digues d’en-
caissement, ponts, déversoirs, radiers, pertuis, dë-
chargeoirs, etc.

Art. 14. — Sont à la charge collective des usa-
gers, chacun proportionnellement aux contenances
qu’il aura engagées, et à partir du jour où la ré-
ception des travaux aura été approuvée par M. le
ministre :

1° L’entretien et l’alimentation de la prise d’eau


commune.

2° L’entretien des canaux d’intérêt collectif, et


celui des ouvrages qui en dépendent.

3° La conduite et la distribution des eaux sur


l’ensemble du territoire à améliorer, ainsi que les
dépenses d’administration; les frais de recouvrement,
et en général toutes dépenses d’intérêt commun.

4° La construction et l’entretien des colateursgénéraux, destinés à l’évacuation des eaux après le


colmatage, ainsi que les dommages qui pourraient
être causés aux propriétaires riverains, par lesdites
eaux, soit par corrosions, soit par stagnation.

Art. 15. — Afin d’assurer l’exécution et l’en-
tretien du canal projeté, les souscripteurs s’enga-
gent à former entre eux, une association syn-
dicale, conformément aux dispositions de la loi du
21 juin -1865. Ils donnent pouvoir au syndicat, con-
stitué administrativement, de pourvoir à toutes les
mesures nécessaires, pour assurer le but de l’entre-
prise, se soumettant d’ailleurs au règlement d’ad-
ministration publique, qui sera rendu à cet égard
par le gouvernement. — Ils s’engagent, en outre, à
se conformer à toutes les conditions qui seront spé-
cifiées dans le décret de concession, mais en tant
qu’elles ne dérogeront pas aux stipulations qui pré-
cèdent.

Art. 16. — Le syndicat aura seul le droit défaire
nommer les gardes, ou aygadiers, chargés de veiller
à la distribution des eaux. Il est interdit aux pro-
priétaires intéressés de s’immiscér dans cette partie
du service.

Art. 17. —Chaque souscripteur serait dégagé
des obligations par lui contractées si, dans un délai

de , à dater du jour de la souscription, l’eau

n’était pas conduite à la limite de sa propriété et
mise à sa disposition, aux conditions ci-dessus dé-
terminées.

Art. 18. — La mise en possession des eaux au

profit de l’ensemble des propriétaires associés aura


lieu aussitôt après l’approbation du procès-verbal de
réception définitive des travaux, par S. Exc. M. le
ministre de l’agriculture du commerce et des tra-
vaux publics.

C’est à ces clauses et conditions, formant le cahier


des charges de l’entreprise, que se rattachent les
actes particuliers d’engagement, à signer, en vue
d’une étendue déterminée de terrain, par chacun
des propriétaires qui désirent participer à la distri-
bution des eaux.

Les termes de ces engagements restent d’ailleurs


à peu près les mêmes, que la concession soit accor-
dée, soit à un syndicat de propriétaires associés, soit
à une compagnie, sauf la suppression, dans ce der-
nier cas, des clauses relatives à l’organisation du
syndicat et à ses fonctions.

V. — Entreprises privées.



Formalites. — Les entreprises particulières de
colmatage, limonage, ou irrigations d’hiver, pouvant
être, dansleur ensemble, d’une très-grande influence
sur l’accroissement de la richesse publique, on ne
saurait trop les encourager, ou tout au moins en
faciliter l’exercice.

Ces entreprises auront lieu généralement sur des


cours d’eau non dépendant du domaine public, dont
les propriétaires riverains, ayant leurs héritages tra-
versés ou bordés par ces cours d’eau, sont les usa-

gers légaux; sauf le pouvoir réglementaire de l’ad-


ministration auquel ils sont toujours soumis.

Quand la prise, l'emploi et la restitution des eaux


à leur cours ordinaire peuvent avoir lieu sur l’éten-
due d’une seule propriété, la question présente rare-
ment des difficultés. En effet, en matière d’irrigation
d’été, les oppositions aux nouvelles entreprises pro-
viennent, presque toutes, de la rareté ou de l’insuffi-
sance des eaux qui sont surtout recherchées dans la
saison d’étiage. Alors il y a conflit permanent entre
toute nouvelle dérivation projetée et les usines, ou
les irrigations, antérieurement établies. Delàlarégle-
mentation par jours et heures, et en un mot, la li-
mitation rigoureuse, imposée par la nature même des
choses à toutes les prises d’eau pour irrigation d’été.

