404 la norme linguistique l'occultation du caractère maternel de la langue nationale



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6. On peut voir dans ce fait les racines d'une attitude d'hyperdéfensivité à l'égard des mots anglais qui caractérise bon nombre de Québécois francophones. C'est en vertu de cette attitude que, par exemple, le mot « stop » rencontre des opposants irréductibles. Assez curieusement, cependant, le rejet ne s'applique qu'aux mots qui éveillent une image anglaise; c'est ainsi que, par exemple, « transmission » au sens de « boite de vitesse » passe en général inaperçu, bien qu'il s'agisse, dans ce cas, d'un véritable mot anglais.


LA NORMALISATION AU QUÉBEC

anglaises, quitte à en franciser la prononciation; seuls les artisans ou les membres des corps de métiers continuent à travailler en français. Pour les notables et les commerçants, la simple survie est une question beaucoup plus importante que la survivance de la langue française'.

Dans les milieux ruraux aussi bien qu'urbains cependant, la petite école maintient le flambeau, constituant ainsi un élément de normalisation par incitation: on y enseigne le « bon parler français », sous forme de leçons de vocabulaire, de brefs exposés occasionnels, de joutes, jeux et concours, etc.

On peut résumer cette période en disant que la normalisation linguis­tique par incitation y a servi principalement à maintenir vivante la langue française au Québec, que les préoccupations linguistiques y sont demeurées, sous des formes diverses, à l'état latent dans l'esprit des Québécois en général, à l'exception de groupes ou d'individus qui s'y sont intéressés de façon plutôt isolée, et qu'en conséquence ces questions, sans tomber dans l'oubli, ont été reléguées à l'arrière-plan. La « correction » (au sens actif) du langage porte essentiellement sur les éléments lexicaux et phonétiques de la langue, et elle s'aligne moins sur le français de France que sur la langue des aïeux.

La seconde période est marquée par trois facteurs sociologiques im­portants. a) le début de l'ère industrielle, qui n'est pas sans liens avec la Deuxième Guerre mondiale et a pour conséquence directe d'importantes migrations vers les centres urbains; b) la fermentation et l'épanouissement de ce qu'on a appelé depuis la Révolution tranquille, qui a bouleversé toutes les échelles de valeur de la société québécoise et, enfin, c) la réforme de l'enseignement, dont fun des effets les plus lourds de conséquence fut de permettre l'accessibilité de tous à l'éducation, pauvres comme riches, ouvriers et paysans aussi bien que fils de notables, citoyennes autant que citoyens.

Ces trois facteurs ont exercé des influences multiples, et parfois con­flictuelles, sur les préoccupations linguistiques des membres de la société québécoise.

Le premier facteur a eu pour effet, d'abord, un renforcement de l'en­vahissement des terminologies non françaises, puis, le début de la dislocation des cellules qu'avaient constituées jusqu'alors les paroisses et les villages. La migration vers les centres urbains a entraîné une modification importante des habitudes langagières et, par voie de conséquence, une expansion de l'usage d'une langue caractérisée dans son ensemble par la présence d'archaïsmes importés des campagnes, d'anglicismes et de barbarismes,

7. On peut probablement voir dans ce fait les origines d'une attitude de déférence que vouent bon nombre de Québécois à la langue anglaise et à ce qu'elle représente sur les plans social et économique. Cette attitude s'est manifestée de plusieurs façons, qu'un exemple suffira à illustrer: les raisons sociales des PME, même dans des régions à très forte majorité francophone, ont pendant longtemps été unilingues anglaises.

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qu'un militant de la normalisation par incitation de l'époque, le Frère Untel, a globalement stigmatisée sous l'étiquette de joual.

