Revue de presse des journaux scolaires et lycéens



Yüklə 0,86 Mb.
səhifə10/15
tarix01.03.2018
ölçüsü0,86 Mb.
#43591
1   ...   7   8   9   10   11   12   13   14   15
La Fenêtre N°1470 – 10 mars 2005 – Lycée Notre-Dame-La-Riche – Tours (37) – Académie d’Orléans-Tours

(Texte figurant uniquement dans l’édition électronique)
Actu
L’actualité est très riche depuis quelques mois… Mais celle qui nous concerne davantage est bien sur la grève des lycéens contre les réformes Fillon. On a donc choisi de vous parler de la perception de cette grève par les médias… J’ai regardé le journal télévisé de 20 heures après la grève du jeudi 10 février et je trouve que les médias critiquent trop vite les lycéens et leur volonté. D’après eux, nous serions manipulés par nos professeurs et nous ne savons pas vraiment pourquoi nous manifestons. C’est scandaleux de penser que nous ne sommes pas suffisamment «grands» pour nous faire nos propres opinions… et la notion de manipulation est bien trop facile… Pour eux, une bande de jeunes n’est pas capable de se battre pour des valeurs qui leur semblent importantes. De plus, après avoir vaguement évoqué les manifestations, les journalistes enchaînent sur les idées fausses des lycéens au sujet de cette réforme et bien sûr sur la violence des jeunes (encore une fois…) lors de ces grèves…

J’aimerai aussi évoquer le manque d’information au sujet de cette réforme. Elle nous concerne quand même directement et je pense que si les lycéens sont «si mal informés», eh bien il faudrait y remédier…

C’est pour cela qu’une assemblée générale a eu lieu le 18 mars à 17h30 dans l’amphi.

Marine P.
L’Obsédé textuel, Créteil

(Texte figurant dans l’édition papier)
«Loi Fillon, encore une année passée en force»
Mercredi 2 mars : l’Assemblée nationale vote et accepte la loi Fillon.

Malgré les milliers de lycéens descendus dans la rue, le gouvernement a une fois de plus fait passer une réforme sans tenir compte de l’avis général de la population.

Jamais un gouvernement n’a aussi peu tenu compte du mécontentement des Français.

Depuis 2002, les manifs s’enchaînent au fil des réformes mais jusqu’à présent, aucun compromis n’a été possible. De fait, le gouvernement a mis au point une méthode radicale : il fait semblant de prêter une oreille aux revendications en annonçant que la loi va être modifiée, puis il la ressort intacte et discrètement quelques mois plus tard.

C’est ainsi que les réformes sur les retraites ou les intermittents ont pu être adoptées.

Devrait-on rappeler au gouvernement les fondements de la démocratie ? Ne devrait-il pas plutôt essayer de comprendre les raisons de ce mécontentement massif et de modifier ses lois en conséquence ?

Mais il apparaît que depuis plusieurs années se développe une nouvelle forme de démocratie où le gouvernement s’imagine qu’une fois élu il obtient tous les pouvoirs et peut en user comme il le désire. Les manifs continuent tout de même. On espère peut-être qu’un jour le gouvernement daignera nous écouter, qui sait ?

Luna
L’inno !? – N°28 – Mars 2005 – Lycée C. Vernet – Valence

(Version intégrale du texte figurant dans l’édition papier)
Manifester : acte anodin ?
Quand on compare le nombre de lycéens de Michelet qui va manifester contre les lois Fillon à la foule totale des manifestants, on en peut s’empêcher de remarquer que notre mobilisation est bien maigrichonne. Le lycée Michelet donne un peu l’impression de dormir entre ses grands murs blancs, ce qui ne fait pas vraiment honneur au militant engagé dont il porte le nom.

Pourtant, si l’on regarde bien, une nouvelle forme de protestation apparaît ; pour «soutenir» le mouvement lycéen, certain élèves «font grève» en n’allant pas en cours. Oui, vraiment, elles tombent à pic ces réformes ! Juste vers la fin de l’hiver, quand on commence à se sentir un peu fatigué…

Non, sérieusement : si vous voulez sécher les cours, alors séchez les cours. Mais ne vous abritez pas – par pure lâcheté – derrière un mouvement qui prétend au contraire défendre notre droit à l’éducation. En tout cas, si vous êtes pour les lois Fillon, alors je vous conseille fortement ce comportement : c’est le moyen le plus sûr de démolir le mouvement de contestation en lui enlevant toute crédibilité.

Ou alors, on va manifester quand même, parce que c’est plus amusant que d’aller au lycée. Là, on ne peut pas nous accuser de miner le mouvement lycéen, puisqu’on va manifester ! Et pourtant, quand ça donne aux médias des témoignages du genre «Oui, ces réformes, elles sont pas bien, et en plus on avait pas envie d’aller en cours», je pense que c’est tout aussi catastrophique.

Est-ce à dire qu’une manif ne doit pas être amusante, mais sérieuse et austère ? Pas du tout ! Perdre sa voix dans une joyeuse cohue débordant d’énergie et de chants agressifs et festifs lancés de partout reste le meilleur moyen de manifester. Le tout, c’est de garder de la cohérence dans ses idées.

Ceci n’est ni un appel à la manifestation, ni un appel à ne pas manifester, mais un appel à ce que chacun prenne ses responsabilités.

Virgule
Le Fruit des Fendus – N°30 – février 2005 – Lycée Michelet – Marseille (13)

(Texte figurant uniquement dans l’édition électronique)
Bac Vs Manifs
Manifester c’est un droit, mais qui doit s’exercer avec responsabilité, pensez au Bac, à vos études, et surtout ne compromettez pas votre année scolaire.
Le journal de Sophie-Germain – N°2 – Mars 2005 – Lycée sophie Germain – Paris (75)
Ça s’passe en France

Réforme Fillon : un projet controversé
Tout d’abord qu’est-ce que cette réforme changera pour le lycée, pour nous ou les prochains lycéens : le bac partiellement en contrôle continu, les TPE supprimés et le nombre de matières au bac réduit (le nombre d’options étant réduit) sont les principales idées qui posent problèmes… les autres points de la loi Fillon sont des heures de soutien pour les élèves en difficulté dès l’école primaire, le brevet obligatoire pour accéder à la seconde, le redoublement pouvant être imposé par les enseignants, et la possibilité pour les professeurs d’avoir deux heures supplémentaires par semaine pour remplacer ceux qui sont absents, mais aussi la restauration des études possibles dès 14 ans.

Des grèves et des manifs ont lieu depuis plus d’un mois, motivées par le refus de la transformation du bac en contrôle continu, présentant pour les lycées moins bien côtés des inégalités : le bac «Henri IV» serait plus prestigieux qu’un bac de province. Les manifestations sont aussi pour protester contre le manque de diversité au bac si les matières sont réduites, et contre le redoublement obligatoire. Tous ces arguments poussent étudiants, enseignants et parents à manifester, leurs buts étant d’affirmer l’égalité des chances et le choix d’orientation.

