Journal intime



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A peine étions-nous de retour que ma mère - qui s'était plainte à Aurore et à Lionel que nous n'ayons pas appelé d'Espagne - nous mettait à contribution pour ses problèmes de chaudière. Hier, nous sommes allés la voir et nous avons trouvé l'origine de ses fuites. Aujourd'hui, il a fallu appeler des ouvriers, en prenant garde de bien avoir recours à ceux qui lui agréent, car il n'y a rien de plus exigent que ceux qui ne peuvent se débrouiller par eux-mêmes.
Mardi 4 mai 1992 (21h.06)
Ce qu'il y a de plus remarquable à Séville, c'est le mélange de plaisant et de sérieux, de fête et de science, de tradition et d'avant-garde. Tout le monde peut y trouver son plaisir, et chacun peut y voir un spectacle différent. "Le monde entier dans une île", la devise de l'Expo est tout à fait justifiée, pas seulement par la participation massive des pays, mais aussi par la diversité des éléments qui composent ce petit univers au bord du Guadalquivir.

S'il fallait établir un palmarès de ce que nous avons vu à Séville, ce serait sans conteste le pavillon du Canada qui arriverait en tête, avec sa salle de projection où le spectateur arrive à oublier qu'il est au cinéma, mais aussi avec ses terminaux qui invitent le visiteur à participer à des expériences simulées. En matière de spectacle, il faudrait aussi parler du film en relief du pavillon Fujitsu. Succinctement, il faut mentionner les pays dont le pavillon nous a le plus intéressé: l'Australie, la France, le Chili, l'Arabie Saoudite, l'Espagne. Mais cette liste est d'autant moins exhaustive que nous sommes loin d'avoir vu tout ce qui nous aurait plu. Nous n'avons pas eu le temps de voir le pavillon des Amériques, ni l'intérieur de celui de la Hongrie, dont l'architecture promettait beaucoup. Des pavillons des communautés autonomes, nous n'avons vu que le Pays basque (fort bien fait), l'Aragon, la Catalogne (un peu froid) et les Baléares. Nous avons vu ce qui reste du pavillon des Découvertes, mais pas celui de la Navigation, et nous avons été obligé de passer trop vite dans celui de l'Espagne (par moment un peu trop agressivement chauvin). Parmi les déceptions, il y a les Etats-Unis, qui n'ont pas fait un effort à la hauteur de leurs prétentions et de leur richesse, Puerto Rico, dont le spectacle est d'une affligeante vacuité, l'Inde (pour l'intérieur), le Pakistan (trop commercial), la Malaisie, Israël surtout, dont on attendait plus...

Mais l'Expo, c'est aussi les feux d'artifices et les hologrammes, le soir sur le lac. Egalement, le train monorail suisse qui nous a permis de contempler une dernière fois, avant de repartir, le site exceptionnel de l'île de la Chartreuse, le Jumbotron, écran de télévision géant, Curro, la mascotte de l'Expo que nous avons tous adoptée...

Quelques dernières impressions: il y avait du monde, de plus en plus chaque jour, mais sans que cela fût vraiment gênant. En effet, le site est vaste (215 hectares), et ce n'est que lorsque l'on doit faire la queue à l'entrée d'un pavillon particulièrement couru que l'on se rend compte de l'affluence. La chaleur non plus n'est pas un problème, car les efforts entrepris pour baisser la température ont porté leurs fruits. Nous n'étions certes pas en été, mais il faisait tout de même plus de trente-deux degrés et nous n'en avons pas souffert. Les repas sont chers dans l'enceinte de l'Expo et nous avons attendu d'être repartis pour faire de bons repas. Comme nous commencions notre journée tard, nous prenions un petit déjeuner copieux, ce qui nous permettait de tenir jusqu'au soir, hormis quelques horchatas ou bières dont nous nous abreuvions tout au long de la journée, entre deux visites.

Une chose est sûre, c'est que ces journées passées à l'exposition furent fatigantes. D'abord, parce qu'elles étaient longues: même si nous ne n'arrivions guère avant midi, nous étions sur place encore à minuit. Nous nous couchions toujours à deux heures du matin, et, heureusement, nous dormions profondément après toutes ces heures de marche. Il faut dire aussi que nous étions superbement logés: un appartement moderne où rien ne manquait, de la machine à laver à la climatisation, et où nous aurions volontiers passé plus de temps.