Le second facteur, en conjonction partielle avec le premier, a eu d'abord pour effet de jeter des ponts culturels entre le Québec et la France, puis, plus tard, la francophonie, en favorisant la circulation de documents variés (ouvrages, manuels, revues, etc.), ainsi que le déplacement des personnes. Ensuite, comme il a coïncidé avec une expansion rapide des médias élec­troniques, il a marqué le début de l'influence considérable qu'exerce sur les sujets parlants la langue utilisée par la radio et la télévision. Ces dernières sont devenues, accessoirement mais de façon très palpable, des agents de transformation des habitudes langagières. Enfin, la notion de liberté indivi­duelle véhiculée par le second facteur, et dont la manifestation primordiale est le rejet des règles conventionnelles, s'est manifestée dans l'expression linguistique des Québécois.

Sur le plan sociolinguistique, ces effets se sont traduits par les phéno­mènes suivants: a) la découverte d'une langue française hexagonale, sur laquelle certains ont voulu s'aligner de façon inconditionnelle, mais que d'autres ont rejetée comme étrangère, d'où l'existence en parallèle de deux normes linguistiques, - que l'on observe encore aujourd'hui -, pour le théâtre, la création littéraire, les téléromans, les chansonniers, les enseignants, les étudiants, etc.; b) la disparition relativement rapide de plusieurs parti­cularités langagières régionales, notamment sur les plans du lexique et de la prononciation, ce que l'on peut observer, par exemple, en comparant avec les habitudes langagières contemporaines des Québécois les données présen­tées dans l'Atlas linguistique de l'est du Canada (Dulong et Bergeron: 1981).

Le troisième facteur a eu un triple effet: a) celui d'augmenter consi­dérablement le niveau moyen de scolarisation des Québécois; b) celui d'étendre cette scolarisation à tous les éléments de la société; c) celui d'introduire, par le truchement d'un enseignement scientifique et technique plus poussé, des terminologies et même des schèmes de pensée étrangers.

On peut observer, sur le plan sociolinguistique, une double réaction produite par le troisième facteur: a) une sensibilisation accrue, de la part d'un plus grand nombre de Québécois, à l'égard des questions linguistiques, d'où une normalisation linguistique volontaire, individuelle et issue de la base, plutôt que conseillée d'en haut par une élite; b) une prise de con­science collective de la dimension internationale de la francité et des pro­blèmes de normalisation linguistique qui en découlent.

On peut résumer la seconde période en disant qu'elle a marqué la fin de l'ère défensive quant à la qualité de la langue, que les interventions en matière de normalisation linguistique par incitation y sont devenues plus nombreuses et ont fait appel à des moyens plus variés, que les problèmes de normalisation linguistique se sont étendus non plus seulement à la langue générale, mais également aux langues de spécialité. 11 est apparu également

LA NORMALISATION AU QUÉBEC



que, pour un certain nombre de Québécois, l'identité culturelle et ethnique doit se manifester dans une forme de langage qui reflète une appartenance à une entité géo-politique.

La troisième période coïncide avec une accélération rapide du phéno­mène de normalisation linguistique par incitation, qui se manifeste sous plusieurs aspects: a) la loi créant la Régie de la langue française institue une véritable politique d'incitation; b) les médias électroniques multiplient les émissions portant sur des questions linguistiques; c) la publicité adopte un langage plus soigné et fait appel à des messages culturellement plus près des Québécois; d) les publications abondent grammaires, dictionnaires normatifs, etc.; e) la langue de l'Administration devient plus soignée, et même la qualité linguistique des textes de loi fait l'objet d'une étude à l'occasion des refontes. La mise en place de deux organismes, le nouvel Office de la langue française et le Conseil de la langue française, vient renforcer le mouvement.

L'ensemble de ces facteurs ainsi que d'autres du même ordre contribuent puissamment à modifier les habitudes langagières des Québécois ainsi que leur attitude générale à l'égard de la correction du langage. Les politiciens adoptent un niveau de langue moins négligé, certains archaïsmes de pronon­ciation (notamment [wej --> [wa]) s'estompent graduellement, le vocabulaire des sujets parlants s'enrichit. Les grandes universités francophones se dotent d'organismes dont la mission est d'assurer la qualité de la langue. Un nombre de plus en plus grand de Québécois perdent cette gêne que l'on éprouvait à « bien parler », de peur de se faire remarquer. Le succès de la campagne publicitaire qui eut pour slogan: « Le français, je le parle par coeur » est révélateur à cet égard.

