Gaston Bardet



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NOTRE TRESOR NOUS SUFFIT.


Nous nous sommes longuement étendu sur l'inactivité quié­tiste - comme sur la gymnastique psychosomatique du yoga - parce qu'il nous a semblé que c'était indispensable. Avouons que ce qui nous chagrine, c'est l'attitude trop abs­traite, trop théorique du clergé vis-à-vis de ce « quiétisme » qui n'a point existé, comme de ce yoga qu'on laisse imprudem­ment s'introduire. Condamner après coup les erreurs, est l'at­titude d'un Père juste et droit, est-ce l'attitude d'une Mère qui prévient les fruits empoisonnés, qui apprend à ses enfants que le feu brûle et comment on se noie dans le puits ? Ce ne sont point d'admirables raisonnements scolastiques qui peu­vent préserver les chrétiens les plus simples. Il y a - et on le sent confusément dans le catholicisme - à éduquer ceux qui ont soif en vue de les disposer à recevoir les grâces divi­nes et, en conséquence, de leur apprendre à éviter les dange­reuses pratiques, les impasses redoutables. Tel est le très sim­ple but de cet essai.

Dans « Pour toute âme » nous sommes passé à des conseils pratiques et positifs. Nous n'avons rien eu à inventer, pas be­soin de faire appel aux psychanalystes ou aux psychiâtres, à l'Orient ou à l'occulte, notre Trésor nous suffit 443. Il y a dans nos vieux traités d'oraison, dans les biographies de nos saints, plus de sages conseils qu'il n'en faut pour faire l'édu­cation psycho-physiologique préparatoire par l'exercice d'amour unissant.

L'essentiel est de comprendre que le contemplatif est un homme d'action, l'homme de l'action la plus totale et la plus continue.

Il ne peut qu'en être ainsi, puisque la vie contemplative n'est que l'amorce de la vie béatifique. Or, la béatitude ­- contrairement à ce qu'on imagine trop souvent - n'est point quelque chose que Dieu nous donne et nous applique, mais le résultat d'une action de notre part. Le bonheur suprême de la créature ne doit être recherché que dans son acte 444. Le contemplatif est le véritable homme d'action, car non seulement lorsqu'il œuvre extérieurement (comme le pur ac­tiviste) il agit encore par la prière mentale et les pulsations de sa volonté - soit trois actions simultanées - mais lors­qu'il atteint la quiétude, voire la mort mystique, il continue à agir mentalement et cordialement, malgré l'apparent repos ou la ligature de ses puissances naturelles 445.

Toutes les fausses mystiques et les erreurs pouvant se glis­ser dans la vie contemplative proviennent d'une double con­fusion sur les moyens et les fins. C'est par l'activité mentale et cordiale que l'on obtient le saint repos (apparent) en Dieu de la contemplation, puis la mort dans l'union extatique - ces deux états étant des formes d'activité de plus en plus in­tenses. Ce n'est nullement par la recherche d'un certain re­pos naturel qu'on peut obtenir le don de contemplation qui est action. « La sagesse est plus mobile que tout mouvement ». (Sap. 7. 24).

Il faut certes réaliser une certaine relaxation, une certaine paix du corps, mais avant tout, au moyen de la domination de celui-ci par l'esprit - domination également obtenue par une activité mentale et affective continue : l'exercice d'amour unissant. En sorte que, soit pour la mise en veilleuse préparatoire de nos puissances et activités corporelles, soit pour obtenir leur suspension partielle ou totale par miséricorde divine, le con­templatif doit faire preuve d'une activité incessante.

L'expérience mystique, le pati divina, la passion du divin qui est non-agir est en même temps la plus haute forme de l'action surnaturelle. La vie contemplative est un exercice perpétuel d'amour qui n'aura point de fin. Le « Priez sans cesse » s'applique à l'Eternité. Les hiérarchies angéliques ne cessent de répéter : « Saint, Saint, Saint est le Seigneur »...

X L'EXERCICE D'AMOUR UNISSANT


Kyrie eléison

Kyrie eléison

Kyrie eléison

Christe eléison

Christe eléison

Christe eléison

Kyrie eléison

Kyrie eléison

Kyrie eléison

Cet appel aux Trois personnes de la Très Sainte Trinité, trois fois répété, ces invocations en grec - vestiges de la messe orientale des premiers siècles de l'Eglise - constituent la partie la plus ancienne de la liturgie, le noyau primitif, stricto sensu, des prières conscientes volontaires de l'homme vers Dieu. Les appels au secours, les invocations à Dieu re­montent en effet aux premiers âges de l'humanité, à Enos ­le premier descendant de Seth : « remplaçant » d'Abel.