Cinq manifestations lyonnaises ont déjà eu lieu et celles-ci continuent de se multiplier pour faire retirer ou modifier cette réforme. Cette loi a cependant été votée depuis le 2 mars à l’Assemblée Nationale et pourtant, de nombreux étudiants persistent. «Fillon démission» sont les mots d’ordre de ces manifs. Le contrôle continu du bac est toujours la raison principale des manifestations malgré le recul du ministère sur certaines questions, mais le remplacement des surveillants par des policiers, la suppression d’options et celle des TPE en terminale posent toujours problème. La manifestation du 8 mars, réunissant environ douze mille personnes, a été plus violente que les précédentes : certains incidents se sont produits, notamment une bataille opposant en fin de parcours des casseurs qui s’étaient mêlés au cortège et des supporters du club de football du Werder de Brême. Les forces de l’ordre ont dû intervenir avec des bombes lacrymogènes et ont procédé à des interventions musclées.

Malgré tous ces témoignages de mécontentement et les nombreuses revendications, M. Fillon reste ferme et refuse de retirer sa réforme, étant cependant «ouvert à la discussion» bien que selon lui «les manifestants ne représentent pas l’ensemble de l’opinion publique.» Quel sera l’avenir de notre éducation… ?

Xoun
L’œil du dragon N°24 – Avril 2005 – Lycée Édouard-Herriot – Lyon (69)
(Texte figurant uniquement dans l’édition électronique)
La réforme Fillon comme vous le savez a beaucoup fait parler d’elle ces temps-ci et notamment à cause du soulèvement massif des élèves contre cette même réforme qui leur promettait peu de bonnes choses pour le futur… Malheureusement, les lycéens ont quelquefois l’impression d’avoir été savamment «manipulés» par un certain nombre de personnes, professeurs, organisateurs, gouvernement et l’on peut se demander si chacun d’eux connaissait exactement les clauses principales de la réforme Fillon et savait contre quoi il protestait dans les rues de sa ville !

Heureux le lycéen épuisé au retour d’une énième «manif» à Bastille qui apprend que les organisateurs de sa super manif anti-Fillon ne sont autres que la Ligue des Jeunes Communistes Révolutionnaires et qu’ils en ont un peu profité pour toucher les jeunes par ce biais ! Et si le lycéen là ne cautionnait pas leurs idées, hein ? Il a pourtant manifesté sous les encouragements des camions de cette L.J.C.R. justement ! Et les profs qui, quand il rentrait en cours lui demandaient pratiquement ce qu’il faisait au lycée au lieu d’aller manifester ! Et le gouvernement de dire que cette réforme est bonne pour nous, qu’elle ne nous brime pas et qu’elle n’est faite que pour une juste réforme du système scolaire, qui justement stagnait !

Afin de vous informer quelque peu sur ce que dit le gouvernement, nous sommes allés fouiner sur Internet et nous avons trouvé un petit «topo» des idées reçues à propos de la réforme Fillon. Mais, évidemment, libre à vous de croire à ce que nous dit le gouvernement ou libre à vous d’écouter plutôt les organisateurs ou les profs… bien que la meilleure solution soit d’enquêter par soi-même, parce que là vraiment, on sait plus ou donner de la tête !
- François Fillon veut un baccalauréat en contrôle continu ? Faux (nous dit le gouvernement) :

«À l’heure actuelle, l’organisation du baccalauréat est terriblement lourde et ampute la scolarité des élèves du lycée au cours du troisième trimestre. Le ministre a proposé de limiter à six le nombre des épreuves terminales au bac, ces épreuves constituant la plus grande partie de la note finale de l’examen (environ 80 %). Les autres disciplines (environ 20 %) pourraient être évaluées en contrôle continu ou en contrôle en cours de formation (partiels en cours d’année). Dans tous les cas de figure, un contrôle strict serait assuré pour veiller au caractère national de l’épreuve. Le ministre a indiqué que la modernisation du bac n’était pas au cœur de la réforme de l’École et qu’elle n’interviendrait qu’en cas d’accord sur ses modalités. C’est pour cette raison que les dispositions concernant le bac ont été retirées du projet de loi d’orientation pour l’avenir de l’École par amendement gouvernemental.
- Les TPE sont supprimés ? Faux :

Le projet de loi d’orientation pour l’avenir de l’École a parmi ses objectifs de réduire la charge globale de travail des lycéens : le lycée en France représente aujourd’hui 1 100 heures de cours en moyenne contre 960 dans les pays industrialisés. Les TPE sont ressentis par beaucoup, en terminale comme une surcharge de travail inutile l’année de l’examen. Cependant, les TPE ne sont pas supprimés : ils restent obligatoires pour les lycéens en classe de première et donneront lieu à une note et des appréciations portées sur le livret scolaire, comme c’est actuellement le cas à ce niveau d’enseignement. Le ministre s’est en outre engagé à ce que les notes obtenues aux TPE en première soient validées pour le baccalauréat.

Il s’agissait là des deux questions primordiales de cette réforme, le reste du document Internet est beaucoup moins «populaire». Source : http :/www.loi.ecole.gouv.fr
L’Acid – Lycée Corneille – La Celle-Saint-Cloud (78) – Académie Versailles.

2 – Violences et occupations
Les rédactions témoignent des violences contre les manifestants. Certaines essayent de comprendre. Et les occupations sont discutées
(Version intégrale du texte figurant dans l’édition papier)
Purée… Sous les pavés, la rage !
Mardi 8 mars. Manifestation pacifique sur Paris. Fillon toujours sourd aux appels des lycéens. Les cris et les larmes ont remplacé les slogans.

C’est la haine au cœur et la rage aux tripes que j’écris ces lignes. Comment vous expliquer ? Comment vous dire ce que je ressens ? Il faut l’avoir vécu pour comprendre.

Ce jour-là, dans les rues de Paris, ce sont des hordes d’animaux sans âme qui s’abattent sur nous. Et encore… Je ne connais aucun animal qui se réjouisse dans la violence, surtout envers les siens. Ces bestiaux ont totalement perdu l’usage de la parole, ne s’expriment qu’à base de «Ouaich» ou de «T’as un problème ?» et par des gestes violents. Ils ne font que donner des voix supplémentaires au Front national en sabordant une lutte contre le racisme qui a du mal à éviter les amalgames.

Ce qui est à la base une manifestation pacifique, tourne vite à l’anarchie générale. Ce rassemblement suinte la peur. Chaque lycéen autour de moi craint d’être agressé.

L’un deux, étalé au sol, se fait tabasser par une vingtaine de fous furieux. Certains sautent afin de donner plus de force aux coups de pied qu’ils lui portent au visage.

Je n’ai pas seulement la haine face à ces enfoirés, mais aussi face à tous ceux qui observent la scène sans même penser à lui venir en aide. Le service d’ordre est inefficace tant il est tétanisé.

