M. le Président - Merci, Madame CROSNIER.
Monsieur LOISEAU a la parole.
M. LOISEAU - Monsieur le Président, chers collègues, même si ce rapport que vous nous présentez est en lien avec l’université, nous ne pouvons pas faire l’impasse sur l’état de notre Éducation nationale.
Mon collègue reviendra plus précisément sur les données de ce dossier, mais on ne peut pas parler d’université et d’étudiants sans faire référence à leur formation en amont, surtout lorsque le ministre de l’Éducation nationale parle de « déclin scolaire ».
Le système PISA, qui est la principale évaluation internationale des systèmes éducatifs, a publié un rapport catastrophique sur l’état de notre système éducatif, étant donné ce que nous pourrions espérer en tant que cinquième puissance économique mondiale. Ce constat d’une forme de déclin scolaire n’est pas nouveau mais, hélas, ne semble pas déboucher sur la rédaction que nous pourrions attendre.
Il ne s’agit même pas là de faire de la pure critique politicienne, car nous sommes tous concernés par ce problème, puisqu’il s’agit de l’avenir de nos enfants. D’ailleurs, un responsable de l’éducation de l’OCDE regrettait qu’il n’y ait pas eu encore en France de choc comme dans d’autres pays qui ont su réagir, telle l’Allemagne.
Oui, nous pouvons toujours parler université, vie des étudiants, études longues ou courtes mais si, à la base, la formation n’est pas bonne, quel avenir cela nous réserve-t-il ?
Malgré toutes les réformes que chaque nouveau ministre veut lancer pour laisser sa marque, malgré les sommes importantes investies dans l’éducation, rien n’y fait.
Là où nous rejoignons le thème du rapport sur l’université, c’est que les inégalités entre les lycéens se creusent dans ce système éducatif et cela a forcément une répercussion sur leur vie d’étudiants. Ce n’est donc pas à l’entrée de l’université qu’il faut agir, ni même en fin de lycée ; ce n’est pas non plus de la communication sur les filières qu’il faut mener ; c’est une réforme en profondeur sur les savoirs et surtout sur les méthodes d’enseignement dès le primaire.
Les meilleurs lycéens se retrouvent dans les meilleurs lycées et profiteront forcément des meilleures universités et des filières les plus cotées, comme les classes prépas, que l’actualité a mises en avant récemment, suite, comme vous le savez, à une décision gouvernementale qui n’aurait rien réglé sur le fond.
C’est donc une politique élitiste basée sur l’origine sociale, indigne d’une République. Les étudiants des milieux défavorisés n’ont pas les mêmes chances d’avenir que les autres, alors que vous ne cessez de parler d’égalité des chances depuis des décennies.
Là encore, ce n’est pas la Région qui modifiera en profondeur le triste état de notre système éducatif ; seule une politique volontariste au niveau de l’État pourra régler ce problème.
Nous nous abstiendrons donc sur ce Schéma régional de l’enseignement supérieur. Néanmoins, nous soutenons avec fermeté ce projet Polytech’ à CHARTRES.
Je vous remercie.
(Applaudissements)
M. le Président - Merci, Monsieur LOISEAU.
Madame RAYNAUD, vous avez la parole.
Mme RAYNAUD - Monsieur le Président, chers collègues, le diagnostic de l’enseignement supérieur en région Centre nous fournit une photographie sans fard de la situation actuelle.
Un premier chiffre retient l’attention : celui qui concerne le taux de poursuite d’études des bacheliers. Il est pour le moins inquiétant de constater qu’il est aujourd’hui inférieur d’au moins 5 points à ce qu’il était en 2006, tant au plan régional que national. Vous pouvez vérifier cela page 7.
Un deuxième chiffre : 56 796 étudiants. Nous ambitionnons de le porter à 70 000 étudiants en 2020 et nous partageons totalement cet objectif d’ouvrir les portes des formations supérieures au plus grand nombre. Les études, en effet, ne sont ni un luxe superflu ni une concession faite aux étudiants ou à la population, au nom de l’émancipation ou de l’éducation des futurs citoyens. C’est une nécessité économique pour le système lui-même qui requiert un haut niveau de qualification et de formation. Chaque entreprise et chaque pays ont besoin de salariés de plus en plus qualifiés.
