Voici les contributions de lecteurs à l'appel du Nouvel Observateur



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Benoît Willerval, Les Vans

LE PS N'EST PAS À GAUCHE, IL EST AU CENTRE

La vraie gauche doit donc se reconstituer sans lui, du moins sans son appareil.

Il est pour cela nécessaire de fonder un nouveau parti par la fusion des Verts, du PC, de la LCR, de Lutte Ouvrière, des alter-mondialistes, et des membres du PS sincèrement à gauche. Tous ces partis dépassés doivent oublier les luttes d'appareil pour ne penser qu'à l'intérêt général (et prouver ainsi qu'ils sont bien à gauche). Ce parti aura pour objectif de faire vivre la politique dans la vie quotidienne (luttes sociales et écologiques, dans les entreprises, les quartiers, etc.) et de prendre le pouvoir par les élections.

Le reste n'intéressera pas le peuple.


Jacques Manalt

PAR LE PS OU SANS LE PS ?

Le PS a ses racines dans des luttes aux côtés de ses « amis-ennemis » du PC et de l'extrême gauche. Ceux-ci ne lui font aucune concession et hurlent à l'ultralibéralisme dès que le PS se compromet avec les réalités contemporaines. Les militants du PS sont à l'image du PS et de la militance.

Les électeurs, eux, comprennent de mieux en mieux comment marche le monde, grâce à une surabondance d'analyses et de débats dans les médias. Ils sentent que la dette de la France est grave et qu'une économie faible compromet la protection sociale. Ils flairent immédiatement la langue de bois. Ceux que la gauche prétend aider sont prêts à voter à droite s'ils sentent que cela fera mieux marcher le pays. Il est inutile de pousser le curseur à gauche pour récupérer des voix communistes si cela génère en coulisses des votes à droite. Je n'ai pas été convaincu par la façon dont François Hollande a ouvert les bras à la CGT après le fiasco de 2002.

Il y a place, et j'espère : avenir, pour un parti moderne, qui laisse de côté les thèmes de combat archaïques (*) et s'attache à la revalorisation du travail par rapport au capital, ce qui englobe beaucoup de choses et n'est déjà pas facile. J'attends beaucoup de ceux du PS qui ont rejoint le gouvernement Sarkozy. J'espère qu'ils y seront brillants, qu'ils ne resteront pas muets lorsque sera mis en place le cadeau fiscal de la droite aux plus riches, et qu'ils sauront retrouver leur camp lors des prochaines élections. Le PS saura-t-il être ce camp ?

(*) Exemple de combat archaïque : la Sécu. Elle est très coûteuse, mais elle est présentée comme quasi gratuite pour ses bénéficiaires, la part de l'employé étant beaucoup plus petite que celle de l'employeur. Qu'est-ce que cette distinction entre part patronale et part du salarié ? Ne s'agit-il pas tout simplement d'un prélèvement sur le travail dont on voudrait faire croire à l'employé qu'il n'a pas d'incidence sur son salaire ? Cela se justifiait sans doute aux débuts de la médecine moderne, lorsqu'il fallait inciter les gens à se faire mieux soigner. Ce système fuit de toutes parts maintenant, et je me demande si l'abandon de cette distinction arbitraire entre part patronale et part salariée, et l'affichage de l'intégralité du prélèvement au compte de l'employé ne créerait pas un électrochoc salutaire.

Autre exemple : l'égalité des diplômes universitaires... comique, hélas, mais comique tout de même !


Yves Dandonneau (91)

PAS DE NOUVELLES TÊTES AU PS, MAIS DE « NOUVELLES IDÉES » !

Sarko a gagné oui, le PS a perdu oui, mille fois oui ! Pourquoi cette défaite, les réponses sont sans intérêt.

Par contre savoir pourquoi et comment Mr Sarkozy est devenu Président de la République, voilà ce qui est important !!

- c'était lui et lui seul le « chef » de son parti il a su faire taire toutes les oppositions à l'intérieur de son clan

- il est devenu le candidat obligé de la droite ! il s'est imposé naturellement, c’était dans la suite normale des choses, sa candidature était attendue par tout le monde, amis et ennemis compris !

- il a su convaincre l'électorat du bien fondé de ses réformes alors même qu'elles sont impopulaires !!! Argument énorme : elles sont impopulaires, soit, mais même au risque d'être battu, je les assume et les revendique... ! Super stratégie payante !!!

Ce qui est grave, c'est de voir les attaques se multiplier sur le nouveau Président : croisière je ne sais où ni avec qui, monopolisation des médias, présence de Cécilia en Lybie etc. etc.

