Marie LaFlamme Tome 2



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  • Je vous remettrai quinze livres demain. Le tiers la semaine prochaine et le reste quand vous vous embarquerez. Qui me dit que vous ne vous empresseriez pas de parler après avoir été payé ?

  • Je veux la totalité de la somme avant deux semaines ; j’ai l’intention d’acheter des peaux durant mon séjour à Québec. C’est toi qui seras ma banque ! Sinon, j’aurai peut- être le plaisir de te voir arrêtée pour divers crimes. Ah! parler autant m’a donné soif; pourquoi ne m’offrirais-tu pas une chope à la brasserie ?

Marie tira une pièce de la poche de sa jupe et la tendit à l’écrivain. Il mordit la pièce.

  • Je vérifiais si elle était fausse. Il faut se méfier des sorcières..., dit-il en éclatant de rire.

Marie le regarda s’éloigner en se deman­dant pourquoi Nadeau n’était pas de ceux qui périssent dans les naufrages, pourquoi aucun pirate ne l’avait découpé en tron­çons lors d’un abordage, pourquoi aucune épidémie ne l’avait atteint. Pourquoi Dieu était-il si injuste ?

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Guillaume ! Que faisait-il si loin d’elle ?

Contrairement à son habitude, Marie ne babilla pas avec sa fille lorsqu’elle rentra chez elle, elle n’avait qu’une nuit pour trouver une solution ou se résoudre à payer Nadeau. Elle fit manger Noémie* la coucha plus tôt qu’à l’accoutumée en priant que ses dents ne la fassent pas encore souffrir, et elle s’assit dans la chaise berçante que Guillaume lui avait offerte avant de partir. Elle s’y balança durant des heures, expli­quant à Mkazawi qui était Nadeau et pour­quoi elle avait tant envie de l’empoisonner. Le chien grognait parfois, lui donnant l’im­pression de F écouter. A la fin de la soirée, Marie ne savait toujours pas comment elle agirait avec l’écrivain public. Dans la nuit, elle rêva qu’une baleine avait englouti le Dragon-d’Or
et pleura de découragement à son réveil ; nulle créature fabuleuse ne la débarrasserait d’Ernest Nadeau. Il n’y avait même pas d’ours ou de loup à Québec pour le dévorer. Elle se demandait si elle trou­verait aussi infâme de se donner à Nadeau qu’à Saint-Arnaud quand Rose frappa à sa porte. Notant les traits tirés de Marie et le

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manque d’éclat de ses beaux yeux violets, elle devina que son amie avait de graves ennuis. Ce n’était pas Noémie qui la tour­mentait à ce point et Marie LaFlamme avait une grande force physique.

  • Je t’ai attendue au moulin...

  • Je ne veux pas sortir d’ici.

  • Pourquoi? Dis-moi qui t’a mise dans cet état ? On dit sur la place que tu as retrouvé un Nantais. Il prétend que vous vous connaissez depuis toujours, qu’il a été écrivain sur le bateau du père de ton ami Victor Le Morhier. T’a-t-il apporté lui aussi une méchante lettre ?

Marie commença par dire « pis qu’une lettre », puis elle se souvint de sa douleur lorsqu’elle avait appris la mort de Simon et murmura « aussi terrible ».

  • Mais parle ! Que t’a conté cet homme ?

Marie prit les mains de Rose dans les

siennes en lui faisant jurer le secret. Rose aurait pu se vexer de cette demande bien superflue entre amies, mais elle sentait combien Marie était anxieuse et elle lui promit le silence. Elle l’écouta sans l’in­terrompre, fascinée par le récit de Marie.

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Si elle savait que Marie avait été violée, elle ignorait que c’était par son mari et que ce Geoffroy de Saint-Arnaud était toujours vivant. Elle frémit quand Marie parla des accusations de sorcellerie, du simulacre de procès et de la condamnation de sa mère.