C’est pourquoi nous préconisons une scolarité obligatoire jusqu’à 18 ans. Je voudrais dire que le nombre de jeunes qui sont nulle part, en France et en Europe, porte le charmant nom anglo-saxon de NEET qui permet de qualifier cette population qui n’est ni en emploi, ni en éducation, ni en formation. Ils sont de plus en plus nombreux.
De 2002 à 2012, sous les quinquennats CHIRAC et SARKOZY, l’enseignement supérieur et la recherche ont été la cible de nombreuses attaques. La loi LRU relative aux libertés et responsabilités des universités a instauré en 2007 pour les universités une gouvernance autoritaire et une pseudo-économie qui se réduit, en fait, à la gestion de la pénurie budgétaire.
En mars 2013, la Conférence des présidents d’université déclarait dans un communiqué – je cite – «qu’une part importante d’universités est inéluctablement conduite au déficit ».
Pour présenter des budgets à l’équilibre, on met en place des plans d’austérité avec divers outils : par exemple, on fusionne des filières, on rabote certains cursus, on supprime certains masters, on renvoie des contractuels, on entasse 50 étudiants pour 35 places assises en travaux dirigés, on tire au sort des étudiants en cas de capacité d’accueil limitée, on propose des cours dits en autonomie, c’est-à-dire sans professeur ou avec des vidéo-profs, les TD sont remplacés par des cours magistraux ou bien on gèle des postes pour payer le chauffage. Tout cela n’est pas concentré dans toutes les universités, je vous livre simplement le catalogue de la boîte à outils à disposition des présidents d’université pour rester à l’équilibre.
Sachez cependant qu’à TOURS, dans notre université, depuis la rentrée dernière, il n’est plus possible d’étudier la langue allemande. C’est terminé ! Alors que l’on nous rebat les oreilles avec le modèle allemand, que c’est un pays qui pèse, tant par sa population que par la richesse de son économie, il n’est plus possible d’étudier la langue de GOETHE pour ce qu’elle est, sauf en rattachement à un autre cursus : si on fait de l’histoire ou un peu de droit, on a une possibilité d’avoir quelques cours d’allemand.
(Brouhaha) L’annonce de 1 000 postes supplémentaires créés par an ne s’est pas concrétisée par plus de personnel sur le terrain, parce que les emplois sont laissés vacants, ils sont gelés, et que la masse salariale sert à combler les déficits.
La menace de l’augmentation des frais d’inscription se fait donc de plus en plus sentir.
Madame la Ministre, Madame FIORASO, dans une interview à Mediapart cet été, indiquait que Bercy poussait en ce sens pour que l’on voie augmenter les frais d’inscription.
Je voudrais ouvrir une petite parenthèse en direction de ceux que cela séduit, et cela va de pair avec l’ouverture et la mise à disposition de prêts étudiants : je voudrais parler de l’exemple des États-Unis qui est le cœur de toutes les bulles financières. La dette étudiante, qui est le mode de fonctionnement historique de ce pays, est estimée à 1 000 millions de dollars, c’est-à-dire qu’elle est le double de ce qu’était la bulle financière avant le krach des subprimes.
Si, pour une raison ou pour une autre, on arrivait à un défaut de paiement de ces étudiants, vous imaginez la catastrophe !
On dispose en France d’un enseignement universitaire très démocratique. La nation, tout comme les universitaires eux-mêmes, reste très attachée à ce caractère démocratique de l’institution. Le droit de tous les bacheliers à poursuivre des études supérieures ne saurait être remis en cause, mais il faut admettre qu’une partie de la population qui entre à l’université le fait par défaut et non par choix. Elle sert de solution de repli aux recalés des filières sélectives.
Cela a un impact sur le taux d’échec et d’abandon, beaucoup plus élevé dans la filière non sélective qu’est l’université. Par ailleurs, les bacheliers les plus fragiles, cela a été signalé précédemment, se voient écartés des structures qui avaient été mises en place et pensées pour eux ; je pense aux Bacs technologiques et professionnels qui devaient avoir des places réservées en IUT et qui, finalement, un peu victimes du succès d’insertion des IUT, ont laissé la place aux candidats venant de Bacs généraux.
Plutôt qu’une orientation par l’échec, mieux vaudrait peut-être créer une « année zéro » de remise à niveau pour le public ne disposant pas des bases nécessaires pour suivre des études universitaires attractives et désirables.