Il vient d'être élu ce Président, c'est donc lui que les Français ont plébiscité ! Alors ce que je souhaite en tant que membre (de base) du PS, ce ne sont pas des critiques mesquines menant à rien, mais des propositions nouvelles, ce ne sont pas de nouvelles têtes que j'espère voir au PS, mais de « nouvelles idées », pas celles de la défaite passée, mais celles d'un renouveau d'une nouvelle gauche prenant en considération le recentrage idéologique souhaité par une majorité de Français.

Une gauche avec le centre gauche oui.

Une gauche avec le PC moribond et l'extrême gauche non.


PatdAngers

Je pense que la refondation de la gauche, passe d'abord par la refondation des syndicats qui ne représentent plus personne 4 à 8% des salariés.

Cela signifie que le monde du travail n’a plus d’interlocuteur naturel et donc ses aspirations ne sont plus perçues.

Ces syndicats et les partis de gauche (qui n'ont pas davantage d'adhérents) essaient de faire passer leurs idées dans les entreprises sans s'occuper du retour d'informations des travailleurs, en particulier sur l'augmentation des salaires, la délocalisation, l'insécurité et les retraites.

Les moyens d'action proposés aux travailleurs ne sont pas adaptés, en fait ils servent simplement aux syndicats à démontrer que bien qu'ils n'ont plus adhérents, ils ont encore un pouvoir de nuisance mais dépourvu de résultat.

La gauche doit d'abord démontrer qu’elle apporte des résultats aux travailleurs, car les 35 heures ont coûté cher aux salariés (blocage des salaires pendant 3 ans, pratiquement pas d'embauche, augmentation de la productivité sans que les salariés en perçoivent leur part, mise en œuvre par le MEDEF de la menace de délocalisation avec un fort taux de chômage).

Le niveau des retraites est bas alors que dans le même temps la retraite chapeau est instaurée dans les grandes entreprises.

La gauche a abandonnée la lutte des classes, la droite à toujours mis en œuvre sa politique de clientélisme pour sa classe. Elle a su masquer sa politique par une communication très élaborée comme « la fracture sociale » et dernièrement « travailler plus pour gagner plus », (quand j'ai commencé à travailler en 1968 c'était le slogan de mon employeur du moment lorsqu'on lui demandait de l'augmentation il nous proposait de travailler le samedi alors que l'on travaillait déjà 10 heures par jour, certains venaient travailler le dimanche matin, ce qui a débouché sur Mai 68 avec occupation des locaux pendant un mois, alors qu'il n'y avait pas de syndicat dans l'entreprise).

La droite creuse le déficit de la Sécurité Sociale sans que la gauche en donne les raisons au monde du travail comme si c'était un détail.
Michel Cornu

CHRONIQUE D'UNE RÉNOVATION ANNONCÉE

21 avril 2002. Le choc... brutal.

L’élimination de Lionel Jospin crée un séisme politique dont l'épicentre est le parti socialiste. Fort de nos certitudes, de notre bilan, la défaite était improbable, chronique d'une victoire annoncée.

06 mai 2007. Réplique pour les socialistes et toute la gauche. S. Royal est battue... Chronique d'une défaite annoncée.

Imperdable l'élection de 2007 ? Et celle de 2002 ?

Les résultats inscrits dans les urnes ont pourtant permis la réélection de J. Chirac puis la prise du pouvoir par N. Sarkozy.

Mis devant ses responsabilités, le parti socialiste doit aujourd'hui, chacun en convient, évoluer, se rénover, tirant toutes les leçons depuis 2002.

La rénovation est donc à l'ordre du jour, inscrite dans un calendrier proposé par la direction, voté par le conseil national, souhaitée par tous et orchestrée au profit d'une ligne politique novatrice.

Le doute pourtant persiste sur cette volonté affichée et la procédure engagée qui ressemblent au processus mis en place après notre échec de 2002. 5 ans déjà ! Processus stérile, on l’a vu.

Un congrès de faux-semblants, Dijon 2003, malgré l'émergence du Nouveau Parti Socialiste, des victoires électorales fulgurantes en 2004, un débat interne européen douloureux, un autre congrès pour rien, Le Mans 2005, synthèse molle à l'exclusion des derniers rénovateurs et enfin des primaires très démocratiques mais aussi politiquement ravageuses alors que la rancœur reste supérieure à l'intérêt du parti.

Le bilan du parti pèse donc lourdement à l'heure où est décrétée la rénovation.

2 chantiers importants nous attendent.

La redéfinition d'une ligne politique clairement acceptée, en résonance avec les citoyens et notre identité, évoluer sans se renier, moderniser notre progressisme.