  • Tu as assez souffert, dit-elle avec compassion. Nadeau n’a pas le droit de te nuire. Et tous les colons y perdraient... Tu seras agréée sous peu comme matrone; Mlle Mance a si bien parlé pour toi auprès de Mgr de Laval. Il ne faut pas nous priver de tes soins. Ni de ton amitié.

Rose passa sa main dans les cheveux de Marie pour la rassurer. Au même moment, la voix basse d’Alphonse retentit; il les hélait de la rue, trop timide pour entrer et inter­rompre une conversation féminine, marié depuis trop peu de temps pour être aussi à l’aise avec sa femme que l’étaient René Blanchard ou Antoine Souci avec les leurs. D’avoir vécu vingt ans avec le chevalier ne l’aidait guère à savoir comment se com­porter en présence de Rose. Elle, heureu­sement, semblait plus naturelle et elle le guidait adroitement. Ils parlaient souvent




de leur passage à la Cour des Miracles, sou­lagés de se libérer de ce mauvais souvenir après lavoir tu si longtemps.

  • Rose ! Marie ! cria-t-il de nouveau en frappant à la porte, subitement inquiet.

Il estimait Marie LaFlamme, mais on devait admettre quelle attirait les ennuis. Il se décida à pousser la porte. Rose alla vers lui et le prit doucement par le bras. Savait- elle qu’il n’aimait rien tant que cette douce manière de se rapprocher de lui? Il goû­tait Rose la nuit, il la désirait et il lui savait gré de n’avoir jamais été rebutée par son moignon ; mais quand elle glissait sa main fine sous son coude, il était prêt à la suivre jusqu’au bout du monde. Jusqu’au bout du monde ? Bah, ils y étaient déjà. Mais ni Rose ni Marie ne paraissaient contentes d’être en Nouvelle-France ce matin-là.

Marie permit à Rose de répéter ses confi­dences. La fureur d’Une Patte, à la fin du récit, la réconforta, la fit même sourire.

  • Ce Nadeau va avaler ma jambe de bois !

  • Si ça pouvait l’empêcher de parler...

  • Tu vas lui donner de l’argent, dit Rose. Tu as ces quinze livres que tu lui as promises ?

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  • Oui, mais après...

  • Je te prêterai ce qu’il te faut cet hiver, dit Alphonse. J’ai amassé mes gages durant des années.

Marie refusa tout net.

  • Vous aurez besoin de cet argent.

  • Nous avons aussi besoin de toi, dit Rose.

  • Guillaume m’a fait jurer de veiller sur toi, ajouta Alphonse. Que dirait-il si, à son retour, il devait te visiter en prison ? Ou pis, s’il ne te retrouvait pas du tout? Si on te ren­voyait à Nantes, où te réclame l’armateur? As-tu pensé à Noémie ? Qui s’en chargera ?

Marie baissa la tête, résignée.

A la fin du jour, elle aborda Ernest Nadeau tandis qu’il sortait du magasin avec une superbe peau de loup.

  • N’est-elle pas belle ? dit-il en la dérou­lant devant elle. J’en ai réservé deux autres. Du vison et du loup-cervier. Je suis certain que tu approuveras mon choix !

Il regarda les ombres que le soleil décli­nant étendait sur la place publique et dit en ricanant à Marie qu’il lui restait trois heures pour lui payer ses quinze premières

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livres. Elle sortit aussitôt un mouchoir de sa poche et le tendit à Ernest Nadeau.

  • Gardez le mouchoir, je ne voudrais pas me salir les mains. Vous en aurez autant dans trois jours.

  • Et le reste deux jours avant de rembarquer !

  • Non, la veille de votre départ !

