6
La crise a déjà causé la perte de plusieurs dizaines de milliers d’emplois
et replacé la problématique du chômage au centre des préoccupations
françaises. Quels impacts aura cette crise sur les entreprises,
en termes d’emplois, de ressources humaines, de rémunérations
et de financements ? Éléments de réponses.
2008 restera sans doute comme l’une des pires années économiques depuis 1929. La
crise des subprimes aura mis un peu plus d’un an et demi à contaminer toute l’écono-
mie mondiale. Du jamais vu. Que s’est-il passé ?
Le feuilleton de la crise est aujourd’hui bien connu. Une bulle spéculative immobilière
qui entraîne une titrisation des crédits dont la vente génère d’immenses profits. Alors,
on abandonne les règles élémentaires de précautions et de prudence quant à la solva-
bilité de l’emprunteur, du fait des rendements élevés… On en veut plus, plus vite.
La France résiste
Après la fonte des valeurs boursières, ce sont les entre-
prises elles-mêmes qui commencent à freiner. Plus de crédits, plus d’emprunts. Le
secteur automobile s’écroule, le chômage technique enfle, les sous-traitants sont à la
peine. L’industrie ralentit. Toutefois, les plans de relance se succèdent. Et, en France,
la consommation résiste.
Alors ?
Alors, tout va changer ou rien ne va changer ? Une fois remis en selle
grâce à l’argent public, le système financier pourra soit revoir en profondeur sa copie
sur la gestion du risque et le court-termisme de ses attentes de retours sur investisse-
ments, soit partir vent debout à la conquête de nouveaux territoires, sans un regard
sur le passé et sans avoir tiré les conséquences de cet accident vasculaire financier, à la
manière d’un drogué faussement sevré.
Pour les entreprises, c’est différent. Elles sont l’économie réelle. Elles n’ont pas le choix.
Elles doivent s’armer pour rebondir. Et elles ont largement commencé à le faire.
Des secteurs en difficulté qui recrutent malgré tout
À lire
la presse et à regarder les journaux télévisés, on se dit que les grands établissements
financiers (banques et assureurs) ont dû fermer totalement les robinets d’embauche.
Fin de partie. La réalité est beaucoup plus nuancée. S’ils abandonnent ou limitent
pour quelques temps le recrutement d’experts en mathématiques financières ou de
jeunes traders, les établissements financiers ont cependant de réels besoins dans le
domaine de la banque de détail. Le front office, les fonctions commerciales ont le vent
en poupe. La crise aura également une incidence positive sur la recherche de profils
experts dans le domaine du financement des entreprises et du crédit, et naturellement
dans celui de la gestion des risques.
L’industrie maintiendra malgré tout un bon degré de recrutements en 2009, notam-
ment au niveau ingénieur ; le manque en la matière étant encore supérieur au ralen-
tissement de l’activité. Par ailleurs, l’industrie regroupe des réalités très différentes
et les besoins du BTP n’ont bien sûr rien à voir avec les attentes en mécaniques de
précision.
Enfin, les enseignes de la grande distribution devraient maintenir un degré d’embau-
che relatif, du fait du papy-boom et du turn-over important dans ce secteur.
Et d’autres que la crise épargne encore
L’agroalimentaire, même
s’il peut être un temps impacté par la baisse du pouvoir d’achat et la chute de la
consommation, devrait maintenir ses capacités de recrutements en 2009. Le BTP,
malgré une baisse drastique du nombre de mise en chantier dans le neuf, détient
un marché porteur dans le domaine de la rénovation de l’habitat mise en action par
les lois environnementales Grenelle 1 et Grenelle 2. Les opportunités d’embauches
resteront nombreuses en 2009. Les bac +2 et les bac +4/5 continuant d’être les plus
recherchés.
Les métiers «verts», ingénieurs et ingénieurs conseils, juristes spécialisés en environ-
nement, techniciens et mainteneurs sur les énergies renouvelables devraient, eux aussi,
Entre réalisme
et prudence
C o n J o n C T u R E
TEnDAnCES
>
L’international restera
en 2009 l’apanage
de quelques happy
few surdiplômés
ou disposant d’une
expertise technique
importante. Les grands
énergéticiens – Total
en tête – continuent
de proposer des
postes d’expatriation,
mais les volumes
restent relativement
marginaux. Les banques
multinationales, elles
aussi, pourront proposer
quelques carrières à
l’international.
Mais, là encore,
il n’y aura pas de
place pour tous.
À l’autre bout de la
chaîne, le régional
n’est pas homogène.
Certaines régions
offrant de meilleures
opportunités que
d’autres. Le nord, plus
industriel, connaît
actuellement de vraies
difficultés. Le Sud,
la région parisienne et
l’ouest, plus orientés
vers le tertiaire, les
services ou multi-
activités pour l’ouest,
arrivent encore à tirer
leur épingle du jeu.
À suivre…
InTERnATIonAL
vERSuS
RÉgIonAL