Conceptualisation et éclaircissement sur les publics concernés


Un secteur négligé en FLE : la formation à visée insertion et intégration



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Un secteur négligé en FLE : la formation à visée insertion et intégration


La formation des migrants a été envisagée ces vingt dernières années, au sein d’un vaste domaine : la formation des publics de faible niveau de scolarisation et de qualification. Le public concerné est à la fois français et immigré. La notion de programme d’alphabétisation tend à s’estomper : on parle de « formation de base ». Le regroupement de personnes dans des actions de « réapprentissage des connaissances de base ou savoirs de base » engendre la gestion globale d’un public en insertion et/ou intégration quelque que soit leur profil (alpha, FLE, illettrisme). Les notions d’assimilation, d’intégration ou d’insertion sont souvent associées aux termes d’alphabétisation et de lutte contre l’illettrisme.

2.1. Assimilation, intégration et/ou insertion : des concepts liés à la formation de base


Derrière chacun de ces termes, nous trouvons des concepts sociologiques qui influencent et orientent les politiques publiques et sociales en particulier dans l’enseignement du français.

Chronologiquement, l’assimilation est apparue dans un cadre colonial, dans une relation de domination. L’intégration, en France, a vu le jour à la fin des trente glorieuses lorsque l’immigration du travail s’est transformée en immigration familiale et permanente. Quant à l’insertion sociale, son apparition correspond à la prise en compte des populations exclues lors des récentes restructurations macro-économiques du capitalisme français.



Assimilation : changer d’identité
D’après le Larousse, « assimiler, c’est rendre semblable ». Le Petit Robert nous propose certains éléments de définition : « (déb. XIXe) Acte de l’esprit qui s’approprie les connaissances qu’il acquiert. (v. 1840) Action d’assimiler des hommes, des peuples; processus par lequel ces hommes, ces peuples s’assimilent (américanisation, francisation). Le fait d’aller du différent au semblable ».

Dans une perspective "assimilationniste" de relations entre les cultures, on souhaite que le groupe minoritaire devienne semblable au groupe culturel dominant. Tout doit être mis en œuvre pour refouler les traits culturels minoritaires (processus de déculturation23) et acquérir les traits culturels dominants. On peut, par conséquent, caractériser l'assimilation comme l'abandon des particularités et la mise à la norme culturelle. C'est en tout cas un processus qui tend à effacer les différences de comportements, de modes de vie, à la limite même de cultures, pour aligner les nouveaux arrivants sur les valeurs de la société d'accueil.

On a parfois tendance à confondre l’assimilation et l’intégration. On dit parfois qu’un immigré est assimilé lorsqu’on estime qu’il est bien intégré. Le concept d’assimilation renvoie à une fonction biologique : l’organisme assimile de la nourriture et la transforme. Le Haut conseil à l’Intégration (HCI), dans son rapport de 200424 fait remarquer que lorsque la France s’intègre à l’Europe, cela ne signifie nullement qu’elle disparaît. Au contraire, en restant elle-même, elle négocie une appartenance plus large. A l’opposé, l’assimilation est la disparition totale. Il peut y avoir « désintégration ».

Depuis plusieurs décennies, l’assimilation est vécue comme une aliénation, une perte d’identité. Elle est en outre connotée négativement dans l’expérience coloniale française. C’est la raison pour laquelle on lui préfère le terme d’ « intégration »


Intégration : concilier une double identité

Etymologiquement, le mot intégration vient du verbe intégrer qui signifie rendre complet, achever. Au cours du XXème siècle, il prend le sens complémentaire de faire entrer dans un ensemble en tant que partie intégrante. En mathématique, c’est l’opération par laquelle on détermine la grandeur limite de la somme de quantités infinitésimales en nombre croissant. En philosophie, c’est l’établissement d'une interdépendance étroite entre les parties d'un être vivant ou les membres d'une société ; incorporation de nouveaux éléments à un système. En économie, c’est l’action d'adjoindre à l'activité propre d'une entreprise les activités qui s'y rattachent dans le cycle de la fabrication des produits.

D’après le Larousse, « intégrer, c’est faire entrer dans un ensemble plus large. C’est le fait pour un groupe d’accepter quelqu’un d’ailleurs ou de différent » (étrangers, handicapés). La notion d’intégration va de pair avec celle d’identité.

L'intégration suscite la participation active à la société des personnes appelées à vivre durablement en France. La démarche met l'accent sur les ressemblances dans l'égalité des droits et des devoirs, afin d'assurer la cohésion du tissu social. C'est ainsi un processus dynamique et inscrit dans le temps d'adaptation à notre société de l'étranger qui a l'intention d'y vivre. Par ce processus, on admet la subsistance de spécificités culturelles, sociales et morales d’individus différents. On avance que l'ensemble s'enrichit de cette variété.