Déjà ouvert, ce chantier concernera notre approche du monde et de l'Europe, de la place de l'individu dans la société, du rapport entre travail, formation et éducation mais aussi d'une démocratie globale et d’une culture à relancer. Les thèmes entrevus de la réconciliation avec les entreprises, de la 6e République et d'un nouveau pacte éducatif montrent les pistes à approfondir.

Deuxième chantier complémentaire, trouver non un consensus mais des convergences, abolir les oppositions de façade, aller vers le fait majoritaire pour dépolluer le parti et l'ouvrir sur la société.

Pour cela nous avons besoin d'un nouveau cycle, d'un nouveau dynamisme, d'un autre fonctionnement et d'un renouvellement pour assurer parité et diversité.

Approfondir et élargir, disions-nous à propos de l'Europe, mais aussi réapprendre à travailler ensemble.
Olivier Caremelle, Secrétaire Fédéral, Fédération Parti Socialiste du Nord

Damien Carême, Maire – Conseiller Régional, Président Rénover Maintenant Nord

Vous parlez de troisième échec successif de la gauche aux élections présidentielles. Mais en réalité sous la Ve République la gauche a systématiquement perdu les élections présidentielles sauf deux fois grâce à François Mitterrand.

Il faut donc s'interroger sur les facteurs qui lui ont permis d'accéder à la fonction présidentielle.

D'abord c'était un homme que l'on pourrait qualifier de culturellement à droite.

Ensuite il a réussi l'union de la gauche à une époque où ses deux principales composantes, PS et PC étaient également influents.

Aujourd'hui la gauche est-elle en mesure de présenter un candidat culturellement de droite ? Il n'y a qu'à voir Dominique Strauss-Kahn, Laurent Fabius ou Ségolène Royal pour s'en assurer.

L'union de la gauche est-elle possible ? La pluralité des candidatures à gauche prouve que non. De plus le PS n'est même plus en mesure d'assurer sa propre union.

De toute façon l'union de la gauche ne présente même plus d'intérêt puisque les alliés traditionnels des socialistes (PC, MDC, Verts) ne représentent plus aucune force électorale.

Peut-être que la gauche réussira à se renouveler, à se moderniser autour d'un programme cohérent et commun mais je ne la vois pas pour autant réussir à revenir au pouvoir avant très longtemps.
Stéphane Baudouin
Chers amis,

En réponse à votre demande de vous transmettre nos idées sur la construction d'une gauche moderne, non dogmatique, je vous fais part de mes réflexions :

1/ la gauche a besoin d'un PARTI profondément démocratique et ouvert aux idées, sans pour autant être une pétaudière

A la différence du PS, il devra permettre aux débats des militants d'être pris en considération par les instances dirigeantes. Le travail de réflexion devra être ascendant de la base au sommet et non l'inverse, comme cela a été longtemps le cas au PS.

La variété des opinions ne devra pas générer des « courants » s'épuisant en luttes intestines.

2/ TRAVAIL – EMPLOIS

2-1 Le financement des charges sociales (assurance maladie, chômage, etc.) ne devrait plus pénaliser les activités salariales en défavorisant l'emploi. Ce financement devrait faire réellement appel à la solidarité de toute la population en taxant tous les revenus.

2-2 L'indemnisation du chômage devra être inséparable d'une assistance efficace dans la recherche d'un emploi et, éventuellement, du recours à une formation appropriée aux capacités du chômeur.

2-3 L'orientation vers de nouvelles activités génératrices d'emplois et créatrices de richesse en remplacement des secteurs économiques qui nous échappent ne sera possible que si la recherche est très largement développée. La recherche appliquée ne pourra être efficace et durable que s'il existe une recherche fondamentale cohérente (cf. Etats généraux de la Recherche et développement des universités).

2-4 Dans les grandes entreprises la promotion devra être possible en fonction du mérite et des capacités. Le carriérisme, si néfaste à la bonne marche de l'entreprise et les promotions ne devront pas dépendre des coteries qui créent une véritable « usine à gaz » au sein de l'entreprise.

3/ RETRAITES

Leur pérennité ne sera possible que si la durée de la période de cotisation est allongée (prise en compte de la démographie et refus d'augmentation du montant des cotisations), à condition que les activités réellement pénibles bénéficient d'une réduction de la durée de cotisation et que les licenciements de seniors avec impossibilité de retrouver un emploi, prennent en charge les cotisations pour bénéficier d'une retraite pleine.

4/ ENSEIGNEMENT

4-1 Il devra être adapté aux capacités de chacun (pédagogie, formes d'assistance).

4-2 L'enseignement technique devra être revalorisé.

