Voici les contributions de lecteurs à l'appel du Nouvel Observateur



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Eric Kaltenbach (27/08/07)

Après ces vacances on s'aperçoit qu'au PS à peu près tout le monde est d'accord pour refonder, moderniser, dépoussiérer... mais on n'a pas avancé pour mettre des réalités derrière ces mots. On entend déjà dire que la gauche a 5 ans pour mettre les pendules idéologiques à l'heure. Ce qui est une illusion dangereuse. Il faut commencer le travail aujourd'hui même car il s'agit d'un bouleversement complet : programmes, procédures de décision, communication, répartition des responsabilités, discipline. Il faut donc fixer le calendrier dès aujourd'hui. Qui sait s'il n'y aura pas une dissolution avant les échéances prévues? Il faudra être prêt au risque de devoir agir dans la précipitation plus tard. Il faut, et je conclurai par là, remettre en cause la désignation du candidat à la présidentielle telle qu'elle a été faite en 2006. Cela crée des conflits inutiles, des rivalités qui fatalement laissent des traces lors des vraies élections.


MacGUY (27/08/07)

Oui, refonder à GAUCHE, à GAUCHE seulement.

Je doute... Votre tentation à la sociale démocrate... est une erreur profonde.

Si vous voulez reprendre le pouvoir, une seule solution : la vraie gauche, rien d'autre.

Une vieille socialiste,
Pierrette Marchal (27/08/07)

A QUAND UN PARTI SOCIALISTE ANCRE AU CŒUR DES PROBLEMES DE TOUT A CHACUN ?

Nous somme devenus un parti de notables qui ignorons pour beaucoup les préoccupations des gens.

La liste serait trop longue mais je retiendrai les fins de mois difficiles au niveau budget, la sécurité de nos enfants, le respect de chacun dans sa diversité.

Il nous faut nous appuyer sur les expériences locales qui marchent et nous appuyer sur les élus locaux de base qui eux sont confrontés tous les jours à ces dures réalités que rencontrent leurs concitoyens.

NON le PARTI SOCIALISTE n'est pas mort il a juste besoin d'un cure de renouveau au niveau des idées et ne pas avoir honte de reconnaître son caractère social démocrate vis à vis de l'économie de marché.
Gérard Tupin (25/08/07)

TRENTENAIRE, SOCIALISTE, SALARIE, J’AI COMME SECRETAIRE D’UNE SECTION PARISIENNE UN MOT A DIRE SUR L’AVENIR DE MON PARTI.

L'élection présidentielle en France est finie. Mais les socialistes et la gauche n'ont pas fini de chercher une nouvelle voie. J'ai voulu partager ma réflexion sur cette nouvelle voie qui passe par l'Europe des idées, l'Europe politique. Entre le 1er septembre et le 15 décembre, le parti socialiste va en interne répartir les postes aux élections municipales, en oubliant une fois encore que l’enjeu n’est plus de gagner ou de perdre en 2008, mais de savoir si le socialisme "gestionnaire et de posture" a encore une place dans une France qui se pose trois questions : Qui suis-je dans le concert des nations ? Comment puis-je assurer l’avenir des emplois les moins qualifiés donc mon avenir industriel ? Que va devenir mon modèle de solidarité nationale, et au-delà ma conception du "vivre ensemble" ?

Merci de votre lecture,
L’héritage, un parti en ordre de marche et une idéologie en phase avec la société…

Le 8 janvier 1996, François Mitterrand décédait. Le promeneur solitaire achevait un parcours politique commencé au sortir de la Seconde Guerre mondiale à droite, pour l’achever brillamment à gauche. Au fil d’une initiation semée de rencontres romanesques, politiques et intellectuelles (les archives de l’Institut François Mitterrand témoignent de plus de 200 audiences d’écrivains et intellectuels), il avait tout compris des limites d’une gauche fragmentée et dominée par le parti communiste. A partir de la convention des institutions républicaines (C.I.R), réunion de plusieurs clubs politiques issus de la gauche républicaine et socialiste, François Mitterrand aborde l'élection présidentielle de 1965 avec un allié communiste qui pèse depuis 1945 aux élections législatives entre 22,06 % et 21,84 % des suffrages. Entre le congrès d’Epinay et mai 1981, l’homme de la IVe République à force d’obstination et de patience avait construit la formidable machine électorale de la gauche qu’était devenu le Parti socialiste. Ce parti avait un leader, un allié, un programme commun et des relais dans la société.

