10
Même si les grandes tendances salariales demeurent,
elles peuvent être révisées à la hausse ou à la baisse en fonction
du secteur d’activité et de la compétence.
45000 euros bruts annuels : c’est le
salaire brut annuel médian (fixe et
variable) des cadres (Source Apec). Ce
chiffre peut sensiblement varier selon la
taille de l’entreprise, la difficulté de la
mission, la rareté du profil ou la diffi-
culté du secteur à embaucher. Dès lors,
peut-on encore parler de grandes ten-
dances en matière de salaire ? Oui, dans
la mesure où le diplôme et l’école res-
tent détermi-
nants. Ainsi,
selon le cabi-
net Hewitt, le
salaire médian
brut
annuel
d’un diplômé
d’une
école
d’ingénieurs
réputée atteint
41,2 K€ contre 34 K€ pour une plus
petite école en région. Même dichoto-
mie dans les écoles de commerce, où le
salaire d’entrée est de 40,1 K€ pour les
formations les plus prestigieuses et de
31,8 K€ pour les établissements moins
cotées. «Du côté des formations universi-
taires, il faut compter une rémunération
médiane de 33700 € pour un master 2 et
de 23700 € pour une licence», explique
Souhila Keffi, responsable de l’enquête
Jeunes Diplômés menée par Hewitt.
Outre la formation initiale, d’autres
facteurs entrent en ligne de compte. À
commencer par le secteur d’activité. Les
plus généreux ? La pétrochimie, l’audit
et le conseil, la banque et l’assurance.
«Sans oublier le BTP qui, pour attirer les
diplômés des écoles de commerce les plus
prestigieuses, commence à s’aligner sur les
autres secteurs», poursuit Souhila Keffi.
En termes de filières, les métiers de
la stratégie et de la planification sont
bien placés avec un salaire annuel brut
médian de 40,5K€. Ils sont suivis par
la finance et le contrôle de gestion avec
une médiane de 38,1 K€ et par les
métiers du conseil et de l’audit : 37,9
K€ de salaire annuel brut médian. Si
les entreprises conduisent leur politique
salariale le pied sur le frein, elles n’hési-
tent pas à mettre un coup d’accélérateur
quand il s’agit de recruter des experts,
rarissimes sur le marché de l’emploi.
Dans le domaine de l’Internet, par
exemple, après avoir fait appel à des
prestataires extérieurs, les entreprises
internalisent de plus en plus ces fonc-
tions. Les webmasters qui maîtrisent le
langage HTML et connaissent le sec-
teur, démarrent souvent à un salaire fixe
de 32 à 34 K€. C’est vrai aussi pour le
webmarketing : les débutants gagnent
entre 35 à 38 K€, le haut de la four-
chette étant réservé à l’expertise en réfé-
rencement, en CRM, en e-commerce
et en techniques de veille et d’informa-
tion. Dans l’informatique, les consul-
tants opérationnels SAP, People Soft,
Oracle, Business Object, Hypérion ou
Siebel sont très bien payés compte tenu
de la pénurie. Au bout d’un an d’expé-
rience, un profil SAP touche un fixe de
l’ordre de 37 à 40 K€, auquel s’ajoute
un variable individuel et collectif de 5 à
10%. Dans un tout autre domaine, le
marketing, un assistant chef de produit
débute en général avec un salaire fixe
de 30 à 35 K€. Les ingénieurs de pro-
duction, qui travaillent dans la qualité
ou en R&D, peuvent prétendre respec-
tivement à des salaires fixes de 35 K€ et
de 30 K€.
La crise n’a pas que du mauvais. Le
contexte économique actuel entraîne
en effet une recherche accrue de cer-
taines compétences. C’est le cas des
contrôleurs de gestion ou des cadres
comptables. Sur un marché relative-
ment tendu, ces derniers sont d’autant
plus favorisés qu’ils ont des profils opé-
rationnels (fournisseur ou client). Les
mêmes causes provoquent les mêmes
effets pour les juristes d’entreprise,
notamment quand ils connaissent une
spécialité recherchée comme le droit de
la propriété intellectuelle ou le droit des
assurances emprunteurs. Conclusion :
les entreprises sont encore prêtes à met-
tre ce qu’il faut sur la table pour obtenir
les talents qui lui font défaut.
Catherine Wunsch
Des salaires
à la carte
R É M u n É R AT I o n
Malgré la morosité
ambiante, la plupart
des secteurs d’activité
continuent de recruter.
Pour autant, les
entreprises ne jouent plus
l’inflation salariale que
l’on a pu connaître ces
dernières années.
«Elles ne peuvent pas
faire de la surenchère,
car elles sont soumises
à des contraintes. Le
salaire des jeunes
diplômés qui arrivent
sur le marché du travail
va peut-être un peu
baisser. Cela durera aussi
longtemps que la crise»,
explique Jean-Paul
vermès, président du
cabinet de recrutement
vMS France. «Cette loi de
l’offre et de la demande
permettra aussi de ne
pas arriver avec des
prétentions exagérées.
Il est probable que les
nouveaux venus doivent
revoir un peu à la baisse
leur salaire d’entrée.
Mais rien ne les empêche
de demander ce
qu’il souhaite, quitte
à négocier ensuite.»
FInI LE JEu DE L’InFLATIon
Le contexte
actuel entraîne
une recherche
accrue de
certaines
compétences.
TEnDAnCES
>