4-3 L'apprentissage devra être repensé en cessant d'être un moyen d'obtenir une main-d'œuvre bon marché et en utilisant des maîtres d'apprentissage compétents et des centres de formation dotés d'enseignants de qualité.

4-4 Un effort d'orientation effectuée au bon moment devra diminuer les échecs répétés et l'énorme gaspillage qui en découle.

4-5 Les universités devront cesser d'être un fourre-tout et devront avoir les moyens de se gérer efficacement.

5/ IMMIGRATION

5-1 La lutte contre l'appel et l'exploitation d'immigrés clandestins par des entreprises utilisant une main-d'œuvre non déclarée devra être intensifiée, ainsi que celle contre les réseaux de « passeurs ».

5-2 La lutte contre l'immigration clandestine est impensable sans une aide, efficace et contrôlée, au développement des pays constituant des foyers d'émigration (cf. programme de S. Royal).

6/ LUTTE CONTRE LA VIOLENCE

6-1 Retour à une éducation de base, aux règles de la vie en société et au respect des autres (à l'école, dans la rue).

6-2 Lutte contre la violence utilisée dans les productions audio-visuelles (cinéma, TV) qui, non contents de ne pas participer au travail d'éducation, dispensent une éducation à rebours.

6-3 Remplacer les ghettos que constituent beaucoup de banlieues par des quartiers harmonieux où existe une vraie vie sociale (commerces, services publics, emplois, activités de loisirs).

En espérant que cette modeste contribution favorisera la naissance d'une nouvelle gauche, je vous assure de mes sentiments cordiaux.


Michel Perrin (Vannes)

ET SI SEGOLENE QUITTAIT LE P.S.

Aujourd’hui, les responsables du Parti Socialiste continuent de se renvoyer la responsabilité de l’échec de l’élection présidentielle. Alors que la seule raison est la mauvaise image de désunion donnée aux électeurs de gauche.

Les fautifs, les Seigneurs du Parti qui n’acceptent et ne respectent rien si l’on touche à leur personnalité. Ils s’opposent à la candidature de Ségolène Royal et demandent un vote interne démocratique qui n’a qu’un seul but, de mettre au grand jour leur opposition à Ségolène Royal.

Ils ne respectent pas le vote des adhérents et ne tiennent pas compte de l’énorme majorité au 1er tour de Ségolène avec plus de 60% des voix comme candidate officielle du P.S.

La polémique, le dénigrement, les attaques sournoises, les petites phrases assassines sont leurs armes de bataille durant la campagne présidentielle vis-à-vis de Ségolène.

Malgré cette opposition interne Ségolène obtient 27% des voix au 1er tour (alors M. Jospin avec vos 15% en 2002 restez modeste) puis au second tour 17 millions d’électeurs lui font confiance (+46%). Quel Seigneur socialiste peut prétendre à un tel résultat. Mais là aussi cette direction ne respecte pas ces électeurs de gauche et continue le même comportement envers celle qui a porté les espoirs de la gauche.

Devant de tels faits il n’y a guère de solution. Pourquoi au Congrès de 2008, Ségolène Royal ne provoquerait-elle pas une scission. Ceux qui lui sont fidèles et respectent son image, se rassemblent derrière sa bannière pour préparer en 4 ans un programme d’alternance.

Laissons les Seigneurs, qu’ils continuent leurs discours stériles, cracher leur venin et continuer à ne rien faire, critiquer et se taper sur le ventre dans une autosatisfaction ridicule et peu crédible.


M. C. (Chalon-sur-Saône)

Refonder la gauche ? Elle va se refonder d'elle-même. Une génération qui a inévitablement perdu ses illusions et les nôtres avec l'exercice du pouvoir va bientôt laisser sa place à jeunesse qui monte. Revenir aux fondamentaux. Aux sujets qui fâchent, arrêter de chercher le consensus. Quelques idées : pour l'adoption des enfants par les couples homo (on n'interdit pas aux hétéros alcoolos drogués ou pervers d'avoir des enfants), pour la légalisation du shit (la vente surveillée donnera certainement un coup d'arrêt à une grande partie de l'économie souterraine et au trafic, hé pis quoi un oinch ou un pastaga, c'est juste une question de goût et de culture).

Pour une véritable économie écologique, pour une fiscalité juste, qui ne rend pas les riches encore plus riches et laisse les pauvres se démerder. Pour l'investissement public. Il ne faut pas avoir peur de la critique. Comme la droite a gagné en se revendiquant ouvertement de droite, il faut de se revendiquer de gauche. Une gauche qui colle avec la réalité mais qui donne aussi espoir et travaille sur les valeurs humanistes. Parce que dans peu de temps Sarko va se péter la gueule (on espère oui et non, parce qu'on est dans le même bateau et c'est not'pomme qui devra payer les pots cassés, com d'hab'). Les déficits publics vont le rattraper avant qu'il neige et la grande distribution des cadeaux va cesser avant que ne passe le père Noël.