Dans le cas actuel, cette difficulté principale


n’existe plus. Les eaux, dans la saison d’hiver, étant
principalement nuisibles par leur trop grande abon-
dance, c’est incontestablement un service à rendre
que d’y établir des dérivations, dans le but d’utiliser
au profit de l’agriculture les limons fertiles, ou les
sels minéraux qu’elles renferment.

Par conséquent, dans le cas particulier que nous


examinons, le propriétaire qui peut n’opérer que sur
son propre héritage, ou, ce qui revient au même,
deux propriétaires voisins, s’étant mis d’accord à cet
effet, pourront généralement effectuer, sans nulle en-
trave les dérivations dont il s’agit. A la condition,
bien entendu, de se restreindre essentiellement à la
saison des six mois d’hiver, durant laquelle l’irriga-tion proprement dite ne fonctionne pas, et où géné-
ralement les prises ont toute l’eau qui leur est né-
cessaire.

Il est néanmoins certaines contrées, et notamment


toutes celles situées au pied des montagnes, d’une
certaine altitude, dont les cours d’eau subissent,
dans le moment des grands froids, de telles réduc-
tions de volume que cela équivaut à un deuxième
étiage; et alors il est hors de doute que leur dériva-
tion doit être, dans ce cas, soumise aux mêmes res-
trictions. Mais comme les eaux sont alors bien moins
propres à la destination qui nous occupe, la cam-
pagne de colmatage ne se calcule jamais que sur en-
viron cent cinquante jours, au plus; c’est-à-dire sur
les cinq sixièmes de la durée totale des six mois
pendant lesquels l’irrigation proprement dite ne
fonctionne pas.

Et d’ailleurs cette période est suffisante pour obte-


nir, à superficie égale, par le procédé dont il s’agit,
des plus-values au moins équivalentes à celle que
peut donner l’irrigation d’été.

Au point de vue administratif, on voit donc que


les prises d’eau de colmatage, bien qu’effectuées dans
une saison où les eaux sont généralement surabon-
dantes, et lors même que tout se passerait dans
l’étendue d’un seul domaine, ne peuvent se faire
sans règlement préalable; et d’autant plus qu’elles
réclameront, presque toujours, l’établissement d’un
barrage.

Dès lors les formalités à remplir pour arriver àl’autorisation des prises d’eau de cette espèce sont


finalement, à peu de chose près, les mêmes que s’il
s’agissait de l’établissement d’une prise, ou d’un
barrage d’irrigation. En un mot, il faut un règle-
ment d’eau, à obtenir par arrêté préfectoral, sur le
rapport des ingénieurs.

Le propriétaire qui désire effectuer une prise


d’eau, pour colmatage, limonage ou irrigation
d’hiver, doit adresser sa demande au préfet du dé-
partement, en invoquant d’une manière précise les
bases de l’opération projetée ; c’est-à-dire le point
où il se propose d’établir la dérivation, le volume à
employer, soit comme écoulement continu, de tant
de litres par seconde, soit comme cube total, sur
une étendue donnée; enfin il doit fournir tous les
détails nécessaires pour préciser parfaitement la na-
ture de l’amélioration qu’il se propose d’effectuer.

Il doit indiquer, notamment, comment les eaux


d’écoulement ou de colature seront rendues à leur
cours ordinaire, après avoir déposé leurs principes
fertilisants, sur le terrain à améliorer; suivant quelles
périodes, et en quelle quantité les écoulements au-
ront lieu. En un mot, c’est au propriétaire lui-
même à préciser sur tous les points sa demande,
de telle sorte qu’elle se trouve bien définie, que les
ingénieurs chargés de l’instruction ne soient pas
obligés de suppléer à son silence ; et surtout pour
que la décision à intervenir ne soit pas en désaccord
avec les termes de ladite demande.