Avec un ami, nous tirons ce jeune homme de cette fosse, nous sommes obligés de le traîner au sol avant de le relever plus loi. J’ai peur que ce soit un cadavre. Il parle. Je me rends compte qu’il est vivant. «Ça fait deux fois.» Il ne tient plus debout. Quelqu’un le prend sous le bras, ils disparaissent dans la foule.

Questions : Pourquoi lui ? À cause d’un regard jugé de travers ? Parce qu’il avait refusé de donner son portable ? Parce qu’il était différent ? Comment peut-on s’efforcer, avec tant de hargne, de repousser les limites de la connerie humaine ?

La terreur est telle que pour la première fois je vois des lycéens demander de l’aide aux CRS, des lycéens parfois en pleurs qui n’en peuvent plus de cette violence gratuite et extrême. En face d’eux, des hommes impuissants qui ne peuvent intervenir sans ordre, certains narquois, d’autres la larme à l’œil, mais tous immobiles.

C’est ici que j’ai assisté à la fuite d’une jeunesse pacifique, manifestant pour se faire entendre, face à des vagues de sauvages capuchonnés adepte du «20 contre 1», totalement dépourvus de courage.

Nous affirmons vivre dans un pays civilisé, protégés par des lois… Ce jour-là, il n’y avait qu’une loi : celle de la jungle.

Night-Angel
de lycéen

Démagogie Oui mais…
Après la manifestation du 8 mars, j’assiste à une discussion animée sur un forum. Des internautes expliquent ces violences par des «revendications sociales». Pour certains, ces violences sont la conséquence de la fracture sociale. Ces jeunes ont «la haine» contre la société et en ont marre de voir des ministres en costard à 8 000 euros faire ce qu’ils veulent. Foutaises. Ces gens qui se comportent en animaux, s’en prennent à un vieux journaliste pour lui arracher son appareil, ou tabassent une gamine de 15 ans n’ont aucune conscience politique, n’expriment aucune revendication. Ils sont là pour casser, rien d’autre. Il faut arrêter la démagogie qui vise à excuser toute violence par des pseudos revendications sociales. La connerie n’est pas une revendication, ni même un moyen d’expression. C’est un état de fait. Ces jeunes-là n’ont aucune excuse, même les CRS présents ont dit n’avoir jamais vu un tel niveau de violence gratuite. Pour la première fois de ma vie, j’ai vu des gamins de 16 ans passer à tabac un bonhomme de 60 ans pour lui tirer son appareil numérique.

Et même si ces macaques, car c’est bien de cela qu’il s’agit, avaient des revendications, les mecs en costard à 8 000 euros, eux, ne se mettent pas à 15 pour tabasser une jeune fille qui a écrit «peace» sur son visage, juste pour lui voler son portable…

Un tel débordement des événements force bien évidemment de nombreux jeunes à quitter les manifs et même à abandonner l’idée d’en refaire ! Dommage, surtout lorsque l’on entend M. François Fillon déclarer lors du journal de 20 heures qui suit le carnage heu… pardon, la manif du 8 mars : «Je ne cèderai pas .» Et pourquoi il ne cèdera pas ? Parce que d’après lui les lycéens manifestant ne représentent qu’une minorité.

Certes, Tous les lycéens de Tous les lycées ne sont pas descendus dans la rue et Tous ne sont pas contre la réforme. Mais de là à insinuer que les manifestants ne sont que des cas à part…

Tout le monde n’a pas la possibilité de descendre dans la rue, pour diverses raisons et entre autres justement, par crainte de se faire agresser.

Il ne faut pas les oublier pour autant.

Que faire lorsque le bon déroulement des manifs est impossible à cause de personnes qui viennent les perturber, et qui ne savent peut-être même pas ce qu’elles revendiquent ? Comment protester alors contre la réforme, absurde en ce qui concerne par exemple la suppression des TPE ? Quitte à les supprimer, autant le faire dès l’année de première !

Que faire donc ? Rien si on refuse de nous entendre… à part espérer qu’un élan de lucidité éclaire certaines consciences.
Dis-Leur N°15 – Lycée Blaise-Pascal – Brie-Comte-Robert (77) – Académie Créteil

(Version intégrale du texte figurant dans l’édition papier)
Editorial - Cité-Lycée : fin de partie !
En France, il y a différents quartiers. Dans les quartiers de r »résidences, 90 % des personnes qui y résident sont des personnes âgées. Dans ces quartiers-là, il n’y a pas de problème en ce qui concerne la violence… Alors que dans les quartiers «chauds», c’est-à-dire ses quartiers à violence, la police intervient tous les jours. 97 % des personnes qui y demeurent sont des étrangers (immigrés,…).

Dans ces quartiers, les cités, on dit qu’il y a beaucoup de violence et délits, poursuites, des trafics de stupéfiants, etc. Mais les gens qui critiquent ces quartiers ne savent pas qu’à ces jeunes-là, on ne donne pas les moyens de gagner leur vie, d’avoir de l’argent et une situation sociale correcte. C’est pour cela que certains jeunes des cités ne sont pas contents et, par conséquent, sont obligés de commettre des actions à ne pas faire (vendre de la drogue, vol…) pour sortir de cette situation critique.

Les gens qui conseillent à ces jeunes-là d’aller à l’école ont raison. Mais bientôt l’école ne vaudra plus rien avec la «réforme Fillon», réforme qui se traduira entre autres par un baccalauréat qui ne vaudra quelque chose que dans le lycée où tu l’a passé.

Si cette réforme passe, ça ne servira plus à rien d’aller à l’école et cela nous désespère.

En conclusion : «trop de quartier tue le quartier» en ce qui concerne la vie dans les cités, et l’école qui est notre avenir s’éloigne de plis en plus de nous.

Mouloud Saïd Lhadj, 1BSM2.

La loi a été votée le vendredi 25 mars 2005 !
L’Ennamateur N°2 – 29 mars 2005 – Lycée professionnel ENNA Saint-Denis (93)
(Texte figurant uniquement dans l’édition électronique)
Mot d’Humeur
Vous êtes-vous déjà fait agresser par dix racailles dans un couloir de métro ? Vous êtes-vous déjà fait dépouiller de votre sac de cors et de votre portefeuille en moins de dix secondes ? Non ? Je repose ma question : vous êtes-vous rendu à la manifestation du 8 mars dernier, à Paris ? Je comprends. Nous n’étions qu’une trentaine de Blaise Pascal à y être présents. Sur place, la police parle de 9 000 manifestants, les organisateurs de 40 000. Il y en avait peut-être autant au début, mais tout dégénéra. Mille casseurs, ça aussi c’est les chiffres de la police. Vous imaginez ce que ça peut faire un millier de fauteurs de trouble dans une manifestation ? La case, il y en eut moins que la dernière fois, du moins la casse matérielle, je ne parle pas des personnes agressées. Car les lycéens agressés furent nombreux, j’eus la malchance d’en faire partie. Certains se sont pris des coups, d’autres comme moi n’ont été «que» dévalisés. Les journalistes aussi, ceux un peu trop aventureux, ont eu le droit à leur petit tabassage en règle, un caméraman et un photographe blessés.