Les héritiers, des gestionnaires du présent qui ne décident pas pour l’avenir…

Ni en 1996, ni en 2002, les responsables de la rue de Solferino n’ont voulu engager leur capacité dans la réforme des idées. Je ne parle ni de Jacques Delors, en avance sur son temps, ni de jeunes politiciens, tel Vincent PEILLON ou Thierry MANDON, qui n’ont pas été compris jusqu’à l’arrivée de Ségolène ROYAL. En 2002, les français ont dit clairement leur rejet d’un parti socialiste devenu le parti de la gestion des crises économiques et non de la transformation. Il a déserté la compréhension des nouveaux paradigmes de la société. A la question des risques générés par la société post-industrielle, Alain Touraine perçoit une menace sur la citoyenneté et même sur la démocratie dans la mesure où les facteurs d’intégration essentiels, la connaissance et l’information, deviendraient l’apanage d’une minorité de spécialistes. Nous sommes muets sur les réponses politiques à apporter. Nous avons renoncé à transformer la société par perte de vocabulaire révolutionnaire. Un malaise identitaire qui demeure depuis la désillusion de 1983, le départ des ministres communistes du gouvernement de Pierre MAUROY (Premier ministre de 1981 à 1983), et la défaite de 2002.

Le tournant des "Nouveaux adhérents", c’est quoi ?

En mars 2006, le Parti socialiste ouvre les portes de ses structures locales, les sections. De 100.000 adhérents, le parti socialiste en compte actuellement trois fois plus, soit 300.000. Un succès qui n’est pas apprécié par tous. Ils sont quelques-uns à s’inquiéter pour les résultats des votes lors des prochaines désignations internes et le Congrès annoncé en 2008. Les deux tiers de ces hommes et de ses femmes, qui ont récemment adhérés, sont politisés par intérêt pour ce qui touche à l’avenir de leur pays, et sont portés par une sensibilité nouvelle. Elle mêle la solidarité, la préservation d’un modèle de protection sociale et une nouvelle pratique de la politique, un modèle qui dépasse la simple adhésion partisane. Un nouvel adhérent c’est une série de questionnements et d’envies de participer, une interactivité des relations qui est aux antipodes de l’organisation verticale du parti. En novembre 2006, c’est une femme et une équipe, d’élus ou non, qui comprennent la rénovation en marche, c’est Ségolène ROYAL et Désirs d’avenir. Le 16 novembre, contre toute attente, ils triomphent. La rénovation est en marche malgré les futures trahisons distillées dans la presse.

L’avenir à gauche, un parti démocrate, social, fondé sur l’égalité des citoyens dans une société laïque…

Il existe en France un centre gauche non constitué, avec des citoyens attachés à des valeurs et à une tradition fondées sur un humanisme sincère. C’est une droite tolérante et qui se qualifie de sociale. Il y a au parti communiste et plus à gauche des électeurs désemparés par notre incapacité à redonner l’espoir par le mérite et le travail, d’accéder à la classe moyenne. Ce sont les deux objets politiques à traiter par celle qui peut prétendre à retrouver les échéances présidentielles de 2012.

Le nouveau socialisme se définit comme la source d’une démocratie sociale volontariste, qui ne renie pas l’égalité des citoyens et une laïcité active et civique. C’est une "démocratie sociale à la française", conquérante et inspirée par la tradition de l’Internationale socialiste.

Ségolène ROYAL a un atout majeur pour participer à l’écriture du socialisme du XXIème siècle. Après le Front populaire en 1936, le changement de société en mai 1968, la victoire de mai 1981, l’arrivée d’une femme comme présidente de la République française est le quatrième choc culturel nécessaire à l’évolution de la société à laquelle j’appartiens et que je porte comme citoyen. Le Modem est un parti de centre gauche qui ne dit pas son nom. Ce qui nous rassemble c’est l’humanisme de notre écriture de la réforme. Nous sommes unis dans un réformisme à visage humain, où la libre entreprise associe l’intérêt général.