Les gens pensent qu'avec la droite c'est moins d'impôt. C'est pas forcément exact et puis moins d'impôt c'est pas forcément plus de pouvoir d'achat. Ce que l'on ne paye pas en impôt ou en charges sociales, il faudra bien le payer d'une autre manière et peut-être plus cher.

De toute manière à moins d'une dissolution, il reste un peu moins de 5 ans, y a pas le feu (enfin peut-être bientôt ?)
JC Camax (St André sur Orne)

SOCIALISME ET SOCIAL-DEMOCRATIE

(Un soutien et un hommage à Dominique Strauss-Kahn)

Comme dit l’Ecclésiaste, « il y a un temps pour tout, un temps pour toute chose sous les cieux ». Il fut donc le temps des élections et, « les faits sont têtus » (Lénine), la gauche a perdu. Ces élections étant désormais derrière nous, s’ouvre pour la gauche, le temps de cinq années encore d’opposition, si ce n’est plus. Mais c’est aussi le temps, plus spécialement pour le parti socialiste, de tirer toutes les conséquentes, toutes les leçons de cette défaite. On peut lire ou entendre ici et là des discours appelant à la rénovation, au renouvellement, à la refondation etc. du parti socialiste. Mais peu importe le terme utilisé, car le débat ne se situe pas dans le champ du lexique ou de la sémantique. Le débat est beaucoup plus profond que cela. C’est un débat proprement théorique et idéologique. Théorie et idéologie qui, pourtant, ne doivent pas faire fi de la réalité concrète, de ce que Habermas appelle « le monde social vécu », c’est-à-dire du vécu concret des français. La théorie et l’idéologie se doivent, en effet, de prendre en compte la réalité, elles se doivent de s’inscrire dans une réalisation. Celle des attentes des françaises et des français d’aujourd’hui et non ceux d’hier. Il s’agit donc au total de théoriser la réalité et de réaliser la théorie. C’est, je crois, ce qui donne tout son sens au projet strauss-kahnien de « socialisme du réel », ce qui est aussi un réalisme politique.

Il s’agit pour moi ici, en tant que militant socialiste, de prendre aussi part à ce débat important. Un débat qui a commencé dès le soir du deuxième tour des élections présidentielles, on se souvient encore des mots et du visage graves de Dominique Strauss-Kahn justement, et qui se poursuit depuis. Quelles sont les raisons de l’échec du parti socialiste qui, pourtant, il y a deux ans au moins, était donné gagnant ? Qu’est-ce qu’il faut entendre précisément par rénovation, refondation etc. ? Telles sont les questions qui formeront la toile de fond de cette contribution.

« LE MYTHE DU CADRE DE REFERENCE »

Cette formule est du philosophe Karl Popper (1902-1994). Certes, par ces mots, désigne-t-il une certaine attitude intellectuelle de son temps, voire en deçà et au-delà, c’est-à-dire une certaine forme de relativisme corollaire d’un certain irrationalisme en science ; mais cette formule peut tout aussi bien désigner une certaine attitude politique. Dans le texte, l’auteur définit sa formule comme : « la doctrine selon laquelle la vérité est relative à notre arrière-plan intellectuel ou cadre de référence (…), et, en particulier, la doctrine de l’impossibilité de la compréhension mutuelle… »

Or c’est là, je pense, que se situe la principale cause de l’échec du parti socialiste. On pourrait, sans doute, évoquer d’autres raisons (absence de programme clair, décalage avec la réalité sociale dans ces mutations et évolutions etc.), mais essentiellement, fondamentalement, si le parti socialiste a perdu les élections, c’est parce que chacun des « éléphants » est resté campé sur ses positions, ce qui a donc rendu impossible la compréhension mutuelle.

De fait, à regarder les choses de façon plus attentive, ce qui a perdu le parti socialiste, ce n’est pas simplement une attitude relativiste (définition première du « mythe du cadre de référence »), mais une attitude dogmatique (qui constitue le deuxième sens que l’on peut rattacher à cette formule). Il s’agit donc, paradoxalement, d’un relativisme dogmatique. Comme je l’insinuais dans le paragraphe précédent. Cela s’est traduit par une attitude dans laquelle les uns et les autres ont vraiment manqué d’ouverture d’esprit pour avancer de façon complémentaire. Les uns se sont tout simplement fermés aux autres, chacun se réfugiant derrière son cadre de référence pensant détenir la vérité, alors que tous les autres se trompaient. Le parti socialiste est, en effet, le parti de toutes les positions et, par conséquent, le parti de toutes les divisions. La divergence de positions n’est pas mauvaise en soi, car la démocratie se défini aussi comme débat mutuel et critique. Mais lorsque ces innombrables positions se muent en divisions, et empêchent de parvenir à une ligne commune claire, cela devient suicidaire.