Ce fut donc une superbe manifestation. Un soleil radieux, un ciel d’un bleu pourpre et des gens très chaleureux. De la musique, de la danse, quelques pogos en complète camaraderie. Un plaisir. Et ces CRS, habillés de leur ravissante combinaison anti-tout, souriant derrière leur bouclier de plexiglas, leurs grilles de métal, et obstruant toutes les rues adjacentes, nous empêchant ainsi de quitter le fabuleux cortège. Un cortège parfois fait de coups et de cris, de pétards volants, d’insultes dans les meilleurs moments. Pur instant de stress. Impossible de partir, le quartier est bouclé par la police, le métro sans surveillance déjà habité par les bandes de casseurs… Le service d’ordre ? 150 hommes baraqués protégeant deux camions, et quelques dizaines d’autres courant autour, les cheveux u vent. Plus nous, car nous fûmes réquisitionnés pour former une merveilleuse chaîne humaine, les coudes serrés, barrière valeureuse entre les organisateurs et les casseurs.

Une main dans la poche. Ce n’est rien, un jeune passant par là se demandait si tu n’y avais rien de trop précieux, et que tu aurais pu malencontreusement égarer sans sa précautionneuse intervention. Qu’ils prennent soin de nous ces jeunes ! C’est au moins le dixième à fouiller cette même poche, pourtant définitivement vide. Je ne sais pas pourquoi, je n’ai pas confiance.

Quel dommage, la manifestation est écourtée. Plus loin, les CRS ne jouent plus, et ne veulent apparemment plus nous voir nous amuser. Dispersement en cohue, bousculade, mouvement de foule.

Triste manif’.

Benny
Le Cheveulu N°11 – Mars 2005 – Lycée Blaise-Pascal – Orsay (91)

(Texte figurant uniquement dans l’édition électronique)
Manifestation – Le 8 mars à Rennes.
On estimait à 5 000 le nombre de manifestants le 8 mars à Rennes contre la réforme scolaire de Fillon.

Toutefois, au-delà des conditions et des idéaux clamés implicitement, on pouvait noter une certaine méconnaissance relative des axes et objectifs de la réforme. En effet, sur une poignée d’élus interviewés, à savoir douze représentants des groupes, seuls deux surent de façon claire,énoncer les raisons pour lesquelles ils se joignirent aux manifestants : la valorisation du Bac en fonction des établissements lié à la réputation de son emplacement géographique fut la plus récurrente. Ce serait dire face au mutisme des interviewés sur la question 2* pouvant peut-être aider à la justification de la négation totale de la loi ; que l’information s’est fondée sur des rumeurs et des tracts. Supposition confirmée lorsque nous avons abordé l’éventuelle collaboration ou discussion entre élèves et enseignants.

Les élèves auraient-ils été manipulés par les enseignants si nous reprenons l’affirmation d’un membre de la police ? Or selon les dires de certains, cela eut été bénéfique. Cependant dans le cadre de la mise en application d’une loi remaniant les attentes exigées aux élèves, ceux-ci ne sont-ils pas les premiers concernés ? Comment ne peut-on pas être consterné lorsque pour seule motivation on déclare la nécessité d’exprimer les droits de liberté d’expression sur lesquels on est incapable d’en dire un mot ? Faudrait-il pour autant dire qu’elle était irréfléchie voire inutile ? Quelles conclusions tirer de ces actions maintenant que la loi est passée positivement au Sénat (ce 24 mars) et de ce «dynamisme» quelquefois chancelant sous l’effet des chaleurs alcooliques ? Pour finir, il apparaît qu’il y ait une absence de communication importante entre d’une part les élèves et l’administration, et d’autre part entre les établissements dans notre établissement et ceux de Saint-Malo.

1* Que pensez-vous de la loi Fillon ?

2* Y a-t-il un point qui vous a particulièrement marqué ?

Etémé
Osmose – Lycée Jacques-Cartier – Saint-Malo (35) Académie Rennes


(Version intégrale du texte figurant dans l’édition papier)
Les occupations à Saint-Sernin
Et dans notre lycée que s’est-il passé exactement ? Pour ceux qui n’y étaient pas, vous nous avez sans doute vu certains matins nous réveiller dans nos duvets la tête dans le sac. Il faut dire qu’on ne dort pas très bien dans la cour de Saint-Sernin sur le béton, dans le froid… et peut-être avez-vous remarqué aussi quelques odeurs singulières dans la cour ? Notre cher proviseur nous a fermé et le foyer et les toilettes ! Pour être exact, ce n’était que la 2e semaine. Le tout premier jour, nous avons réussi à nous approprier le foyer de façon pas très honnête, c’est vrai. C’est-à-dire que l’administration nous l’avait laissé pour une heure pour nous réunir. Une heure plus tard nous y étions toujours et nous y sommes restés toute la nuit, puis toute la semaine. Un «tour de garde» a été mis en place afin de ne pas «perdre» le foyer.

Petite anecdote : le jeudi tout le monde bloquait le lycée et seulement 2 élèves gardaient le foyer. Le proviseur et son adjoint se sont alors précipités pour vider nos affaires et fermer la salle. Les 2 élèves restants ont essayé de les en empêcher. Nos 2 directeurs très échauffés sont alors devenus relativement agressifs. Rien de bien grave au final et nous avons pu garder notre foyer. Mais le vendredi soir, tout le monde est rentré chez soi. Retour au foyer le mardi 29 mars au soir. Le lundi était férié. Toutes les lumières éteintes, chaque porte verrouillée, nous avons donc dû dormir dehors sans sanitaire. Conséquences : regrets soudains du carrelage dont on se plaignait encore la veille… Le soir sans doute le plus mouvementé fut le jeudi 31 où des gardiens de la paix ( !) sont intervenus car des élèves d’autres lycées étaient entrés pour occuper avec nous. Ils furent évacués avec politesse dans le calme. Quant à nous qui avions réussi à investir la salle C145, les policiers nous ont simplement demandé de retourner dans la cour, ce qui fut fait après discussions sans aucun problème. Les policiers qui apparemment nous soutenaient, ont même réussi à nous obtenir l’ouverture des toilettes. C’est ce soir-là que Mr X et Monsieur Y très remontés, nous ont photographiés devant la grille du lycée où une vingtaine de parents d’élèves et profs (fidèles au poste chaque soir) protestaient vivement.

Un autre soir nous avons investi le self pour dormir au chaud dans la bonne ambiance accompagnés de musique (guitare, violon, harpe, accordéon selon les soirs). Les slogans des occupations : Don’t worry be happy, ou encore il en faut peu pour être heureux… Un matin nous avons même été réveillés au son du violon et de la guitare (merci Zouille !). Bref l’ambiance est bon enfant mais nous n’oublions pas pourquoi nous sommes là et chaque soir a lieu une AG pour s’organiser et nous profitons d’être tous ensemble pour lire la loi Fillon, l’analyser, faire des affiches etc.