Mercredi 5 mai 1992 (19h.32)


A Séville, nous n'avons pas vu que l'Expo; en Espagne, nous n'avons pas vu que Séville. En partant, nous nous sommes arrêtés chez Jordi, où nous avons passé une journée et demie. Avec María Dolores et lui, nous sommes allés à San Cugat (rencontre du frère du peintre Grau Gariga, qui est l'oncle par alliance de Jordi; visite des locaux de la revue où travaille María Dolores) et à Blanes (dîner de poissons sur le port). Sur le trajet,après une brève halte à Alcossebre (petite station tranquille, bruit de vagues, odeur de la mer, souvenir d'autres séjours au bord de la Méditerranée), nous avons visité Lorca (ville vieillotte, un peu morte), Granada (cathédrale et Capilla Real, Alhambra et Generalife) et Ronda (site exceptionnel dont la proximité m'a permis d'accomplir le rêve mythique d'une visite; nous y avons fait, de surcroît, un excellent dîner). Sur le chemin du retour, après un excellent repas à Valdepeñas, nous avons fait un petit arrêt à Madrid, où nous avons retrouvé l'hôtel Santa Cruz de notre précédent passage et le restaurant bon marché, chez Rodríguez, situé à proximité. Puis nous sommes allés voir Maribel, Jenaro et Pedro, qui nous ont reçus avec leur générosité habituelle. Et, pour boucler la boucle, nous nous sommes retrouvés chez Jordi, qui nous a appris la mort de Messiaen et à qui nous avons donné l'envie de voir l'exposition de Séville.

En ce qui concerne Séville, que nous ne connaissions pas encore, il faut reconnaître que la ville, malgré les clichés touristiques et l'exotisme de pacotille, est superbe et mériterait un séjour en dehors de toute préoccupation "universaliste". Nous sommes montés au sommet de la Giralda, mais nous n'avons pu visiter le cathédrale, qui était en travaux. Nous avons fait le tour de la ville en calèche et traîné dans le barrio de Santa Cruz. L'ambiance des arènes, avant le début de la corrida, aurait suffi à me dégoûter de cet art dont je me suis bien éloigné, depuis le temps où tout ce qui était espagnol recueillait mon approbation et éveillait mon enthousiasme, de Franco à la fiesta nacional. Cette atmosphère de magouillage vulgaire et de prétention ostentatoire m'a quelque peu écoeuré. Le concours de "tunas" dont nous avons pu voir la fin, le même soir, m'a par contre enchanté et fait souhaiter que de telles traditions parviennent à se maintenir.

Mais reprenons contact avec la réalité d'ici et d'aujourd'hui: nous avons reçu une lettre de Nadine nous annonçant que Pierre-Michel avait eu un accident aux Deux-Alpes, en faisant du mono-ski. Il a une vertèbre dorsale fracturée et il est encore à l'hôpital. Avec la perspective d'une rééducation qui pourrait être longue, ses études risquent d'être compromises. La "tatan" nous a appris que la maison de Bergesserin était vendue et que le déménagement était prévu pour le début du mois prochain. Je me demande si la nouvelle ne fait pas plus de peine à Joëlle qu'à la "tatan".
Ce soir, j'ai eu une conversation agréable et détendue avec monsieur Magnol, qui m'a parlé de ses goûts musicaux et de l'opéra. Il sortait d'un comité de direction, et j'ai failli lui dire que je souhaitais que ce soit lui qui soit désigné au poste de directeur du CIRTIL. Mais ma démarche aurait pu être mal interprétée et j'ai préféré m'abstenir. Il sera toujours temps de se réjouir, si mes voeux se réalisent.
Jeudi 6 mai 1992 (20h.09)
Si nos deux semaines de vacances m'ont obligé à sortir de mon univers habituel et à m'éloigner d'un ordinateur dont la présence devenait obsédante, j'ai tout de même retrouvé l'informatique en Espagne. En premier lieu, à l'Expo, ou presque chaque pavillon avait sa base de données et d'images que l'on pouvait consulter à loisir (et Blandine ne s'en n'est pas privée). J'ai pu constater que, dans ce domaine, l'Espagne n'était pas en reste, et que l'on y faisait un usage résolu des ordinateurs multi-médias, lesquels ne me semblent pas jouir chez nous d'une telle vogue. Comme je souhaitais vivement joindre ma passion pour l'Espagne et mon intérêt pour l'informatique, j'ai rapporté de ce voyage des livres et des revues qui vont me permettre, à défaut de devenir un informaticien espagnol, de pouvoir dialoguer avec mes confrères de l'autre côté des Pyrénées. Je suis donc revenu avec un dictionnaire d'informatique, un livre volumineux sur le système DOS et ses utilitaires (avec une sélection de programmes de la revue américaine PC-Magazine: et oui, même là-bas, l'influence des Etats-Unis se fait fortement sentir dans ce domaine), et deux revues "PC-World" (encore!), elles-aussi accompagnées de programmes, calculatrice ou déclaration de revenus. La qualité de cette revue, qui me permet en outre de me tenir au courant de l'évolution de l'informatique en Espagne, ainsi que l'intérêt de ses programmes m'ont conduit à m'abonner, en espérant que l'envoi à l'étranger ne posera pas de problèmes. J'ai également commandé, à un distributeur de logiciels du domaine public annoncé dans cette revue et qui joue un peu le rôle de l'association OUF en France, des programmes dont le moindre intérêt n'est pas d'être entièrement en Espagnol.