Socialiste engagé, citoyen averti, j’ai une exigence de renaissance pour mon pays.

Au cours des dernières décennies, les façons d'administrer nos démocraties européennes sont devenues plus complexes et problématiques. L'idée selon laquelle le gouvernement agit seul en se fondant sur l'autorité qui lui est conférée par la loi pour légitimer ses actions ne tient plus tout à fait. Bien entendu, les gouvernements conservent leur autorité constitutionnelle et juridique, mais ils ont plus de mal à gérer les problèmes au moyen des structures hiérarchiques traditionnelles.

Empruntons le chemin des italiens, en passant par un rassemblement des électeurs de gauche, du centre gauche à l’extrême gauche, à l’image de l’analyse faite sur les raisons de la recomposition de la gauche italienne par le secrétaire des Démocrates de gauche, Piero Fassino. Une nouvelle renaissance politique à l’italienne ne troublerait personne. Je veux bien croire qu’un centre avec un poids réel soit utile pour affirmer une démocratie représentative, mais l’émergence d’une force réformatrice avec une alliance large nécessite une gauche qui représente une véritable alternative, cohérente et audible sur tous les sujets, du social, de l’économie, de l’Europe en passant par la sécurité.

Le parti socialiste sera le moteur de la gauche réformatrice ou restera pour dix ans spectateur du démantèlement des droits sociaux, de la société dont nous sommes les héritiers, une société laïque, solidaire et humaniste.


Hakim Chalane, Secrétaire de la section Paul Teitgen – PS 16 Fédération de Paris – Membre du Parti Socialiste Européen – hakim.chalane@gmail.com (25/08/07)

Avoir des élus de gauche un peu moins cons, et qui restent tels quels quand ils sont élus. A Lyon, on a un exemple avec notre maire socialiste qui est plus près de la droite que de la gauche. Je ne parle pas des idées qui manquent, mais se faire voir, se faire entendre, voilà leur principal souci, le pouvoir leur fait tourner la tête, ça les gens en ont raz le bol!!!


René Perrin (25/08/07)

ASSAINISSEMENT DU PS

Pour beaucoup d'observateurs, le Parti Socialiste traverse une mauvaise passe. Pas pour moi ! J’irai même jusqu’à dire que, depuis l’élection de Sarkozy, les bonnes nouvelles se succèdent à un rythme sympathique. Cela a commencé par la composition du gouvernement : Bernard Kouchner, l’atlantiste favorable à l’intervention en Irak, prêt à tout pour devenir ministre : hop, Sarkozy en fait son Ministre des Affaires Etrangères ! Jean-Marie Bockel, le blairiste : crac, Sarkozy le bombarde Secrétaire d’Etat chargé de la Coopération et de la Francophonie ! Un peu plus tard, c’est au tour de Dominique Strauss-Kahn, le social-libéral (plus libéral que social !) : boum, grâce au soutien de Sarkozy, il va peut-être prendre la direction du Fond Monétaire International ! Et puis Jack Lang, le démagogue, la mauvaise foi faite homme : hue, Sarkozy lui propose de réfléchir sur les institutions ! Dernières (bonnes) nouvelles de l’été : Claude Allègre, le Prix Nobel de la provoc, bluffé par Sarkozy, ne va reprendre pas sa carte au Parti Socialiste et Michel Rocard, l’homme qui aura passé sa carrière politique à aller voir de plus en plus à droite si l’herbe y est plus verte, fait ses offres de service à Sarkozy et se déclare "sarkozysable". Incroyable mais vrai : en l’espèce de quelques semaines, le Parti Socialiste se retrouve débarrassé de la plus grande partie de ses boulets, de ceux qui, d’une façon ou d’une autre, l’empêchaient d’être un véritable parti de gauche, crédible auprès de son électorat naturel, la France d’en bas, comme dirait l’autre. Chapeau-bas, Monsieur Sarkozy, et merci : ce que François Hollande, à la tête du Parti Socialiste, n’avait pas réussi à faire depuis avril 2002, c’est-à-dire mettre hors d’état de nuire les chefs de file de ses dérives droitières les plus criantes, vous êtes arrivés à le réaliser, de l’extérieur, en quelques semaines ! Oserais-je vous suggérer un ou deux autres noms ? Manuel Valls ? Pierre Moscovici ? En tout cas, franchement, en 2012, lorsque la candidate ou le candidat du Parti Socialiste aura été élu grâce à votre actuelle campagne d’assainissement, j’espère qu’elle ou il saura vous en remercier. Une mission de réflexion sur les bienfaits comparés du jogging et de la bicyclette en matière de sondages, ça vous dirait ?