Nous avons été jusqu’à 130 le soir du passage de la loi au Sénat. Au minimum nous étions 30 mais nous sommes en moyenne 60 par soir.

Aucune décision n’a encore été prise quant aux suites à donner au mouvement. En attendant une chose est sûre nous aurons des choses à raconter à nos petits-enfants !

Ce qu’on fait, c’est pour vous, nous, nos enfants etc.
AlternatviFrances – Lycée Saint-Sernin – Toulouse (31) – Académie Toulouse

(Version intégrale du texte figurant dans l’édition papier)
Quand les lycéens dérapent…
Par Daphné Rousseau
«Je ne peux pas rester longtemps au téléphone, je suis écouté, ils vont me localiser, je dois raccrocher…» Déclic. Ceci n’est pas une réplique du dernier James Bond. Il s’agit juste de la très surréaliste conversation que j’ai eue au téléphone avec un des leaders du mouvement de grogne lycéenne. Petit avant-goût du grand n’importe quoi paranoïaque qui s’installe dans nos lycées, mon lycée. À l’origine une réforme de l’éducation (navrante, certes) votée à l’Assemblée, à l’arrivée une minorité de lycéens survoltés (400 sur 72 000 à Paris selon le rectorat) qui paralyse nos cours.

Même si ce mouvement a tendance à perdre ses appuis traditionnels, notamment celui des syndicats lycéens qui avaient pourtant donné l’impulsion, il fait de plus en plus de bruit. Il se constitue désormais d’un petit noyau très radical, qui erre de lycée en lycée en quête du rapport de force le plus adrénalisant possible. Le tout pour donner ainsi l’illusion de puissance. Leurs actions vont croissant sur l’échelle de la violence et du discrédit : manifs spontanées, «barrages filtrants» où tels des videurs ils filtrent les élèves postés aux entrées des bahuts, et blocages enfin. Les portes sont cadenassées dans la nuit, de la glu est mise dans les serrures et le lycée est condamné pour le reste de la journée.

C’est ainsi que jeudi 7 avril, au lycée Fénelon, plein Quartier latin, les manifestants se sont encore illustrés dans le dérapage incontrôlé. En prévision de troubles, la proviseur du lycée filtre les entrées et les sorties, secondée par trois membres du personnel administratif et le renfort d’un policier en civil. Vers 13h30, une cinquantaine de manifestants surexcités débarquent devant le lycée et tentent de forcer le passage. La porte s’entrouvre pour laisser passer un prof coincé parmi les manifestants. Elle se refermera que vingt minutes plus tard lorsque les forces de l’ordre arriveront enfin. Ils évacuent les manifestants qui distribuent quelques coups au passage. Deux des leaders sont arrêtés. Ils laissent derrière eux une proviseur piétinée avec des côtes cassées et trois autres membres du personnel plus que traumatisés.
Le parloir N°14 – Lycée Fénelon – Paris (75) – Académie Paris

(Version intégrale du texte figurant dans l’édition papier)
Dossier du mois : branle-bas de combat !!!
De notre correspondant sur place
Non au blocus !

C’est le branle-bas de combat dans le lycée ! Par deux tiers contre un, les lycéens ont décidé de poursuivre leur action de blocus dans le lycée. L’internat fermé pour «raisons de sécurité» lundi soir, à 16h20, n’est qu’une des mesures prises à l’heure où nous imprimons. Les cours sont assurés demain (mardi) a assuré le proviseur aux enseignants désireux de reporter leurs devoirs. Après des rondes toute la nuit, la décision de soulager les portes de leurs poignées ce matin n’a fait que provoquer un blocus qui était censé être évité. Le proviseur a ainsi décidé de fermer le lycée.
Référendum

Surprise, le OUI l’a emporté lors du référendum sur la poursuite des mouvements lycéens. C’est sous une énorme surveillance, des deux parties, qu’a été réalisé le vote. Les résultats sont de 66 % pour et de 32 % contre avec un faible taux d’abstention et un vote massif pour le NON de la part des terminales qui ont, faut-il le rappeler, un Bac à la fin de l’année, soit dans deux mois. Ce scrutin exceptionnel a donc eu pour issue que la majorité des élèves, souhaite ou soutient la suite du mouvement.
Récapitulatif

Voici un petit récapitulatif des principales actions menées à Lannion et en France.

21/01 : premier appel à la manifestation par l’UNL. 2 000 lycéens manifestent à Nancy.

25/01 : premier débrayage (mouvement de grève rapide) au lycée Le Dantec.

Entre le 24/01 et le 28/01 : nombreux mouvements lycéens.

29/01 : sitting devant l’administration au lycée Le Dantec.

01/02 : 800 lycéens dans la rue à Lannion. Appel de la FIDL à manifester, plusieurs centaines de lycéens manifestent en Ile-de-France.

04/01 : 1 000 élèves dans la rue à Lannion.

13/02 : retrait du Bac de la loi. Première victoire !

08/03 : manif à Lannion, 200 lycéens.

11/03 : journée morte à Lannion ; CVL et CA convoqué pour distribution illicite de tracts qui avaient été refusés par les proviseurs adjoints.

12/03 : la FIDL demande au président de la République de ramener son ministre à la raison.

15/03 : blocages des ronds-point de connexion et du bowling.

24-25/03 : blocage du lycée Le Dantec par les élèves.

06-07-08/04 : blocage du lycée Le Dantec par les lycéens.

11/04 : fermeture de l’internat par mesure de sécurité…

12-13/04 : blocage du lycée par les lycéens (et par l’administration).
Brutalités policières

Lycéens frappés, tabassés, conduits au commissariat ou… à l’hôpital. Voilà ce qu s’est passé ces derniers jours dans différentes villes de France. Les lycéens déplorent la violence policière des CRS. Des parents d’élèves frappés lors des blocus ou manifestations ont décidé de porter plainte. Heureusement rien de tel à Lannion.

T.C.
Le Canard dans la cour N°1 – Rennes

(Texte figurant uniquement dans l’édition électronique
Aucu- ! Aucu- ! Aucune hésitation ?
Ailleurs comme ici, ça a fait du bruit, on ne pouvait pas faire l’impasse sur la (les) manif(s) des lycéens contre le projet de loi Fillon. Toi qui n’y a pas participé, sais-tu ce qui s’est passé ? Toi qui l’a fait, sais-tu pourquoi tu t’es égosillé ? On fait le point sur notre cher lycée Corneille et sur vos motivations.
Avez-vous déjà manifesté ?

«Oui, seulement la première fois (Mlle X, 2e1). Nous ne sommes pas allés manifester (Sara et Tiffany, Te4). Je suis allée manifester à Paris (Tileli, 1re7).
Que pensez-vous de la réforme ?