D’un autre côté, si nous avons l’ambition de faire réussir un maximum d’étudiants, cela suppose de combattre les inégalités sociales. Donner à chacun et chacune le droit d’étudier dans de bonnes conditions doit être une priorité. Or, à présent, la précarité de nombre de jeunes met en péril leur volonté d’étudier ; il n’est pas acceptable que des étudiants sacrifient leurs études à cause de conditions de vie dégradées, qu’il s’agisse de difficultés de logement, de problèmes de santé ou d’obligation d’avoir un travail pour vivre ; je dis bien « travail pour vivre » et pas simplement pour garnir sa garde-robe ou pour se payer une voiture.
Nous préconisons, là aussi, une autonomie des jeunes en général et de l’étudiant en particulier, avec un véritable statut.
À cet égard, on peut être inquiet sur ce qu’il se passe au niveau des CROUS, puisque le budget 2014 prévoit une diminution de leur dotation de fonctionnement de 6,5 millions d’euros. Comment feront-ils, alors que la demande sociale des étudiants est à la hausse ? Vont-ils devoir augmenter les loyers des résidences, le tarif des restaurants universitaires, des cafétérias ? On ne sait pas.
En tous les cas, nous sommes satisfaits de voir que ces questions restent une priorité de l’action régionale, avec les différentes mesures mises à disposition des étudiants, tels le transport TER Bac+, les mesures Ordi Centre et Mobicentre, la complémentaire de santé et, récemment, la caution locative et étudiante.
Notre région connaît une réduction alarmante des effectifs d’étudiants. Ce sont des raisons démographiques auxquelles s’ajoute la persistance d’un solde migratoire fortement négatif avec les régions limitrophes. Nous estimons la perte à environ 10 000 étudiants.
Il y a à cela des facteurs régionaux, certes, mais la tendance se retrouve au plan national. Avec la dégradation massive de l’université, de plus en plus d’étudiants cherchent à échapper à la fac et se tournent vers l’enseignement supérieur privé. C’est la privatisation croissante de l’enseignement supérieur français qui constitue l’effet massif de la dernière décennie.
Nous étions habitués à la présence des grandes écoles (enseignement supérieur non universitaire) mais le secteur s’est considérablement étendu par phénomène de capillarité. Les moyennes écoles s’abritent derrière les grandes, les petites derrière les moyennes, sur un fond de privatisation du secteur. Nous pouvons faire le constat que les étudiants s’engagent dans des cursus payants de qualité inférieure à ceux offerts par l’université. C’est un paradoxe tout à fait insupportable.
Le schéma que nous allons voter met en place une stratégie cohérente de développement de l’enseignement supérieur, qui a l’ambition de faire face aux évolutions technologiques, économiques et sociales.
Nous le voterons.
Merci.
M. le Président - Merci.
Madame MIALOT, pour le groupe PS-PRG, vous avez la parole.
Mme MIALOT - Merci, Monsieur le Président.
Tout d’abord, Monsieur le Président, mes chers collègues, que ce débat sur le schéma régional soit aujourd’hui organisé dans cet hémicycle me fait un peu penser, lorsque je regarde dans le rétroviseur, aux premiers débats que nous avons eus lorsque Lionel JOSPIN avait lancé « Université 2000 » et que, pour la première fois, les collectivités locales étaient sollicitées pour participer au développement de l’enseignement supérieur sur leur territoire.
À travers ne serait-ce que la méthode utilisée, comme sur l’ensemble de ce qui est évoqué dans ce schéma, que de chemin parcouru !
Notre collectivité régionale est à part entière, aux côtés du Rectorat, un acteur de ce schéma, alors que nous n’étions à l’époque que sollicités en termes de contribution financière, ce qui d’ailleurs, bien volontiers, avait été acté et s’est poursuivi par les contrats de plan ou contrats de projets plus récemment. Notre apport finit par être considérable dans ce domaine de l’enseignement supérieur, convaincus que nous sommes qu’il est un enjeu essentiel pour l’avenir de notre territoire, pour la qualification des jeunes, pour le développement économique et, comme cela a été évoqué plus récemment ce matin, pour l’innovation et la recherche vis-à-vis du développement économique.