Me voici donc reparti avec ma marotte. J'ai payé hier à mademoiselle Spennato cet ordinateur que j'avais en dépôt depuis presque un mois. Je continue de progresser, et je mets à profit une partie du temps dont je dispose au CIRTIL pour m'exercer et étudier mes nouveaux logiciels. Même si, là-bas, je ne suis pas très bien équipé, je gère cependant deux ordinateurs auxquels j'ai imprimé mon cachet et que personne ne me dispute. C'est sans doute au détriment d'autres tâches que je pourrais accomplir, mais je n'ai de comptes à rendre à personne. Et comme je prépare peut-être mon avenir...

Dimanche 10 mai 1992 (21h.53)
Depuis le début de la semaine, nous avons une pensionnaire: une merlette qui a atterri sur notre balcon, l'aile endommagée, et que nous nourrissons, en attendant qu'elle soit capable de se débrouiller seule et de repartir vers de nouveaux horizons. Même si elle garde ses distances, elle s'est très vite familiarisée et a tendance à compter sur nous pour lui donner la becquée, alors qu'elle est capable de s'alimenter elle-même. Elle nous aura fait perdre beaucoup de temps, car cela nous divertit de la voir évoluer sous nos yeux et nous nous en sommes occupés tous les trois. Il faut souhaiter pour elle que son aile s'arrange, mais cela ne nous dérangerait pas de la garder, si ce n'est qu'elle salit le balcon dont nous lui avons laissé l'entière jouissance.

Des trois jours de repos qui viennent de s'écouler, j'en ai bien consacré la moitié à mes ordinateurs. C'est beaucoup, mais j'espère pouvoir maintenant me mettre sérieusement au travail et profiter des efforts que j'ai fournis pour mettre en place un environnement à ma convenance. Il faut absolument que j'arrive à me discipliner et à mettre un peu d'ordre dans ma vie. Je ne peux pas continuer à consacrer tout mon temps à l'informatique et me perdre dans des détails d'installation de logiciels. Il faut désormais que je me fixe des buts et que je m'y tienne. En outre, il faut que je cesse de me coucher à des heures impossibles et que je parvienne à respecter des horaires qui me permette de me reposer et qui me laisse du temps pour d'autres activités. Je ne peux pas non plus continuer de négliger les tâches administratives et matérielles de la maison qui ont beaucoup souffert de l'intense labeur fourni dans un domaine exclusif. Rendez-vous dans une semaine pour vérifier ce que sont devenus ces bonnes résolutions.

Je supporte de moins en moins ma mère, dont les exigences grandissent avec le temps. Toute cette semaine, elle m'a poursuivi jusqu'au travail et importuné avec ses problèmes matériels qu'elle se plaît à grossir et à disséquer inutilement. Ce matin encore, elle nous a téléphoné parce que son chauffage, que j'avais dû lui régler hier, marche trop fort. J'ai de plus en plus de peine à me retenir pour ne pas l'envoyer promener et lui dire ce que je pense. Un jour, je finirai par exploser, et il vaudrait mieux que je prépare d'avance ce que je lui dirai à cette occasion.