Nadeau haussa les épaules ; il avait obtenu

ce qu’il désirait, et cela avait été si aisé qu’il songeait à demander davantage. Il savait toutefois que Marie ne pouvait pas détenir plus que les cinquante livres qu’il aurait bientôt. Il s’était renseigné sur elle, Guillaume n’était ni un noble ni un riche marchand, et ce n’était pas en soignant des colons qui se coupaient avec leur faucille ou des bourgeois qui souffraient de dévoie- ments que Marie s’était suffisamment enrichie pour satisfaire à ses désirs. Alors ? Que pouvait-elle lui offrir de plus ? Il ne renonçait pas à la posséder. Elle était dia­blement attirante mais surtout arrogante ; il l’humilierait avec joie. Cette façon, tantôt, de lui donner l’argent dans un mouchoir lui avait déplu. Elle devait apprendre le respect.

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Il entendait s en charger avant son départ. Mais elle paierait d’abord. Il saurait bien l’entraîner dans un endroit discret la veille de l’embarquement ; il piquerait sa curio­sité en prétendant qu’il avait des renseigne­ments sur Geoffroy de Saint-Arnaud qui arrangeraient bien ses affaires à Nantes. Il la prendrait alors. De gré ou de force. Elle n’irait jamais se plaindre par la suite. Cette sorcière devait avoir appris à se taire depuis le procès qu’on avait fait à sa mère.

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Chapitre 32

L

e temps était gris, le ciel lourd de pluie.
On avait allumé plusieurs cierges tant


pour éclairer l’église que pour invoquer
la clémence divine. Il ne fallait pas qu’il
pleuve avant la fin de la semaine ; il restait
du blé, du vulpin, de l’avoine, du mil, de la
paille à mettre en bottes ou à engranger à
la fourchée. Peu de colons optaient pour les
meulons ; avoir des tas de foin près des bâti-
ments invitait les Iroquois à y mettre le feu.
Sans parler des chasseurs maladroits qui
visent une perdrix et incendient une meule !
Quand le prêtre invita les fidèles à réciter
le Pater noster, Emeline Blanchard joignit
les mains avec une ferveur inaccoutumée ;
elle trouvait son René bien fatigué et crai-
gnait qu’il ne se tue à la tâche. Elle souhai-
tait que les foins ne soient pas détrempés
par la pluie, que le travail ne soit pas ralenti
et que l’enfant quelle portait soit une fille.
Elle s’était attachée à Noémie et elle espérait
que son futur bébé lui ressemblerait. Elle


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regardait l’enfant, deux bancs devant elle, qui venait d’apercevoir Jean-Jean et Paul. Elle ne tarderait pas à vouloir les retrouver, car elle s’ennuyait dans cette église où elle n’avait pas le droit de grimper sur la balus­trade, courir ni même crier.

Emeline regarda Marie, qui avait pris Noémie sur ses genoux vingt fois, l’avait remise par terre, avait tenté de la distraire avec son chapelet; c’était la première fois qu’elle emmenait sa fille à l’office, mais la nourrice était prête à parier qu’elle ne la ramènerait pas de sitôt. Comme Marie avait l’air hâve. L’absence de Guillaume Laviolette devait la tracasser plus qu’elle ne l’avouait.

Elle n’avait même pas paru heureuse de retrouver un de ses compatriotes, ce M. Nadeau. La veille, Emeline lui avait offert d’inviter le Nantais à souper avec elle, mais Marie avait refusé catégoriquement : elle ne voulait pas faire une aussi longue route avec Noémie qui perçait ses dents. Elle dormait déjà si mal ! Ça devait être vrai à en juger par son teint. Il faudrait bien, pourtant, quelle se ressaisisse; le coureur de bois ne reviendrait pas avant le début

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de Pété. Elle le savait avant de l’épouser. Curieux comme elle s’était décidée rapi­dement au mariage alors qu’elle n’en avait jamais parlé auparavant. Emeline avait eu une pensée pour Victor Le Morhier ; elle lui avait dit de rester s’il ne voulait pas que Marie en épouse un autre, mais il ne l’avait pas écoutée... Marie avait beau dire que Victor était promis depuis toujours à une certaine Michelle, Emeline se souve­nait de leur conversation sur l' Alouette.
Il y avait déjà plus d’un an ! Emeline trouvait que le temps passait plus vite en Nouvelle- France. Tiens, elle le dirait à Marie pour l’encourager !