I1 nous semble inutile d’entrer dans plus de dé-

tails à cet égard, puisqu’il suffit de rappeler que les
formalités à suivre en pareil cas, sont les mêmes que
celles actuellement observées, dans l’instruction des
règlements d’eau en général, soit pour usines, soit
pour irrigations d’été; telles qu’elles sont indiquées
notamment dans une instruction ministérielle du
19 thermidor an VI et par une circulaire du direc-
teur général, du 16 novembre 1834.

Lois ds 29 avril 1845 et 1O juin 1854.

Ces lois, dont la première est relative au droit d'ac-


queduc,
en général, et dont la seconde concerne spé-
cialement la faculté d’écouler, à travers les terrains
privés, les eaux qui restaient stagnantes, ont été
rendues principalement dans le but de favoriser
l’extension des irrigations ordinaires, ou d’été.

Mais comme elles ne tiennent pas compte des cir-


constances relatives ni au genre d’arrosage ni à la
saison dans laquelle il s’exerce, il paraît hors de
doute que lesdites lois, ouvrent de grandes facilités
pour l’ouverture des canaux secondaires, fossés et
rigoles d’écoulement, s’appliquent également dans le
cas des dérivations agricoles, ne devant fonctionner
qu’en hiver, et ayant pour but le colmatage ou le li-
monage des terrains, alors dépouillés de leurs ré-
coltes.

Rien ne motiverait donc les restrictions qui pour-


raient être apportées à l’application desdites lois in-
terprétées dans leur acception la plus large.

CHAPITRE VII.

PREMIÈRE APPLICATION DU COLMATAGE EN TOSCANE AU MILIEU
DU XVl' SIÈCLE.— DESSÈCHEMENT DU VAL DE CHIANA.

État ancien.



Historique (1). —La plus ancienne, la plus con-
nue, on peut même dire la plus célèbre des opéra-
tion des colmatage, exécutées en Italie est celle du
Val de Chiana. — Cela tient à plusieurs causes;
d’abord à la situation exceptionnelle, ou anormale,
d’une vallée transversale, servant de jonction à deux
vallées principales et pouvant, sous l’influence de cir-
constances accidentelles, verser ses eaux dans l’une
ou dans l’autre; puis à la situation de ces deux val-
lées principales (celles de l'Arno et du Tibre) exis-
tant dans deux états différents, dont chacun avait à
redouter l’accroissement des dommages causés par
les inondations.

La troisième cause qui a contribué à attirer vive-


ment l’attention publique sur l’entreprise dont il
s’agit, doit être attribuée à ce que les hommes les
plus illustres, comme historiens, ingénieurs ou
hommes d’Etat, depuis l’antiquité jusqu’à nos jours

ont pris part aux graves discussions relatives à cet


objet et ont consacré leurs efforts à amener la cessa-
tion des dommages publics, résultant de la situation
exceptionnelle dont il s’agit ; notamment à partir
de l’époque à laquelle la vallée étant devenue un
marais pestilentiel, son assainissement était regardé
comme une entreprise du plus haut intérêt.

Alors qu’il ne s’agissait, vers le commencement


de notre ère, que de la question des inondations,
par suite de la transmission incertaine des eaux du
Val de Chiana, soit vers l’Arno, soit vers le Tibre, le
sénat romain s’en préoccupait déjà, et prit à ce sujet
plusieurs délibérations.

Au moyen âge, quand, par suite du dépôt irrégu-


lier des atterrissements, produits par les nombreux
affluents de cette vallée, elle se trouva couverte de
marécages, son insalubrité était telle que les éma-
nations qui s’en exhalaient portaient la mort et la
dépopulation dans tout le pays environnant.

Au commencement du xive siècle, le plus illustre


des poètes de cette époque consacrait à ce triste sujet
de saisissantes images (1).

