Gaston Bardet



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NOTRE FACULTE D'OUBLI.


Insistons sur ce rôle de la mémoire qui fait partie de la Conscience créatrice 290, selon l'exprèssion de Tzanck et que les psychanalystes ont négligé... d'analyser : « Sous sa forme la plus authentique, la mémoire n'est ni une masse d'images-souvenirs flottant au fond de la conscience, ni un système automatisé d'habitudes motrices, mais l'acte de constituer les images du passé selon un ordre permettant de les conserver, c'est-à-dire de les rappeler. Se souvenir n'est pas ramener sous le regard de la conscience une image immobile et fixée et subsistant en soi du passé, mais s'enfoncer dans le passé même et s'insérer dans ses perspectives articulées entre elles, de manière à revivre à nouveau selon leur ordre temporel, les expériences qu'il résu­me 291.

A vrai dire, faut-il « s'enfoncer dans le passé même » ? La mémoire est-elle si différente de la voyance qui contemple un éternel présent ? N'appelons-nous pas mémoire une voyan­ce limitée dans laquelle les expériences revivent selon leur ordre temporel vécu ? Et la voyance, phénomène supranor­mal, peut-elle être autre chose qu'une faculté normale hyper­esthésiée ? Aussi lorsque la conscience dite réfléchie est dé­truite ou très affaiblie, le déroulement incoordonné présen­te-t-il tous les caractères de la conscience onirique (utilisant nos propres matériaux) quand ce ne sont pas ceux d'une mé­diumnité qui vagabonde et glane des images n'appartenant pas à notre expérience vigile déjà vécue.

Car si la télépathie « imaginaire » est une faculté normale (ne l'oublions pas) à l'état d'intégrité cérébrale, combien ne doit-elle pas être étendue en cas de décérébration partielle ? Ceci ruine évidemment bien des explications autonomes du rêve, qui portent sur une « pseudo-mémoire » ancestrale.

Les archives de la mémoire autonomes, conscientes ou sub­conscientes, c'est-à-dire marginales, affleurent, soit par rappel au moyen d'associations de groupes d'images volontairement évoquées, soit par souvenir, par reflux inattendu dans le som­meil, l'état-second, le rêve, etc... Pour exposer la mémoire en puissance, nous sommes obligé de prendre des comparaisons spatiales. La mémoire n'est cependant pas un simple grenier où s'entassent des archives jetées en vrac au fur et à mesure de leur arrivée. Elle est une centrale de tri ou ces immaté­rielles archives ont été classées par ordre de réactuation pos­sible ; son classement le plus important c'est la chambre noire de l'oubli. La faculté la plus active de la mémoire, c'est l'ou­bli 292.

Dès leur perception, certains faits, certaines images sont jugés par la conscience réfléchie ou la conscience sensible « dignes » de l'oubli ; d'autres groupes d'images entrent en désuétude par effacement progressif, certains par destruction volontaire du souvenir ; la mémoire procède en outre à un véritable remplacement de certains groupes associatifs par d'autres. Finalement, la Nuit de la Mémoire provoque un remplacement complet qui apparaît surtout comme une dis­solution suivie d'une réorganisation en d'autres groupes, puisque la tonalité, le timbre particulier du sujet est conser­vé. Ceci en ce qui concerne les images ; pour les idées, un matériel entièrement neuf peut être infusé.

Pratiquement, cet oubli, ce « décollage » stricto sensu, se présente de différentes façons 293.

Il se produit normalement - comme chez les animaux ­- pour quantités de faits sensitivo-végétatifs sans importance. Il se réalise, tout naturellement aussi, parce ce que nous som­mes des esprits, pour tous les actes ou les désirs concernant les activités les plus basses de conservation, excrétion ou re­production, qui ne sont nullement en liaison avec des groupes associatifs ou des processus spirituels.

Il peut se produire normalement, pour des actes ou des désirs douloureux ou honteux, qu'une réaction courageuse ou un repentir, un regret effectif (même implicite) dissolve dans la mémoire, c'est-à-dire délie de la chaîne des faits conservés, intégrés. D'ailleurs, tous les actes ou désirs quels qu'ils soient, joyeux ou douloureux, glorieux ou honteux, peuvent être mis en oubli, simplement par suite des limites de la capacité mné­monique ; la mémoire ne conservant de lien qu'avec ce qui adhère, qui colle à notre super-conscient ou infra-conscient.

Il existe, en outre, des faits et des images effectivement inaccessibles au rappel volontaire, car ils ont été introduits (comme la suggestion à échéance, chap. III) en notre mémoire de l'infer durant un état suggestif. Ils ne peuvent être rappelés volontairement car nous ignorons leur liaison avec nos structures consciemment vécues et « tu ne me cher­cherais pas si tu ne m'avais déjà connu ». Mais un fait, une image inductrice, un mot inducteur peut déclencher l'asso­ciation d'images. Il y a danger à procéder par hypnose, ou pire (pour la conscience morale du sujet) par associations libres... C'est draguer un étang pour retrouver une clef per­due, tandis que le mot inducteur, lui, est un aimant.

Observons que les faits n'ayant pu subir de « systématisa­tion » réfléchie, c'est-à-dire consciente, sont comme chez l'ani­mal au simple niveau de l'organisation élémentaire par la « conscience sensible ». Ce ne sont pas des grands « sym­boles », des archétypes comme en extrait Jung, mais de simples « images » comme : ce bâton-rouge, auquel Freud accrochera un symbolisme de collégien pubère... Ce sont des réminiscences d'homme-animal, donc d'une nature d'homme incomplète, perturbée, décérébrée nous l'avons vue.

Toutes ces formes ressortissent à la faculté normale d'oubli. Ce qui est plus grave, et proprement notre sujet, c'est l'oubli volontaire ou semi-volontaire, non point seulement d'une faute précise, mais plutôt d'une sorte d'état de faute accepté, d'une attitude générale fautive envers les lois de l'Amour, les lois de la Création, les lois morales explicites. Car ces actes ou ces désirs, eux, ne sont pas mis au pilon dans la chambre noire de l'oubli ; collés, agglutinés entre eux et avec le refus initial, ils sont momentanément classés dans le placard spé­cial du rejet. Or, en notre mémoire en puissance 294, l'accu­mulation des « rejets » a ses limites, comme en notre corps l'accumulation de toxines... un beau jour la névrose éclate.

Comment la guérir ? Surtout pas en provoquant « des phé­nomènes d'hypermnésie », l'un des piliers de l'édifice psycha­nalytique.



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