Jean-Jacques Corrio, 13170 Les Pennes Mirabeau (23/08/07)

REFONDATION... OU CONSENTEMENT A "L’ORDRE" DU MONDE ?

Ce qui m’a le plus frappé à la lecture de la plupart des textes "refondateurs" parus cet été dans les colonnes du Nouvel Obs, c’est la résignation à "l’ordre" actuel du monde.

Ainsi, dans sa première contribution, DSK présentait la fragmentation du monde des ouvriers et employés comme le pur constat d’une fatalité. Conséquence inéluctable de la modernisation de l’économie ? Pourtant cette fragmentation a été méthodiquement construite.

Construite par les nouvelles méthodes de management [voir Retour sur la condition ouvrière, Beaud et Pialoux, "10-18", 2005]. Résultat aussi de la désagrégation des organisations autrefois structurées autour du PC. Construite par une pression idéologique et culturelle beaucoup plus générale : ainsi l’individualisation des parcours est vantée dès le premier âge à l’Ecole (et notamment par des pédagogues de gauche !) Construite enfin, paradoxalement, par les mécanismes psychologiques de défense mis en place par les victimes de la "souffrance au travail" elles-mêmes [Voir Souffrance en France, La banalisation de l’injustice sociale, Christophe Dejours, Points Seuil, 2006]

A cette fragmentation et à l’invisibilité du monde ouvrier (y compris à ses propres yeux), la gauche socialiste n’a pas opposé de véritable résistance. Le philosophe Zizek disait dans vos colonnes : "même les questions économiques sont reformulées en termes culturels par la gauche" : on milite – à juste titre ! - contre intolérance et discriminations, mais plus contre l’exploitation !

Refonder, ce devrait être organiser cette résistance, travailler à reconstruire un syndicalisme fort dans le secteur privé, une activité associative multiple dans les banlieues ouvrières, et aussi, dans les sections PS, donner plus de place aux ouvriers et employés, et un peu moins aux "notables" que sont souvent les élus, et dont l’horizon est trop souvent limité à la prochaine élection locale.

Et qu’on ne tire pas de la critique de Zizek citée plus haut l’idée d’un combat purement économique. La reconstruction des solidarités populaires nécessite au contraire un énorme travail culturel, une action pour promouvoir une éducation populaire, la construction d’une "contre-culture" (culture tout court, contre la sous "culture" que diffusent TF1, la presse people, la pub...)

Deuxième contribution de DSK, sur l’économie et la mondialisation [je ne tiens pas à m’acharner contre lui, mais c’est chez lui que je trouve la synthèse la plus claire et la plus cohérente de plusieurs de vos analyses "refondatrices". D’ailleurs c’est à lui que je ferais confiance, comme étant au PS le plus compétent et le plus concret, s’il s’agissait seulement dans le court terme de faire un peu mieux que panser au jour le jour des plaies d’une mondialisation sauvage !] :

A l’échelle mondiale le travail non qualifié est abondant, donc son prix baisse, écrit-il. Nouvelle fatalité ? Je suis peu compétent, mais il me semble que l’économiste Larrouturou (délégué Europe du PS) propose ?intéressantes solutions [Voir Urgence sociale, Pierre Larrouturou, Ramsay, 2006].

La capital, lui, est rare, et donc plus rémunéré, ajoute-t-il. Toujours fatalité ? Hervé Kempf [Voir Comment les riches détruisent la planète, Seuil, 2007] montre l’urgence de l’action politique pour "taxer l’oligarchie", "abaisser la consommation des riches", car ils détruisent la planète non pas tant par leur propre surconsommation, mais par le fait que leur mode de vie s’impose comme modèle à toute la société.

Le levier purement économique que propose DSK et bien d’autres à gauche comme à droite (il ne faut pas chercher à rivaliser dans le travail non qualifié, mais se spécialiser dans le travail hautement qualifié en investissant massivement dans recherche et éducation) me paraît bien insuffisant.

