Gaston Bardet


LA PSYCHOLOGIE DES BAS-FONDS



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LA PSYCHOLOGIE DES BAS-FONDS.


Avec sa lucidité et sa bénignité coutumières, Pie XII, dans son discours aux médecins neurologues, du 13 septembre 1952, (Premier Congrès International d'Histopathologie du Systè­me nerveux) a condamné la technique psychanalytique et réclamé une autre technique 267 : « Pour se délivrer de refoulements, d'inhibitions, de complexes psychiques, l'homme n'est pas libre de réveiller en lui, à des fins thérapeutiques tous et chacun de ces appétits de la sphère sexuelle, qui s'agitent ou se sont agités en son être et roulent leurs flots impurs dans son inconscient ou son subconscient. Il ne peut en faire l'objet de ses représentations et de ses désirs pleinement conscients avec tous les ébranlements et les répercussions qu'un tel procédé entraîne. Pour l'homme et le chrétien, il existe une loi d'intégrité et de pureté personnelle. L'estime personnelle de soi interdit de se plonger aussi totalement dans le monde des représentations et des tendances sexuelles ».

« Il n'est pas prouvé, il est même inexact que la méthode pansexuelle d'une certaine école de psychanalyse soit une partie intégrante indispensable de toute psychothérapie sérieuse et digne de ce nom ».

« Il vaudrait mieux, dans le domaine de la vie instinctive, accor­der plus d'attention aux traitements indirects et à l'action du psy­chisme conscient sur l'ensemble de l'activité imaginative et affec­tive. Cette technique évite les déviations signalées, elle tend à éclairer, guérir et diriger ; elle influe aussi la dynamique de la sexualité, sur laquelle on insiste tant et qui doit se trouver ou même se trouve réellement dans l'inconscient ou le subconscient ».

L'Osservatore Romano du 21 septembre (dont certains col­laborateurs sont enclins à minimiser les paroles du Saint Pè­re) prétend que le Pape « ne traite pas de la valeur thérapeutique de cette méthode » (!) et avoue que « tous les systèmes de psychanalyse ont en commun certains principes, méthodes et expériences psychiques » mais ajoute « qui ne sont aucune­ment contraires à la morale naturelle, ni à la morale chrétien­ne »... « Ils ont des yeux et ils ne voient point ! » Comment peut­-on idolâtrer la technique au point de croire celle-ci purement instrumentale, indifférente, capable de faire le bien ou le mal, suivant son opérateur 268 ? Nous l'avons assez montré en De­main, c'est l'An 2000 269, les outils primitifs, indifférenciés sont de purs instruments : un couteau peut servir à peler une orange ou tuer un jaguar, couper son pain ou tuer son voisin. Mais dès qu'on arrive dans les techniques spécialisées, celles-­ci ne sont plus indifférenciées ; il y a des techniques destruc­trices, criminelles comme certaines tables vibrantes ou cer­taines machines comptables.

Toute technique qui, à sa base, ne sourd pas de la Charité, ne débouchera jamais sur la Charité. Ainsi le taylorisme ne peut servir qu'à diminuer et dissocier la personne humaine.

Quand il s'agit de technique bio-psychologique portant sur l'âme même de la personne, il faut n'avoir plus le sens com­mun pour repousser la doctrine (freudienne) et garder sa technique. C'est pourtant ce qu'ont cru de notables philoso­phes catholiques - comme inhibés par le prestige de la tech­nique » 270.

La méthode psychanalytique héritée de Freud, quelles que soient les améliorations, mises au point, schismes, adjonc­tions, etc... est avant tout une méthode pansexuelle, une tech­nique de suractivation pan-sexuelle; on ne peut repousser son pansexualisme et garder la méthode qui est, en outre, basée sur une hypothèse erronée de Breuer. Nous le montre­rons.