Ite, missa est. Marie fut une des pre­mières à sortir; Noémie ne se serait pas tue une seconde de plus. Elle courut vers Mkazawi qui l’attendait sagement à la porte de l’église. Ils se roulèrent par terre au grand amusement des paroissiens qui auraient peut-être aimé les imiter tant ils avaient envie de se dégourdir les membres après l’office. Le sermon avait été encore plus long que d’habitude, le prêtre qui remplaçait Mgr de Laval n’ayant pas voulu

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décevoir ses ouailles. Mais, prières ou pas, le ciel était toujours aussi sale. Il pleuvrait avant la fin de l’après-midi.

Emeline amena Jean-Jean et Paul à Noémie et alla retrouver Marie pour la réconforter. Celle-ci était en compa­gnie de son ami nantais mais semblait si anxieuse qu Emeline ne put se retenir de la questionner.

  • As-tu reçu des mauvaises nouvelles de Nantes ? Tu es toute pâle.

  • Je suis fatiguée, dit Marie. Je vais rentrer.

  • Je vous accompagne, fit Ernest Nadeau. Je pourrais vous parler de M. de Saint-Arnaud.

  • C’est inutile, Emeline et sa famille le feront comme ils le font à chaque dimanche.

Emeline hocha la tête ; Marie n’était pas aussi proche de Nadeau que celui-ci l’affir­mait. Il paraissait rechercher sa compagnie mais il était maintenant clair pour la nour­rice que la guérisseuse préférait l’éviter. Elle entra dans son jeu et prit le bras de Marie pour la mener vers les enfants qui jouaient avec le chien. Nadeau s’inclina en faisant un

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petit salut, non sans avoir dit à Marie que sa broche ornée de grenats était bien belle. La jeune femme porta promptement une main à son cou comme pour vérifier si le bijou retenait toujours son écharpe croisée.

Emeline attendit qu Ernest Nadeau se soit éloigné pour interroger Marie.

  • Tu ne l’aimes pas, c’est ça ? Il dit pour­tant que vous êtes de vieux amis.

  • Il a travaillé pour le père de Victor Le Morhier. Il m’a courtisée, mais il me déplaît.

Marie se pencha vers Noémie qui tentait de faire manger de la terre au chien, elle la souleva dans ses bras, embrassa la figure maculée et remercia Emeline d’avoir menti pour elle.

  • Je t’expliquerai plus tard, dit-elle sim­plement, et elle s’en fut chez elle.

Comment avait-elle pu être assez sotte pour oublier d’enlever de son écharpe la broche que le chevalier lui avait donnée ? Elle avait pris l’habitude de mettre l’écharpe de ferrandine pour la grand-messe et l’avait drapée machinalement sur ses épaules avant de se rendre à l’église. Nadeau avait remarqué le bijou et n’avait pas attendu pour

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lui faire savoir quil le voulait. La dépouille­rait-il de tout ?

Dès le soir, Marie contait à Rose et Alphonse cette nouvelle exigence. Une Patte se fâcha tout rouge : non, jamais Marie ne se départirait d’un cadeau du chevalier. Ernest Nadeau était indigne de posséder une broche qui avait appartenu à Catherine du Puissac.

  • Mais que puis-je faire ? Il ne repart pas avant trois jours ! Je dois déjà le payer demain. Il veut que je lui donne la broche le surlendemain. Il sait très bien que le capi­taine retiendra l’équipage à bord la veille du départ. Il veut le bijou avant.

