Gaston Bardet


L’HYPOTHESE DE JOPEPH BREUER



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L’HYPOTHESE DE JOPEPH BREUER.


Reste à examiner l'hypothèse de Joseph Breuer, ce qui sera facilité par ce que nous avons expliqué de la suggestion à échéance (chap. III).

A 30 ans, Sigmund Freud était l'assistant d'un neurologue viennois de valeur : Joseph Breuer, lequel soignait une jeune hambourgeoise de 21 ans, gravement hystérique, ne pouvant parfois ni manger, ni parler, ni voir. Très intelligente et réa­liste, à la nuit, elle tombait dans un état d'ordre hypnoïde an­xieux et se voyait assaillie d'hallucinations. Breuer parvint à l'hypnotiser au lever du jour et à retrouver les souvenirs de chocs émotifs qu'elle avait subis lorsqu'elle servait, la nuit, d'infirmière à son père. Ces souvenirs douloureux avaient pénétré, lors d'états crépusculaires, et n'étaient pas reliés au conscient. Ils furent exposés à la jeune fille durant ses périodes de conscience ; les troubles cessèrent. Tels sont les faits bruts.

Freud s'empara de l'expérience pour en tirer une interpré­tation sexuelle alors que Breuer spécifie que jamais l'amour ne s'était manifesté dans la vie mentale de la jeune fille 304. Le neurologue soutint également, avec fermeté, que les émo­tions ramenées au jour, l'avaient été par l'hypnose et que seul le cas d'hystérie - c'est-à-dire de suggestibilité anté­rieure - justifiait l'emploi d'une telle méthode. Freud, lui, étendit son interprétation monomaniaque et contraire aux faits, à toutes les névroses, à tous les cas de tous les hommes normaux. Breuer se sépara de lui.

Mais Freud conserva l'hypothèse de Breuer sur le mécanis­me de la guérison ; la catharsis par la réintégration dans le champ de la conscience. Quelle conscience ? la psychologique ou la morale ?

Roland Dalbiez déclare, et Jacques Maritain le citant, ren­chérit : « La clef de la cure psychanalytique est la distinction de l'habitus et du souvenir. De tout temps, on avait remarqué que l'apprentis­sage d'un mouvement de dextérité, c'est-à-dire la formation d'une habitude motrice ne se parachève que lorsque la conscience se retire de l'ensemble moteur désormais intégré par automatisme. Inver­sement, l'on avait constaté que le seul fait d'essayer de reprendre conscience des gestes exécutés perturbe profondément l'habitude mo­trice et en dégage l'automaticité. Le pianiste, la dactylographe, l'escrimeur, se fient à leurs automatismes. Ils sont perdus dès qu'ils veulent les analyser » 305.

« La découverte de Breuer a consisté dans l'application au do­maine des habitudes affectives morbides d'une règle générale du dynamisme psychique ». Fort bien. Mais l'analogie est-elle valable entre les habitu­des motrices purement somatiques où intervient le facteur : vitesse, et les habitudes psychiques (ou même psycho-somati­ques) où intervient le facteur : affectif ?

De ce que regarder ses doigts paralyse un pianiste débu­tant, dans l'exécution d'une gamme, peut-on inférer que c'est la venue à la conscience psychologique corticale qui dissout un automatisme psychique ? II faut pour cela supposer :

a) qu'un habitus psychique est neutre, comme une gam­me, vis-à-vis des lois de l'Amour, de la Création et des lois morales ou sociales explicitées ;

b) que notre conscience psychologique corticale ou con­science réfléchie prenant claire connaissance de cet habitus (inscrit dans la « conscience sensible » bulbaire) peut égale­ment rester neutre sans porter un jugement de valeur ? Au­trement dit, que notre prise de conscience psychologique peut ne pas entraîner obligatoirement un jugement de notre conscience morale ? Or, « ce n'est pas par hasard si les adjec­tifs « sain » et « malsain » concernent, à la fois, les valeurs éthiques et l'hygiène » 306

Roland Dalbiez convient qu'il est « impossible d'admettre des opérations affectives (instinctives ou volontaires) totale­ment inconscientes. On ne saurait concevoir un plaisir ou une douleur sans conscience » (psychologique) mais récipro­quement peut-on concevoir une prise de conscience psycho­logique d'une habitude affective sans référence à la conscien­ce morale ?