En allant aujourd'hui à Bergesserin et en discutant avec Brigitte et Fernand, nous avons pu nous rendre compte qu'elle n'est pas une exception et que son comportement est caractéristique des personnes âgées. Sur ce chapitre là, ils sont logés à la même enseigne que nous, et, à les entendre, la "tatan" est aussi pénible que ma mère, ce qui ne laisse présager rien de bon pour l'avenir.Du moins savons-nous à quoi nous en tenir.


Hier, nous nous sommes retrouvés rue Raspail avec, d'une part, Aurore et Lionel, et, d'autre part, Monique. Nous venions pour dîner, mais, une fois de plus, il a fallu que ce fût Joëlle qui s'occupe du repas, comme si ma mère n'était pas capable de mettre à chauffer les plats cuisinés qu'elle a dans son congélateur. Il faudra que je lui explique un jour pourquoi nous n'avons pas envie d'aller manger chez elle, et que je lui dise comment nous aimerions être reçus. Monique a toujours des idées aussi tordues sur l'éducation, et met tout en oeuvre pour aggraver les difficultés qu'elle a avec son fils. Passons. En ce qui concerne notre fille, elle se débat toujours dans ses problèmes avec Lionel, qui s'accroche et ne veut pas comprendre que leur ménage vit ses derniers jours. Cela nous chagrine pour lui, car nous l'avions finalement adopté et reconnaissions ses qualités humaines, mais nous ne pouvons rien pour eux s'ils ne s'entendent plus.

Après le dîner, nous sommes allés (re)voir chez eux "Atame", le film de Pedro Almodóvar dont Joëlle avait obtenu une copie par une de ses élèves. Malgré la mauvaise qualité des appareils de notre fille, c'est toujours avec plaisir que je vois cette oeuvre, moins accomplie que "Tacones lejanos", mais dont le côté "fleur bleue" touche mon âme de midinette.

Lundi 11 mai 1992 (19h.35)
Dernières nouvelles du CIRTIL: Lassonde nous tient au courant des ultimes développements de notre saga et du lent cheminement vers la désignation d'un directeur. Tout le monde n'est pas cohérent et les désirs de chacun sont parfois contradictoires. Cela suscite des tiraillements, tant au niveau de ceux qui sont chargés de veiller sur notre destinée qu'au sein du personnel où l'on voit non seulement les deux établissements se tirer dans les pattes, mais les dissensions se faire jour entre les tenants des différentes politiques.

A midi, le Comité d'Entreprise avait convoqué tout les agents pour leur communiquer une lettre du président du Conseil d'Administration faisant état des assurances obtenues (oralement) auprès de la direction de l'ACOSS, lors de l'entrevue du 30 avril. Je déplore qu'à cette occasion l'animosité à l'égard de l'établissement de Saint-Etienne s'exprime ouvertement. Visiblement, mes collègues redoutent de voir monsieur Magnol nommé directeur, persuadés qu'il fera le jeu de nos frères ennemis et que l'établissement de Lyon sera lésé. Je me sens seul, et ma proposition d'associer les Stéphanois aux initiatives envisagées pour manifester notre présence et notre inquiétude ne recueille pas beaucoup de voix.

Pendant ce temps, je poursuis mon chemin. J'ai obtenu l'accord de Lassonde pour dispenser une formation en micro-informatique aux personnes du CIRTIL qui avaient formulé ce souhait. Ainsi, non seulement je rentabilise la formation que j'ai moi-même suivie, mais je me procure un terrain d'expérimentation pour une éventuelle reconversion, voire un éventuel départ. En outre, j'ai terminé aujourd'hui la première phase de l'élaboration de ma base de données documentaire dont j'ai fourni un premier état aux utilisateurs. Une occasion surtout de montrer l'utilité du travail que j'effectue dans mon coin avec, il est vrai, des intentions personnelles.

Mercredi 13 mai 1992 (18h.12)


Notre petite merlette nous a quittés hier, jour de l'anniversaire de Joëlle. Son aile était encore tombante, mais, depuis lundi, elle évoluait avec beaucoup plus d'aisance, et, de plus en plus souvent, pour aller d'un bout à l'autre du balcon, elle préférait voler que de marcher. Lorsque nous l'avons vue s'envoler jusque sur le balcon de nos voisins de palier, nous avons craint que son départ fût prématuré et qu'elle ne fût pas capable de se suffire à elle-même. Mais le soir, nous ne l'avons pas revue, sans que nous puissions savoir si elle était retournée vers les siens ou bien si elle avait fini sa vie entre les griffes d'un chat.