  • Il l’aura. Tu vas le lui donner. Et je vais le lui reprendre. Les marins fêtent tous, le dernier soir où ils sont à terre. J’entraînerai Ernest Nadeau à la brasserie, puis je lui offrirai de l’eau-de-vie. Je l’as­sommerai et reprendrai ton bien.

  • Il y a plus facile encore, dit Rose. Laissez-moi cinq minutes avec lui et je le détrousserai sans qu’il s’en aperçoive. On m’enviait mes talents de tire-laine, à la Cour...

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  • Non, refusa Alphonse Rousseau. S’il t’attaquait? Tu as perdu l’habitude de voler. Je suivrai mon plan.

Marie approuva Alphonse; il saurait se défendre si l’aventure tournait mal. Elle était plus optimiste en quittant ses amis; Une Patte enivrerait l’écrivain et le dépouillerait. Avec un peu de chance, Ernest Nadeau n’aurait pas tout dépensé et Alphonse rapporterait quelques livres.

Le lendemain, quand elle remit trente- cinq livres au maître chanteur, elle le sup­plia de lui laisser sa broche, mais Nadeau fut inflexible; il l’attendrait au bout de la rue Sault-au-Matelot, passé les trois épi- nettes bleues. Et elle avait tout intérêt à y être à l’heure dite, sinon il irait chez Boisdon où bien des clients l’écouteraient avec attention raconter ses démêlés avec la justice...

  • J’ai appris qu’un certain Vuil avait été arquebusé pour sorcellerie, il y a trois ans.

  • Il avait vendu de l’eau-de-vie aux Indiens.

  • Ce n’est pas ce qu’on m’a dit... A demain.

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Marie s’endormit bien après le couvre- feu; l’idée de remettre sa broche à Ernest Nadeau la choquait profondément. Et si Alphonse ne réussissait pas à se trouver seul avec Nadeau ? Si ce dernier lui résistait ?

Après le dîner, Marie brûla deux cierges, puis elle confia Noémie et Mkazawi à Rose, à qui elle expliqua qu elle préférait tenter de dénicher les dernières plantes de la saison au lieu d’attendre chez elle l’heure du rendez-vous. Elle rentra juste après l’an­gélus, satisfaite de sa cueillette, et se pré­para à voir l’écrivain public. Elle pensa un moment à retourner chercher son chien, mais si Nadeau croyait que Mkazawi pou­vait l’attaquer, il rebrousserait peut-être chemin. S’il renonçait à la broche, il irait tout conter chez Boisdon. Elle devait y aller seule. Elle mit un manteau chaud car elle avait eu plus tôt quelques frissons. Les jours avaient tant raccourci ; il faisait déjà sombre et le vent charriait une odeur d’hiver. On n’était pourtant qu’en octobre! L’été avait été si bref. Une feuille écarlate se lova dans les cheveux de Marie tandis quelle se diri­geait au bout de la rue Sault-au-Matelot.

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Elle l’ôta délicatement; elle était toujours émerveillée par les vifs coloris de l’automne. La feuille avait la couleur des escarboucles qui garnissaient la broche du chevalier. Marie se signa : « Permettez, Dieu tout- puissant, qu Alphonse reprenne le bijou ! » L’idée que Nadeau possède la broche durant quelques heures lui répugnait, mais elle marchait dun pas décidé vers les trois épi- nettes ; plus vite elle aurait donné le bijou, plus vite elle serait rentrée chez elle.

Elle atteignait les conifères quand elle entendit Nadeau la héler ; elle se retourna, vit qu’il n’était pas seul. Un homme se tenait à une toise de lui. Qu’est-ce que ça signifiait? Marie pensa qu’ils allaient l’agresser, que Nadeau voulait toujours abuser d’elle. Elle commença à reculer, mais Nadeau poussa un cri sourd, tituba et s’écroula à ses pieds. Marie, stupéfaite, vit l’autre homme s’enfuir vers la falaise, mais elle n’eut pas le loisir de le poursuivre

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