Observons tout d'abord avec quelle prudence s'exprime le Pape vis-à-vis de « cet inconscient ou subconscient » 271, de cette « vie instinctive ».

C'est qu'en effet le vocabulaire psychanalytique est loin de répondre à des réalités. Si l'instinct est une structure mentale, que sont les instincts? Nombre de psychothérapeutes voyant la multiplication des instincts (chaque auteur n'a-t-il pas le sien) en arrivent à conclure, comme l'austro-américain Rudolf Allers, que c'est une pure abstraction. On a adopté le mot « pulsion », en attendant mieux. Qu'est-ce qu'une névrose ? Là, il nous semble que de préci­ses distinctions devraient être établies. Pour l'instant, il sem­ble bien que la psychanalyse s'attaque surtout aux névroses de ressentiment, celles qui conduisent à un transfert d'agres­sivité. Les névroses de traumatisme dans lesquelles les rêves du malade reproduisent purement et simplement l'accident, ne l'intéressent guère. Nous la suivrons sur ce plan sans né­gliger toutefois ce que nous avons appelé les névroses de pos­session, de traumatisme insidieux.

Quant à ce que Freud a baptisé, en 1911, l'inconscient, et qu'on remplace de plus en plus par le « subconscient » per­sonnel, (c'est-à-dire le conscient marginal) en l'opposant à « l'inconscient (dit) collectif » de Jung, la meilleure défini­tion-négation en est encore donnée par ce dernier : « Centre obscur auquel le terme d'inconscient a seulement la préten­tion de faire allusion » ! Il ajoute honnêtement : « En lui­-même, cet inconscient n'existe point, il n'est qu'une possibi­lité ». Ce prétendu centre est infiniment plus vaste que « l'in­conscient freudien », et pour cause. Le bâlois Jung a conservé le nom d'inconscient – comme on conserve celui d'évolution - par paresse intellectuelle (cf. chap. VII, note 42 p. 315). Comme l'a montré le philosophe brésilien Almir de Andrade, il y a déjà vingt ans, les ob­servations de Freud, si elles n'étaient pas viciées par un a priori, auraient dû le conduire à éliminer l'hypothèse de l'in­conscient, après l'avoir posée 272 : « Les faits auxquels nous assistons dans les expériences de psycha­nalyse, plus que tous autres faits, viennent nous montrer que, entre cet ordre de phénomènes que l'on a coutume d'appeler [à la suite de Descartes] « conscients » et cet ordre de phénomènes qualifiés « d'inconscients », il n'existe pas de séparation réelle, si ce n'est les préjugés scientifiques encore régnants, les barrières artificielles qui, en aucune façon, ne correspondent réellement à ce qui existe dans l'âme humaine. Les uns et les autres témoignent d'une même nature, d'une origine commune, de fonctions communes, de propriétés spé­cifiques communes ».

Freud a accouplé les affligeantes spéculations d'Hartmann, en sa Philosophie des Unbewussten (Philosophie de l'Incon­scient), parue en 1870, le pessimisme Shopenhauerien et l'im­moralisme Nietzschéen. D'après Hartmann, cet inconscient est « un être qui embrasse toute chose et qui est tout ce qui existe », notion véritablement hindouiste, remplaçant à la fois Dieu et l'univers. Quelle aubaine pour le Mage Noir qui, s'en emparant, n'a fait que donner un nom trompeur à des phé­nomènes qui « avaient été observés bien avant lui par des observateurs comme Herbert, Fechner, Hamilton, Maudsley, Carpenter, Benek, Müller, Spencer, Taine et bien d'autres ». Cependant, face aux observations recueillies : « il n'avait plus le droit de nourrir et de développer l'hypothèse de l'inconscient, mais il lui incombait de l'éliminer une fois pour toutes comme hypothèse rudimentaire, stérile et pernicieuse - et à sa place il devait élargir le concept de la conscience, qui est le véri­table chemin auquel nous conduisent ses expériences » 273.



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