Bien sûr, ce schéma est dédié exclusivement à l’enseignement supérieur. C’est rappelé dans le document : il complète la stratégie régionale de l’innovation que nous venons d’adopter à l’unanimité et nous verrons se développer dans les prochains mois le volet recherche. Nous aurons ainsi un ensemble sur l’enseignement supérieur, la recherche et l’innovation qui sera totalement cohérent d’un engagement de notre collectivité dans ces domaines. C’est ce que nous poursuivons.
C’est une petite révolution régionale parce nous étions plus souvent en déclinaison de politique nationale que véritablement en force de proposition régionale. Nous nous positionnons sur un rôle majeur tout à fait important pour notre collectivité.
Deuxièmement, notre collègue Daniel GUÉRET a très bien évoqué cette volonté que nous puissions avoir à CHARTRES cette antenne de Polytech’. Les discussions avec les chefs d’entreprise sont là pour le dire, nous manquons dans ce territoire de formations supérieures et d’ingénieurs. Malheureusement, pour le moment, ils ont du mal à venir de loin.
Je crois vraiment à ce fait que l’implantation permettra d’attirer des jeunes du territoire de l’Eure-et-Loir, bien sûr, mais également de toute la région Centre et d’autres régions afin de bénéficier des conditions favorables qui seront offertes ; ils viendront ainsi compléter. On le sait, et nous avons beaucoup d’exemples dans cette assemblée, lorsqu’on est dans un lieu pour y faire ses études, on y reste parce qu’on y trouve un emploi. C’est la dynamique économique et d’enseignement supérieur qui se situe derrière. Je m’en réjouis tout particulièrement.
Notre capitale régionale, dans ce domaine, ne peut pas se comporter de manière égoïste. Elle rayonne sur tous les territoires de notre région. Combien de fois, quand nous parlons de nous-mêmes, de la Région, nous disons ORLÉANS ! Notre collectivité régionale est totalement identifiée à cette capitale régionale.
Dans son rayonnement de l’enseignement supérieur, elle ne peut pas oublier les autres territoires parce que, et cela a été évoqué, c’est la question du rattachement de l’Eure-et-Loir à notre région qui est posée. Nous réalisons ce rattachement par le train CHARTRES-ORLÉANS. Pour ma part, même si ce n’est pas l’objet de ce texte, je souhaite, dès que la ligne CHARTRES-VOVES sera rouverte, qu’une liaison rapide soit mise en œuvre par bus entre VOVES et l’Université d’ORLÉANS pour que l’on arrête de dire que la réouverture de CHARTRES-VOVES est faite pour attirer les étudiants à l’Université de TOURS.
Ce sont les deux universités régionales qui doivent être irriguées par CHARTRES-VOVES dans cette étape intermédiaire.
Bien évidemment, après, CHARTRES-ORLÉANS existera, mais il est fondamental pour la dynamique des deux universités rassemblées dans le PRES que cela existe. Dès aujourd’hui, nous devons imaginer de quelle manière cette liaison rapide sera réalisée. Elle sera le complément de la réouverture de CHARTRES-VOVES et l’on peut compter sur les deux Conseils généraux pour se mobiliser sur ce sujet très important pour ces deux départements.
Troisièmement, il s’agit d’attirer l’attention sur deux éléments.
En premier lieu, s’agissant des professions médicales, nous avons fait de très gros efforts sur les maisons de santé pluridisciplinaires. Je suis ravie, chaque fois, aux côtés du Président, dans tous les territoires de la région, lorsque nous les ouvrons. On voit bien que l’élaboration du projet de santé est une mobilisation territoriale essentielle à la réalisation, ainsi que cette organisation collective entre les médecins et les professions paramédicales présentes dans la maison de santé.
En termes de service à la population, nous faisons un bond extraordinaire sur ces questions de santé. Ces maisons de santé apportent des soins, c’est leur rôle, mais elles sont également importantes dans le domaine de la prévention et de l’élaboration collective des soins à apporter. Le jour où l’on va voir un médecin, il prescrit telle ordonnance avec des médicaments mais il se tourne aussi vers l’ostéopathe, le kinésithérapeute et autres. Sur le même lieu, on trouve l’offre de soins si importante pour les habitants de notre territoire.
Pour autant, nous devons nous efforcer de revoir l’organisation de la formation médicale. Ce laminoir de la première année d’étude médicale reste un scandale. Je le dis comme je le pense ! Ces jeunes très nombreux vont redoubler pour la plupart alors qu’ils étaient les premiers de leur classe en Terminale. Ils seront rincés – il n’y a pas d’autre mot – par ces deux années terribles où ils n’auront plus une minute de loisir. Certains d’ailleurs seront dans une telle souffrance qu’ils seront atteints durablement.