La normalisation linguistique officielle

C'est en 1973, dans le cadre d'un colloque international de termino­logie de l'OLF, que l'étude de cette question a été abordée, pour la première fois au Québec, de façon systématique; c'est de la même époque que datent les premières ébauches d'une infrastructure de normalisation termino­logique mise en place cinq ans plus tard, dont l'essentiel est décrit dans un dépliant intitulé Commission de terminologie de !'Office de la langue française. Les premiers actes de normalisation ont été publiés dans la Gazette officielle du Québec" en 1979. Par normalisation linguistique officielle, nous entendrons, dans les lignes qui suivent, les avis de normalisation ou de recommandation ainsi publiés.

Sur le plan sociolinguistique, la normalisation linguistique officielle a pour objectif prioritaire, à l'heure actuelle, l'amélioration de la qualité du français, langue de travail; en ce sens, elle agit en complémentarité avec les efforts de francisation des entreprises. Son influence sur les habitudes

8. Les premiers décrets de normalisation ont été publiés en France en janvier 1973.


LA NORME LINGUISTIQUE

langagières des groupes et des individus est, par conséquent, d'une impor­tance considérable, d'où la nécessité, pour l'OLF, de maintenir des relations étroites et constantes avec des spécialistes de différents domaines d'activités. La normalisation linguistique, en effet, ne peut se faire en vase clos, car elle risquerait alors de demeurer lettre morte.

La normalisation linguistique officielle doit également tenir compte de ce qui est ressenti comme un besoin par les usagers. C'est pourquoi les travaux de la Commission de terminologie de l'OLF sont orientés principalement en fonction des demandes soumises par des usagers, individuellement ou en groupes. C'est ce qui explique, d'ailleurs, la satisfaction générale et la rapidité avec laquelle passent dans l'usage la plupart des actes de normalisation de l'OLF. Pour ne citer que deux exemples, la normalisation des dénominations des véhicules de plaisance (motocaravane, tente-caravane, etc.) a été acceptée avec satisfaction par les associations de camping et caravaning; la normalisation de la place du $ passe rapidement dans l'usage, comme on peut le constater dans les placards publicitaires.

La normalisation linguistique officielle a d'autres objectifs, qu'elle ne néglige pas pour autant, comme le montrent les deux exemples cités au paragraphe précédent Mentionnons, pour mémoire, l'amélioration de la qualité de la langue de l'Administration, y compris les organismes para­publics, de la langue des affaires, de la langue de l'enseignement et de la langue des médias. Par cet ensemble de préoccupations, la normalisation linguistique officielle atteint toutes les couches de la population.

NORMALISATION, RECOMMANDATION ET HARMONISATION

Normalisation

La normalisation linguistique au Québec présente certaines caracté­ristiques que nous allons aborder brièvement Premièrement, comme c'est le cas pour la France, mais également pour l'URSS ainsi que nombre d'autres pays, elle revêt un caractère officiel et relève, par conséquent, d'un organisme de l'État Par comparaison, on peut citer la normalisation linguistique, d'ordre essentiellement terminologique, à laquelle on arrive grâce à un consensus de la majorité des pays membres, dans des organismes internationaux comme le comité n° 1 de la Commission électrotechnique internationale, ou les sous-comités de terminologie des différents comités techniques de l'Organisation internationale de normalisation. Ensuite, elle ne touche qu'une langue, le français. De plus, ses interventions portent moins sur la langue générale que sur les langues de spécialité et, de façon générale, non pas sur toutes les composantes linguistiques (grammaire, morphosyntaxe, pho­nétique), mais sur la composante lexicales des langues de spécialité. Enfin,

9. Rappelons que la composante lexicale comprend aussi bien des unités syntagmatiques complexes que des unités simples.

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elle se fonde sur le principe de la biunivocité du terne et, de ce fait, elle ne cautionne pas, officiellement, la synonymie en terminologie. Ce qui signifie que même si, dans l'usage, se sont établis des synonymes (p. ex. à cause de registres de langue), un avis de normalisation terminologique n'en fera pas état.