Aussi, le vrai problème du parti socialiste, ce sont ses « éléphants » qui, chacun tenant mordicus à sa position, ont-ils fini par accoucher d’un programme politique dans lequel on ne savait pas trop sur quel pied danser. Comme l’avoue Dominique Strauss-Kahn lui-même, sur les problèmes fondamentaux (les retraites, le nucléaire, le chômage, la sécurité, l’école etc.), « les débats n’ont jamais été tranchés ». On se souvient aussi de l’aveu après coup de Ségolène Royal. Tout cela n’est pas passé inaperçu aux Français qui ont vu dans le « pacte présidentiel » un fouillis nébuleux et irréaliste. Les choses n’ont pas été clairement et franchement dites. Or les Français étaient en attente d’un parler clair, précis et franc. En cela, le candidat de l’UMP a été plus efficace. Ils sont lourds, ces « éléphants », très lourds, et n’ont pas eu le temps de monter dans le train de la mondialisation postmarxiste en marche.

SORTIR DE L’ARCHAÏSME

Le dogmatisme est un archaïsme. Il correspond, en effet, à une attitude d’un autre temps. Celui de l’obscurantisme, de l’intolérance, ce temps qui s’est fermé à la critique rationnelle.

Le dogmatisme dans lequel s’est embourbé le parti socialiste, l’a installé d’emblée dans un archaïsme. Nostalgie ou défaut de pensée, il semble que, contrairement à ce qui se dit, l’on soit encore resté, les pieds joints, dans le mitterrandisme. Lorsqu’en 1971, au congrès d’Epinay, François Mitterrand prit la tête du parti socialiste tout en engageant cette vaste union de la gauche, son idéologie de l’époque était bien conforme à l’ère du temps : sous l’impulsion d’un lointain héritage marxiste, il s’agissait alors de rompre complètement avec le système capitaliste, l’économie de marché, dans le souci d’instaurer une société plus juste.

Epinay, c’était donc bien, mais Epinay c’est dépassé, et il faut en faire le deuil ; car il est nécessaire de faire aujourd’hui une autre lecture de la société française. N’oublions pas que le bloc soviétique s’est effondré, et que le parti communiste en France n’a plus sa force d’antan. L’orientation politique et économique du monde est autre, et elle est beaucoup plus axée sur la liberté. Aussi les clés de lecture marxistes de la société sont-elles caduques, même si l’objectif d’Epinay doit toujours rester en vigueur : instaurer une société plus juste. Il est temps, plus que temps pour le parti socialiste de faire sa propre critique, son autocritique, son aggiornamento afin de retrouver sa puissance d’autrefois. Cela est une bonne chose que l’esprit de Mitterrand plane encore au-dessus du parti socialiste, car il ne s’agit pas de l’oublier. Mais ce qu’il faut au parti aujourd’hui, c’est un nouveau Mitterrand, un autre Mitterrand ; un nouvel Epinay, un autre Epinay.

En effet, la société française a, depuis, beaucoup changé, et il semble que l’on ne s’en soit pas aperçu. Ou bien peut-être que l’on n’a pas voulu s’en apercevoir tellement il était plus facile et plus confortable d’en rester aux anciennes solutions. Mais hélas, les solutions d’hier ne sont plus adaptées aux problèmes d’aujourd’hui, et c’est ce que les Français ont dit avec éclat. Dominique Strauss-Kahn n’a donc pas tort, dans la perspective du « socialisme du réel » qu’il prône, d’exiger « un minimum de révolution dans notre manière de regarder les choses ». Mais il ne s’agit pas, dans cette révolution, d’adopter la politique de la tabula rasa, il ne s’agit pas d’envisager un bouleversement total et radical de la société française ; mais il s’agit, en fonction des mutations internes de cette société française, de penser autrement le discours socialiste pour l’adapter à la réalité sociale. Il faut recadrer le discours et l’idéologie, car c’est cette réalité du discours ou ce discours sur la réalité qui a manqué au parti socialiste qui, pour le coup, a besoin de se moderniser. Une modernisation qui se doit de se faire à tous les niveaux :