Nous devons nous battre, même si ce n’est pas un sujet de notre compétence, pour revoir l’organisation de cette première année de médecine ; sinon, nous ne réussirons jamais à résoudre notre problème de la présence médicale sur l’ensemble de nos territoires.
(Applaudissements) En deuxième lieu, je veux revenir sur un sujet évoqué à propos de l’Eure-et-Loir mais qui est un problème général : je veux parler des ingénieurs et cadres que nous formons dans l’enseignement supérieur et dans les écoles d’ingénieurs. Nous n’en avons pas assez dans notre territoire, vous l’avez rappelé en propos liminaire, Monsieur le Président. Il faut développer le nombre. Dans ces écoles d’ingénieurs, la formation d’ingénieurs à la française est renommée dans le monde entier. Nous sommes un modèle pour beaucoup de pays. Peut-être que l’OCDE n’a pas dit cela dans sa dernière appréciation, mais moi, je vous le dis : toutes ces écoles jumelées à l’international sont des lieux considérables de valorisation de notre territoire, la France, par le savoir, par l’intelligence de ces jeunes en formation que l’on retrouve ensuite dans les entreprises avec ces formidables capacités d’innovation.
Il faut que nous développions ces formations dans notre territoire, c’est très important. Le développement de l’antenne chartraine se situe tout à fait dans cet axe et nous devons poursuivre cet engagement.
Enfin, c’est un problème national mais qui n’est pas forcément de la même nature dans notre région : beaucoup de jeunes entrent à l’université par défaut. C’est dommage !
Là aussi, il nous appartient de nous battre sur la création des IUT. Combien de fois les PME me disent : « Nous ne trouvons pas de jeunes diplômés. » Si je leur demande ce qu’elles cherchent : « Des jeunes sortant des IUT. » Ils ne sont pas suffisamment nombreux, nous devons les développer aussi.
Il faut développer des BTS aussi, c’est-à-dire tout ce niveau Bac+2 ou Bac+3. Au-delà des ingénieurs, qui sont au-dessus, ce sont des qualifications très demandées dans la région et nous devons avancer sur cette question, parce que les résultats en première et deuxième années des universités régionales sont finalement assez bons. La mobilisation des enseignants est importante durant ces deux premières années. Dans cet accompagnement individuel, les étudiants auraient peut-être une petite chance supplémentaire parce que le déchet est bien moindre que dans d’autres universités.
Je pense qu’il ne faudrait pas qu’entrent à l’université des jeunes par défaut. C’est dommage pour eux et c’est dommage économiquement parce que le coût d’un jeune en enseignement supérieur n’est pas négligeable. S’il souhaite entrer en BTS, il vaudrait mieux que les sections puissent s’ouvrir très largement. C’est un débat que nous aurons dans la carte des formations.
Nous sommes aujourd’hui dans une étape importante de l’élaboration de notre développement. Je crois que cela a été dit, il faut réabonder les créations de poste en université. Dans cette période difficile, il faut reprendre ce sujet d’avenir. Il faut un engagement national plus fort sur les postes d’enseignant dans notre territoire. Ils sont insuffisants pour cet accompagnement qui évite les échecs et cette personnalisation dans l’enseignement supérieur. Il nous faut donc poursuivre.
En raison de son tourisme, de ses paysages, de son patrimoine et de sa proximité avec la région parisienne, notre région attire les étudiants étrangers. Nous devons en être fiers. Lorsqu’ils repartent dans leurs pays respectifs, ils portent notre territoire très fortement. Parce qu’ils ont appris ici cette belle langue française, nous les retrouvons par la suite porteurs de la France dans les pays où ils retournent. C’est aussi une force de notre territoire.
C’est pourquoi je me suis permis de vous signaler tout cela.
Je vous remercie, mes chers collègues.
(Applaudissements)
M. le Président - Merci, Madame MIALOT.
Je vais prendre les demandes de parole maintenant.
Monsieur LEMAIGNEN a la parole.
M. LEMAIGNEN - Madame le Recteur, Monsieur le Président, chers collègues, je voudrais commencer mon intervention par un point d’ordre.