A partir du milieu du xvie siècle, les grands-ducs


de Toscane, dont le territoire était particulièrement
intéressé à cet assainissement, employèrent toutes

Le Dante, né à Florence en 1265, n’écrivit son poème de la Divine
comédie
qu’à la fin de sa vie, dans les premières années du xiv" siècle.—
Il parle à plusieurs reprises (dans les chants de l’Enfer} de la désolation
de cette contrée.

les ressources dont ils pouvaient disposer pour arri-


ver à la réalisation de cette grande entreprise. —
Naturellement, ils commencèrent par appeler à leur
aide le concours des hommes les plus éclairés de
cette époque.

C’est alors que l’on vit des savants de premier or-


dre, tels que Galilée, Torricelli, Cassini, Viviani et
d’autres illustres ingénieurs, ou mathématiciens, ap-
porter avec empressement le tribut de leurs lumières,
pour concourir à la solution de ce problème, qui se
présentait hérissé des plus grandes difficultés.

A diverses époques, ces hommes éminents inter-


vinrent dans les conférences, qui étaient ordonnées
de concert entre le grand-duché de Toscane et les
États pontificaux, pour tâcher d’arriver à l’adoption
des mesures nécessaires au rétablissement de la sa-
lubrité dans cette vallée.

Enfin, les autres motifs qui ont contribué égale-


ment à donner une grande publicité aux travaux de
dessèchement du Valde Chiana doivent être attribués
à ce que c’était la première application générale des
travaux de colmatage, et qu’elle a été couronnée
d’un plein succès.

Nous allons donner très-succinctement quelques


détails sur la situation ancienne de cette vallée, sui-
tes travaux qui y ont été entrepris, à des époques
très-éloignées l’une de l’autre et enfin, sur tes résul-
tats obtenus.

Dès tes temps tes plus réculés, notamment dans


le dernier siècle avant l’ère chrétienne, la situation

anormale du cours de la Chiana était un sujet d’in-


quiétude pour les populations voisines.

Appien-Alexandrin, historien grec, qui vécut à


Rome sous les règnes de Trajan et d’Adrien et y
composa son ouvrage sur l’histoire, décrit la bataille
qui fut livrée, l’an 92 avant J.-C., sur les bords de
cette rivière, entre Sylla, alors préteur romain, contre
C.-P. Corbo, qui suivait le parti de Marius, son rival
dans les guerres civiles de cette époque.

Environ un siècle et demi plus tard, Tacite, qu1 2


vivait sous Vespasien, vers l’an 79 de J.-C., rend
compte des graves discussions qui s’engagèrent, à
plusieurs reprises, dans le sénat romain, sur la
question de savoir comment on pourrait obvier aux
désastres causés périodiquement par les déborde-
ments du Tibre, notamment en détournant les
eaux de la Chiana (1) pour les forcer à se déverser
dans l’Arno (2).

Strabon qui, après avoir séjourné longtemps à


Rome, écrivit son grand traité de géographie vers le
commencement de notre ère, et mourut sous le règne
de Tibère, en parle dans les mêmes termes (3).

Le sénateur comte Mengotti, qui a publié en


1810, en deux vol. in-4°, un très-savant ouvrage,
dans lequel les données scientifiques sont accompa-
gnées d’aperçus présentés dans un style élégant qui

ne nuit en rien à leur précision, ne manque pas de


traiter aussi le même sujet.

« La Chiana, placée entre l’Arno et le Tibre, et


refoulée successivement par les populations voisi-
nes qui élevaient digues sur digues, barrages contre
barrages, était devenue au xiiie siècle, un cours d’eau
désordonné ; repoussée par tout le monde, comme un
être sans patrie, sans foyers et sans dieux tutélaires,
obligée d’erreur au hasard, cette rivière répandait
çà et là ses eaux, devenues stagnantes; de sorte que
cette vallée, jadis si florissante, se trouva bientôt
convertie en un marais infect, dont les exhalaisons
étaient, en quelque sorte, passées en proverbe, pour
désigner ce qu’il y a de plus pestilentiel (1). »

Les atterrissements déposés irrégulièrement dans


cette vallée, à faible pente, par les nombreux affluents
torrentiels qui y débouchent, à droite et à gauche,
tant sur la Toscane que sur l’État romain, y produi-
saient de véritables points de partage ; par l’effet
desquels une partie plus ou moins considérable du
volume des eaux se dirigeait, soit dans la direction du
nord, versl’Arno; soitau midi, dans la vallée du Tibre.