- D’abord au sein de ses instances de discussion : il est nécessaire que, quoi qu’il en soit, l’on sorte des débats avec une position claire et précise qui sera celle du parti. Ce que je veux dire, c’est qu’il y ait une position tranchée, et que l’on évite les tergiversations qui mettent le militant ou le sympathisant dans l’expectative ou dans le flou artistique. Pour autant, les discussions doivent reposer sur une certaine honnêteté intellectuelle. C’est-à-dire qu’il ne s’agit pas dans ces débats de prendre pour cible et de combattre des personnes physiques, mais il s’agit de combattre leurs idées et d’avoir la décence de reconnaître son tort lorsque son idée ne tient pas la route ou n’obtient pas l’unanimité. C’est donc de vraies discussions critiques et rationnelles qu’il est question. En somme, pour reprendre le mot de Strauss-Kahn, il faut être « collectif » et non individualiste. Il faut se ranger derrière un seul mot d’ordre, et avec conviction. Dit ainsi, cela peut paraître simple et banal, mais la réalité montre que ce n’est pas gagné d’avance.

- Ensuite au sein des structures dirigeantes et à responsabilité : il faut, sans que l’on en reste à de simples déclarations de principes, oser faire de la place à des gens nouveaux, plus jeunes et de toutes origines, sans pour autant remercier les anciens. Il s’agit juste d’ouvrir un peu plus au renouvellement des femmes et des hommes.

- Enfin dans le discours et dans les propositions que l’on fait aux Français : il faut parler aux Français sans ménagement ni détour. Il y a quelques années, par exemple, c’était une hérésie de se faire élire avec les voix du front national. On a vu, pendant les scrutins antérieurs, des députés ou des maires refuser publiquement les voix de ce parti politique. Aujourd’hui, il n’en est rien puisque le candidat Nicolas Sarkozy s’est fait élire aussi avec ces voix là sans créer aucun scandale. On arrive même à justifier cela en disant que ces électeurs là faisaient un vote de sanction, et que le franc parler de Nicolas Sarkozy, voire son « populisme » les a convaincu de revenir à de « meilleurs sentiments ». C’est donc là une preuve tangible que la situation sociale et politique de la France n’est plus la même. Elle a changé, elle a évolué. Aussi, est-il nécessaire pour le parti socialiste, sans sombrer non plus dans la démagogie et le populisme (encore faut-il savoir vraiment à quel moment un discours politique est populiste), d’adapter son discours à cette évolution de la mentalité sociale et politique.

Il y a lieu de se poser quelques questions : pourquoi certains électeurs traditionnels du parti socialiste ou de gauche n’y votent plus ? Pourquoi, par exemple, certains électeurs issus de l’immigration ou de la diversité ne votent plus à gauche ? Pourquoi certains ouvriers, même français de souche, ne votent plus à gauche ? Pourquoi certains enseignants ne votent plus à gauche ? Lorsque le parti socialiste et la gauche auront répondu à ces questions, on aura fait un grand pas vers la victoire. S’il fallait ici ébaucher une réponse, je dirais, pour ma part, que c’est parce que le discours socialiste, aujourd’hui, n’inspire plus confiance, il n’est pas convaincant parce qu’il n’est pas réaliste et manque de clarté, de précision, de rigueur et de cohérence avec la réalité sociale française. Tout ce qu’était précisément « le pacte présidentiel » que l’on nous a proposé. Il faut savoir que toutes les victoires du parti socialiste après Jospin étaient la conséquence d’un vote de sanction, non pas contre la droite, mais contre Chirac, et pour rectifier le tire par rapport aux évènements du 21 avril 2002.

Mais qu’est-ce que j’entends par avoir un discours cohérent avec la réalité sociale et politique ?

DE LA SOCIAL-DEMOCRATIE AU « SOCIALISME DU REEL »

L’un des points nodaux de ce qu’on appelle aujourd’hui « social-démocratie », réside dans la notion de « réalisme ». C’est au nom de ce réalisme que cette pratique politique n’est ni un ultralibéralisme forcené (Hayek), ni un « ultrasocialisme » ou communisme (Marx). Dans ces deux derniers cas il s’agit, ou bien d’accorder moins de place à l’Etat (ultralibéralisme), ou bien plus de place à l’Etat (socialisme). Il faut tout simplement reconnaître qu’aujourd’hui, en ce qui concerne la société française, cela relève de l’utopie.