La Genèse, dans un parallélisme saisissant, nous donne, en premier, la lignée des descendants de Caïn l'aîné, puis de Seth, le troisième. Seth, le fils qui n'a pas été seulement en­fanté par Eve, mais qu'Adam a engendré 446 « à sa ressem­blance et selon son image », tout comme l'homme, disait le Dieu-Trine, est « à notre image, selon notre ressemblance ». Il semble bien que la Bible veuille marquer là autre chose qu'une simple filiation « selon la chair et la volonté de l'hom­me », c'est-à-dire marquer une filiation spirituelle la distin­guant de celle des Caïnites. D'ailleurs, aussitôt la Genèse ajoute : « Ce fut alors que l'on commença d'invoquer le nom de Yahweh ».

Le résultat de ces invocations, de ces « appels à l'aide » stricto sensu, de ces S.O.S., de cette reconnaissance de l'im­puissance de l'homme après le péché originel, ne se fit guère attendre.

Le quatrième descendant d'Enos - qui porte le nom d'Hé­noch, ou Chanoch (l'instructeur) - était tellement immergé dans l'Esprit-Saint, « il marcha avec Dieu » d'une façon si droite et si pure, qu'il « disparut car Dieu l'avait pris ». Hé­noch, tout comme Elie, fut enlevé par Dieu ; c'est la première assomption. Nous appellerons cet Hénoch le Céleste, pour le distinguer du caïniste du même nom.

Ainsi, dès le lendemain de la faute originelle qui avait brisé les rapports d'amitié entre le premier contemplatif : Adam et Dieu qui lui parlait directement « à la brise du soir », les rapports sont rétablis par les invocations du Nom du Seigneur. Toutefois, ce n'est plus Dieu qui parle le premier, infusant sa science en l'esprit d'Adam, par ce « doux sifflement » que connaîtront Elie et tant d'autres mystiques. C'est l'homme cette fois, dont la prière doit s'élever comme « la fumée du sacrifice du soir » 447.

Observons un instant la lignée des Caïnites. Caïn, lui, n'en­gendra pas spirituellement un fils. Non, « Il connut sa femme et elle conçut et enfanta » un autre Hénoch (que nous appelle­rons le terrestre). Les œuvres de Caïn sont charnelles. « Il bâtit une ville et lui donna le nom de son fils ». Ce n'est même pas le nom du Seigneur qui est exalté, comme à Bab-el (la porte de Dieu), c'est l'orgueil paternel, naturel, celui qui n'est que possession, vanité de perdurer malgré la mort due au pé­ché. Qu'en résulta-t-il ? Vous le savez, le quatrième descen­dant - celui qui correspondait à Hénoch le Céleste - est Lamech. Et avec Lamech le Puissant apparaissent la polyga­mie, la vengeance, jusqu'à la « vendetta » : 77 fois, la civilisa­tion brillante des métaux et aussi la civilisation dite agricolo-­matriarcale. Car c'est dans la lignée de Caïn que sont pour la première fois nommées des femmes, et parmi elles : Noë­ma, indiquée comme non subordonnée à un mari. Après celle-­ci, la Genèse se tait. Ce silence est lourd. Mais nous savons que les « Fils de Dieu », c'est-à-dire les descendants spirituels d'Adam, épousèrent les « filles des hommes », c'est-à-dire les Noëmas 448 de la postérité charnelle caïnite ; et le désordre fut tel que Dieu dut envoyer le premier déluge d'eau 449.

Kyrie eléison, Kyrie eléison, Kyrie eléison ! Ces invocations suffisent-elles à vous faire « ravir » par Dieu... comme Hé­noch ou Elie, à faire fondre sur vous, telle la foudre, le ravissement ? Oui, très précisément. Si vous n'êtes pas ravi, dans votre corps, vous l'êtes dans votre esprit, par la pratique des invocations. Car l'invocation est la reconnaissance de notre indignité et de notre faiblesse, de notre incapacité d'atteindre Dieu si celui-ci ne nous prend point dans ses bras. C'est la voie d'enfance et d'abandon, le tendre cœur de Dieu-Amour est incapable de lui résister... car Dieu est très faible... en Amour !



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