Recommandation

En parallèle avec des avis de normalisation, l'Office de la langue française du Québec émet des avis de recommandation. Cette formule a également cours en France et dans d'autres pays.

La recommandation, qui revêt, elle aussi, un caractère officiel, se distingue essentiellement de la normalisation en ce qu'elle n'est pas coercitive. En effet, les termes recommandés n'ont pas, comme les termes normalisés,

à être employés de façon « obligatoire dans les textes et documents émanant de (Administration, dans les contrats auxquels elle est partie, dans les ou­vrages d'enseignement, de formation ou de recherche publiés en français au Québec et approuvés par le ministre de l'éducation ainsi que dans l'affi­chage public » (Charte de la langue française, art. 118).



Les actes de recommandation doivent, dès lors, accorder place à la synonymie, d'autant plus qu'ils peuvent porter aussi bien sur des éléments linguistiques non spécialisés que sur des terminologies. Cependant, dans les cas de synonymie terminologique, l'une des formes linguistique concurrentes est en général présentée comme préférable aux autres, ne serait-ce que par la place privilégiée qu'elle occupe dans la formulation d'un avis.

Par ailleurs, il est possible que ce qui fait l'objet d'un avis de recom­mandation à une certaine époque soit, à une date ultérieure, normalisé.

La normalisation et la recommandation constituent les deux formules officielles de la normalisation au Québec.

Harmonisation

Il existe cependant une autre forme de normalisation dont les sanctions, pour n'être pas officielles, n'en exercent pas moins une influence considé­rable sur les habitudes langagières des Québécois, en ce qui a trait aux terminologies. Nous donnerons à cette forme de normalisation f appellation d'harmonisation.

Ce qui la caractérise, outre le fait mentionné plus haut, c'est d'abord qu'elle adopte en général des méthodes de travail analogues à celles de la normalisation officielle et qui consistent à confier l'étude de dossiers termi­nologiques à des comités composés de spécialistes des domaines traités. Les terminologies ainsi harmonisées pourront donc, éventuellement, recevoir raval du normalisateur.


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Autre caractéristique de l'harmonisation, c'est qu'elle se pratique dans les entreprises privées ou parapubliques 10, à l'intérieur d'une même entreprise, ou dans un groupe d'entreprises ayant des intérêts communs. Elle a essen­tiellement pour but « l'uniformisation de la terminologie en usage dans l'entreprise » (Vidal 1980: 1) et les résultats qu'elle produit sont immédiate­ment mis à la disposition des usagers, la plupart du temps sous forme de lexiques.

Il existe d'autres formules d'harmonisation, qui regroupent les pouvoirs publics, les entreprises ainsi que d'autres organismes ou associations. C'est le cas, par exemple, du Comité de terminologie nucléaire, qui comprend des membres de l'Office de la langue française, d'Hydro-Québec, du Bureau des traductions d'Ottawa, de la Commission de contrôle de l'énergie atomique et d'Énergie atomique du Canada.

Signalons, enfin, pour compléter le tableau, que la normalisation terminologique et métaterminologique (celle qui concerne la normalisation des méthodes de travail en terminologie) s'exerce également par le biais de la participation d'organismes québécois aux travaux d'organismes inter­nationaux. Ainsi, pour citer un exemple, la direction de la terminologie de l'OLF assume le secrétariat du sous-comité 2 du Comité technique 37 de l'ISO; le mandat de ce sous-comité s'étend à l'élaboration et à la présentation des vocabulaires spécialisés et il possède déjà à son actif la rédaction d'un projet de norme internationale (ISO/DIS 639) portant sur les « abréviations de langues et d'autorités ».