Les anciens définissaient la politique, au sens de la politeia, comme l’art de gouverner la cité afin d’assurer le bonheur du citoyen. Dans le cas de l’ultralibéralisme et du socialisme, il s’agit de réaliser ce bonheur sans et malgré le citoyen. Or dans l’alternative que nous propose la social-démocratie, il s’agit d’essayer d’y parvenir avec le citoyen. Cela nécessite avant tout, à adopter face au bonheur la position réaliste d’un idéal, un horizon, et de le considérer comme un principe régulateur. Lorsqu’on a compris cela, on a aussi compris que ce bonheur considéré comme visée doit être tout simplement approché. Pour cela, il faut cibler dans la société les poches de malheur et essayer de les enrayer au coup par coup. Ce qui suppose, par conséquent, d’accorder à l’Etat la place qui lui convient. Celle d’un Etat interventionniste certes, mais qui laisse aussi la place, une place non moins importante, aux libertés individuelles et à l’initiative privée. L’Etat ici « est un ingénieur social » (K. Popper).

Ce qu’il faut à la France d’aujourd’hui, c’est peut-être ce type de pratique politique réaliste. C’est ce type de discours qu’il faut tenir aux Français, si cela n’est déjà fait par d’autres. En tout cas c’est aussi ce que la gauche et le parti socialiste doivent faire, dans un esprit de gauche, dans un esprit socialiste. Il faut oser sortir de la rigidité du système socialiste afin de s’ouvrir quelque peu à autre chose. Il faut s’adapter. C’est d’ailleurs ce que n’ont pas manqué de faire les deux systèmes politiques dont je parlais précédemment.

Hayek, par exemple, en dépit de son ultralibéralisme, prévoie une place, mince soit-elle, au social, car l’une des prérogatives de l’Etat consiste à venir en aide aux plus démunis de la société. Même si cette action doit s’effectuer hors marché, il n’en demeure pas moins qu’elle existe. C’est aussi le cas de Lénine avec la « nouvelle économie politique ». Et, plus proche de nous, ce fut également le cas de Gorbatchev avec la « perestroïka » et la « glasnost », sans oublier Tony Blair avec le « New Labor ». Il ne s’agit ni de réduire l’ultralibéralisme d’Hayek en un socialisme qu’il avait en horreur, ni de diluer le socialisme de Lénine dans un libéralisme qu’il méprisait lui aussi (pour ne prendre que ces deux exemples). Mais il s’agit de dire que l’on peut s’ouvrir un peu sans risquer de se compromettre. Il s’agit, tout simplement de s’adapter à la réalité.

« Le socialisme du réel » que propose Dominique Strauss-Kahn s’inscrit aussi dans cette lecture social-démocratique de la politique. Comme il l’écrit lui-même « adopter le socialisme du réel que je préconise, ce n’est pas se résigner au pragmatisme et à l’ordre établi : il s’agit de faire face à la réalité pour pouvoir la changer. » Or la réalité aujourd’hui c’est qu’il est nécessaire de faire la réforme des finances publiques, et que pour cela il faut mettre l’Etat en retrait là où il faut ; il faut promouvoir l’entreprise et l’économie de marché ; éviter des renationalisations inutiles ; revoir de fond en comble les 35 heures ; faire de la vraie solidarité sans sombrer dans l’assistanat conduisant à la passivité ; envisager la possibilité de travailler plus longtemps puisque l’espérance de vie a relativement bien augmenté, et qu’il n’est pas très éthique de léguer aux générations futures un surcroît de déficit budgétaire, etc.

Mais tout cela il faut le dire clairement aux Français, et sans détours. Il faut sortir de ce discours qui fait de l’Etat un Etat paternaliste. L’Etat providence est obsolète. L’Etat d’aujourd’hui ne doit pas simplement se contenter de résorber la misère, car il faut aussi le faire, mais il doit également, dans le même temps, mettre en place les moyens empêchant la société de créer de la misère. Il faut donc aussi beaucoup travailler à la prévention de la misère…

Par les temps qui courent il serait bon que, dans le camp socialiste, l’on garde la tête froide pour envisager l’avenir en toute sérénité. Rien n’est perdu, car il n’y a pas de fatalité. Aujourd’hui, c’est le temps de l’UMP et de la droite. Il reviendra aussi le temps du parti socialiste et de la Gauche. Mais pour cela, il faut rester soudés et solidaires.

La candidature de Dominique Strauss-Kahn à la tête du FMI me donne un pincement au cœur car c’est une perte pour le parti socialiste. Cependant, le choix reste judicieux pour la France, l’Europe et le monde, car sa compétence en la matière n’est plus à démontrer. Et s’il venait à prendre effectivement la direction du FMI, j’espère surtout, pour moi qui suis d’origine africaine, qu’il arrivera à mettre l’Afrique au pas, en ce qui concerne la gestion des finances qui lui sont accordées par les institutions de Breton Wood et autres institutions internationales.


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