Ce matin, elle est revenue occuper sa place sur notre balcon, et lorsque nous nous sommes levés, elle attendait que nous lui fournissions sa pitance. Elle ne semble pas avoir bougé de la journée, soit qu'elle se trouve mieux de sa relative captivité, soit que ses forces ne lui permettent pas d'assumer sa liberté.

Le temps semble enfin vouloir se mettre au beau, et la température commence à remonter. Ce n'est pas désagréable de retrouver le soleil, que nous avions laissé en Espagne, mais le changement est un peu brutal, et mon bureau, où l'on se gelait la semaine dernière, est déjà trop chaud.

J'ai encore été dérangé au travail aujourd'hui par ma mère qui a toujours des problèmes avec son chauffage, après m'avoir fait déplacer hier pour un fusible mal enfoncé. Comme elle est capable de téléphoner et que j'avais vu sur sa table le numéro de téléphone de Thermo-fuel, je lui ai dit d'appeler elle-même, ce qui lui aura permis de s'expliquer et de demander tout ce qu'elle aura voulu au technicien. Elle compte tellement sur moi qu'elle ne fait même plus ce qui est à sa portée et que je me trouve de plus en plus sollicité. Je l'ai mal habituée et il va être difficile de lui apprendre à se débrouiller seule.

J'ai mis au point le plan de la formation micro-informatique que je vais proposer à Lassonde. Je me sens presque prêt et je suis impatient de voir se concrétiser ce projet. D'ici là, mes autres obligations me pèsent, et j'aimerais bien ne plus avoir à me casser la tête sur des anomalies (encore nombreuses) du système national.

J'éprouve encore quelques difficultés à admettre que monsieur Henry est mort, et cela me choque toujours un peu lorsque son décès est évoqué dans une de nos réunions où se fait tant sentir son absence. Je revois encore son sourire ironique, et je m'attends à le voir commenter les dernières péripéties de cette histoire dont il ne peut plus influencer le cours. Cela fera bientôt deux mois...

Cela a fait déjà un an qu'Antonio nous a quittés. Nous étions à Sabadell lors de l'anniversaire de sa mort, et c'est pour cela que je n'ai pas voulu aller voir sa famille. Nous sommes retournés dans son quartier, qui a beaucoup changé. L'installation du "Corte inglés", qu'il attendait avec impatience et dont il présageait que son appartement se trouverait valorisé, a entraîné un remodelage de cette extrémité de la ville qui manquait jusque là singulièrement d'attrait. Il n'est plus là pour profiter du changement, et c'est étrange de revenir sur ces lieux où tout nous parle de lui. Avec Jordi, plus d'une fois, nous évoquons son souvenir, et cela nous fait du bien de le faire revivre tel que nous l'avons aimé.

Jeudi 14 mai 1992 (21h.14)


Le soir de l'anniversaire de Joëlle, nous ne sommes pas sortis. Il n'y avait aucun spectacle qui nous tentât et, comme Joëlle a pâti de nos derniers repas à l'extérieur, nous avons préféré dîner à la maison, d'autant plus que ma mère, pour célébrer l'événement, n'a rien trouvé de mieux que de projeter de l'inviter au restaurant. Il y avait peut-être de meilleurs moyens de lui faire plaisir. Pour ma part, je lui ai offert un baladeur radio-cassette qui devrait lui être bien utile lors de ses déplacements. Blandine lui avait dessiné Curro, la mascotte de l'Expo, brandissant timidement un bouquet de fleurs, et l'attention l'a visiblement touchée. En ce qui concerne les fleurs, elle a été gâtée, car outre les pivoines que je lui avais achetées, elle a eu droit à des roses offertes par Blandine et un gros bouquet que Yaël lui a fait parvenir.

Cette fois, notre merlette semble être définitivement partie. Lorsque nous sommes rentrés hier soir, elle n'était plus là et n'a pas reparu depuis. Souhaitons lui d'échapper à toutes les embûches auxquelles elle ne manquera pas d'être confrontée.

Hier soir, cinéma espagnol: par suite d'un changement de programme, nous avons eu droit à "El Cabezota", film de Francisco Lara Polop, d'après un roman italien de Fausto Tozzi. Une oeuvre sympathique sur la façon dont est vécue, au siècle dernier, dans un village des Asturies, la promulgation de la loi sur l'enseignement obligatoire.