Valeurs psycho-sociales

qui font opter le normalisateur québécois tantôt en faveur de la normalisation, tantôt en faveur de la recommandation

L'existence même de la Charte de la langue française confère au Québec un caractère particulier, en ce sens qu'il y a peu de situations comparables dans le monde, qui sont telles que l'État doit légiférer pour protéger son territoire non seulement contre l'érosion linguistique provenant du contact avec d'autres langues, mais également contre l'acculturation. La situation géo-politique du Québec, entité à majorité francophone insérée dans un continent dont toutes les institutions sont marquées au sceau d'une autre culture et fonctionnent dans une autre langue, de même que l'histoire expliquent, entre autres faits, les coups de barre qu'ont été les lois 22 et 101. La première constituait surtout un frein; la dernière a mis en place non seulement des mécanismes de freinage d'un processus d'aliénation culturelle

10. D existe des comités ou commissions dans des organismes publics comme, par exemple, le ministère de l'Éducation: ils font partie de l'infrastructure de la normalisation linguistique officielle.


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et linguistique qui tendait vers la folklorisation, mais également des structures orientées vers l'expansion de la langue française. Cette langue, tout en reflétant la nord-américanité du Québec, doit s'aligner sur une norme qui assure la communication internationale au sein de la francophonie.

Voilà le cadre général dans lequel s'exerce la normalisation officielle: implantation, dans des secteurs d'où il était absent, d'un usage plus généralisé du français et modernisation d'une langue pour l'adapter aux réalités nou­velles. C'est ce qui explique les attitudes différentes, qui vont de la prudence à la fermeté, qu'a adoptées le normalisateur depuis la parution des premiers avis dans la Gazette officielle, en mars 1979.

Une étude des avis publiés au cours des trente derniers mois fait voir qu'essentiellement, le normalisateur, dans son choix entre la normalisation, la recommandation et la non-intervention, doit tenir compte des facteurs suivants: le nombre d'usagers susceptible d'être touché, le nombre de termes ou mots appartenant à une même série, le degré de spécialisation des termes ou, à l'inverse, le degré de rapprochement de ces ternes avec les mots du langage courant (p. ex.: autoroute est un terme du domaine des voies de circulation, mais également un mot de la langue courante), le degré d'ancrage dans l'usage, d'où les possibilités de résistance, la moins grande capacité du français en usage au Québec à ingérer sans dommage des emprunts fnguis­tiques, d'où les mécanismes d'autodéfense qui s'éveillent devant un mot comme « stop », la tendance à accepter le calque de façon inconsciente, tendance que favorisent les contacts linguistiques de même que la traduc­tion", ainsi que bien d'autres facteurs qu'il serait trop long d'énumérer ici. Nous nous contenterons de passer en revue les principaux motifs qui font opter le normalisateur tantôt en faveur de la normalisation, tantôt en faveur de la recommandation.

Normalisation

Compte tenu des facteurs qui précèdent, l'Office de la langue française choisira de normaliser un terme (ou une série de ternes) ou un mot, dans le but de:

- modifier de façon massive des habitudes langagières fortement ancrées dans l'usage et s'étendant à une partie importante de la population, quand la terminologie en usage n'est pas française. Exemple: le domaine des boissons gazeuses, qui comprend une nomenclature relativement importante;

- confirmer la qualité de ternies dont la forme linguistique éveille des doutes chez les usagers. Exemples: maintenance, averse de neige, square;

11. Pendant plusieurs décennies, la culture française québécoise a été une culture de traduc­tion. Même si la situation a changé, toutefois, il circule encore quotidiennement un grand nombre de textes traduits, et non rédigés en français. Que l'on songe, par exemple, aux nombreux textes en provenance des grandes agences de presse qui sont reproduits tels quels dans les journaux de langue française.

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- ordonner un ensemble de termes dans un domaine technique, en vue de modifier certains usages de l'Administration et des organismes qui lui fournissent des services ou des biens. Exemples: dans le domaine des affaires sociales, agrément d'un régime, années décomptées, cotisation, services validables, etc; dans le domaine des engins de chantier, bouteur, scarificateur, etc;

- assurer un statut de plein droit à un terme considéré comme régio­nalisme en français hexagonal. Exemple: traversier;

- uniformiser une terminologie en usage dans des opérations commer­ciales, en vue de l'aligner sur un usage international et, dans certains cas, d'assurer ainsi la protection du consommateur. Exemples: dans les produits de la pêche, flétan du Groenland (« turbot »), hareng (« sardine »), plie (« sole »), mye (« palourde »), pétoncle (« coquille Saint-Jacques », etc.

