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P L A n D E C A R R I è R E
Anticiper
son évolution
dès l’embauche
Le plan de carrière est-il réservé aux seuls cadres expérimentés ?
Plus maintenant. Les grands groupes l’utilisent pour sauvegarder
les compétences. Il peut même s’avérer être un outil anti-crise…
Penser plan de
carrière dès l’en-
trée dans son
nouveau poste,
c’est désormais
indispensable.
Cette notion,
« fondamen-
tale dans les
entreprises il
y a vingt ans
et systémati-
q u e m e n t
proposée aux
jeunes diplômés qui sortaient de
l’Essec ou d’HEC, n’a plus été à la mode.
Aujourd’hui, elle fait à nouveau partie
des politiques de ressources humaines des
grands groupes. En outre, les employeurs
se sont diversifiés dans leurs recherches
de candidats et ne s’en tiennent plus aux
seules grandes écoles», explique Jean-Luc
Placet, président du Syntec conseil en
management. La raison ? Il faut fidé-
liser les cadres et limiter les fuites. Les
entreprises font déjà face aux départ à la
retraite des baby-boomers dans plusieurs
secteurs : les banques et assurances, le
BTP, l’industrie pharmaceutique… Les
grands groupes veulent conserver leurs
compétences, par conséquent «la ten-
dance aujourd’hui est plutôt à la gestion
et à la rétention de talents». La preuve :
Danone, Total, Saint-Gobain, Lafarge,
la Société Générale, Sagem Communi-
cations… rivalisent d’ingéniosité pour
développer leur «marque d’employeur».
Une opération séduction fondée sur la
mise en avant des valeurs de l’entreprise
– l’éthique, la responsabilité sociale ou
encore le développement durable, pour
ne citer qu’elles. Le but : donner envie
aux candidats de les intégrer, en leur
démontrant qu’ils peuvent s’y épanouir
au mieux. Même certaines PME, qui
ne disposent ni de l’arsenal RH d’une
multinationale, ni du temps nécessaire
pour se pencher sur la mobilité interne,
mettent désormais en place des plans de
carrière.
Le plan de carrière contre
la crise
Pour conserver ses collabo-
rateurs et donc limiter le turn-over, il
faut les former et les faire évoluer. Un
atout pour les jeunes diplômés : les dix
premières années d’une carrière sont
importantes pour donner de la valeur à
un CV ensuite. De plus, les employeurs
savent qu’une bonne politique de for-
mation continue et d’évolution des
compétences demeurent tout aussi effi-
caces qu’une augmentation de salaire.
Au moins dans un premier temps. Mais,
intégration et formation représentent
aussi un investissement de taille pour
l’entreprise. Par conséquent, ces der-
nières n’évaluent plus un jeune diplômé
seulement en fonction de sa formation,
mais également en fonction de ses com-
pétences et de son potentiel. «Aupara-
vant, le plan de carrière était mis en place
au bout de quatre à cinq ans. Maintenant,
il peut être envisagé après la période d’essai»,
poursuitJean-LucPlacet.Les grands grou-
pes parient sur leurs poulains et utilisent
le plan de carrière, notamment pour
détecter la mobilité géographique. Alors,
afin de mettre toutes les chances de son
côté, «un jeune cadre
malin doit anticiper et
être visible très rapide-
ment. Lorsque le DRH
lui propose des objectifs,
il ne doit pas hésiter en
retour à expliquer où il
se voit plus tard». Il doit
en quelque sorte élabo-
rer son propre plan de
carrière sans attendre;
d’autant plus face à la
crise. Car, si les papy-
boomers cèdent leurs places, certaines
entreprises gèlent les recrutements et ne
les remplacent pas. Dans ce cas, la mobi-
lité des cadres en poste est figée. Consé-
quence : les jeunes diplômés, jusque-là
mercenaires du marché de l’emploi,
commencent à connaître des difficultés
depuis l’après septembre 2008. La ten-
dance s’est donc inversée. Mais, la porte
n’est pas fermée pour autant. Pour rem-
placer les retraités qui
de toute façon vont
partir, les entrepri-
ses doivent trouver
de nouvelles com-
pétences en interne
et donc favoriser la
progression.
Alors
pour être ce candidat
à l’évolution, il vaut
mieux, même jeune,
songer le plus tôt à
son plan de carrière.
Stéphanie Lacaze
un jeune cadre doit tout de suite
se créer des réseaux dans l’entreprise
JEAN-LUC PLACET, président du Syntec
conseil en management.
«Les jeunes diplômés
doivent être extrêmement
proactifs. Il vaut donc
mieux s’appuyer très tôt
sur tous les outils à portée
de main. D’une part, les
réseaux d’écoles sont
dynamiques. Ensuite, une
fois entré en fonction,
un jeune cadre doit en
profiter tout de suite pour
se créer des réseaux dans
l’entreprise, en amont
et en aval, c’est-à-dire
également avec les clients
et les fournisseurs. Il ne
faut pas non plus hésiter à
faire un peu de benchmark
auprès de groupes
différents du sien pour voir
comment ça se passe.
Et, bien sûr, pour bien
réussir dans sa fonction,
il ne faut pas attendre que
tout vienne de l’entreprise.
Elle donnera à un jeune
en fonction de ce qu’il
a investi. D’où l’intérêt
d’anticiper sur son plan
de carrière.»
En savoir plus
Syntec, organisme
ayant le but de
«rassembler les
métiers du savoir»,
01 44 30 49 00 :
www.syntec.fr
Conseil en
management :
www.syntec-
management.com
Conseil en
recrutement :
www.syntec-
recrutement.org.
Les dix
premières
années d’une
carrière sont
importantes
pour donner
de la valeur
à un Cv.