Depuis lundi, nous avions prévu que notre session commencerait par cette délibération sur le schéma d’enseignement supérieur. C’est pourquoi, en tant que président de l’Agglomération ORLÉANS Val de Loire, j’avais indiqué que je ne serai pas présent à la réunion de Fagor en présence de Monsieur MONTEBOURG. Il est de tradition dans le département du Loiret que, dès qu’il y a des difficultés économiques, on mette notre étiquette politique dans la poche et on aille tous ensemble faire en sorte que nos entreprises s’en sortent le mieux possible.
Je regrette que l’ordre du jour ait été inversé, ce qui ne m’a pas permis d’être à cette manifestation. Je trouve que les élus régionaux ne doivent pas être la variable d’ajustement des démarches de communication de Monsieur MONTEBOURG.
Sur le fond de cette délibération, Michel LUSSOT, vous vous souvenez, lors du débat sur le Schéma régional d’aménagement du territoire, nous avait fait une prestation passionnante en indiquant les forces et faiblesses de nos universités, de nos sites d’ORLÉANS et de TOURS, et des autres sites de notre région. Il avait insisté sur la menace de décrochage.
En effet, même si nos universités comprennent des domaines d’excellence, surtout dans le site d’ORLÉANS, la question numérique du nombre d’étudiants dans les lieux fait que nous sommes effectivement à la limite de ce point de décrochage.
De plus, vous connaissez le contexte, nous manquons d’étudiants. Nous sommes à 56 000, avec pratiquement 18 000 étudiants de perte. Il faudrait que les objectifs soient traduits en actions concrètes, ce qui n’est pas toujours le cas, loin de là.
Il y a un vrai débat de fond qui n’est pas médiocre et qu’il faut avoir véritablement au sein de notre assemblée et surtout dans des réunions de concertation en amont de ces débats en assemblée régionale.
Quel est le problème ? Dans la mesure où nous avons des universités de petite taille et que le site d’ORLÉANS est effectivement un risque quantitatif, dans la mesure où notre université ORLÉANS-TOURS est la plus délocalisée en France, se pose la question, et le CESER le dit également : n’y a-t-il pas des problèmes de seuil ? Il faudrait peut-être avoir la réflexion suivante : on ne peut pas mettre partout des établissements d’enseignement supérieur et il faut bien avoir une réflexion entre le renforcement des pôles forts universitaires de notre région et la politique nécessaire d’aménagement du territoire régional.
Je comprends parfaitement les interventions des uns et des autres et je les respecte. Madame Marie-Madeleine MIALOT, il ne s’agit pas d’un égoïsme de la capitale régionale. Je vous remercie d’ailleurs d’être la seule qui, dans ce débat, ait invoqué le nom de « capitale régionale », comme d’ailleurs nous avons été tous les deux seuls à ne pas être très satisfaits que la première version du Schéma régional d’aménagement et de développement du territoire n’évoque aucunement « ORLÉANS capitale régionale ».
C’est un vrai débat, il n’est pas médiocre et il faut véritablement le poser par une discussion de fond. Nous sommes tous d’accord sur le fait qu’il faut avoir des BTS et des IUT dans des antennes territoriales.
Nous sommes bien d’accord, pas de problème !
C’est dit dans le Schéma régional, pour les formations longues, la question se pose : elles doivent être prioritairement implantées sur les pôles d’ORLÉANS et de TOURS. C’est normal. Je comprends parfaitement que des questions de niche puissent ici ou là nécessiter l’implantation d’écoles au-delà du niveau Bac+2, et je le respecte.
Cela veut simplement dire qu’il ne faut pas faire de grandes annonces, Monsieur le Président. Il faut une concertation réelle et non pas un peu bâclée afin de pouvoir choisir.
Je vois vos sourires, mais je vais vous dire pourquoi je l’ai estimée bâclée : pour que nous nous mettions d’accord sur les conditions dans lesquelles, dans certains sites hors ORLÉANS et TOURS, il est utile et nécessaire, et que ce n’est pas un gâchis d’argent public, de développer des pôles secondaires de notre université.
Quand je dis que je considère que la concertation n’a pas été menée, donnez-moi acte que, dans cette assemblée, j’ai rarement fait du localisme et je porte la valeur régionale au fond de mes tripes depuis bien longtemps ; je n’ai jamais fait de pro domo. Là, je le fais pour une fois et je pense que c’est une première.