- remplacer un régionalisme improductif, ambigu ou non adapté aux réalités modernes. Exemples: les véhicules de plaisance: autocaravane caravane (« roulotte »), caravane pliante, tente-caravane, semi-caravane;

-établir des règles concernant l'affichage. Exemples: dans le domaine de la toponymie, les génériques d'odonymes allée, place, avenue, boule­vard, chute, etc.; les restaurants, les commerces d'alimentation;

- dénommer au moyen d'appellations françaises des réalités que l'usage hexagonal a tendance à nommer au moyen de l'emprunt. Exemples: dans le domaine des engins de chantier, bouteur léger (« calfdozer »), décapeuse automotrice (« motorscraper »);

- éliminer la synonymie inutile dans les langues de spécialité.

Recommandation

Dans d'autres cas, et parfois à l'intérieur d'un même domaine (p. ex. celui des affaires sociales), le normalisateur aura recours à un avis de re­commandation, principalement dans le but de:

- ne pas heurter de front des habitudes langagières qui, tout en n'étant pas internationales, sont françaises, se rattachent à un héritage culturel et concernent des mots d'emploi courant plutôt que des ternes spécialisés. Exemple: canot;

-orienter l'usage, tout en le laissant flotter jusqu'à ce qu'il se fixe. Cette formule est utile dans le cas de réalités en voie de développement, soit d'ordre sociologique, comme, par exemple, la transformation des attitudes sociales à l'égard de la population féminine (féminisation des titres), des ethnies amérindiennes (graphie française des noms de peuples amérindiens), soit d'ordre technique, comme certains symboles en mécanique des fluides. Dans ce cas, la recommandation est souvent une étape vers la normalisation;

- guider l'usage sans plus, dans les cas où le normalisateur considère que le nombre d'usagers est si restreint que les mesures coercitives ne sont pas nécessaires. Exemple: dans le domaine des transports, lux, lumen, déclivité;

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-laisser coexister des synonymes jusqu' à ce qu'une tendance se dessine en faveur de l'un d'entre eux, lorsqu'aucun autre critère ne permet de les départager. Exemples: dans le domaine de l'aménagement des voies de

circulation: halte routière/aire de repos, musoir/tête d'îlot; dans le domaine des affaires sociales, concentrateur d'oxygène/oxygénoconcentrateur;



- donner un certain poids à des lexiques thématiques. Exemple: le Vocabulaire de l'habillement.

Notons que les actes de normalisation ou de recommandation portent non seulement sur les termes, mais également sur la définition qui les accompagne. Notons également que les dossiers terminologiques sur lesquels

s'appuient ces actes sont versés à la Banque de terminologie du Québec et sont ainsi disponibles pour consultation.



Aspects linguistiques de

la normalisation terminologique au Québec Traitement du calque et de l'emprunt 1L



Pour les motifs d'ordre sociologique et historique exposés dans les paragraphes qui précèdent, on observe, dans la langue française en usage au Québec, deux attitudes contradictoires à l'endroit du calque et de l'em­prunt,3. C'est d'abord, comme nous l'avons signalé précédemment, la réaction d'auto-défense que provoque immédiatement toute forme linguis­tique à visage anglais ", réaction qui ne s'exerce pas, toutefois, dans le cas des formes linguistiques à visage familier (c'est le cas, par exemple, de « pointes » = vis platinées). Notons que cette réaction se limite également à l'aspect lexical de la langue. C'est, ensuite, une acceptation inconsciente du calque, syntaxique aussi bien que lexical ou sémantique.

12. Dans les lignes qui suivent, nous entendons par emprunt linguistique le passage d'une langue à une autre, d'une forme linguistique ou d'une structure morphologique ou syntaxi­que, ou encore l'addition à tel signifiant dans une langue d'un signifié associé, dans une

autre langue, à un signifiant de forme analogue; c'est le cas, par exemple, de réaliser (concrétiser) et de réaliser (se rendre compte E.. « ta realize »). Le calque est une variété d'emprunt obtenu le plus souvent par traduction littérale. Ex.: gratte-ciel E- « skyscraper ».