Le Haut Conseil à l’Intégration (HCI) considère que l’intégration est l’une des formes d’élaboration de l’identité. L’idée d’intégration suppose une certaine extériorité de celui qui veut s’intégrer. S’intégrer, c’est s’identifier à un groupe qui n’est pas nécessairement une communauté originaire. L’intégration civique suppose que l’individu adhère à une communauté, fasse un effort de volonté qui transcende ses identités familiales, ethniques ou culturelles. Les auteurs du rapport soulignent que l’intégration civique doit respecter l’identité de chacun et se démarquer de l’assimilation. L’intégration signifie la neutralité des termes engagés et désigne une opération par laquelle des éléments différents se transforment pour créer une nouvelle réalité. Le rapport du HCI précise qu’il est important de distinguer l’intégration éthique de l’intégration politique. On ne peut exiger de la personne immigrée une intégration éthique qui consisterait à nier ses origines. On doit seulement exiger une intégration politique. Ce qui signifie que tout citoyen français, quelque soit son origine, doit adopter les mêmes principes politiques définis par la Constitution.

L’intégration ne peut se dissocier de la question de l’insertion sociale dès lors que les nouvelles vagues d’immigrations sont constituées de populations fragilisées et socialement en difficulté.



Insertion : occuper une place dans la société

L’insertion concerne quelqu’un qui appartient à la même sphère sociale que le groupe, que l’on fait « re rentrer », il en a été exclu à un moment donné. La notion d’insertion va donc de pair avec celle de solidarité.

L’article 1 loi n°88 1088 du premier décembre 1988 relative au RMI (Revenu Minimum d’Insertion) définit l'insertion sociale et professionnelle des personnes en difficulté comme un impératif national. La logique institutionnelle, pour lutter contre l'exclusion sociale, est de proposer la création d'un plancher de ressources sous conditions.

Le RMI pose l'insertion comme un enjeu situé entre le droit et le devoir. Le contrat est la contrepartie des allocations. La personne "non insérée" n'aura une parole valide que si elle entre dans le cadre des dispositifs en place. La reconnaissance de la simple citoyenneté et de l'action dans la vie sociale ne semble donc pas justifier le droit au minimum vital.

La gestion de la précarité passe par l'insertion et l'insertion passe par les grilles d'analyse d'une normalité de plus en plus fluctuante (vie active, salaire). Les procédures d'insertion remettent en cause le mode de vie et les valeurs des personnes les plus démunies.

Lorsque l’insertion sociale doit permettre aux personnes d'agir dans la société, elle nécessite une bonne connaissance de leur milieu. C’est une action qui doit faire aller un individu isolé ou marginal vers une situation caractérisée par des échanges satisfaisants avec son environnement. Le résultat de cette action s'évalue alors par la nature et la densité de ces échanges.

Yves Poirier définit l’insertion par son contraire, c’est-à-dire par l’exclusion, par le fait d’être en dehors de quelque chose. Il faut amener les personnes concernées vers un intérieur. L’action des politiques est double, elle est préventive et curative. Elle doit également agir localement au niveau du territoire, par une mise en synergie des partenaires susceptibles d’apporter une réponse. Elle doit enfin revêtir un caractère individuel25.

Les trois termes « assimilation, insertion et intégration » ne sont pas équivalents car il peut y avoir insertion sans qu’il y ait intégration.

Trop souvent l’intégration a été confondue avec l’assimilation ; l’assimilation renvoie au stade ultime de l’acculturation. C’est pourquoi, dans le cadre du CAI, on préfère proposer le concept d’intégration comme appartenance non aliénante à la République.

L’intégration désigne un phénomène social et non exclusivement culturel. C’est un processus plus qu’un état. Cela signifie qu’il y a évolution, mouvement et transformation.

Ce processus peut ne pas être linéaire mais il peut suivre un rythme saccadé. D’autre part, ce n’est pas l’individu qui décide de son intégration, mais la société dans laquelle il vit qui décide ou non de l’intégrer.

L’intégration est donc avant tout un phénomène social qui s’exerce dans un cadre particulier. Elle n’est pas destinée aux seuls français issus de l’immigration26 et concerne tout individu qui participe à l’espace civique.

L’identité nationale se vit au travers des valeurs partagées. L’alphabétisation et la lutte contre l’illettrisme sont deux notions qui impliquent, en France, une adaptation à la société française.


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