«Il y a des choses bonnes et mauvaises, cette réforme s’axe trop sur les matières importantes au détriment des autres (Jennifer et Tiffany, 2e3). À la base je n’avais rien contre mais vu la façon dont il (Fillon) a traité les lycéens qui manifestaient, sans écouter leurs revendications, m’a fait changer d’avis (Diane, Te1). La réforme Fillon c’est du foutage de gueule, les heures supprimées de TPE ne serviront jamais pour les heures de langues ; l’école ne sera plus basée sur l’apprentissage et la culture mais la commercialisation ; nous n’avons pas assez été informées aussi, et nous ne voulons pas que la section ES disparaisse (Marina et Maïa, Te3 et 4). Maintenant plus personne ne travaille en TPE puisque nous n’en aurons plus en Terminale (Kim et ?, 1re). Ni pour ni contre (Alexis, 1re6). La réforme c’est pas bien, c’est des bêêêtises et Fillon il est pas beau en plus ; on sait ce qu’y a dedans mais on sait que c’est pas nous qui l’avons lu (Georgette et Gertrude, 2e5). Je suis 50 %-50 % (Capucine, 2e7).
Que pensez-vous des manifs lycéennes ou des occupations des lycées ?

«Si l’on veut qu’une société fonctionne, il ne faut pas faire tout le temps grève, nous abusons trop de ce droit en France (Kévin, Te4). Les occupations pourront peut-être servir (Tancrède, Mansour, Cyril, Kevin, 2e5, Mathieu, 2e7). Il faut faire des grèves, c’est grâce à ça que les conditions sociales ont pu s’améliorer, quant aux occupations des lycées nous trouvons cela extrémiste (Jessica et Marine, 2e7).
L’Acid – Lycée Corneille – La Celle-Saint-Cloud (78) – Académie Versailles

VII – Libération des camps
L’anniversaire de la libération des camps n’a pas laissé les rédactions indifférentes. Relayer visites et rencontres devient un devoir.

(Version intégrale du texte figurant dans l’édition papier)
Témoins du passé… porteurs d’avenir
Il y a soixante ans, le monde entier, les larmes aux yeux, apprenait le sort de ces êtres qui ne se souvenaient même plus qu’ils avaient été vivants. Ces personnes, ce sont les déportés d’Auschwitz, de Solibor ou d’ailleurs, des anonymes qui ont réussi à survivre à la fureur d’un homme sans cœur, ni conscience, suivi par des nations entières.
Aujourd’hui, il reste davantage de photographies jaunies par le temps que de témoins en mesure de nous parler des plus sombres années de l’humanité durant lesquelles des millions d’individus furent persécutés, exterminés sans aucun état d’âme sous prétexte que leurs lignes de vie n’étaient pas conformes à des convictions absurdes. Leurs personnalités n’existaient plus, les nazis les avaient réduits à l’état de corps sans esprit. Rescapée du camp de Birkenau, Charlotte Delbo en rend compte en ces termes : «  Vous direz qu’on peut tout enlever à un être humain sauf sa faculté de penser et d’imaginer. Vous ne savez pas. On peut faire d’un être humain un squelette où gargouille la diarrhée, lui ôter le temps de penser, la force de penser. L’imaginaire est le premier luxe du corps qui reçoit assez de nourriture, jouit d’une frange de temps libre, dispose de rudiments pour façonner ses rêves. À Auschwitz, on ne rêvait pas, on délirait. » En livrant ce témoignage, Charlotte Delbo a honoré le souhait de nombreux déportés qui, dans un dernier souffle, trouvaient la force d’articuler »plus jamais ça ». Cette phrase, devenue symbole de nombreuses atrocités, permet de mesurer toutes les souffrances de ces innocents et surtout leur espoir d’un monde de paix. Comme elle, des hommes et des femmes rescapés de l’inconcevable ont choisi de lutter pour un monde meilleur, libre et pacifié où chacun serait égal de l’autre et pour que »ça » n’existe jamais plus.
Des regards tournés vers l’avenir

Ces hommes et femmes ont vécu les pires heures de l’humanité et pourtant, ils n’ont jamais affiché une démarche plaintive mais au contraire cherché à nous transmettre l’histoire avec force et courage. Le courage de décrire leurs souffrances, d’enseigner aux jeunes ignorants que nous sommes la vérité du passé aussi difficile qu’elle puisse être affrontée, de reconstruire leurs vies entachées à jamais du sceau de l’abomination, sans oublier le plus admirable, de dédier leurs vies aux autres ! Simone Weil, Jorge Semprun et Elie Wiesel sont de ces personnes qui, malgré ce passé douloureux, ont choisi de défendre leurs idées pour changer la vie des hommes.
Rien n’est dû au hasard

Nous ne nous soucions pas souvent de l’histoire de notre société au point que les conquêtes sociales d’hier nous semblent totalement désuètes aujourd’hui. Pourtant, il faut savoir que ces trente dernières années ont été riches en gain de droits.
En quête de liberté

Par exemple, en 1975, Simone Veil a permis aux femmes de disposer de leurs corps en ouvrant le débat sur une loi autorisant l’IVG et en libéralisant l’accès à la pilule contraceptive ! Son engagement fut sans faille et elle reste toujours aujourd’hui un exemple pour des générations de femmes qui s’inspirent de son parcours de vie admirable. Sortir d’Auschwitz à 17 ans en ayant perdu da famille est atroce mais Simone Veil ne s’est jamais avancée seulement comme une victime et a préféré tracer un destin exceptionnel en étant exceptionnelle ! Et dire qu’aujourd’hui on ne se soucie que de faire avaler la pilule aux parents…

On peut aussi penser à l’Espagne, ses plages de sable blanc, les fêtes torrides, les beaux spécimens hispaniques… et bien l’Espagne n’est une démocratie que depuis 1978 ! En effet, en 1938, la dictature tyrannique de Franco s’installe, muselant toutes les libertés ! cependant beaucoup d’opposants à ce régime luttèrent et parmi eux Jorge Semprun, écrivain. Résistant durant la Seconde guerre mondiale, déporté à Buchenwald, il deviendra pourtant l’un des piliers du combat contre Franco, voulant ainsi faire partager à ses compatriotes la joie de la liberté retrouvée ! Il lui aura fallu 40 ans pour voir son pays affranchi, 40 ans de lutte ; c’est très long mais il savait que rien ne vaudrait jamais la liberté !
Enfin si l’Europe est aujourd’hui en paix, il ne faut pas oublier qu’il n’en es pas de même des autres continents où des génocides sont toujours perpétrés ! Nous ne devrions pas rester impassibles mais les nouvelles générations ne savent pas ce que c’est que d’être victime et ont difficilement conscience de l’horreur ; la famille d’Elis Wiesel a péri dans l ‘enfer des caps et lui-même, rescapé, n’oubliera jamais la condition qui fut la sienne ; Dès lors, il a choisi de lutter pour la paix, la reconnaissance de la souffrance des autres et surtout la transmission de l’histoire à laquelle il a tristement pris part. l’attribution du prix Nobel de la Paix en 1981 vint couronner l’engagement de celui qui fut le premier à dénoncer le génocide au Rwanda.
Penser l’avenir en honorant le passé