Au travail, je poursuis la préparation de la formation micro-informatique. Et, au moment du repas, j'étudie le langage Pascal, dont j'ai récupéré le compilateur avec l'ordinateur de Catherine Spennato. J'avais d'abord décidé de laisser pour plus tard l'étude de ce nouveau produit, mais, mardi, à la bibliothèque Saint-Jean, j'ai trouvé un manuel d'apprentissage de ce langage très utilisé, et je me suis lancé dans cette nouvelle tâche. Comme j'ai pris également un livre sur la mémoire des ordinateurs (il faut bien potasser pour la formation!) et un autre sur le tableur Excel, je ne manque pas de travail.

A l'URSSAF, aujourd'hui, j'ai emprunté un disque d'opéra (Carmen, Turandot et Cavalleria Rusticana), un de Léo Ferré et un autre de Stephan Eicher.

Dimanche 17 mai 1992 (20h.34)


Visite de Viviane et de Pierre, hier après-midi. Ils étaient venus déjeuner avec Jean-Jacques, de sorte que, pour une fois, toute la famille Quincarlet était réunie à Lyon, puisque Monique se trouvait encore à Saint-Fons avec ma mère. Réunie n'est pas le mot, vu les étranges relations qui subsistent entre nous, oeuvre de notre chère mère. Même entre ceux qui continuent de se voir, les liens sont ténus. Aucun de nous ne supporte longtemps notre frère, et, si j'aime bien mes soeurs, je ne peux pas dire que nos échanges soient très profonds. Quant à mes beaux-frères, je ne suis guère gâté, car même Pierre a une conversation plutôt limitée et je m'ennuie vite avec lui.

D'un seul coup, nous voici en été. La chaleur est venue brusquement, et il a fallu, presque du jour au lendemain, ranger les couvertures et les habits d'hiver.


Notre merlette était en fait un étourneau. C'est le fils des Duquesne qui avait recueilli à la campagne deux oiseaux tombés du nid, qu'il a nourris depuis un mois. L'un, très familier et peu hardi, est resté chez eux. L'autre, plus aventureux, a atterri chez nous d'où il (ou elle) continue de s'évader périodiquement. Hier, la personne que Joëlle a embauchée pour faire du ménage a nettoyé le balcon; le soir même, il y avait des traces du passage de notre pensionnaire. Mais aujourd'hui nous ne l'avons pas revue.

Je suis assez satisfait du travail que j'ai effectué durant cette fin de semaine. Je commence à y voir plus clair et j'ai beaucoup déblayé de la masse de sujets que j'avais pris en charge. Je peux maintenant envisager d'organiser mon travail, et je constate des résultats.

Vendredi, à la bibliothèque de la Part-Dieu, j'ai encore pris des livres informatiques: Lotus, Excel et Assembleur, de quoi étudier, soit pour ma culture personnelle, soit pour préparer la formation que je veux animer en juin.

Lundi 18 mai 1992 (22h.49)


C'était bien la peine de se lever à six heures moins le quart pour arriver finalement à Nevers à midi et demie! Le train est tombé en panne à L'Arbresle, et il a fallu attendre l'arrivée d'une locomotive de remplacement. Résultat: deux heures et demie de retard. Cela m'a permis d'avancer (et presque de terminer l'"Histoire du Juif errant", ainsi que le livre sur la mémoire des ordinateurs, mais, de ce fait, je risquais de manquer de lecture pour demain. Aussi, en allant dîner, ai-je acheté ce soir une revue informatique: ce sera mieux que rien...

C'était décidément la journée des pannes: ce matin, Joëlle à voulu me descendre à la gare. Sa voiture a refusé de démarrer, et il a fallu sortir l'autre du garage. A une minute près, je ratais mon train.

En arrivant à Nevers, je suis tout de suite allé déjeuner, persuadé qu'il n'y aurait plus personne à l'URSSAF. Il faisait très beau, et j'ai fait à pied le trajet de la gare au restaurant. Après le repas, j'avais si peu envie d'aller travailler qu'il a fallu que je me fisse violence pour m'arracher au plaisir de me chauffer au soleil qui avait peu à peu envahi ma table. Mais je ne suis pas venu ici pour faire du tourisme. Au moins, j'ai bien mangé (et bien bu), tant à midi que ce soir.


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