Se protéger par la compétitivité et non par le repli ? C’est le leitmotiv de DSK, de Delanoë ou de Jacques Julliard. Mais en l’absence d’une analyse plus critique de la compétition mondiale, n’est-ce pas consentir à la logique de la course mondiale à l’abîme ?

Décrivant cette course à l’abîme, et après avoir montré à quel point les modèle US et britanniques - pas sérieusement remis en question par le PS - sont autodestructeurs, Larrouturou écrit : "Nous sommes économiquement et humainement dans une société en fuite".

La croissance, proposée comme remède aux inégalités, ne fait que les accroître partout dans le monde. Et elle détruit la planète, ou plutôt la vie de l’Humanité sur la planète (qui, elle, s’en tirera !) [Voir encore Kempf].

L’hypertrophie des transports à bas coût détruit non seulement le climat mais aussi les paysages et la diversité culturelle. Etalement urbain et rurbain. Privatisation de la Nature...

Dans un récent N.O. Michel de Pracontal montrait bien qu’il ne peut exister de "croissance durable" : face au réchauffement climatique "la seule solution sérieuse est une transformation radicale de notre mode de vie", écrivait-il.

La course mondiale à la croissance sans fin est suicidaire, en fait chacun le sait plus ou moins. Mais chacun sait aussi que le premier qui rétrograde crève sur le bord de la route : chômage et misère. Sans solidarité politique mondiale, ce sont les lois du libre marché. Est-ce cela qui explique le "réalisme" résigné – ou carrément consentant – de tant de "socialistes" ?

Le retard de la solidarité politique mondiale sur les puissances financières mondialisées est en effet immense. Et les problèmes à résoudre, énormes : comment relocaliser les productions, notamment alimentaires, sans précipiter dans le chômage et la misère les populations de pays qui ont abandonné l’agriculture de subsistance pour une production intensive destinée au marché mondial ? Comment restreindre transports terrestres et aériens sans casse sociale ? Comment réaliser une "Internationale du travail" qui n’ait rien à voir avec sa version totalitaire ?

Mais n’est-ce pas à ce grand et nouveau chantier que "la gauche" devrait s’atteler ?

Or, face à l’urgence d’une telle réflexion soucieuse de l’avenir de l’humanité, et alliant pour cela social et écologique, le vide des projets socialistes au-delà du très court terme inquiète.

Qu’on ne réponde pas que pour l’électorat populaire il faut d’abord s’occuper du lendemain immédiat : comment mobiliser pour le quotidien, si l’on ne redonne l’espoir d’un monde plus beau et plus juste à construire ?

La troisième contribution de DSK portait sur la "nouvelle bataille des valeurs". Trois valeurs principales étaient mises en avant : Justice, Liberté, et Humanisme. Très bien, ce sont des valeurs essentielles du combat culturel de la gauche. Mais on est étonné que la Solidarité, la nécessité de restaurer des valeurs collectives ne soient pas évoquées.

Parce que le totalitarisme communiste se réclamait de ces "valeurs collectives" ? Jacques Julliard n’a que trop raison lorsqu’il écrit que les socialistes n’ont jamais "donné une analyse convaincante de ce qui s’est passé", rien qui explique pourquoi "l’un des plus beaux rêves de l’humanité s’est transformé en cauchemar."

Mais l’Histoire nous donne d’autres exemples : par exemple ces clubs socialistes et ouvriers si divers qui ont fleuri depuis la Commune, jusqu’à ce que, dans les années 20, la "bolchevisation" en tue la richesse inventive et le pluralisme.

Réhabiliter ces valeurs collectives fait partie du travail culturel urgent d’un authentique parti socialiste.

Mona Chollet [Rêver contre soi-même, http://www.peripheries.net/article311.html ] analyse la "manipulation des imaginaires" qui détruit ces valeurs : Là où les pauvres, travailleurs ou chômeurs, s’identifiaient à leurs semblables, et se comparaient aux riches pour revendiquer contre l’injustice, le génie du "libéralisme", nous dit-elle, a fait qu’ils se comparent maintenant à leurs semblables - celui qui touche des allocs ou "profite" de son chômage pour faire la grasse matinée - et s’identifient aux riches, qu’ils deviendront en "travaillant plus"... Tout cela à grand renfort de "success stories" diffusées par TF1 et autres.