Les crues de ces affluents étant aussi subites que
violentes, les villes de Florence et de Rome se trou-
vaient alternativement exposées à éprouver de graves
dommages. Telle est la cause de l’antagonisme per-
sévérant qui, pendant bien des siècles, a existé entre
les populations, comme entre les gouvernements, de

ces deux pays, au sujet des mesures à adopter pour


arriver à la régularisation du cours de la Chiana.

Situation géographique et hydrographique.

— Le Val de Chiana, situé partie en Toscane, partie


dans l’État romain, constitue une longue vallée, allant
du nord au sud, située entre le 42e et le 44e degrés
de longitude. Cette vallée étant à très-faible pente, se
trouve dans une situation exceptionnelle en ce qu’elle
forme comme une jonction naturelle entre la vallée
de l'Arno, au nord, et celle du Tibre, au sud. Elle
communique à cette dernière par la rivière de la
Paglia, dans laquelle elle vient déboucher aux envi-
rons d’Orvieto. (Voir la carte générale, pl. 1.)

La Chiana, qui parcourt cette vallée dans toute sa


longueur, en ayant son origine un peu au nord
d’Arezzo, paraît avoir autrefois déversé toutes ses
eaux dans la direction du sud, c’est-à-dire dans le
Tibre, qui prend lui-même sa source dans les Apen-
nins, mais à une assez grande distance au nord
d’Arezzo ; c’est-à-dire qu’elle devenait un affluent
secondaire de ce fleuve, après avoir coulé parallèle-
ment avec lui dans toute la longueur de la vallée
susdite, jusqu’au confluent de la Paglia.

Les faibles pentes de la Chiana et la nature émi-


nemment. torrentielle des nombreux affluents qui
descendent des collines existant sur ses rives ont
contribué à caractériser la situation toute particu-
lière de cette rivière.

La plaine de ce nom, resserrée entre deux chaînes

de montagnes qui s’étendent du nord au sud, dans
une direction à peu près parallèle, peut verser ses
eaux au nord directement dans l’Arno, et au sud
dans la Paglia, affluent du Tibre. — Sa longueur est
d’environ 92 kilomètres, et sa largeur varie de
3.300 mètres à 5.000 mètres. —Dans les parties
les plus évasées, les derniers contre-forts des deux
chaînes latérales se prolongent notablement ; mais
ils présentent des pentes douces, qui lui donnent le
caractère de simples collines.

C’est sur ces éminences, dont le sol est couvert de


vignes, de plantations etde jardins, qu’existe la popu-
lation actuelle. On y trouve de très-nombreux ves-
tiges d’anciennes constructions prouvant que, dans
les temps les plus reculés, cette contrée a été autre-
fois florissante et peuplée.

Sur ces collines on voit un grand nombre de


villes et bourgades, dont les principales sont :
Arezzo, Cortona, Monte-Pulciano, Chiurj, Casti-
glioni, Monte San Savino, Fojano, Luciguano, Rapo-
lano, Scrotiano, Torri ta, Farnetella, Monte-Fallo-
nico, Rigo, Magno-Modanella, Poggio, San Cecilia
Rettole , Amorosa, Guardavalle , Cigliano , Va-
gliano, etc.

Des deux versants de ces chaînes de montagnes


descendent des torrents qui, à certaines époques de
l’année, versent dans la vallée des volumes d’eau
très-considérables, habituellement chargés de gra-
viers et de matières limoneuses. On peut citer prin-
cipalement, en aval d’Arezzo : les torrents de Castro,

du bas Vingnone, de Lota, de Sella, de l’Olmo, de


Mugliano, de Puliciano, de Fontiano, de la Viola,
de Vitiano, de Cozzana, de Celone, etc.

Ces affluents ont ici un très-grand intérêt. En


effet, étant presque tous à régime torrentiel et char-
riant dans leurs crues de très-grandes quantités de
limon terreux, ils obstruaient irrégulièrement le
fond de la vallée dont les pentes, surtout dans la di-
rection du nord, sont extrêmement faibles, ainsi que
cela vient d’être dit.