Toute l'erreur (volontaire) de la psychanalyse ne vient-elle pas de cette élimination de la conscience morale inséparable de la conscience psychologique comme l'appétit rationnel est inséparable de la raison, la volonté de l'entendement, sauf en mathématique, par ex. Chez l'hindou n'avons-nous pas ren­contré « cet aspect de la pensée antérieur à la spécification en discerner et en vouloir » ? (chap. V, p. 189).

L'explication de Joseph Breuer n'est donc qu'une hypo­thèse sans fondement ? La guérison (lorsqu'elle a lieu) ne vient pas d'une simple perturbation quasi mécanique de l'ha­bitus affectif, mais au contraire de ce que la conscience mo­rale a eu (ou a pu avoir) l'occasion et le courage d'admettre le refus initial qui a engendré l'habitus 307. Peut-on éliminer le refus d'Amour pour ne voir là que des gammes ? Aussi Rudolf Allers peut-il écrire que la Psychanalyse, lorsqu'elle guérit, « guérit malgré elle »... comme le Yoga mène à Dieu, à condition d'en sortir. D'ailleurs, dans un habitus psycho-soma­tique comme l'exécution d'une symphonie par un virtuose, c'est la claire conscience de la perfection de ses automatismes moteurs, qui permet à ce dernier de nuancer supérieurement l'exécution, nuancer c'est-à-dire accélérer ou ralentir très fai­blement, non exagérément. Il en est demême pour un habitus psychique d'ordre affectif comme la prière perpétuelle.

Il faut quelques mois pour arriver à ce que la prière vous soit connaturelle tout au long de la journée. Mais le soir, du­rant l'oraison, ou par exemple, la journée dans les moments de calme, au lieu d'une attention latérale, plus vous prenez conscience que vous priez, plus vous priez avec ferveur et amour. La conscience psychologique ici, en aucune façon, ne dissout l'habitus psychique, bien au contraire ; celui-ci est renforcé par la conscience morale, c'est-à-dire votre volonté, qui s'en sert pour nuancer et enflammer davantage.

Cessons de prendre toujours les exemples dans les bas­-fonds et de supprimer le rôle de la conscience morale – que nous préférerions appeler notre faculté d'Amour, car ce mot de morale signifie en fait prendre mesure de l'Amour.

Ainsi la « clef de la psychanalyse » est-elle une fausse clef, qui a omis le facteur essentiel, celui qui nous fait à l'image de Dieu, la faculté d'Amour. Dans toutes les critiques sur la psychanalyse, bien peu ont mis en doute, croyons-nous, l'hy­pothèse de Breuer. Nous avons déjà observé cette absence de critique des fondations dans la demi-douzaine de techniques que nous avons eu l'occasion de pratiquer. Nos contempo­rains en restent trop souvent à l'âge lunaire, celui où l'on dé­veloppe des conséquences implacables sur des prémices my­thiques. La fonction du réel ne subsiste guère que chez les ob­servateurs de la Création.

La psychanalyse lorsqu'elle guérit, « guérit malgré elle » ; ce n'est pas l'analyse qui détruit la névrose, laquelle n'est point un automatisme réductible par « ralentissement » exa­géré. C'est Max Scheler qui nous donne la vraie clef, la gué­rison ne peut venir que du repentir. « Le repentir est... une cure par laquelle l'âme se guérit elle­-même, voire la seule voie de récupération de ses forces perdues ».

Car le repentir modifie le passé : « Non seulement nous disposons de notre avenir, mais, en outre, il n'y a aucune partie de notre vie passée - à l'exception des fac­teurs de réalité purement naturelle... - qui dans sa simplification et sa valeur, puisse ne pas être véritablement modifiable, dans la mesure où, en tant que sens partiel, elle peut être intégrée, selon un ordre nouveau, au sens total de notre vie » 308.

La psychanalyse, qui repose sur une vaste pétition de prin­cipe, non seulement sur une fausse philosophie, mais une fausse interprétation des processus mentaux, est en train de se dissoudre, malgré les aboiements furieux de sa maçonne­rie sexuelle. Tous les analystes indépendants en arrivent à la conclusion qu'on ne peut séparer « préceptes psychologiques et préceptes moraux » (Fritz Kunkel de Los Angelès) c'est-­à-dire l’Amour, de la Connaissance... Ajoutons ce que sait tout mystique : la Connaissance et l'Amour de la Mémoire.


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