Dans le supplément TéléCinéObs, merci à Jean-Claude Guillebaud qui mène, bien seul parfois, un inlassable travail contre cette manipulation et cet avilissement par la "sous-culture".

Pour conclure, refonder ce n’est pas consentir à l’état des choses en se contentant d’un programme pour demain ou après-demain, en oubliant l’exploitation vécue par des centaines de millions de pauvres sur la planète et par des millions d’"invisibles" chez nous, et en laissant le champ libre à l’opium de la "sous-culture". C’est avoir un projet pour l’avenir de la planète !


PS : j’ai volontairement émaillé cette lettre de références à divers livres ou articles, dont les auteurs ne sont pas à ma connaissance (sauf Larrouturou) des militants socialistes. C’est qu’ils m’ont infiniment plus aidé à réfléchir que les hommes politiques du PS. [Si des lecteurs de cette lettre veulent en savoir un peu plus sur le contenu de ces livres, je peux leur adresser de brèves notes de lectures de Beaud et Pialoux, Dejours, Larrouturou, Kempf ].

Comment réunir ces pensées si fécondes ? La refondation doit-elle venir de l’extérieur du PS ? Larrouturou a bien tenté de lancer le débat de fond dans le PS. Mais le PS a choisi de le marginaliser. (Quant au Nouvel Obs : il y a quelques mois une brève ironisait sur Larrouturou, alors qu’un an plus tôt Laurent Joffrin avait fait un compte-rendu très élogieux d’Urgence Sociale !)
B. Wolff, Rennes (wolffbe@wanadoo.fr) (22/08/07)

Je suis un électeur de droite qui lit un journal de gauche, car j’aime me faire une opinion sur ce qui se passe dans ce pays (droite ou gauche, nous sommes tous français) et je dois dire que je ne suis pas déçu.

Je pense à vous dire que vous êtes un peu sectaire, car pour moi il y a de bonnes idées à droite comme à gauche. Mais pour cela il faut vous moderniser et ne pas rester rigides dans vos idées. Personnellement je suis pour une autre vision de l’opposition qui doit être constructive et non stérile.

Je me permets de vous faire un petit rappel.

Les socialistes et l’UMP ont environ de 25 à 30% des voix de l’électorat. Ce qui veut dire que Mitterrand a été élu avec les voix du centre gauche, des communistes, des écologistes et de l’extrême gauche.

A part De Gaulle et Chirac en 2002, tous les présidents ont été élus avec un peu plus de 50% des voix (c’est-à-dire un Français sur deux).

Par ailleurs, vous contestez le vote de 53% des Français, qui pour moi légitime l’actuel président, et c’est faire injure à ces 53% de nier cette légitimité.

Je n’ai pas souvenance, quand Mitterrand a été élu, qu’il y ait eu des émeutes ou des contestations de sa légitimité, car je pense qu’il faut respecter le suffrage universel.

Si mes souvenirs sont exacts, c’est un homme de gauche (Jospin) qui a modifié la loi pour inverser les votes (d’abord la présidentielle puis les législatives pour donner au président une majorité à l’assemblée et éviter la cohabitation, chose que vous contestez aujourd’hui).

Je vous demande également de vous rappeler la précédente république qui était une république de partis (proportionnelle) avec des gouvernements qui tenaient 3 semaines (Félix Gaillard) aussi je pense que ce ne soit pas une bonne idée sauf évidemment pour les groupuscules de droite comme de gauche et les partis d’opposition qui ont tout intérêt à cette modification.

Pour finir, je vous rappelle que tant que vous ne vous serez pas débarrassés de vos éléphants qui roulent pour eux et non pour les Français, ainsi que d’un certain dogmatisme, vous n’arriverez à rien, et serez toujours la dernière roue du carrosse.
PS : j’ai lu un éditorial dans votre journal qui qualifie le PS de 47% des voix. Je vous rappelle que c’est la candidate qui les a faits, en effet, il faut ajouter les voix du centre droit (Bayrou) et de gauche (les communistes, les écologistes, l’extrême gauche).


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