Il est nécessaire de rendre hommage aux personnes qui ont eu une destinée hors du commun. Cependant, le plus important ici n’est pas leur expérience des camps mais la force qu’elles ont pu en tirer pour aider notre monde à évoluer, la solidarité qui s’est dégagée de leurs combats menés pour nous qui représentons les générations futures, pour que nous n’ayons jamais à subir les persécutions dont elles ont été victimes. Ces illustres exemples doivent nous pousser à assumer nos idées car nous avons la chance de pouvoir le faire et surtout nous devons choisir de ne pas êtres immobiles, de ne pas rester impassibles devant ce qui nous révulse. Comme Charlotte Delbo l’a écrit ; «  Ce serait bête que tant soient morts et que vous viviez sans rien faire de votre vie. »

Mona Lisa
Dis-leur, n°14 – Février 2005 – Lycée Blaise Pascal – Brie-Comte-Robert (77) – Académie de Créteil

(Version intégrale du texte figurant dans l’édition papier)
J’avais 13 ans quand maman est rentrée de déportation
Le 27 janvier 2005, c’était la journée de mémoire et la prévention des crimes contre l’humanité en commémoration du 60ème anniversaire de la libération des camps de concentration.

L’an passé, dans le cadre du « Prix ado » de la vie de Loudéac, était proposé en lecture : Sobidor de Jean Molla qui nous a fait l’honneur de sa visite. À la Motte du 30 mars au 8 avril, il y a eu une exposition sur les camps de concentration de 1933 à 1945.

L’un de nos camarades a dans sa famille, un fils de déportée qui a accepté d’être interviewé. Pendant la seconde guerre mondiale, Mme Grazelie (mère de l’interviewé), fut déportée à Ravensbrück, un camp de concentration. Aujourd’hui, son fils a accepté de nous parler…
J’avais 13 ans quand maman est rentrée de déportation. Depuis environ un an (ma grand-mère, ma sœur de sept ans et demi et moi) nous n’avions plus de nouvelles. Depuis quelques semaines, les premiers prisonniers de guerre commençaient à rentrer d’Allemagne et dans notre petit village, vous avions interrogé vainement les rescapés, espérant avoir des nouvelles de notre absente.

Un jeudi matin (nous n’avions pas d’école le jeudi, à cette époque), une femme du village se présenta à la maison, voulant parler à ma grand-mère. Intrigué, j’étais là.

« Madame Roger, dit-elle à ma grand-mère, si vous me donniez une photo de votre fille (ma mère) et une mèche de ses cheveux, je pourrai, sans doute, vous donner de ses nouvelles ! »

La femme s’isola dans une pièce de la maison. Les minutes passaient, dans le silence et l’attente impatiente.

Au bout d’un quart d’heure environ, sa voix forte s’éleva : « Madame Roger, je la vois… elle est vivante… elle est habillée en homme, en soldat… elle est très fatiguée et malade… » Encore un moment de silence, et puis… « elle sera là dans trois jours !… ».

Grand-mère était pâle et nous tremblions tous les deux.

La femme revient avec nous, pâle également, visiblement fatiguée par ce travail de télépathie.

Le dimanche matin suivant, ma sœur et moi, nous nous préparions à partir à la messe quand je dis « tu te rends compte c’est peut-être aujourd’hui que maman arrive… J’ai pris une claque de ma grand-mère qui m’avait entendu : « Je t’interdis de parler de ça, tais-toi !… »

Elle aussi repensait aux paroles de la femme.

Le dimanche après-midi nous étions aux vêpres, dans la tribune de l’église quand un grand remue-ménage se fit entendre dans le bas de l’église : c’était le vétérinaire (un non pratiquant virulent) qui nous cherchait : maman arrivait par le train à la gare de Tiercé, la plus proche de notre village… Émotions.

Trois personnes descendirent du train. Des personnes affreusement maigres, habillées en militaire : un pantalon et un capote en grosse toile kaki. Comment ai-je reconnu notre mère ? Il n’y a pas eu d’hésitations tant le sang parle fort à certains moments de la vie !…

28 kilos : « elle avait déjà repris 2 kilos depuis la sortie du camp, malgré la dysenterie.

Ce témoignage s’est achevé par la conclusion suivante :

Il est des moments dans l’existence où l’on est pris dans un tel tourbillon que l’on est, à la fois, comblé de joie de retrouver cet être cher que l’on a parfois cru perdu, mort et que l’on est en même temps atterré de l’état extrême d’épuisement, d’amaigrissement de l’être « en survie » (car on a peur qu’il s’écroule d’un coup dans l’intensité des émotions vécues).

D’ailleurs il me semble que dans les moments et les jours qui ont suivi, je me suis mis un peu à l’écart, très présent, mais observateur des retrouvailles de maman avec « la vie », avec « ses amis », avec papa, ma petite sœur et moi-même. Beaucoup d’Amour, beaucoup de Joie, beaucoup de Partage et de Tendresse. Maman re-naissait à cette vie familiale qui lui avait tant manqué et pendant sa longue période de « récupération « nous l’entourions de tous ce que nous étions et de toutes nos attentions douces.
Jojo’s news n° 7 – Mars-avril-mai 2005 – Collège-lycée Saint Joseph – Loudéac (22) – Académie de Rennes

(Texte figurant uniquement dans l’édition électronique)
La Shoah : un devoir de mémoire
Le 27 janvier 1942, le gouvernement nazi choisit la « solution finale de la question juive » c’est-à-dire l’extermination de toutes les personnes marquées comme « juives ». Les camps de travaux forcés se transforment alors en véritable « usines à tuer ». De ces camps très peu en sortiront vivants entre 9 et 10 millions d’êtres humains seront exterminés. Les survivants seront, eux, marqués à vie par les atrocités vécues et nombres d’entre eux se suicideront.

Le 27 janvier 1945, Auschwitz, le plus grand camp d’extermination nazi est libéré par l’Armée rouge.

C’est pour cela que nous commémorons cette année, les 60 ans de la libération des camps de la mort. Celle-ci aura été marquée par une forte émotion car c’est seulement au bout de plus d’un demi-siècle que les langues se délient et que les témoignages des quelques trop rares survivants affluent. Il faut en effet du temps, un temps infini, avant de pouvoir parler de sa souffrance.

Même si les faits ne nous sont officiellement relatés que tous les 10 ans par nos politiques, la commémoration, c’est tous les jours que nous devons la faire au nom de tous ces hommes et femmes tués par le nazisme.

La rédaction
La P’tite Marcel – Février 2005 – Lycée Marcel Gambier – Lisieux (14) – Académie de Caen

(Version intégrale du texte figurant dans l’édition papier)
Libération des camps – Témoignages des 2MVC
À la question : quel est l’endroit du camp qui vous a le plus marqué ? Les élèves de la 2MVC répondent :

Ce sont les fours crématoires, quand on y arrive, on se dit que des déportés qui n’avaient rien demandé se sont fait arrêter, déporter, gazer et brûler. À chaque endroit du camp, je me suis imaginé à la place des Juifs qui étaient là en train de travailler jusqu’à épuisement. Ce sentiment était si fort que je me disais que si je devais vivre un tel drame, je serai choqué parce que je ne connaîtrais pas les raisons qui font que je suis là.