C’est donc à cette situation particulière des lieux,


mais surtout au grand nombre des affluents produi-
sant habituellement des eaux troubles, qu’on doit
attribuer les diverses perturbations qu’a éprouvées
cette vallée, rendue célèbre d’abord par les longues
discussions qui en ont été la conséquence, mais
plus tard par la réussite des beaux travaux de
colmatage qui ont été pour la première fois exé-
cutés dans ce pays, sur une grande échelle; et qui,
après diverses vicissitudes, ont fini par aboutir à un
succès complet.

La facilité avec laquelle la Chiana pouvait in-


tervertir une partie de son cours, soit vers l’Arno,
soit vers le Tibre, a donné lieu non-seulement aux
graves discussions dont il a été parlé, mais à de sa-
vantes dissertations, ayant pour objet de rechercher
les causes de cette situation anormale. L’opinion de
Fossombroni, partagée d’ailleurs par celle d’autres
hydrauliciens, était que la cause ayant déterminé
la Chiana à diriger vers le Tibre la presque totalité

de ses eaux, ne pouvait être attribuée qu’à l’invasion


accidentelle d’un grand volume d’eau supplémen-
taire, qui aurait entraîné tout le courant dans la di-
rection du sud ; et en effet, cette opinion se trouve-
rait justifiée par des passages de Strabonet de Tacite,
établissant qu’autrefois l’Arno avait fait irruption
dans la plaine d’Arezzo, en se bifurquant en cet en-
droit.

En un mot, il résulte des témoignages concor-


dants des plus anciens historiens, ougéographes, que,
dans l’antiquité, la presque totalité des eaux de la
Chiana se déversait dans le Tibre. Et cela tout en
conservant son origine près d’Arezzo, sans que d’ail-
leurs on signalât l’existence d’aucun marais dans
cette plaine.

La vallée dont il s’agit, envisagée depuis le bourg


de Chiani, près le barrage des Moines, où elle se
réunit à la plaine d’Arezzo, a une pente constamment
descendante vers Pigli et Castiglione, c’est-à-dire
en sens contraire de celle du canal principal qui
opère aujourd’hui l’écoulement de ses eaux. D’où
l’on peut déjà conclure que cette plaine n’a pas été
formée par les alluvions d’une rivière se dirigeant,
comme aujourd’hui, vers l’Arno, mais coulant, au
contraire, dans un sens opposé, c’est-à-dire de
Chiani vers Castiglione; où, après être entrée dans
les lacs de Monte-Pulciano et de Chiari, elle en sor-
tait pour former un affluent secondaire du Tibre.

Le produit des nombreux cours d’eau qui descen-


dent, des deux côtés de la vallée, dans la partie com-

prise entre Arezzo et Monte-Pulciano, devaient trou-


ver un écoulement, soit vers le Tibre, soit vers l'Arno;
ou bien former sur toute cette étendue une vaste la-
gune qui eût bientôt donné naissance à des marais.
— Mais cette explication se trouve détruite, tant par
la situation des lieux, entièrement différente de celle
qui aurait pu convenir au fond d’un lac, que par le
témoignage de tous les auteurs anciens qui, jusqu’au
commencement de notre ère, ne signalent en au-
cune manière l’existence d’un état marécageux de
laplaine située entre Arezzo et Monte-Pulciano.

Plus tard, les choses ont changé, soit par des tra-


vaux de main d’homme, soit par l’effet des atterris-
sements, que produisent en grande abondance les
nombreux cours d’eau torrentiels affluents de la
Chiana. Car, lors d’une visite générale de cette vallée
faite en 1551, par ordre des autorités supérieures, de
Florence, il fut constaté : qu’à partir de Broglio, l’eau
de la Chiana prenait son cours vers le Tibre ; que de
là à Pigli elle restait stagnante ; mais que de ce der-
nier point elle se déversait dans l’Arno.

Par conséquent, à ladite époque, le canal primitif


venant déboucher dans TArno avait déjà remonté
son origine, en amont d’Arezzo, en s’allongeant ainsi
de 8 à 10 kilomètres, dans cette meme direction.

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