13. 0 s'agit ici du calque de formes linguistiques anglaises ou de (emprunt d'unités lexicales à la langue anglaise, en raison d'un contact prolongé avec cette langue, dans des condi­tions socio-économiques et politiques qui, pendant deux siècles, ont fait que la langue

d'une minorité a exercé sur la langue de la majorité une influence identique à celle qui s'observe habituellement dans le cas inverse. Il est vrai que la langue française a été, sur le territoire du Québec, en contact avec les langues amérindiennes et qu'il en est résulté un certain nombre d'emprunts lexicaux, notamment en toponymie et dans les dénomi­nations relatives à la faune. Cependant, ces emprunts n'ont pas le caractère massif et culturel des emprunts à la langue anglaise parce que, en raison d'un rapport de forces entièrement différent, ils sont moins nombreux, ils ont été circonscrits dans le temps et ils n'ont pas, en conséquence, affecté les schèmes de pensée français.



14. C'est le cas, par exemple, de parking, building, etc. Plus récemment, le mot « discount » a fait l'objet, dans le journal Le Deuoir, d'un échange de vues illustrant cette réaction.

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Le calque et l'emprunt linguistique constituent des moyens d'enrichis­sement des langues. Toutes les langues modernes, même les plus « pures » y ont eu recours, parfois de façon massive, dans le passé (p. ex., le nombre de mots empruntés par l'anglais au français est beaucoup plus élevé qu'on ne le croit en général) et ce phénomène se poursuit de nos jours, à un moindre degré, cependant.

Voilà donc trois facteurs dont deux, d'ordre interne, sont paradoxaux, et l'autre d'ordre externe, puisqu'il constitue un élément de la structure du langage, voilà trois facteurs dont doit tenir compte le normalisateur québécois dans le traitement du calque et de l'emprunt. Le troisième facteur présente de plus un corollaire: si le recours au calque et à l'emprunt dans des limites normales peut contribuer à l'enrichissement d'une langue, par contre, l'emploi immodéré et unique de cette formule a pour effet de modifier de façon importante et rapide (quelques générations, parfois) le caractère spécifique de cette langue.

C'est ce qui explique que l'Office de la langue française a choisi de régulariser le recours à l'emprunt et au calque dans l'usage officiel du français au Québec. II a, pour ce faire, établi des lignes directrices balisées au moyen de trois types de critères portant sur l'acceptation, le rejet et la non­intervention. Ces critères sont exposés dans l'Énoncé d'une politique rela­tive a l'emprunt de formes linguistiques étrangères (déjà cité, pp. 15-19).

L'examen de ces critères montre que le normalisateur a pris en consi­dération la situation particulière du Québec des points de vue sociolinguis­tique, culturel, politique et historiques

En effet, les critères d'acceptation sont moins laxistes qu'ils ne pour­raient l'être, par exemple, en France, dont la population constitue une masse permettant à la langue d'absorber une plus grande quantité d'em­prunts. Ces critères plus étroits ne risquent pas, par ailleurs, d'être une gêne, car ils s'inscrivent dans une tradition bien ancrée de réserves à l'égard des mots non français. Et, au surplus, ils auront pour effet de stimuler l'imagination créatrice des usagers en les forçant à chercher des dénomi­nations françaises pour représenter des réalités nouvelles dont la majorité sont de provenance nord-américaine. À cet égard, le Québec occupe une position privilégiée, aux portes de nombreux développements scientifiques et techniques du monde moderne. Les critères d'acceptation tiennent compte, d'autre part, de la dimension internationale de la francophonie.

Les critères de rejet, quant à eux; tendent à éliminer les emprunts inutiles, que l'on trouve aussi bien dans l'usage hexagonal que dans l'usage québécois.

Quant aux critères de non-intervention, fis démontrent une préoccu­pation de conservation de certains héritages culturels et linguistiques légués par les contacts avec les langues amérindiennes ou par des traditions québê-


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