Sekhoune Salim
Les « latrines » si on peut appeler cet endroit comme ça, m’ont vraiment choqué. Les déportés ne pouvaient se soulager que 2 fois par jour, les SS ne rentraient même pas, ce sont les kapos qui étaient chargés de surveiller les déportés. Cet endroit est horrible, je ne peux pas imaginer qu’on puisse maltraiter des êtres humains de la sorte. À la fin, j’avais la haine envers tous les nazis bien plus qu’avant la visite.

Farboni Vince
Les toilettes m’ont vraiment marqué, quand je pense que des enfants se sont cachés dans des fosses pour ne pas se faire gazer, je n’arrive même pas à imaginer les conditions insupportables qu’ils devaient vivre.

El Hassouni Adil
« La route d’Auschwitz fut construite par la haine, mais pavée d’indifférence » moi, je ne suis pas indifférent après ce que j’ai vu, j’ai de la haine envers ceux qui ont fait ça. Sacrifier tant de vies pour rien, juste parce qu’ils étaient Juifs c’est inimaginable. Les chambres à gaz m’ont vraiment marqué car il y avait des marques sur les murs. C’était le désespoir, la peur de mourir…

Ichaoui Madjid
Le Diable rouge – Mars 2005 – Lycée de l’automobile et de la logistique Camille Jenatzy – Paris (75) – Académie de Paris

(Texte figurant uniquement dans l’édition électronique)
Édito – Déjà 60 ans…
Aucun des élèves des lycées d’aujourd’hui n’ont vécu cette période et pourtant chacun d’eux veut savoir. Le jeudi 27 janvier, date de la libération du camp malheureusement connu d’Auschwitz, tous les lycéens ont eu la possibilité d’en apprendre un peu plus sur le sujet. Dans tous les centres de documentation et d’information des lycées, de nombreux nouveaux ouvrages sur la terrible réalité des camps sont à la disposition de tous. Visant à montrer que les camps n’étaient pas seulement peuplés de Juifs, des témoignages de résistants, d’homosexuels ou même de communistes viennent s’ajouter aux ouvrages marqués de l’étoile jaune. Dans certains lycées, les élèves ont eu l’opportunité extraordinaire de rencontrer d’anciens déportés, preuves vivantes que le respect et la paix sont des biens précieux. Raymond Juillard, déporté à Buchenwald puis Bergen Belsen, a obtenu un silence de plomb de la part des élèves du lycée Hilaire de Chardonnet. Tous volontaires, ils étaient une quarantaine à vouloir entendre la voix douce et chargée d’émotion d’un survivant à 22 mois d’horreur. Certains furent choqués de voir que des camarades n’étaient pas présents. Ils percevaient cette rencontre comme nécessaire, une sorte de passage obligé pour accréditer les cours magistraux de leur professeur d’histoire. Leur seule déception fut la brièveté de la rencontre, et pourtant aucun d’eux n’avait osé parler ou même poser des questions à la suite du récit poignant de M. Juillard. Il fallut quelques minutes pour qu’ils parviennent à s’adresser directement à l’ancien déporté. Une seule leçon devra les marquer à tout jamais : on ne doit pas oublier. C’est dans les lycées que se trouvent les adultes de demain. Un jour, ce seront ces jeunes devenus grand qui raconteront ce qu’ils ont appris.

Typo consacrera un de ses magazines Extramuros à la déportation.

Éloïse Dussably
Typo n° 68 – Février 2005 – Lycée Niepce – Chalon-sur-Saône (71) – Académie de Dijon

(Version intégrale du texte figurant dans l’édition papier)
Auschwitz, 60 ans après, que reste-t-il ?
Après cette semaine de célébration des 60 ans le la libération d’Auschwitz Birkenau, le plus meurtrier des camps de concentration et d’extermination que reste-t-il dans nos mémoires à nous, jeunes lycées, apolitiques et inconscients de notre passé selon les journaux ? Bonne question.

Chaque journal télévisé de la semaine dernière présentait son lot de visite d’écoles ou de lycée, et à chaque fois même constatation affligeante : les adolecents ne savent pas ce que fut Auschwitz…

Déclenchement immédiat de la polémique sur l’inculture de nos chers lycéens, battage médiatique sur la présence de la Shoah au programme d’histoire de terminale (après vérification, la Shoah n’est pas au programme de terminale), etc.

Pourquoi sommes-nous toujours considérés comme des attardés refusant tout contact avec le passé, le fuyant avec nos nouveautés « High Tech », pourquoi le lycéen est-il stigmatisé par des cheveux sur les yeux, le pantalon traînant par terre, l’ipod vissé sur les oreilles et j’en oublie. Serions-nous la génération maudite reniant pour toujours ses pères ?

Certes aucun d’entre nous n’a vécu l’Holocauste, et c’est tout juste si notre grand-père nous en a parlé, entre ses souvenirs de guerre, de ces fameux camps de la mort dont personne ne veut.

Peut-être n’en savons-nous rien car personne ne nous en a jamais véritablement parlé, « ça va le choquer ; il est trop petit » ou, plus tard, « mais non ça ne l’intéressera pas, tu lui en parleras quand il sera plus grand » et voilà comment, ceux à qui leurs parents avaient expliqué la guerre (peut-être trop tôt) tentent de préserver nos jeunes oreilles des horreurs de notre devoir humain de mémoire.

Evidemment, il est tentant d’oublier, la vie devient tellement plus facile une fois qu’on n’a plus ce souvenir, que notre mémoire se décharge de tout souvenir inopportun d’un autre temps.

Bien que, soixante ans, cela puisse nous paraître long, nous ne devons pas oublier en disant que c’est « du passé » et donner raison à nos détracteurs.

On nous parle sans arrêt des efforts de transmission du souvenir par des voyages à Auschwitz ou des rencontres avec d’anciens déportés, mais à Rodin, nous n’en avons jamais vu la couleur et en tant que lycéen autant qu’en tant que citoyen, je demande à avoir un témoignageproche, autrement plus proche que les vagues cours d’éducation civique que nous eûmes durant notre scolarité.
Le Tir-o-flan n°8 – Janvier 2005 – Lycée Rodin – Paris (75) – Académie de Paris

2 – Le film « La chute »

(Sous rubrique figurant uniquement dans la version électronique)
(Texte figurant uniquement dans l’édition électronique)
Yüklə 0,86 Mb.

Dostları ilə paylaş:
1   ...   7   8   9   10   11   12   13   14   15




Verilənlər bazası müəlliflik hüququ ilə müdafiə olunur ©muhaz.org 2024
rəhbərliyinə müraciət

gir | qeydiyyatdan keç
    Ana səhifə


yükləyin